Jane Anderson (journaliste)
Jane Anderson, née Foster Anderson le et morte le , est une radio-diffuseuse américaine de propagande nazie en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est accusée de trahison en 1943 mais après la guerre, les accusations sont abandonnées faute de preuves.
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(Ă 84 ans) Madrid |
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Deems Taylor (de Ă ) |
Biographie
Son père, Robert M. "Red" Anderson est un ami proche de l'acteur Buffalo Bill. Sa mère, Ellen Luckie Anderson, vient d'une famille riche et influente d'Atlanta[1].
Elle fréquente l'université Piedmont, en Géorgie, mais en est expulsée en 1904[2]. Elle fréquente ensuite la Kidd-Key Women's School, une école à Dallas. Anderson emménage à New York en 1909 où elle vit jusqu'en 1915. Elle y épouse le compositeur Deems Taylor en 1910 mais divorce en 1918. À New York, elle devient une auteure à succès de nouvelles qui sont publiées dans des magazines nationaux de 1910 à 1913.
Elle se rend ensuite en Europe en où elle reste jusqu'en 1918, écrivant des articles et des reportages pour le Daily Mail. En tant que correspondante de guerre, elle subit un choc d'obus lors d'une visite dans les tranchées britanniques en France en 1916[1].
Elle tombe amoureuse du romancier Joseph Conrad[1] qui l'utilise comme modèle pour son héroïne, Doña Rita, dans La Flèche d'or en 1919[3]. En 1922, elle retourne en Europe en tant que correspondante pour l'International News Service et le Hearst Newspapers.
En , elle épouse un noble espagnol à Séville, le comte Eduardo Alvarez de Cienfuegos, et s'installe avec lui en Espagne. La guerre civile espagnole (1936-1939) éclate le et Anderson couvre le conflit pour le Daily Mail, se mettant du côté des falangistes. Le , elle est capturée et emprisonnée par les Républicains[4] détenue comme espionne fasciste, torturée[5] et condamnée à mort. Cependant, en [6] sa libération est garantie par l'intervention du secrétaire d'État américain, Cordell Hull, et le département d'État l'aide à rentrer aux États-Unis. Ses expériences en Espagne déplacent son allégeance politique vers l'extrême droite. Elle écrit[7] et donne une conférence[8] sur la guerre civile espagnole afin de promouvoir la cause nationaliste de Francisco Franco, qui remporte finalement la guerre avec l'assistance militaire allemande et italienne.
De retour en Espagne en 1938, elle travaille pour le ministère de la propagande hispanique espagnol[3] et attire l'attention de la radio allemande Reichs-Rundfunk-Gesellschaft (en) qui lui propose un poste à Berlin en 1940[9].
Propagande pour l'Allemagne nazie
Anderson commence ses émissions à partir de Berlin le et, lorsque l'Allemagne nazie déclare la guerre aux États-Unis le , des citoyens américains sont rapatriés d'Allemagne mais Anderson choisit d'y rester.
Jusqu'au , elle diffuse, via la radio à ondes courtes, la propagande nazie dans la zone américaine de la radio d'État allemande, les Allemands lui donnant le nom de « The Georgia Peach ». Son émission de radio est diffusée deux ou quatre fois par semaine et chaque émission commence et se termine par le slogan suivant : « Rappelez-vous que les Américains progressistes mangent les Corn Flakes de Kellogg et écoutent les deux côtés de l'histoire », alors qu'un groupe joue Scatterbrain[1]. Dans ses programmes, elle loue Adolf Hitler et publie des « exposés » sur la « domination communiste » des gouvernements Roosevelt et Churchill[10].
Elle est retirée de son poste de commentatrice lorsque le matériel de sa diffusion du est utilisé avec succès par la contre-propagande américaine[11] - [12]. Elle semble ensuite avoir été inactive jusqu'à son retour à son travail de propagande en 1944, lorsqu'elle diffuse quelques émissions relatant la brutalité de l'Armée rouge sur le front de l'Est.
Arrestation
Lorsque l'Allemagne nazie se rend en , Anderson se cache à divers endroits en Allemagne et en Autriche. Finalement, le , elle est arrêtée à Salzbourg en Autriche et placée sous la garde de l'armée américaine[1].
Charges de trahison
Le , Anderson est inculpée par contumace par un district de Columbia sur des accusations de trahison, ainsi que Frederick Wilhelm Kaltenbach (en), Douglas Chandler (en), Edward Leo Delaney (en), Constance Drexel, Robert Henry Best (en), Max Otto Koischwitz (en) et Ezra Pound[13].
Cependant, le , le Département de la Justice des États-Unis abandonne toutes les accusations pour manque de preuves[14]. D'après un mémorandum du Bureau du gouvernement des États-Unis daté du :
Certes, elle peut être qualifiée de commentatrice politique, même si elle n’est pas très efficace, mais comme elle a apparemment arrêté ses activités de radiodiffusion peu de temps après notre entrée en guerre, il ne semble pas utile que de nouveaux efforts soient déployés pour développer nos arguments elle, même si elle a été inculpée de trahison en 1943[15].
Un autre facteur est qu'Anderson est une citoyenne espagnole par alliance depuis 1934[16].
Dernières années
Anderson est libĂ©rĂ©e Ă Salzbourg au dĂ©but du mois de [17]. Elle part ensuite vivre avec son mari Ă AlmoharĂn en Espagne franquiste. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, ils s'installent Ă Cáceres oĂą elle donne des cours particuliers d'anglais et d'allemand. Après la mort de son mari, elle dĂ©mĂ©nage Ă Madrid oĂą elle meurt en 1972[5].
Voir Ă©galement
Références
- (en) Wilkes, « Jane Anderson: The Nazi Georgia Peach », The Athens Observer,‎ , p. 5 (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Jane Anderson », sur Piedmont College (version du 6 juillet 2008 sur Internet Archive)
- (en) Hilmes, Michele ; Loviglio, Jason, eds., Radio Reader : Essays in the Cultural History of Radio, Routledge, , 569 p. (ISBN 978-0-415-92821-2, lire en ligne)
- (en) « Envoys Probs Arrestof U.S. Woman in Spain », The Deseret News,‎ (lire en ligne)
- (es) « Los últimos años de Doña Juanita », (consulté le )
- (en-US) « American Woman Freed Of Espionage in Spain », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- (en) « My Days of Horror in War-Torn Spain », The Milwaukee Sentinel,‎ (lire en ligne)
- (en-US) « WOMEN CATHOLICS WARNED ON SPAIN; Marquesa de Cienfuegos Lays Warfare to Communist Move for World Supremacy », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- (en) McLeod, « Berlin Broadcasts », sur Broadcasting History, (consulté le )
- (en-US) « INTERNATIONAL: Lady Haw-Haw », Time,‎ (ISSN 0040-781X, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Nazi Announcer Spills Beans », Lewiston Morning Tribune,‎ (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Germany: Sweets & Cookies », Time Magazine,‎ (lire en ligne)
- (en) « Indict two women in treason court », The Lewiston Daily Sun,‎
- (en) « U.S. Quashes Treason Case Against Trio », The Milwaukee Journal,‎ (lire en ligne)
- (en) « News clippings and Memoranda on Ezra Pound and others », United States Department of Justice, (consulté le )
- (en) Pegolotti, James A., Deems Taylor : A Biography, Boston, Northeastern University Press, , 410 p. (ISBN 978-1-55553-587-2, lire en ligne)
- « Jane Anderson Regains Freedom at Salzburg », The Baltimore Sun,‎ (lire en ligne)
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jane Anderson (American journalist) » (voir la liste des auteurs).
Lectures complémentaires
- John Carver Edwards, Berlin Calling : American Broadcasters in Service to the Third Reich, , 238 p. (ISBN 978-0-275-93905-2)