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Jean-Baptiste-Antoine Lefranc

Jean-Baptiste-Antoine Lefranc, né à Paris en 1761, mort à une date inconnue postérieure à 1818, est un architecte et un révolutionnaire français.

Jean-Baptiste-Antoine Lefranc
Biographie
Naissance
Décès
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Activité

Biographie

Architecte parisien et entrepreneur de maçonnerie, il s'engage dans le mouvement révolutionnaire et commande l'une des colonnes d'insurgés le 10 août 1792. Jacobin aisé, installé 251, rue Thomas-du-Louvre, dans la section des Tuileries, il est chargé d'importantes commandes pour le compte de la République et nommé, en , capitaine de la compagnie de canonniers de sa section[1], détachée à l'armée révolutionnaire[2]. À ce titre, il participe au siège de Lyon[3] et devient un agent de la commission temporaire de Lyon[4].

Pendant la réaction thermidorienne, il est arrêté le 19 pluviôse an III (), libéré le 26 (14 février), sous la garde d'un gendarme, arrêté de nouveau le 22 ventôse () et de nouveau libéré. Abonné au Tribun du peuple, il est impliqué dans l'affaire du camp de Grenelle, dans la nuit du 23 au 24 fructidor an IV (9-), et jugé par le conseil militaire qui le condamne à mort par contumace en . Toutefois, cet arrêt est cassé par la cour de cassation, et il est acquitté par la Haute-Cour de Vendôme[2].

Après l'attentat de la rue Saint-Nicaise, il est compris sur la liste des Jacobins proscrits du 3 nivôse an IX (). Les autorités ayant décidé de le déporter aux Seychelles avec 69 autres jacobins, il quitte Paris le avec le deuxième convoi, qui compte 32 prisonniers, et arrive à Nantes le 4 février. Embarqué à bord de la frégate La Chiffonne, il part le 23 germinal an IX () vers Mahé, où il parvient le 22 messidor an IX (). Puis il fait partie des 33 déportés embarqués le 27 ventôse an X () à bord du Bélier à destination de l'île d'Anjouan. Arrivés en rade de Mutsamudu le 10 germinal (31 mars), les déportés sont victimes, après le départ du Bélier le 3 avril, d'une épidémie qui tue 21 d'entre eux entre le 26 avril et le 20 mai. Avec sept autres survivants, Lefranc s'enfuit à bord d'un boutre en direction de la Grande Comore, les quatre derniers quittant l'île deux mois plus tard. Un bâtiment arabe l'emmène ensuite, avec Charles Saulnois, à Oibo, dans l'archipel de Zanzibar. Un brick originaire de l'île Bourbon, commandé par André Marchand, capitaine de Saint-Paul, les prend à son bord et les conduits à Mozambique, où Lefranc et Saulnois retrouvent les frères Linage, venus des Seychelles. Installés comme ferblantiers et quincaillers, ces derniers les aident à embarquer comme matelots sur un bateau commandé par un capitaine américain. Après une traversée pénible et deux escales, à Sainte-Hélène et l'île de l'Ascension, les deux hommes arrivent le à Saint-Thomas, aux Antilles. Là, ils embarquent, Lefranc comme cuisinier, Saulnois comme matelot, sur le Maria, un bâtiment français, qui part au début de juin à destination du Havre. Toutefois, le 8 juillet, leur navire est capturé par un lougre anglais. Quatre jours plus tard, la frégate la Némésis les prend à son bord et les débarque à Portsmouth après trois mois de croisière, le . Ils sont internés sur des pontons anglais de la Tamise avec d'autres prisonniers de guerre, avant de bénéficier d'un échange et d'être libérés le 31. Débarqués à Morlaix le , dix-huit mois après leur départ d'Anjouan[5] - [6] - [7] - [8], ils sont dénoncés à la police. Lefranc est emprisonné au château-fort de Brest le 21 novembre, avant d'être libéré, le , et placé en résidence surveillée à Lunel, où il demeure avec Saulnois durant huit ans. Lefranc y assure la direction de plusieurs travaux publics et privés, puis s'occupe de l'octroi de bienfaisance pendant six ans. Le , leur traitement de 40 francs par mois venant de prendre fin, ils sollicitent la levée de leur surveillance, requête approuvée.

Le , le prĂ©fet de l'HĂ©rault, Pierre BarthĂ©lĂ©my de Nogaret, ordonne leur arrestation. Si Saulnois est effectivement arrĂŞtĂ© Ă  Lunel le 15 aoĂ»t, Lefranc a quittĂ© la ville depuis quinze mois pour Bordeaux, oĂą il est employĂ© comme architecte Ă  diriger les travaux d'une maison. EmprisonnĂ© au château du Hâ, il est conduit Ă  AngoulĂŞme. En , le gouvernement provisoire le fait libĂ©rer. En 1816, deux mois Ă  peine après la parution de l'ouvrage qu'il a Ă©crit sur les Infortunes de plusieurs victimes de la tyrannie de NapolĂ©on Buonaparte, il est arrĂŞtĂ© lors de l'affaire dite « des Patriotes Â» et jugĂ© par la cour d'assise de la Seine avec 27 autres personnes. CondamnĂ© le 6 juillet Ă  la dĂ©portation, il est transfĂ©rĂ© le de la Conciergerie au Mont-Saint-Michel, oĂą il demeure jusqu'Ă  l'obtention de sa grâce, le [9].

Ĺ’uvres

  • Les Infortunes de plusieurs victimes de la tyrannie de NapolĂ©on Buonaparte, ou Tableau des malheurs de 71 Français dĂ©portĂ©s sans jugement aux Ă®les SĂ©chelles, Ă  l'occasion de la machine infernale du 3 nivĂ´se an IX (). Par l'une des deux seules victimes qui aient survĂ©cu Ă  la dĂ©portation, Veuve Lepetit, 1816, In-8°, 298 pages

Sources partielles

  • Biographie universelle, ancienne et moderne, ou dictionnaire de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs Ă©crits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes depuis le commencement du monde jusqu'Ă  ce jour. Ouvrage rĂ©digĂ© par plus de 300 Collaborateurs, nouvelle Ă©dition, revue, corrigĂ©e et considĂ©rablement augmentĂ©e d'articles omis, nouveaux, et de cĂ©lĂ©britĂ©s belges, par une sociĂ©tĂ© de gens de lettres et de savants, Bruxelles, H. Ode, 1843-1847, vol. 11, p. 187
  • Biographie universelle, ancienne et moderne: ou, Histoire, par ordre alphabĂ©tique, de la vie publique et privĂ©e de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs Ă©crits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes. Ouvrage entièrement neuf, rĂ©digĂ© par une sociĂ©tĂ© de gens de lettres et de savants, Joseph François Michaud, Louis Gabriel Michaud, 1842, tome 71, p. 171-172
  • Jean Destrem, Les DĂ©portations du Consulat & de l'Empire: (d'après des documents inĂ©dits) : index biographique des dĂ©portĂ©s, Jeanmaire, 1885, 526 pages, p. 422-426
  • G. Lenotre, Les Derniers terroristes, Éditions des Loisirs, 1932, 218 pages
  • Louis Mortimer-Ternaux :
    • Histoire de la Terreur, 1792-1794, Paris, Michel LĂ©vy frères, 1863, p. 308-309
    • La Chute de la royautĂ©: , Paris, Michel LĂ©vy frères, 1864, p. 226-227
  • Joseph-Marie QuĂ©rard, La France littĂ©raire, ou dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France, ainsi que des littĂ©rateurs Ă©trangers qui ont Ă©crit en français, plus particulièrement pendant les XVIIIe et XIXe siècles, tome 5, Paris, Firmin didot frères, 1833, p. 86

Notes et références

  1. Richard Cobb, LʹArmée révolutionnaire Parisienne à Lyon et dans la région Lyonnaise: (frimaire-prairial an II), Éditions de la Guillotière, 1950, 128 pages, p. 117.
  2. Albert Soboul, Raymonde Monnier, RĂ©pertoire du personnel sectionnaire parisien en l'an II, Publications de la Sorbonne, 1985, 564 pages, p. 49 (ISBN 9782859440770)
  3. Richard Cobb, Les Armées révolutionnaires: instrument de la Terreur dans les départements, avril 1793 (floréal an II), Mouton, 1963, 1017 pages, p. 154.
  4. Colin Lucas, La Structure de la Terreur: l'exemple de Javogues et du département de la Loire, traduction de Gérard Palluau, Université de Saint-Étienne, 1990, 375 pages, p. 140 et 207.
  5. Laurent Boscher, Histoire des prisonniers politiques, 1792-1848: le châtiment des vaincus, L'Harmattan, 2008, 394 pages, p. 108 (ISBN 9782296051157).
  6. Georges Boulinier, Anne-Marie Slezec, Casimir Slezec, « Des Seychelles aux Comores: les déportés de nivôse an IX dans l'océan Indien » (p. 195-206), in Claude Wanquet, Benoît Jullien (dir.), Révolution française et océan Indien. Prémices, paroxysmes, héritages et déviances, L'Harmattan, 1996, 526 pages, p. 198-201 (ISBN 9782738441102).
  7. Robert Legrand, Babeuf et ses compagnons de route, Société des études robespierristes, 1981, 454 pages, p. 365.
  8. Bulletin de l'Academie malgache, vol. 28-30, 1947, p. 19.
  9. Selon Jean-Claude Vimont (La Prison politique en France, Anthropos, 1993, 503 pages, p. 222), il est libéré en .

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