Institut national de jeunes sourds de Chambéry
L'Institut national de jeunes sourds de Chambéry est un institut français d'enseignement gratuit spécialisé dans l'éducation des jeunes sourds, situé à Cognin, commune limitrophe de Chambéry, dans le département français de la Savoie. Il propose des formations et des modalités d'accueil adaptées aux enfants et aux jeunes sourds.
Type | École |
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Étudiants | Langue des signes française et français |
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Ville | 33 rue de l'Épine, Cognin (Savoie) |
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Site web | http://www.injs-chambery.fr |
Statut et missions
L'institut actuel dépend du décret no 74-355 du relatif à l’organisation et au régime administratif et financier des instituts nationaux de jeunes sourds et de jeunes aveugles[1] dont l'article 2 précise les missions : en ce qui concerne les enfants et adolescents handicapés par une déficience auditive ou visuelle, les instituts nationaux ont pour missions :
- de contribuer au dépistage, à la prothèse ou à l’appareillage, à l’action médico-éducative précoce et postscolaire, à l’information des familles et à l’orientation de leurs enfants ;
- d’assurer à ceux qu’ils accueillent un enseignement, une formation professionnelle, une préparation à la vie sociale avec les moyens adaptés à leur handicap ;
- De participer Ă la recherche.
Historique
En 1840, une religieuse, Madeleine Barthélémy, fonde une école pour jeunes filles sourdes dans une modeste maison du quartier de la future gare de Chambéry - Challes-les-Eaux[2]. Deux ans plus tard, une institution identique est créée pour les garçons dans la même localité. D'abord dirigée par le baron Alexandre de Saint-Sulpice, celle-ci est confiée aux frères des écoles chrétiennes à partir de 1845. L'année suivante Charles Albert de Sardaigne place l’institution sous sa royale protection.
La section des filles est alors hébergée au couvent du Sacré-Cœur et la section des garçons à Saint-Louis-du-Mont. Lors du rattachement de la Savoie à la France, Napoléon III transforme l’institution en établissement général de bienfaisance et d’utilité publique, soit en Institut Impérial[3]. En 1863, l’Institut acquiert le château de Corinthe pour y installer les garçons[4].
En 1870, à la suite de la proclamation de la Troisième République, l’institution devient Institut national de sourds muets. Dès les premières années, le sport y prend une place importante et un poste de professeur de gymnastique est créé en 1886[5]. En 1887, il bénéficie d'extensions, la direction devient laïque et les professeurs sont payés par l’État[6]. Il accueille 140 pensionnaires en 1906 : 106 garçons et 34 filles. Celles-ci quittent le couvent du Sacré-Cœur pour Pont-de-Beauvoisin en 1910.
Depuis la fin de la Grande Guerre, l'institution de Chambéry est l’une des quatre institutions nationales avec Paris, Bordeaux et Metz[7]. Il passe sous l'autorité du ministère de la santé publique en 1930. Alors qu'il est transformé en hôpital militaire par l'armée d'occupation de 1939 à 1945, les 70 garçons sont logés dans le vieux gymnase (devenu une remise). Leur effectif remonte à 220 en 1950, les enfants de moins de 6 ans étant accueillis à l’école maternelle locale. Depuis 1961, la construction d'un bâtiment « filles » permet de regrouper filles et garçons à Cognin.
En 1967, 6 300 m2 d’ateliers modernes concrétisant l’importance de la formation professionnelle dans la prise en charge des jeunes sourds sont inaugurés[8]. En 1973, 350 élèves sont scolarisés à l’institut et leur nombre monte jusqu’à 450 à la fin des années 1970. Entre-temps, en 1974, a lieu l'inauguration du centre d’audiologie.
Évolutions récentes
Le , la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées privilégie dans son article 1[9] le traitement médical et social des handicaps et encourage l’intégration. En 10 ans, le nombre d’enfants en intégration augmente considérablement. Dès l’année scolaire 1988-89, 236 élèves sont scolarisés, dont 7 en intégration (3 au lycée technique Monge et 4 à l’école Pasteur de Cognin) ce qui justifie, en , la mise en place d’un "Service d'accompagnement familial et d'éducation précoce" (SAFEP)[10] et d'un "Service de soutien à l'éducation familiale et à l'intégration scolaire" (SSEFIS)[11] maternel avec 15 enfants et la structuration d’un service SSEFIS primaire et secondaire qui accueille 37 enfants. On compte au total 204 élèves, dont 1/3 en intégration ou semi-intégration, ces derniers répartis essentiellement sur le bassin chambérien. Le sport tient une place importante dans l’environnement éducatif : en 1990, les sportifs de l’INJS détiennent 35 records de France dans leur catégorie[12].
Le , sont créés les "Services de soutien à l'éducation familiale et à la scolarisation" (SSEFS) 74 (Haute-Savoie) et 73 (Savoie)[13] pour, respectivement, 60 places et 50 places suivis de la création du "Service d'éducation spécialisé et de soins à domicile" (SESSAD)[14] pour 15 place portées à 30 en 2007 et du SAFEP pour 20 places. L’évolution vers l’inclusion scolaire en milieu ordinaire des enfants handicapés et plus spécifiquement ceux ayant une déficience sensorielle va conduire à une lente érosion des enfants accueillis en intra et à l’inverse un développement des accompagnements des enfants dans leur établissement scolaire de proximité.
Notes et références
- « Décret du 26 avril 1974 », sur legifrance.gouv.fr (consulté le )
- GREHC 2004, p. 107.
- GREHC 2004, p. 108.
- GREHC 2004, p. 109-110.
- GREHC 2004, p. 109-115.
- GREHC 2004, p. 113.
- GREHC 2004, p. 116.
- GREHC 2004, p. 125.
- GREHC 2004, p. 126.
- « Les Services d'accompagnement familial et d'éducation précoce (SAFEP) », sur surdi.info (consulté le )
- SSEFIS
- GREHC 2004, p. 119.
- SSEFS
- SESSAD
Bibliographie
- Arnaud Roncaglia, Institut national de jeunes sourds de Chambéry : Les voix du silence, Chambéry, Éditions Altal, , 169 p.
- GREHC, Sur les chemins de l'histoire de Cognin, Cognin, Groupe de recherches et d'Ă©tudes historiques de Cognin, , 208 p. (lire en ligne).