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Jacques Van der Biest

Jacques Van der Biest, nĂ© Ă  Etterbeek le et mort Ă  Bruxelles le [1], est un prĂŞtre catholique belge connu pour son implication sociale dans les quartiers populaires bruxellois. SurnommĂ© « le curĂ© des Marolles Â», il a pris une part importante, depuis plus de cinquante ans, dans la naissance des comitĂ©s de quartiers et de dĂ©fense des habitants et sans-papiers Ă  Bruxelles et dans le combat contre la destruction des Marolles, s'occupant principalement de l'Ă©glise des Minimes.

Jacques Van der Biest
Biographie
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Distinction

Biographie

Originaire d’Etterbeek, l'une des dix-neuf communes de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale, Jacques Van der Biest passe son enfance dans le quartier modeste de la rue Gray (que l'on dĂ©signe Ă  l'Ă©poque de manière pĂ©jorative comme Ă©tant « le bas d'Etterbeek Â»). Son père, ingĂ©nieur et directeur d'usine, avait choisi de s'y installer, en raison justement de son caractère populaire[2].

Sa famille étant de tradition catholique, il effectue ses études primaires et secondaires de 1931 à 1946, chez les jésuites, au collège Saint-Michel. Il fait ensuite des études universitaires à l'université libre de Bruxelles. Dans l'intervalle, destiné à poursuivre la profession de son père, il s'engage quelques mois dans une usine des bords de Meuse (Tubemeuse), pour être confronté à la condition ouvrière. Il obtient son diplôme d'ingénieur polytechnicien en 1951 mais décide alors d'entrer au séminaire.

Ordonné prêtre à la fin de l'année 1954, il est nommé vicaire quelques mois plus tard à la paroisse Saints-Jean-et-Étienne-aux-Minimes, en plein cœur du quartier des Marolles, qui est alors l'un des plus misérables de la ville[1]. Il ne quittera la paroisse que pour effectuer, durant deux ans, des études de théologie à Lyon dans les années soixante. Il s'intéresse particulièrement à l'intégration de l'Église en milieu urbain (mémoire sur la pastorale de la ville), il assume alors une paroisse à Vénissieux.

En 1969, aux cĂ´tĂ©s des habitants, il prend une part active Ă  ce que l'on appellera la première « bataille de la Marolle ». Durant des mois, la population s'oppose durement Ă  l'extension du palais de Justice, qui implique l'expulsion de 1 200 personnes. Pour la première fois, les autoritĂ©s cèdent, le projet est abandonnĂ©. On cĂ©lèbre dans le quartier l'enterrement de Promoteur, de sa femme Bureaucratie et de leur enfant Expropriation. Cet Ă©pisode marque un tournant dans la prise de conscience de nombreux Bruxellois de la nĂ©cessitĂ© d'organiser la rĂ©sistance urbaine Ă  des projets mal conçus. Jusqu'alors, les dĂ©fenseurs de la ville mettaient en avant la protection du patrimoine ancien, l'esthĂ©tique et la valeur culturelle ou historique du bâti. Le droit des habitants et les revendications politiques et sociales prendront ensuite de plus en plus de place, de nombreux comitĂ©s de quartiers font leur apparition Ă  cette Ă©poque. Jacques Van der Biest participe alors Ă  la naissance du « ComitĂ© gĂ©nĂ©ral d'action des Marolles Â», dissous en 2017[3], puis en compagnie de l'architecte et urbaniste Maurice Culot, du sociologue RenĂ© Schoonbrodt et du juriste Philippe de Keyser, Ă  la crĂ©ation de l'Atelier de recherche et d'action urbaines (ARAU)[4]. La maison d'angle rue de Montserrat et rue de la PrĂ©voyance fut peinte en trompe-l'Ĺ“il par le peintre Paul De Gobert, Ă©voquant une place avec des maisons en couleurs sous un ciel bleu; cette Ĺ“uvre a aujourd'hui disparu.

Il prendra encore part aux « batailles Â» suivantes : en 1979 en opposition Ă  un plan d'amĂ©nagement du quartier, ou en 1989 oĂą, durant plusieurs semaines, les habitants de la rue de la Samaritaine dorment dans la rue en protestation contre la politique de rĂ©novation qui, en provoquant de fortes hausse des loyers, mène Ă  une mutation sociale au dĂ©triment des dĂ©favorisĂ©s.

Durant la durée de son long mandat dans la paroisse, il assiste aux profonds changements de la population des Marolles. La proximité du quartier du Sablon draine un public plus aisé, les boutiques des brocanteurs font place petit à petit aux magasins des antiquaires, accentuant la gentrification. La population ancienne quitte le centre-ville pour des quartiers plus éloignés et sont remplacés durant les dernières décennies du XXe siècle par d'autres familles, puis par des demandeurs d'asiles et des sans-papiers de toutes nationalités, Jacques Van der Biest leur permettant d'occuper son église, durant de longues périodes de négociations avec les autorités en vue de leur régularisation, et les soutenant durant leurs grèves de la faim.

De 1975 à 1985 il effectue différents voyages, en Europe et en Amérique du Sud principalement, en tant qu’expert à la Commission européenne pour les questions ayant trait au logement; il démissionne ensuite de ce poste, persuadé de l'inutilité de ses rapports.

Toujours désireux d'ouvrir son église à la société, il accepte qu'elle serve de cadre à de nombreuses manifestations culturelles musicales[5], dont le Festival International de l'église des Minimes qu'il créa en 1986. La musique est une de ses grandes passions. Elle est aussi pour lui le moyen de rapprocher les gens de toutes tendances et de toutes cultures. En 2014, avec le Centre d’œuvres de Mérode, il crée l'Internationaal Festival Sint Carolus Borromeus Kerk dans l'église Saint-Charles-Borromée à Anvers.

Il meurt dans les dernières minutes de l'Ascension 2016.

Distinctions

En 2002, l’abbé est fait chevalier de l'ordre de Léopold, la plus haute des distinctions honorifiques. Il deviendra citoyen d’honneur de la ville de Bruxelles en 2005[1].

Ayant atteint la limite d'âge en 2005 - et comme le veut le droit canon - il est invitĂ© Ă  dĂ©missionner de sa charge pastorale par l'archevĂŞque de Malines-Bruxelles, Godfried Danneels, suscitant d'importantes rĂ©actions dans le quartier oĂą il est toujours très populaire. DiffĂ©rentes personnalitĂ©s, dont des non-catholiques, lui apportent leur soutien, arborant des pancartes oĂą on pouvait lire « Touche pas Ă  mon curĂ© Â». Il bĂ©nĂ©ficie d'une dĂ©rogation temporaire, puis en 2008, il reçoit l'autorisation de rester en fonction tant que cela lui sera possible[6] - [1].

Références

  1. Philippe Carlot, « Jacques Van der Biest, le "curé des Marolles", s'est éteint à l'âge de 86 ans », RTBF Info, /
  2. (nl) « Priester Jacques Van der Biest overleden », sur kerknet.be, .
  3. « Dissolution du CGAM ou la chronique d'une mort annoncée dans les Marolles », RTBF Info,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. René Schoonbroodt, « Jacques Van der Biest. Un homme pour la ville », Publications de l'ARAU,‎ (résumé, lire en ligne, consulté le )
  5. Christian Laporte, « Les cantates divines envoyées en enfer : Rififi à l'église des Minimes à Bruxelles », La Libre Belgique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Van der Biest ad vitam », Le Soir, 21 mai 2008

Annexes

Sources

Liens externes de ses activités

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