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Ismet Kurtovitch

Ismet Kurtovitch, né le à Nouméa[1], est un historien français spécialiste de la Nouvelle-Calédonie contemporaine, ainsi qu'un dramaturge et un homme politique indépendantiste.

Ismet Kurtovitch
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Biographie
Naissance
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Directeur de thèse
Paul De Deckker (d)

Biographie

Origines et famille

Ismet Kurtovitch est le deuxième et avant-dernier enfant de Slobodan Kurtovitch, un immigré yougoslave (bosniaque) de Sarajevo ayant quitté son pays d'origine en 1945, et de Bernadette Hagen, issue d'une famille calédonienne aux origines européennes dont l'installation dans l'archipel remonte au XIXe siècle[2] - [3]. Ainsi, par sa mère, Ismet Kurtovitch est le petit-fils du commerçant, armateur, planteur et hommes d'affaires de Nouméa John-Charles-Nicolas dit « Tiby » Hagen (1880-1947), par ailleurs président de la Société des études mélanésiennes, et issu d'une famille bavaroise de Ratisbonne venue d'abord en Australie dans le cadre de la ruée vers l'or de 1851 puis ayant fait fortune dans les années 1870 dans le commerce aux Nouvelles-Hébrides et en Nouvelle-Calédonie, et de son épouse Marthe (Marie Marcelle) Guiraud de Levizac (1886-1965)[4]. Par cette dernière, Ismet Kurtovitch est de plus l'arrière-petit-fils de Paul (Alexandre) Guiraud de Levizac (1849-1939), magistrat, avocat et conseiller honoraire à la cour d'appel de Nouméa d'origine languedocienne, natif de Saint-Pons-de-Thomières (Hérault) arrivé en 1880 dans l'archipel et qui fut également maire de Nouméa de 1898 à 1899 ; et l'arrière-arrière-petit-fils de Jean Taragnat (1816-1878), un Auvergnat d'Yssac-la-Tourette arrivé une première fois dans l'archipel en 1843 en tant que frère mariste membre de la mission de Guillaume Douarre, retourné ensuite à l'état laïc et devenu pionnier d'abord en Australie puis définitivement installé à Nouméa en 1858 avec sa famille[2] - [5].

Le frère et la sœur d'Ismet Kurtovitch se sont également impliqué dans la vie éducative, culturelle et politique de la Nouvelle-Calédonie. Il est ainsi le frère cadet de Yasmina Metzdorf, maire de Poya sous les couleurs du parti non-indépendantiste Calédonie ensemble depuis 2014, après y avoir été institutrice puis directrice d'école à partir de 1973 ainsi que correspondante pour le quotidien Les Nouvelles calédoniennes[6]. Il est de plus le frère aîné de Nicolas Kurtovitch, l'écrivain néo-calédonien le plus prolifique, le plus primé et le plus lu, tant en Océanie qu'en France métropolitaine, de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle, par ailleurs ancien directeur du lycée protestant Do Kamo à Nouméa ainsi que militant et conseiller d'un autre parti politique non-indépendantiste, Le Rassemblement (ancien Rassemblement pour la Calédonie dans la République ou RPCR).

Formation et militantisme politique

Ismet Kurtovitch fait sa scolaritĂ© dans l'enseignement privĂ© catholique, au collège du SacrĂ©-CĹ“ur de Bourail puis au lycĂ©e Blaise-Pascal de NoumĂ©a. Une fois obtenu son baccalaurĂ©at, il part en France mĂ©tropolitaine effectuer son service national puis pour ses Ă©tudes supĂ©rieures Ă  l'unitĂ© de formation et de recherche de sciences de l'information et de la communication de l'universitĂ© Paris II PanthĂ©on-Assas. Il obtient une licence en 1977 et un diplĂ´me d'Ă©tudes approfondies (DEA) en 1979[1], avec un mĂ©moire sur « L'affaire N'Goye dans Les Nouvelles calĂ©doniennes Â».

De retour en Nouvelle-CalĂ©donie, il s'engage au sein de l'Union calĂ©donienne (UC), ancien parti majoritaire localement des annĂ©es 1950 aux annĂ©es 1970, anciennement centriste et autonomiste devenu socialiste (de la tendance du socialisme mĂ©lanĂ©sien) et indĂ©pendantiste sous la conduite de Jean-Marie Tjibaou en 1977. Par ailleurs, il enseigne l'histoire-gĂ©ographie dans plusieurs Ă©tablissements privĂ©s catholiques ou protestants, puis devient directeur du collège et lycĂ©e agricole protestant Do NĂ©va Ă  HouaĂŻlou dans les annĂ©es 1980. Il y rencontre DĂ©wĂ© Gorodey, jeune Ă©crivain et militante indĂ©pendantiste, qui y enseigne le paicĂ® et le français, et en devient un proche politiquement. L'archipel est alors, entre 1984 et 1988, plongĂ© dans une pĂ©riode de forts troubles sociaux, politiques et ethniques entre partisans et opposants Ă  l'indĂ©pendance, appelĂ©e « Les ÉvĂ©nements Â». Membre du Front de libĂ©ration nationale kanak et socialiste (FLNKS) fondĂ© en 1984 par Jean-Marie Tjibaou pour organiser la lutte indĂ©pendantiste, Ismet Kurtovitch crĂ©e et dirige les « Éditions populaires » (Edipop), une maison d'Ă©dition chargĂ©e de publier des ouvrages dĂ©fendant la cause nationaliste kanak, associĂ©e Ă  une librairie populaire du mĂŞme nom[7].

Historien et directeur des archives

La création de l'Université française du Pacifique en 1987 permet à l'émergence d'une génération d'historiens ayant repris leurs études à la fin des années 1980 et dans les années 1990 jusqu'au doctorat. C'est le cas d'Ismet Kurtovitch qui obtient ainsi un DEA en histoire en 1993 puis soutient une thèse en 1998 sous la direction de l'anthropologue Paul de Deckker sur La vie politique en nouvelle-caledonie : 1940-1953[1] - [8].

Il devient ainsi le spĂ©cialiste de l'histoire politique contemporaine de la Nouvelle-CalĂ©donie, s'intĂ©ressant tout particulièrement au processus de dĂ©colonisation et Ă  l'Ă©mancipation des Kanaks depuis la Seconde Guerre mondiale, ainsi que du rapport entretenu par les EuropĂ©ens ou « Caldoches Â» les plus modestes (ouvriers, salariĂ©s, « petits colons Â») Ă  l'Ă©gard de ce mouvement[1].

DĂ©wĂ© Gorodey, devenue membre du gouvernement de la Nouvelle-CalĂ©donie chargĂ©e de la culture Ă  partir de 1999, le prend comme attachĂ© au sein de son cabinet. Puis elle le nomme chef du service des archives de la Nouvelle-CalĂ©donie le [9]. Cette nomination est contestĂ©e par une partie des employĂ©s des archives, emmenĂ©s par le chef adjoint du service Nicolas Dubuisson et l'agent du patrimoine Claude YĂ©wĂ©nĂ©[10], au motif qu'il ne dispose pas des diplĂ´mes requis d'archiviste ou conservateur. Le premier arrĂŞtĂ© de nomination est ainsi annulĂ©, mais il est Ă  la place nommĂ© chef du service par intĂ©rim le [11]. Il occupe ce poste de façon intĂ©rimaire jusqu'Ă  une dĂ©cision du gouvernement de la Nouvelle-CalĂ©donie retirant toute condition de diplĂ´me pour ĂŞtre nommĂ© chef des archives, ce qui lui permet d'ĂŞtre pleinement titularisĂ© Ă  ce poste le [12]. Cette nouvelle dĂ©cision provoque un nouveau mouvement des opposants Ă  sa nomination et de nouvelles actions en justice : Nicolas Dubuisson et Claude YĂ©wĂ©nĂ© arrĂŞtent ainsi de travailler pendant une heure en pour demander sa dĂ©mission. Nicolas Dubuisson est alors suspendu pour diffamation, injures et menaces contre son supĂ©rieur, qui mĂ©diatise fortement son opposition Ă  Ismet Kurtovitch (entamant mĂŞme une grève de la faim dans le hall de l'hĂ´tel du gouvernement). Le tribunal administratif de NoumĂ©a va dans le sens des salariĂ©s contestataires en parlant de « dĂ©tournement de pouvoir Â» au sujet de la nomination d'Ismet Kurtovitch, mais celui-ci est soutenu par le gouvernement qui le maintient ainsi Ă  son poste, tandis que Nicolas Dubuisson est une nouvelle fois suspendu temporairement. Alors qu'il est sous le coup de nouvelles accusations de la part de ce dernier (pour nĂ©gligence au sujet de termites qui menaceraient les fonds documentaires) et d'une procĂ©dure lancĂ©e par le prĂ©sident du tribunal administratif pour faire appliquer les dĂ©cisions prises par cette juridiction dans cette affaire, Ismet Kurtovitch dĂ©missionne de la direction des archives le pour redevenir collaborateur au cabinet de DĂ©wĂ© Gorodey au gouvernement[10] - [13].

Dramaturge

Parallèlement à ses carrières enseignantes, militantes et scientifiques, Ismet Kurtovitch a écrit plusieurs pièces de théâtres. Il a d'abord adapté en 1982 La Putain respectueuse de Jean-Paul Sartre, version représentée sur scène sans publication. En 2000, une deuxième de ses pièces, Pastorale calédonienne, est montée sur scène au Centre culturel Tjibaou par la compagnie Calédofolies - Les Incompressibles, avant d'être traduite en anglais et publiée à Suva en 2002. Cette version anglaise, A Caledonian pastoral, est produite en Nouvelle-Zélande en 2013. En 2003, c'est au tour de la revue théâtrale Coulisses de publier L’Affaire du lieutenant américain Forrest B. Crumpley. Celle-ci est intégrée à la pièce Les Comédies broussardes, créée sur scène en 2005 pour la compagnie Calédofolies - Les Incompressibles à nouveau, dont l'une des représentations fait l'objet d'une captation vidéo et d'une diffusion télévisuelle. Cette pièce est à son tour publiée en 2013[1].

Principales publications

Ouvrages

  • Aux origines du F.L.N.K.S. - l’U.I.C.A.L.O. et l’A.I.C.L.F. (1946-1953), NoumĂ©a, ĂŽle de Lumière, 1997, 145 p.
  • La Vie politique en Nouvelle-CalĂ©donie : 1940-1953, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2000, 690 p.

Direction et Ă©dition scientifique d'ouvrages

  • Karine Dervieux, Archives kanak : guide des sources, 1774-1958, Gouvernement de la Nouvelle-CalĂ©donie, 2004, 149 p.

Participation Ă  des ouvrages collectifs

  • « New Caledonia : The Consequences of the Second World War Â», dans Robert Aldrich et Isabelle Merle (dir.), France abroad : Indochina, New Caledonia, Wallis and Futuna, Mayotte. Papers presented at the Tenth George RudĂ© Seminar, Sydney, Department of Economic History, University of Sydney, 1996, p. 34-46.
  • « La Production de nickel pendant la Seconde Guerre mondiale », dans Yann Bencivengo (dir.), 101 mots pour comprendre la mine en Nouvelle-CalĂ©donie, NoumĂ©a, ĂŽle de Lumière, 1999.
  • « L’EntrĂ©e des MĂ©lanĂ©siens dans la citĂ© », dans Gilbert Bladinières (dir.), Chroniques du pays kanak, t. IV : Mutations, NoumĂ©a, Planète MĂ©mo, 1999.
  • « Le Double Collège Ă©lectoral » et « L’Union CalĂ©donienne », dans Jean-Yves Faberon et François Garde (dir.), 101 mots pour comprendre les institutions de la Nouvelle-CalĂ©donie, NoumĂ©a, ĂŽle de Lumière, 2002.
  • « ÉlĂ©ments pour une chronologie des Évènements, 1981-1988 », dans Jean-Marc Regnault (dir.), François Mitterrand et les territoires français du Pacifique (1981-1988), Paris, Les Indes savantes, 2003.

Articles de revues scientifiques

  • « Du rĂ©gime fiscal en Nouvelle-CalĂ©donie pendant la Seconde Guerre mondiale », « De la rĂ©glementation du travail obligatoire en Nouvelle-CalĂ©donie pendant la Seconde Guerre mondiale » et « Du conseil d’administration de la Nouvelle-CalĂ©donie pendant la Seconde Guerre mondiale », Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Ă©tudes mĂ©lanĂ©siennes, NoumĂ©a, n°30 (1996).
  • « Sortir de l’indigĂ©nat – Cinquantième anniversaire de l’abolition du rĂ©gime de l’indigĂ©nat en Nouvelle-CalĂ©donie », Journal de la SociĂ©tĂ© des ocĂ©anistes, Paris, n°105 (1997).
  • « A Communist Party in New Caledonia (1941-1948) Â», The Journal of Pacific History, ANU, Canberra, n°2 (2000).
  • « Histoire de l’Accord du », Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Ă©tudes mĂ©lanĂ©siennes, NoumĂ©a, n°31 (2001).
  • avec Jean-Marc Regnault, « Les Ralliements du Pacifique en 1940 Â», Revue de la SociĂ©tĂ© d’histoire moderne et contemporaine, Paris, vol. 49, n°4 (2002).
  • avec Jean-Marc Regnault,« Nouvelle-CalĂ©donie, 150 ans de cohabitation fragile Â», Hermès, numĂ©ro spĂ©cial La France et les outre-mer : l’enjeu multiculturel, Paris, CNRS Ă©ditions, n°32-33 (2002).
  • « L’Accession des MĂ©lanĂ©siens Ă  la citoyennetĂ© française », Revue juridique politique et Ă©conomique de Nouvelle-CalĂ©donie, NoumĂ©a, n°2 (2003).

Pièces de théâtre

  • A Caledonian Pastoral, Suva (Fidji), Institute of Pacific Studies, University of South Pacific et Éditions Grain de Sable, 2002.
  • « L’Affaire du lieutenant amĂ©ricain Forrest B. Crumpley Â», Coulisses, Besançon, Théâtre universitaire de Franche-ComtĂ©, n°27 (2003).
  • « Rosalie Â», Épisodes Nouvelle-CalĂ©donie, Boulouparis, n°1 (2009).
  • ComĂ©dies broussardes (« L’arrestation du Japonais » ; « Jojo » ; « Le bulletin mĂ©tĂ©orologique » ; « Les mots croisĂ©s » ; « L’affaire du lieutenant amĂ©ricain Forrest B. Crumpley » ; « Rosalie » ; « Le P. U. D. »), NoumĂ©a, Éditions MadrĂ©pores, 2013.

Notes et références

  1. Biographie d'Ismet Kurtovitch, site et blog des éditions Madrépores, consulté le 26 octobre 2016
  2. Biographie de Nicolas Kurtovitch sur son site officiel, consulté le 29 juillet 2015
  3. Fiche de Nicolas Kurtovitch, arbre généologique de Michel Lestrade, Geneanet
  4. Hagen, arbre généalogique d'Annick Derrien-Venard, Geneanet
  5. Taragnat, arbre généalogique d'Annick Derrien-Venard, Geneanet
  6. Entretien de Yasmina Metzdorf avec Clémence Losserand, « "Une liste qui fédère" », Les Nouvelles calédoniennes, 05/03/2014
  7. Frédéric ANGLEVIEL, Historiographie de la Nouvelle-Calédonie: ou l'émergence tardive de deux écoles historiques antipodéennes, Publibook, 2003, p. 189
  8. La vie politique en nouvelle-caledonie : 1940-1953 par Ismet Kurtovitch, theses.fr
  9. [PDF] Arrêté n° 2000-857/GNC du 17 mai 2000 relatif à la nomination du chef du service territorial des archives, JONC n°7459, 30/05/2000, p. 2167
  10. [PDF] Marion Ferrer, Revendication patrimoniale kanak. Place des archives dans la préservation d'une culture orale de la fin des années 1960 à nos jours, Mémoire de Master 1 Histoire et documentation, sous la direction de Patrice Marcilloux, Université d'Angers, 2014, p. 50-51
  11. [PDF] Arrêté n° 2000-2655/GNC du 5 décembre 2000 relatif à la nomination du chef du service territorial des archives par intérim, JONC n°7509, 19/12/2000, p. 6872.
  12. [PDF] Arrêté n° 2007-3489/GNC du 19 juillet 2007 relatif à la nomination du chef du service des archives à la direction des affaires culturelles et coutumières de la Nouvelle-Calédonie, JONC n°8079, 26/07/2007, p. 4665).
  13. Marc Baltzer, « Ismet Kurtovitch quitte les archives Â», Les Nouvelles calĂ©doniennes, 02/07/2009

Liens externes

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