Jan de Bakker
Jan Jansz de Bakker van Woerden (nom latin : Johannes Pistorius Woerdensis; né en 1499 – mort le ), prêtre catholique gagné aux idées de la Réforme protestante, a été le premier ecclésiastique exécuté par l’Inquisition dans les Pays-Bas du nord (futures Provinces-Unies) en raison de son adhésion au protestantisme[2].
Biographie
Le père de Jan de Bakker était diacre et sacristain à Woerden et aussi locataire de la briqueterie ; son nom de famille peut d'ailleurs avoir été dérivé de celui de cette profession. De Bakker a été l'élève de Johannes Rhodius (Hinne Rode), proviseur de l'école Saint-Jérôme à Utrecht, (École des Frères de la Vie Commune) qui était un partisan du sacramentarisme. Les sacramentaristes néerlandais rejetaient les sacrements de l’Église Catholique et niaient que l'hostie consacrée à la messe soit le vrai corps et sang de Jésus-Christ. Ils taxaient en outre les indulgences et les pèlerinages d'idolâtrie, et critiquaient le faiblesse morale et l'inconduite du clergé. En 1520, Jan de Bakker fut rappelé par son père à Woerden ; ce dernier était - à juste titre - inquiet que certaines des idées de son fils, notoirement contraires à la doctrine de l'Église, puissent lui causer des ennuis avec les autorités. Jan de Bakker partit alors à l'Université catholique de Louvain pour y compléter sa formation jusqu'en 1522.
Jan de Bakker fut ordonné prêtre à Utrecht et revint aider son père diacre et sacristain à Woerden. Il commença alors à diffuser ses idées nouvelles, et en , lui et un autre prêtre furent arrêtés par le lieutenant du roi. Ils furent libérés après un court emprisonnement et l'on pense qu'ils se sont ensuite tous les deux rendus à Wittenberg, mais il n'y a pas de trace d'une rencontre entre de Bakker et Martin Luther. Après son retour, de Bakker continua sa prédication et aggrava son conflit avec l'Église en se mariant, rompant ainsi son vœu de célibat.
Dans la nuit du , de Bakker fut arrêté et transféré à La Haye le lendemain pour y être jugé par l'Inquisition. Refusant d'abjurer, il fut défroqué et condamné à mort. Le , il fut brûlé vif à la Haye. Sa veuve put sauver sa vie en abjurant toute idée similaire à celles de son mari, et fut conduite ensuite dans une abbaye pour le reste de sa vie.
Mémoire et postérité
En 1853, les protestants néerlandais qui voulaient s'opposer à le retour de la hiérarchie épiscopale catholique dans leur pays utilisèrent le slogan: "protestants, réveillez-vous, pensez à Jan de Bakker" ("Protestanten, weest nu wakker, want gedenk een Jan de Bakker!"). (Les catholiques avaient obtenu en 1795 l'égalité en droit avec les protestants et la loi de 1853 complétait leur émancipation.)
A Woerden une rue a reçu le nom de Jan de Bakker. A La Haye, dans l'église Saint-Jacques dite aussi Grande église (St. Jacobskerk ou Grote kerk), un vitrail est consacré à Jan de Bakker.
Le chant Carmen AntiThomaticon qui honore Jan de Bakker était un chant important pour les gueux révoltés en 1572 contre l'occupant espagnol ; il est encore chanté entre autres par les étudiants de l'Université libre d'Amsterdam.
Notes et références
- (nl) Prisonniers célèbres - Musée de Gevangenpoort (archive)
- (en) Jean-Henri Merle d'Aubigné, The History of the Reformation in Europe in the Time of Calvin, éditeur Hartland Publications, 1999, tome XIII, chapitre 10 | (ISBN 0923309675)
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :