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Ishtar Terra

Ishtar Terra est l'une des deux principales hautes terres de la planète VĂ©nus, Ă  proximitĂ© du pĂ´le nord. Son altitude moyenne est supĂ©rieure Ă  km au-dessus du rayon moyen vĂ©nusien, l'autre grand « continent » Ă©tant Aphrodite Terra, situĂ© sur l'Ă©quateur et qui est sensiblement plus vaste. Il s'agit d'une formation d'origine tectonique et volcanique s'Ă©tendant sur 3 700 km dans le sens est-ouest et sur 1 500 km dans le sens nord-sud, ce qui lui confère une taille intermĂ©diaire entre celle de l'Australie et des 48 États contigus des États-Unis. C'est la rĂ©gion d'altitude la plus Ă©levĂ©e de VĂ©nus, Ă  l'image de l'Himalaya et du Plateau TibĂ©tain sur Terre.

Ishtar Terra
Image illustrative de l'article Ishtar Terra
Topographie d'Ishtar Terra, avec Lakshmi Planum Ă  l'ouest, Maxwell Montes au centre-ouest et Fortuna Tessera Ă  l'est.
La plaine au nord (en bleu) est Snegurochka Planitia.
Géographie et géologie
CoordonnĂ©es 70° 24′ N, 27° 30′ E[1]
Type de relief Terra
Diamètre 5 610 km
Altitude 2 000 Ă  3 500 m
Point culminant 10 700 m[2], Skadi Mons
Quadrangle(s) V-7 : Lakshmi Planum
V-2 : Fortuna Tessera
V-3 : Meskhent Tessera
Éponyme Ishtar, déesse babylonienne
Localisation sur VĂ©nus

(Voir situation sur carte : VĂ©nus)

Ishtar Terra

GĂ©ographie

Carte topographique obtenue au radar par Pioneer Venus en [3].

La topographie d'Ishtar Terra a été particulièrement étudiée dès le début des années 1980 notamment par les Soviétiques avec les sondes jumelles Venera 15 et Venera 16[4]. Les sondes américaines Pioneer Venus de la fin des années 1970 jusqu'au début des années 1990, et Magellan qui a pris sa suite au cours des années 1990, ont permis d'affiner ces connaissances. La sonde européenne Venus Express, actuellement en exploitation autour de la planète, est destinée à l'étude de son atmosphère et non de sa topographie, de sorte que les données relatives à la géographie vénusienne remontent essentiellement au siècle dernier.

Bordée au nord par la plaine polaire de Snegurochka Planitia, à l'ouest par Libuše Planitia, au sud par Sedna Planitia et Bereghinya Planitia, et à l'est par Audra Planitia, la région d'Ishtar Terra s'organise en trois domaines géographiques principaux :

  • Ă  l'ouest se trouve l'unique haut plateau vĂ©nusien, Lakshmi Planum, avec une altitude d'environ 3 500 m au-dessus du rayon moyen[2] et une superficie double de celle du Plateau TibĂ©tain, qui semble ĂŞtre gĂ©ologiquement Ă  l'origine de toute la rĂ©gion. Il est bordĂ© par trois rĂ©gions montagneuses : Freyja Montes au nord, formant un massif ramassĂ© qui culmine Ă  6 500 m, Akna Montes Ă  l'ouest, formant un massif plus large et relevĂ© sur sa frange sud-est oĂą il culmine Ă  6 000 m, et Danu Montes le long de la cĂ´te sud oĂą cette chaĂ®ne de montagnes, moins Ă©levĂ©e (culminant Ă  5 000 m) mais aux pentes abruptes, forme une sorte de cordillère. Il s'agit d'une rĂ©gion essentiellement volcanique : on y trouve notamment une grande caldeira volcanique (Colette Patera) Ă  l'est du plateau et une autre en son centre (Sacajawea Patera), tandis que de nombreux volcans plus petits, tels que Siddons Patera, sont dĂ©celables un peu partout sur sa surface. Ses terrains sont gĂ©ologiquement plus jeunes (datant de la seconde moitiĂ© du GuinevĂ©rien, soit quelques centaines de millions d'annĂ©es[5]) que ceux des plaines, elles aussi volcaniques, situĂ©es en contrebas et datĂ©es initialement de 1,0 Ă  0,5 Ga[6] mais plus rĂ©cemment du Fortunien au dĂ©but du GuinevĂ©rien[7] - [8]. La chaĂ®ne d'Akna Montes semble mĂŞme encore postĂ©rieure (datant de l'AurĂ©lien, sans doute moins de 50 Ma) Ă  en juger par les dĂ©formations constatĂ©es sur les terrains adjacents des plaines de Lakshmi[9] ;
  • Ă  l'est, sur plus de la moitiĂ© d'Ishtar Terra, s'Ă©tend Fortuna Tessera, rĂ©gion longue de plus de 2 800 km au relief localement tourmentĂ© et dominĂ©e Ă  l'ouest par des terrains en forme de tesserae, c'est-Ă -dire ridĂ©s par de nombreux plis et sillons entrecroisĂ©s qui leur donnent une apparence carrelĂ©e, ou « en tuiles, Â» typiques de VĂ©nus oĂą ils sont la marque de forces de compression sur terrains anciens typiquement de 1 000 Ă  2 000 m d'altitude.

Toute la rĂ©gion s'organise en fait autour de Lakshmi Planum, qui est entièrement ceinturĂ© de montagnes — plus hautes et plus Ă©tendues Ă  l'est qu'Ă  l'ouest — qui sont elles-mĂŞmes ceinturĂ©es de tesserae descendant jusqu'aux plaines environnantes — lĂ  encore, avec une asymĂ©trie est-ouest notable Ă  l'origine de l'extension orientale du « continent Â» Ă  travers l'immense tessera Fortuna, dont les reliefs sont cependant moins Ă©levĂ©s que ceux du haut plateau occidental. En rĂ©sumĂ©, les tesserae pĂ©riphĂ©riques de Lakshmi sont :

Vue altimétrique de Vénus : la formation rougeâtre au nord est Ishtar Terra, avec le massif de Maxwell Montes apparaissant en blanc et Lakshmi Planum en carmin[10].

GĂ©ologie

La morphologie générale de la région suggère une origine tectonique par compression, notamment les tesserae orientales et les versants abrupts du massif de Maxwell Montes au-dessus de Lakshmi Planum à l'ouest.

Un scénario proposé dans les années 1990 pour rendre compte des différentes observations d'alors expose que Lakshmi Planum correspondrait à un bouclier terrestre, c'est-à-dire un fragment d'écorce ancienne au relief modéré, qui aurait subi dans un premier temps des forces d'extension à l'origine d'épanchements de lave fluide à travers des fissures volcaniques à la manière des trapps du Deccan, avant de subir dans un second temps des forces de compression à l'origine des reliefs qui ceinturent le haut plateau et qui semblent postérieurs à sa surface[11].

Ce scénario a été affiné lors d'une communication de 1998 au cours de laquelle une distinction a été faite entre d'un côté le nord et l'ouest de Lakshmi, et de l'autre le sud du haut plateau[12]: s'il y a bien eu compression tardive au nord et à l'ouest, le scénario au sud est plus complexe, comprenant la scission par glissement des deux tesserae (Moira à l'ouest et Clotho à l'est) avec, à l'est, des formations d'extension (grabens) et non de compression ; Clotho Tessera est d'ailleurs la région vénusienne présentant la plus forte concentration de structures matérialisant une expansion crustale.

Références

  1. (en) USGS Gazetteer of Planetary Nomenclature – Feature Information « Ishtar Terra. »
  2. (en) « Venus tesserae and mountains – Ishtar Terra », sur lpi.usra.edu, (consulté le )
  3. (en) NASA Goddard Space Flight Center National Space Science Data Center – novembre 1981 Carte topographique de Vénus obtenue au radar par la sonde Pioneer Venus.
  4. (en) Site de Don P. Mitchell Archives photographiques soviétiques du programme Venera, notamment des Venera 15 & 16 (fin de la page), dont cette modélisation topographique d'Ishtar Terra.
  5. (en) Lunar and Planetary Science XXVIII (1997) A. A. Pronin, « Stratigraphic position of some coronae on Venus. Â»
  6. (en) E. R. Stofan, J. W. Head et D. B. Campbell, « Geology of the southern Ishtar Terra/Guinevere and Sedna Planitae region on Venus », Earth, Moon, and Planets, vol. 38, no 2,‎ , p. 183-207 (ISSN 0167-9295, lire en ligne)
    DOI 10.1007/BF00119682
  7. (en) Alexander T. Basilevsky, et James W. Head, « Regional and global stratigraphy of Venus: a preliminary assessment and implications for the geological history of Venus », Planetary and Space Science, vol. 43, no 12,‎ , p. 1523-1553 (lire en ligne)
    DOI 10.1016/0032-0633(95)00070-4
  8. (en) Lunar and Planetary Institute XXVII (1996) A. T. Basilevsy et J. W. Head, « Regional and global stratigraphy of Venus: a preliminary assessment and implications for the geologic history of Venus, Â» conduisant Ă  une reprĂ©sentation du type (dates en millions d'annĂ©es ; « GuinevĂ©r. Â» signifie « GuinevĂ©rien Â» ; « A. » signifie « AurĂ©lien ») :
  9. (en) NASA Jet Propulsion Laboratory Caltech Photojournal – 14 mars 1996 « PIA00250: Venus – Wanda Crater in Akna Montes. Â»
  10. (en) NASA Goddard Space Flight Center Astronomy Picture of the Day – 28 novembre 1999 « Beneath Venus’ Clouds. Â»
  11. (en) V. Ansan, P. Vergely et Ph. Masson, « Model of formation of Ishtar Terra, Venus », Planetary and Space Science, vol. 44, no 8,‎ , p. 817-831 (lire en ligne)
    DOI 10.1016/0032-0633(96)00012-8
  12. (en) Lunar and Planetary Science XXIX (1998) « Geological analysis of western Ishtar Terra margins, Venus. Â»

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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