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Jacob Rodrigue Pereire

Jacob Rodrigue Pereire (en portugais : Jacob Rodrigues Pereira) ( - ) est en France un érudit et l'un des précurseurs de l'éducation des sourds et de l'orthophonie. Savant reconnu et polyglotte, il mena aussi une action politique pour défendre les droits de la communauté des « Juifs dits Portugais ».

Jacob Rodrigue Pereire
Jacob Rodrigue Pereire.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  65 ans)
Paris
SĂ©pulture
Activité
Famille
Enfant
Isaac Rodrigues Pereire (d)

Il est le grand-père des frères Émile et Isaac Pereire, figures du Second Empire.

Éléments biographiques

Né à Berlanga en Espagne, en 1715, d’une famille marrane originaire de Chacim au Portugal[1], baptisé sous le nom de Francisco António Rodrigues, il est le fils d'Abigaïl Rivka Rodrigues et d'Abraão Rodrigues Pereira, commerçant, né à Chacim au Portugal, une localité proche de Bragance, un des grands centres du crypto-judaïsme. En 1698, Abraão s'installe en Espagne.

Ses filles (deux au moins) ainsi que deux de ses fils, Jacob et son frère cadet David, se fixent en France avec leur mère. La communauté juive de Bordeaux est à l’époque déjà suffisamment structurée pour attirer les Marranes qui veulent fuir le Portugal et faire un retour au judaïsme. Jacob Rodrigues Pereire y est circoncis à l’âge de vingt-six ans, le .

Jacob Rodrigue Pereire

Dès 1734, il se documente sur les méthodes d’éducation des sourds-muets. C’est sans doute pendant sa période bordelaise (de 1741 à 1746) qu'il apprend l’hébreu. Il quitte Bordeaux en 1746 pour suivre au collège de Beaumont-en-Auge, près de Caen, le second élève sourd-muet dont on lui confie la rééducation, le jeune d’Etavigny. Il s’y installe en et y reste trois années, entrecoupées par plusieurs séjours à Paris. C’est en avril 1749 qu’il se fixe définitivement à Paris avec son élève. Son domicile sert de pension pour le jeune d’Étavigny et pour les autres élèves sourds-muets qui lui sont confiés dans les années suivantes. Pereire habite ensuite la capitale de manière ininterrompue.

Le , il épouse à Bordeaux une jeune fille portugaise de trente ans plus jeune que lui. Ils ont six enfants dont quatre moururent en bas âge. Il meurt à son tour le vendredi rue Montmartre vis-à-vis de la rue de la Jussienne (acte de décès et autorisation d'inhumer dans P. Hildenfinger Documents sur les juifs à Paris au XVIIIe siècle E. Champion Paris 1913 p. 247-248.)

L’œuvre de Pereire

Pereire privilégie la démutisation, la lecture sur les lèvres, l'apprentissage précoce de la lecture et utilise une dactylologie adaptée à la langue française, inspirée de l'alphabet manuel de Juan de Pablo Bonet. Il a fait l'objet d'attaques anonymes de l’abbé de L'Épée qui cherche lui aussi une reconnaissance institutionnelle dans le domaine de l'éducation des sourds.

L’œuvre de Pereire ne se limite pas à ce seul domaine. Ses connaissances en physique et en mathématiques lui valent des honneurs et l’amitié des plus grands savants de son temps, notamment Buffon qui le cite dans son Histoire Naturelle, Réaumur et La Condamine. Ses connaissances linguistiques lui valent l’estime de Bougainville qui lui confiera l’observation et la description de la langue du Tahitien Aotourou[2].

Il manie parfaitement le portugais, le français, l’italien et l’hébreu. Il traduit en français plusieurs prières composées par le rabbin de Bordeaux pour des circonstances concernant la famille royale : maladie du roi, de la reine ou du dauphin. Les qualités de Pereire comme traducteur sont remarquées, et en 1765, il reçoit officiellement de Louis XV le titre de « Interprète de sa majesté pour les langues espagnole et portugaise ». On lui doit l’édition, en 1765 et 1776, de toutes les lettres patentes qui, depuis Henri Il jusqu’à Louis XVI, ont concerné et protégé les juifs portugais.

Sur recommandation de La Condamine et Clairaut en , pour ses travaux relatifs à la maîtrise de l'action du vent sur les vaisseaux, il est élu membre de la Société Royale de Londres le [3].

En outre, il crée en 1780, au 44 de la rue de Flandre, dans le 19e arrondissement de Paris (à l'époque la Villette), le premier cimetière pour les Juifs portugais. Il est l'un des premiers à y reposer avant son transfert à Montmartre en 1825 ou après.

Une rue de Bordeaux porte son nom.

Monnaie portugaise de 1981 en l'honneur de l'orthophoniste Jacob Rodrigue Pereire ayant œuvré pour la réhabilitation des personnes déficientes.

Les deux premiers sourds éduqués par Pereire : Aaron Beaumarin et M. d’Azy d’Etavigny

Aaron Beaumarin, sourd-muet de naissance, né vers 1732, fut présenté à l’Académie de La Rochelle, début 1745. Afin de faire constater l’efficacité de sa méthode, Jacob Rodrigue Pereire fit dresser devant des notaires rochelais un acte constatant l’infirmité de naissance de son élève. Le second fit l’objet d’un Mémoire présenté à Paris, à l’Académie des sciences, à la séance le .

Notes et références

  1. Nahon, GĂ©rard., Juifs et judaĂŻsme Ă  Bordeaux, Bordeaux/Paris, Mollat, , 391 p. (ISBN 2-909351-77-7 et 9782909351773, OCLC 52214209, lire en ligne), p.84
  2. Pierre-Jacques Charliat, Le temps des grands voiliers, tome III de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 169
  3. Voir SĂ©guin et aussi Ernest La Rochelle, pages 140-141.

Annexes

Bibliographie

  • Ch. M. de L’ÉpĂ©e, La vĂ©ritable manière d’instruire les sourds et muets confirmĂ©e par une longue expĂ©rience, 1784 ; rĂ©Ă©dition, collection « Corpus des Ĺ“uvres philosophiques en langue française », Paris, Fayard, 1984.
  • E. SĂ©guin, Jacob-Rodrigues Pereire, Premier instituteur des sourds et muets de France(1744-1780), pensionnaire et interprète du Roi, membre de la SociĂ©tĂ© Royale de Londres, etc. : Notice sur sa vie et ses travaux et Analyse raisonnĂ©e de sa mĂ©thode, prĂ©cĂ©dĂ©s de l’éloge de cette mĂ©thode par Buffon, Paris, J.-B. Baillère, (lire en ligne).
  • A. Brauner, NumĂ©ro spĂ©cial : « E. Seguin 1812-1880, J.-R. Pereire 1715 1780 », RĂ©Ă©ducation Orthophonique, 18, 115, 1980.
  • (FĂ©lix HĂ©ment,) Jacob Rodrigues Pereire, premier instituteur des sourds et muets en France, in 16°, 64 pages, Paris : Didier et C°, 35, quai des Augustins, 1875.
  • RenĂ©e Neher-Bernheim, 1981, « Un pionnier dans l’art de faire parler les sourds-muets : Jacob Rodrigue Pereire, Juifs et judaĂŻsme », Dix-Huitième Siècle, 13, 47-61.
  • RenĂ©e Neher-Bernheim, « Un savant juif engagĂ© : Jacob Rodrigue Pereire (1715-1780) », Revue des Ă©tudes juives, CXLII, 1983, 3-4, 373-451, 1983.
  • J.-R. Presneau, Signes et institutions des sourds XVIIe – XIXe siècle, Seyssel, Champ Vallon, 1998.
  • O. HĂ©ral, Ă©d., « Jacob Rodrigue Pereire (1715 – 1780), prĂ©curseur mĂ©connu du Siècle des Lumières, hors sĂ©rie Histoire de l’orthophonie en France », RĂ©Ă©ducation Orthophonique, 40, Hors SĂ©rie, 2002.
  • O . HĂ©ral, Orthophonie avant l’orthophonie, Isbergues, Orho-Édition. ?NumTheme=3&Article=336, 2007.
  • (pt) EmĂ­lio Salgueiro, Jacob Rodrigues Pereira : homem de bem, judeu portuguĂŞs do sĂ©c. XVIII : primeiro reeducador de crianças surdas e mudas em França, Lisbonne, Fundação Calouste Gulbenkian, , 426 p. (ISBN 978-972-31-1211-5)
  • Ernest La Rochelle, Jacob Rodriques Pereire, Portrait + 578 pages, Paris, Paul Dupont, 1882.
  • Un chapitre lui est consacrĂ© dans le Dictionnaire de pĂ©dagogie et d'instruction primaire de Ferdinand Buisson (2 volumes), 1887, 1911 (Nouveau dictionnaire ...), 1929. A prĂ©ciser.

Articles connexes

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