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Jacques Chiffoleau

Jacques Chiffoleau (né en 1951 à Nantes) est un historien français spécialiste du Moyen Âge.

Biographie

Élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, il obtient l'agrégation d'histoire, puis devient membre de l'École française de Rome. Il a été l'élève de Jacques Le Goff et de Michel Mollat du Jourdin. Il a occupé successivement les postes de maître de conférences puis professeur à l'Université Lumière - Lyon 2, puis professeur à l'Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse. Il a été nommé membre junior de l'Institut universitaire de France en 1991 pour une durée de cinq ans[1]. Il est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales depuis 2002. Entre 2011 et 2014, il a dirigé le CIHAM, laboratoire d'histoire médiévale du CNRS (UMR 5648) basé à Lyon.

Ĺ’uvre

Paru en 1980, son premier livre, La comptabilité de l'au-delà. Les hommes, la mort et la religion dans la région d'Avignon à la fin du Moyen Âge (vers 1320-vers 1480), qui a été réédité en 2011 aux Éditions Albin Michel, a renouvelé l'histoire du christianisme aux derniers siècles du Moyen Âge, avec une approche anthropologique qui montre comment la crise "mélancolique" de la fin du Moyen Âge ne peut se comprendre sans la rupture d'un certain lien avec les morts, les ancêtres, et la découverte d'une solitude qui n'exclut pas le développement de liens sociaux, notamment en ville (confréries), un nouveau rapport avec Dieu et l'au-delà et l'invention aussi de formes culturelles nouvelles. Sa contribution à L'Histoire de la France religieuse parue en 1988, intitulée La Religion flamboyante (vers 1320-vers 1520), a également fait date. Elle a été réédité en 2011 aux éditions du Seuil (Point Histoire).

Les travaux de Jacques Chiffoleau ont Ă©galement une grande influence dans le domaine de l'histoire de la justice, du droit et des institutions. Après la publication en 1984 d'un livre intitulĂ© Les Justices du pape, sur l'histoire de la criminalitĂ© Ă  Avignon au temps oĂą la papautĂ© rĂ©sidait dans cette ville, il a publiĂ© une sĂ©rie d'importants articles sur la procĂ©dure, l'aveu, le crime de lèse-majestĂ© et la notion de « contre nature » aux derniers siècles du Moyen Ă‚ge. Il est spĂ©cialiste du procès de Gilles de Rais. Par ailleurs, il a traduit en français le livre de l'historien amĂ©ricain Brian Levack intitulĂ© La Grande chasse aux sorcières en Europe aux dĂ©buts des temps modernes (Ă©d. Champ Vallon, 1991).

L'un des récents articles de Jacques Chiffoleau[2] analyse la séparation du for interne (ou for de conscience) du for externe, c'est-à-dire le for judiciaire, à partir des XIIe – XIIIe siècles. Jacques Chiffoleau examine et remet partiellement en cause l'hypothèse traditionnelle selon laquelle le refus de l'Église catholique de "juger des choses occultes" (qui concernent la conscience et ne relèvent que de la confession sacramentelle) à partir du XIIIe siècle serait aux origines lointaines de la liberté de conscience en Occident.

En 2006, Jacques Chiffoleau a organisĂ© un colloque Ă  Fanjeaux consacrĂ© Ă  l'histoire des « justices d'Église » dans le Midi Ă  la fin du Moyen Ă‚ge et publiĂ© dans le numĂ©ro 42 des Cahiers de Fanjeaux. Par ailleurs, il est directeur du programme CORELPA (Corpus Ă©lectronique des lettres pontificales), financĂ© par l'Agence nationale de la recherche, dont l'objectif est la numĂ©risation et l'exploitation des centaines de milliers de lettres Ă©mises par les papes aux XIIIe et XIVe siècles, au temps oĂą ils gouvernaient (ou tentaient de gouverner) l'ensemble de la ChrĂ©tientĂ© latine (c'est-Ă -dire l'Europe occidentale) depuis leur cour de Rome puis d'Avignon.

Publications

  • La comptabilitĂ© de l'au-delĂ . Les hommes, la mort et la religion dans la rĂ©gion d'Avignon Ă  la fin du Moyen Age (vers 1320-vers 1480), PrĂ©face de Jacques Le Goff, Rome, Collection de l'École française de Rome no 47, 1980, X-494 p. (Prix des AntiquitĂ©s de la France dĂ©cernĂ© par l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles Lettres en 1981. RĂ©Ă©dition sous le mĂŞme titre Ă  Paris, Albin Michel, 2011 [Bibliothèque de l’Evolution de l’humanitĂ©], avec un nouvel avant-propos et une bibliographie complĂ©mentaire.
  • Les justices du pape. dĂ©linquance et criminalitĂ© dans la rĂ©gion d'Avignon au XIVè siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, sĂ©rie « Histoire ancienne et mĂ©diĂ©vale » no 14, 1984, 333p.
  • La religion flamboyante (vers 1320-vers 1520) dans Histoire de la France religieuse (sous la direction de Jacques Le Goff et RenĂ© RĂ©mond), tome II, Paris, Éditions du Seuil, 1988, p. 13-184, rĂ©Ă©dition Ă  Paris, Éditions du Seuil, 2011 [Point Histoire], rĂ©Ă©dition avec un avant-propos et une bibliographie complĂ©mentaire.
  • Riti e rituali urbani nell 'Occidente medievale, actes de la rencontre d'Erice () a cura di Jacques Chiffoleau (UniversitĂ© Lumière Lyon 2), Agostino Paravicini Bagliani (UniversitĂ© de Lausanne) et Lauro Martines (UniversitĂ© de Californie -Los Angeles), Spolète, Biblioteca di « Medieoevo latino », 1994.
  • Religion et SociĂ©tĂ©s urbaines au Moyen Age, Études offertes Ă  Jean-Louis Biget par ses anciens Ă©lèves, Patrick Boucheron et Jacques Chiffoleau Ă©dit., Paris, Publications de la Sorbonne, 2000.
  • Les palais dans la ville. Espaces urbains et lieux de la puissance publique dans la MĂ©diterranĂ©e mĂ©diĂ©vale, textes rĂ©unis par Patrick Boucheron et Jacques Chiffoleau, Lyon, Presses universitaires de Lyon [Collection d’histoire et d’archĂ©ologie mĂ©diĂ©vales no 14], 2004.
  • Les justices d’Eglise dans le Midi (XIè-XVe siècles), J. Chiffoleau et J. ThĂ©ry Ă©d., Cahiers de Fanjeaux (no 42), Toulouse, Privat, 2007, 552 p.
  • Pratiques sociales et politiques judiciaires dans les villes d’Occident Ă  la fin du Moyen Age, Jacques Chiffoleau, Claude Gauvard et Andrea Zorzi Ă©d., actes du colloque d’Avignon (-), Rome, Collection de l’École française de Rome, 2007, 767 p.
  • Économie et religion. L’expĂ©rience des ordres mendiants (XIVe - XVe siècle), Nicole BĂ©riou et Jacques Chiffoleau, dir., Lyon, Presses universitaires de Lyon [Collection d’histoire et d’archĂ©ologie mĂ©diĂ©vales no 21], 2009, 809 p.
  • La Chiesa, il segreto e l’obbedienza. La costruzione del soggetto politico nel medioevo, Bologne, Il Mulino [Saggi, 728], 2010, 185 p.

Notes et références

  1. Arrêté du 2 décembre 1991 portant nomination à l'Institut universitaire de France, JORF no 286 du , p. 16074, NOR MENH9102797A, sur Légifrance.
  2. Jacques Chiffoleau, « Ecclesia de occultis non judicat ? L'Église, le secret et l'occulte du XIIe au XVe siècle Â», Il segretoMicrologus. Nature, Sciences and Medieval Societies, 2005, 13, p. 359-481.

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