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Jean-Baptiste Janssens

Jean-Baptiste Janssens, né le à Malines (Belgique) et mort le à Rome, est un prêtre jésuite belge, théologien et canoniste, qui fut élu en 1946 27e supérieur général de la Compagnie de Jésus.

Jean-Baptiste Janssens
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Ordre religieux
Distinction

Formation académique et religieuse

Après de brillantes humanités au collège épiscopal de Hasselt, Janssens fit deux ans de philologie classique aux Facultés universitaires Saint-Louis (1905-1907). Il entra alors au noviciat de la Compagnie de Jésus à Tronchiennes (Drongen), près de Gand. À la fin de sa philosophie, comme il était déjà destiné à enseigner le droit canon, il lui fut d’abord demandé de faire des études complètes de droit civil. Il en obtint le doctorat à l’université de Louvain en 1914. Suivent alors ses études de théologie à Louvain qui le conduisent à l’ordination sacerdotale en 1919. Il est envoyé à Rome où il obtient un doctorat en droit canon de l’université grégorienne en 1922. Il passe une année à Constantinople pour y faire de la recherche.

Professeur, recteur, provincial

En 1923, le P. Janssens est de retour en Belgique, où il commence sa carrière de professeur de droit canon au théologat jésuite de Louvain. Il y participe à la fondation de la collection d’œuvres de théologie Museum Lessianum. En 1929 il est nommé recteur du théologat, une très grande communauté de professeurs et étudiants jésuites originaires de plus de vingt-six pays différents. Cela lui donna une grande visibilité internationale, d’autant plus que, polyglotte accompli, il était à l’aise en de multiples cultures et groupes sociaux. De 1935 à 1938, il est Instructeur du 'Troisième An'. (10 mois d’achèvement et récapitulation de la formation spirituelle du jésuite). En 1938 il est nommé provincial de la province septentrionale de Belgique. Dès l’année suivante (1939), il fit un long voyage au Congo belge (alors protectorat belge) pour mieux y percevoir les vrais besoins missionnaires. C’était l’époque où la missiologie se développait avec une meilleure attention aux cultures des peuples évangélisés et une conscience vive qu’il était temps d’y pourvoir un clergé et épiscopat local. En 1945, alors qu'il est provincial des jésuites, il cache un large groupe d'enfants juifs dans sa résidence même, à Bruxelles. Ce qui lui vaudra d'être déclaré Juste parmi les nations[1].

Supérieur général

Le T.R.P. Ledochowski meurt le . Sachant qu’aucune CongrĂ©gation gĂ©nĂ©rale ne pourrait ĂŞtre immĂ©diatement rassemblĂ©e, le T.R.P. Ledochowski avait nommĂ© un vicaire gĂ©nĂ©ral, Ambroise Magni. Celui-ci mourut seize mois plus tard. Suivant les prescriptions du droit de la Compagnie de JĂ©sus, un nouveau vicaire gĂ©nĂ©ral, Norbert de Boynes, fut Ă©lu par les jĂ©suites profès de Rome. Dès que possible, de Boynes convoqua (le ) la 29e CongrĂ©gation gĂ©nĂ©rale pour Ă©lire un successeur au T.R.P. Ledochowski. Jean-Baptiste Janssens y fut Ă©lu au premier tour, et Ă  une très forte majoritĂ©, supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral de la Compagnie de JĂ©sus (). En 1946, la Compagnie comptait 28 839 membres, dont 14 372 prĂŞtres.

Gouvernement et Ă©poque de Janssens

  • De ses neuf lettres les plus importantes, l’instruction sur l’apostolat social () insistant sur une formation sociale plus poussĂ©e de tous les jĂ©suites: connaissance plus profonde des rĂ©alitĂ©s sociales de l’époque et de la doctrine sociale de l'Église, comme le demandait la 29e C.G.. Seule manière de s’opposer au progrès du communisme. Tous les apostolats ont une dimension sociale: il ne peut ne concerner que quelques spĂ©cialistes.
  • Les missions connaissent un grand dĂ©veloppement, encouragĂ© plus tard par une lettre de Janssens (1959). Le Japon de l’après-guerre s’ouvre aux influences extĂ©rieures: internationalisation de la prĂ©sence jĂ©suite et dĂ©veloppement de l’universitĂ© Sophia de Tokyo. En Chine, par contre, c’est la fin de la prĂ©sence missionnaire. Ă€ partir de 1948, la rĂ©volution communiste en expulse tous les Ă©trangers. Les jĂ©suites entrent en CorĂ©e du Sud (1955), Zambie (1956), Honduras (1957) et ailleurs. De nombreux missionnaires sont Ă©galement envoyĂ©s en Inde, en IndonĂ©sie, en Afrique et en AmĂ©rique Latine.
  • L’encyclique Humani Generis de Pie XII (1950), engendra une crise dans la Compagnie, surtout en France[2]. Plusieurs thĂ©ologiens de renom (Henri Bouillard, Henri de Lubac, entre autres) durent se retirer de l’enseignement. La « thĂ©ologie nouvelle » Ă©tait suspecte. Dans une lettre sur l’application de l’encyclique (1951), le T.R.P. Janssens donne une liste de ce qui doit ĂŞtre enseignĂ© et doit ĂŞtre Ă©vitĂ©. Il s’agit surtout de revenir Ă  une thĂ©ologie thomiste plus traditionnelle.
  • La figure emblĂ©matique de cette crise fut le cĂ©lèbre anthropologue Pierre Teilhard de Chardin dont les vues sur l’homme Ă©taient considĂ©rĂ©es comme trop optimistes par les autoritĂ©s de l’Église (absence de thĂ©ologie du pĂ©chĂ© originel). Craignant une condamnation et mise Ă  l’index de ses livres, Janssens invita le jĂ©suite Ă  Rome en 1948 et au cours d’un dialogue que Teilhard considĂ©ra comme « plein de confiance et d’amitiĂ© »[3] lui demande de s’abstenir de toute publication ; mĂŞme si nombre de ses Ă©crits circulaient parmi ses confrères sous forme de manuscrits. Lorsque meurt Teilhard en 1955, ses Ĺ“uvres furent publiĂ©es par des amis non-jĂ©suites et en 1962, le Saint-Office publia une mise en garde bien connue. Les rapports personnels du T.R.P. Janssens avec le pape Pie XII Ă©taient excellents. Plusieurs jĂ©suites furent canonisĂ©s: Jean de Britto et Bernardino Realino (1947), Joseph Pignatelli (1954). Les mesures qu’il prit pour Ă©viter des interventions plus graves et des condamnations du Saint-Office (Ă©galement dans la crise des prĂŞtres ouvriers), donnèrent de Janssens une impression de fermetĂ© rigide d’autant plus qu’il insistait frĂ©quemment dans ses lettres sur l’obĂ©issance ignatienne et la soumission au magistère de l’Église.
  • Janssens convoqua la 30e CongrĂ©gation gĂ©nĂ©rale qui se rĂ©unit en 1957. Il y fut discutĂ© d’affaires internes Ă  la Compagnie (vie spirituelle, hĂ©ritage de Saint Ignace, frères coadjuteurs, formation, obĂ©issance, pauvretĂ©, etc.) Comme sa santĂ© dĂ©clinait, le P. Janssens y demanda Ă©galement permission de nommer un vicaire gĂ©nĂ©ral. Son Ă©tat de sa santĂ© s’aggravant, le T.R.P. Janssens nomma en 1960 un vicaire gĂ©nĂ©ral, le Canadien John Swain. Il participa Ă  la première session du concile Vatican II, en 1962, et Ă©crivit une dernière lettre Ă  toute la Compagnie, le (sur l’obĂ©issance…). Janssens mourut Ă  Rome le . Cette annĂ©e-lĂ  les jĂ©suites Ă©taient 35 968.

Bibliographie

  • Philippe Chenaux, Les JĂ©suites, Histoire et Dictionnaire, Paris, Bouquins Ă©ditions, 2022 (ISBN 978-2-38292-305-4), p. 772-775

Notes et références

  1. (en) Jean-Baptiste Janssens sur le site Yad Vashem
  2. Rachid Haddad, Les jésuites, éd. Beauchesne, 1985, p.11
  3. Teilhard de Chardin P., Lettres de voyages, p. 296

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