Jacques Guigou
Jacques Guigou (né le à Guéret) est un écrivain, essayiste, universitaire, sociologue et poète français.
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Université de Montpellier (doctorat) (jusqu'en ) Université Caen-Normandie (doctorat) (jusqu'en ) |
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Université Paul-Valéry-Montpellier (depuis ) Université Grenoble-II (depuis ) |
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Biographie
Fils d'Émile Guigou, issu d'une vieille famille de Vauvert[1] Jacques Guigou naît le à Guéret, dans la Creuse, où son père exerce comme médecin-directeur départemental de la Santé publique. Sa mère, Jeanne Fauché, est la nièce du sénateur du Gard Gaston Bazile[2].
Il fait ses classes au lycée de garçons de Nîmes, cependant qu'il reçoit une instruction religieuse au Grand Temple[2]. Il renonce à la confession protestante à l'âge de 20 ans, mais continue cependant de revendiquer une influence calviniste[2].
Ayant entrepris des études de sociologie à l'université de Montpellier, il soutient, le , une thèse de 3e cycle[2] - [3] - [4], avant d'être recruté à l'Institut national pour la formation des adultes[2]. Il donne alors des interventions-conseils auprès d'entreprises publiques autant que privées[2].
En 1968, après un service militaire comme coopérant à Annaba (Algérie), il revient en métropole pour entamer une carrière universitaires en sciences de l'éducation : recruté en 1971 comme maître de conférences à l'université de Grenoble, il présente une thèse d'État le [2] - [4], puis est élu en 1991 professeur à Montpellier-III[5]. De 1976 à 1983, il est membre du comité de rédaction de la revue Autogestion[6].
En 1980, il fait paraître L'Infusé radical, premier d'une longue série de recueils poétiques[2]. Assouvissant son intérêt pour le livre et la typographie, il est en parallèle le créateur (en 1984) des éditions de L'Impliqué[2], dont il devient aussi le directeur[5]. Il lance, de concert avec Jacques Wajnsztejn, la revue Temps critiques[7]. En 1989, il fonde la collection du même nom aux éditions L'Harmattan[2]. Il prend sa retraite professionnelle en 2009 et accède à l'éméritat[2]. Il poursuit cependant son engagement dans la vie poétique, figurant notamment au bureau de la maison de la poésie Jean-Joubert »[8], et continue ses activités d'édition et de réflexions critiques.
Ĺ’uvre
Il consacre sa thèse de 1965 aux « jeunes ruraux » en Languedoc[2] - [9], puis se spécialise dans les rapports entre travail et formation, qui l'amènent notamment à étudier la formation continue et à proposer, dès 1972, une critique des systèmes de formation[4]. Il analyse ainsi la « stagification », conceptualisée en 1975 puis faisant l'objet de sa thèse d'État en 1985, comme un processus de normalisation sociale des salariés, réduits à mettre en avant le capital humain qu'ils représentent[10] - [4]. Le terme connaît une certaine fortune dans la littérature sociologique[11] - [12], cependant que la pratique des stages s'installe dans la formation professionnelle continue[13], mais soulève des controverses chez les acteurs de ce même système de formation[2]. Un colloque fait le point sur les implications de cette théorie de la stagification à Montpellier en 2012[2].
Dans le cadre de ses activités d'éditeur et de revuiste, il s'intéresse avec Jacques Wajnsztejn au contexte historico-politique des mouvements politiques consécutifs à Mai 68 en France et au Mai rampant en Italie[2]. Il s'implique lui-même dans ces mouvements, s'inscrivant dans la théorie critique et commentant en particulier Henri Lefebvre, Jacques Camatte et Fredy Perlman[2]. C'est d'ailleurs dans cette veine critique qu'il explore les concepts historiques du marxisme et de l'anarchisme (valeur-travail, classes sociales, révolution prolétarienne, etc.)[2]. Il propose encore que l'échec de l'autogestion a engendré un hyperindividualisme « l'egogestion »[Note 1]. En 2001, dans le cadre de ses recherches politiques et anthropologiques sur l'État, Jacques Guigou avance la notion de "l'institution résorbée"[14] pour interpréter l'affaiblissement des institutions de l'État-nation et leurs mises en réseaux dans une gestion des intermédiaires.
Il dit écrire ce qu'il « espère être » de la poésie[1], fruit de sa contemplation du monde[2]. Il s'inspire notamment des rivages du Grau-du-Roi[15] - [16]. Commentant Vents indivisant, Gaston Marty remarque quelques images-clé, comme le corps, central, ou la lumière, omniprésente[17] ; aussi Jean-Pierre Védrines souligne-t-il, par ailleurs, l'« authentique dépouillement de [son]écriture »[18]. En 2020, il rassemble en un seul volume de quelque 700 pages sa Poésie complète.
Politique
- Critique des systèmes de formation : analyse institutionnelle de diverses pratiques d'éducation des adultes, Paris, Anthropos, 1972 (BNF 35189666).
- Les Analyseurs de la formation permanente, Anthropos, 1979 (ISBN 2-7157-0317-1).
- L'Institution de l'analyse dans les rencontres, Anthropos, 1981 (ISBN 2-7157-1045-3).
- La Cité des ego, Grenoble, L'Impliqué, 1987 (ISBN 2-906623-008).
- Dir. avec Jacques Wajnsztejn, L'Individu et la communauté humaine, Paris, L'Harmattan, 1998 (ISBN 2-7384-6771-7).
- Dir. avec Jacques Wajnsztejn, La Valeur sans le travail, Paris, L'Harmattan, 1999 (ISBN 2-7384-7812-3)
- L'institution résorbée, L'Impliqué, 2001 (ISBN 2-906623-09-1).
- Dir. avec Jacques Wajnsztejn, Violences et Globalisation, L'Harmattan, 2003 (ISBN 2-7475-5744-8).
- Avec Jacques Wajnsztejn, L'Évanescence de la valeur : une présentation critique du groupe Krisis, L'Harmattan, 2004 (ISBN 2-7475-7046-0).
- Avec Jacques Wajnsztejn, Crise financière et capital fictif, L'Harmattan, 2008 (ISBN 978-2-296-07720-1).
- Avec Jacques Wajnsztejn, Mai 1968 et le mai rampant italien, L'Harmattan, 2008 (ISBN 978-2-296-05530-8).
- Des émancipés anthropologiques, L'Impliqué, 2011 (ISBN 978-2-906623-18-7).
- Dir. avec Jacques Wajnsztejn, La société capitalisée, L'Harmattan, 2014 (ISBN 978-2-343-03535-2).
- Une autonomisation du sexe : le genre, L'Impliqué, 2014 (ISBN 978-2-906623-22-4).
- L'Envie de révolution française des Gilets jaunes, Montpellier, L'Impliqué, 2019 (ISBN 978-2-906623-33-0).
- Poétiques révolutionnaires et poésie, L'Harmattan, 2019 (ISBN 978-2-343-17262-0).
- L'État sous ses deux formes nation et réseau, L'Impliqué, 2021 (ISBN 978-2-906623-40-8).
- Contribution à l'histoire de la formation des formateurs, L'Impliqué, 2021 (ISBN 978-2-906623-41-5).
- L'aliénation effacée, l'émancipation exaltée, L'impliqué, 2022 (ISBN 978-2-906623-47-7).
- Note sur imagination, imaginaire, imageries, L'impliqué, 2022 (ISBN 978-2-906623-50-7).
Poésie
- L'Infusé radical, Paris, Saint-Germain-des-Prés, 1980 (ISBN 2-243-01316-9).
- Contre toute attente le moment combat, Dominique Bedou, 1983 (ISBN 2-9030-9616-3).
- Ce monde au nid, Gourdon, Dominique Bedou, 1986 (BNF 34867626).
- Temps titré, Dominique Bedou, 1988 (ISBN 2-903096-65-1).
- Blanches, L'Impliqué, 1993 (ISBN 2-906623-05-9).
- Une aube sous les doigts, L'Harmattan, 1994 (ISBN 2-7384-2568-2).
- Elle entre, L'Harmattan, 1995 (ISBN 2-7384-3666-8).
- Son chant, L'Harmattan, 1997 (ISBN 2-7384-5125-X).
- Sables intouchables, L'Harmattan, 1999 (ISBN 2-73847561-2).
- Ici primordial, L'Harmattan, 2001 (ISBN 2-7475-1468-4).
- Vents indivisant, L'Harmattan, 2004 (ISBN 2-7475-6971-3).
- Prononcer, Garder, L'Harmattan, 2007 (ISBN 978-2-296-04244-5).
- Par les fonds soulevés, L'Harmattan, 2010 (ISBN 978-2-296-11272-8).
- Strophes aux Aresquiers, L'Impliqué, 2010 (ISBN 2-906623-16-4). Édition bilingue, traduction en occitan par Jean-Marie Petit.
- La mer, presque, L'Harmattan, 2011 (ISBN 978-2-296-55417-7).
- Augure du grau, L'Harmattan, 2012 (ISBN 978-2-296-99340-2).
- Exhaussé de l'instant, L'Harmattan, 2013 (ISBN 978-2-343-01249-0).
- D'emblée, L'Harmattan, 2015 (ISBN 978-2-343-06563-2).
- Le Chant du phare, L'Impliqué, 2019 (ISBN 978-2-906623-34-7).
- Fragiles (ill. Raphaël Ségura), L'Impliqué, 2019 (ISBN 978-2-906623-37-8).
- Avènement d'un rivage, L'Harmattan, 2019 — édition bilingue, avec traduction en provençal par Jean-Claude Forêt. (ISBN 978-2-343-18531-6).
- Poésie complète (1980-2020), L'Impliqué, 2020 (ISBN 978-2-906623-38-5).
- Sans mal littoral, L'Harmattan, 2022 (ISBN 978-2-14-029706-9).
Notes et références
- Note
- La Cité des ego, 1987.
- Références
- « Poète : Jacques Guigou », sur Le Printemps des poètes (consulté le ).
- Cabanel 2020.
- Jean-Paul Laurens, « Montpellier : Une tradition de sociologie ancienne », sur yumpu.com, (consulté le ).
- « Chercheur hors équipe : Jacques Guigou », sur Faculté d'éducation (fde) Université de Montpellier (consulté le ).
- Jacques Guigou sur data.bnf.fr (consulté le ).
- http://archivesautonomies.org/IMG/pdf/autogestion/autogestion/autogestion-n37-38.pdf.
- Temps critiques
- « Membres de la Maison de la Poésie Jean Joubert », sur maison-de-la-poesie-languedoc-roussillon.org (consulté le ).
- Jacques Guigou, « Les jeunes ruraux dans le Languedoc méditerranéen. Structure démographique et problèmes socio-culturels », Études rurales, no 19,‎ , p. 32-66 (ISSN 1777-537X, DOI 10.3406/rural.1965.1241, lire en ligne, consulté le ).
- Guigou 2020.
- Emmanuel Triby, « Actualité et inactualité de la stagification », Éducation et socialisation, no 35,‎ (DOI 10.4000/edso.634, lire en ligne, consulté le ).
- René Lourau, « Le chômage comme instrument d'analyse », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- Philippe Maubant, Emmanuel Triby et Souâd Denoux, « Le stage en formation, tendances et résistances », Phronesis (en), vol. 3,‎ , p. 1–5 (DOI 10.7202/1024583ar, lire en ligne, consulté le ).
- Jacques Guigou, « L'institution résorbée », Temps critiques n°14,‎ (lire en ligne)
- Marc Wetzel, « Avènement d’un rivage, Jacques Guigou », sur lacauselitteraire.fr, (consulté le ).
- Marc Wetzel (Chronique de), « Jacques Guigou - D’emblée - L’Harmattan, 2015 », sur Traversées, revue littéraire, (consulté le ).
- Gaston Marty, « Recension de Vents indivisant », Souffles, no 210,‎ , p. 162-163.
- Jean-Pierre Védrines, « Dit sur la poésie de Jacques Guigou », Souffles, no 223,‎ , p. 184-185.
Voir aussi
Bibliographie
- [Cabanel 2020] Patrick Cabanel, « Guigou Jacques », dans André Encrevé et Patrick Cabanel (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours : D-G, t. II, Paris, Max Chaleil, (ISBN 978-2-8462-1288-5), p. 1005-1006.
Liens externes
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