Hyperinflation au Zimbabwe
L'hyperinflation au Zimbabwe commence en 2000. Depuis, cette inflation est le signe le plus visible de la déliquescence de l'économie du pays, où la majorité des échanges commerciaux se font en dollars américains. En , l'inflation est officiellement estimée à 231 millions de pour cent par an[1].
Finalement, en , le gouvernement décide d'abandonner pour au moins un an le dollar du Zimbabwe[2] au profit du rand sud-africain et du dollar américain.
Contexte
L'hyperinflation débute à la fin des années 1990 avec la réforme agraire accélérée du gouvernement de Robert Mugabe où les fermes appartenant à des blancs sont confisquées pour être redistribuées à des noirs. Cette réforme commence en fait avant et est même un des points des Accords de Lancaster House qui voit naître le Zimbabwe sur les restes de la colonie britannique de Rhodésie du Sud. La réforme agraire vise à acquérir les terres détenues par des blancs (qui représentent 45 % des terres les plus productives) pour les redistribuer à des noirs. Mais les difficultés économiques du pays limitent ses capacités d'acquisition. Cette réforme est d'autant plus importante pour le régime qu'elle est un instrument politique en vue d'asseoir son autorité. La confiscation est donc décidée (connue sous le nom de réforme agraire accélérée) et débute en [4].
À la suite des nombreuses violations des droits de l'homme par le régime de Robert Mugabe, passées jusque-là sous silence[4], plusieurs pays occidentaux, comme ceux de l'Union européenne[5] et les États-Unis[6], sanctionnent certaines personnalités politiques et organisations proches du pouvoir en leur interdisant de séjourner sur leur territoire et en gelant leurs avoirs.
L'économie du Zimbabwe s'effondre. Le taux de chômage est estimé en 2005 à 80 %[7]. Les critiques du gouvernement considèrent que la cause de cette crise économique a pour origine la réforme agraire accélérée, où des personnes proches du pouvoir se sont retrouvées à posséder des fermes qu'ils sont incapables de gérer correctement[8], créant ainsi une crise alimentaire tournant à la famine[4], alors que le pays quelques années plus tôt était considéré comme le grenier à blé de l'Afrique australe[8]. A contrario, les partisans du gouvernement voient dans les sanctions des pays occidentaux la cause de la crise économique.
La situation politique est également instable, ce qui rend les investissements étrangers rares. Le président Robert Mugabe est réélu en 2008, mais il était le seul candidat au second tour, son opposant Morgan Tsvangirai s'étant retiré de la course après des violences envers l'opposition, alors qu'il était arrivé en tête au premier tour. Depuis, comme le parlement n'est pas à majorité du Zanu-PF, le parti du président, des accords doivent être trouvés pour l'établissement d'un gouvernement mixte. Durant plusieurs mois des tensions bloquent la situation, mais un gouvernement mixte, dit d'union nationale, est finalement mis en place le .
Conséquences
Cette hyperinflation oblige régulièrement la Banque centrale du Zimbabwe à imprimer des billets ayant sans cesse une plus grande valeur. Ainsi, en , un billet de cent mille milliards de dollars du Zimbabwe, valant 30 dollars américains est mis en circulation[1].
À la suite des difficultés économiques causées par cette hyperinflation, comme un taux de chômage évalué début 2009 à 94 % selon l'ONU[9], le taux d'émigration vers les pays frontaliers (Afrique du Sud et Botswana) est en hausse[7].
Actions contre l'hyperinflation
Le gouvernement a essayé de maîtriser l'hyperinflation, notamment en gelant les prix en 2007, mais cela n'a eu aucune conséquence car les produits concernés étaient absents des rayons et les clients manquaient d'argent liquide[10].
Devant l'ampleur de l'hyperinflation, le gouvernement zimbabwéen autorise en l'utilisation des devises étrangères, faisant de fait disparaître de la circulation le dollar zimbabwéen. Le , l'Office central des statistiques (CSO) zimbabwéen note une baisse des prix de 3 % depuis le début de l'année 2009[11]. À la suite de la mise en place en d'un gouvernement d'union nationale dont le Premier ministre est Morgan Tsvangirai, opposant de Robert Mugabe, on annonce le 12 avril que le dollar zimbabwéen n'a plus cours pendant au moins un an, le temps que l'économie nationale soit plus solide et que les investissements étrangers reviennent[2].
Selon le Fonds monétaire international, les prix ont reculé de 7,7 % au total en 2009[12].
La croissance économique repart ainsi dans la crise financière mondiale de 2007-2008, avec pour l'année 2009 un taux de croissance estimé à 4,7 % et pour 2010 une espérance de 6 à 7 %[13].
Références
- Le Monde avec AFP, « Un billet de cent mille milliards de dollars au Zimbabwe », Le Monde, (consulté le )
- « Le Zimbabwe suspend l'usage de sa monnaie pour un an », Reuters, (consulté le )
- l'Old Mutual Implied Rate est un calcul donnant une approximation non officielle large pour la valeur du dollar Zimbabwe comparé au dollar US basé sur la valeur relative des actions sur le London Stock Exchange et le Zimbabwe Stock Exchange.
- Colette Braeckman, « Bataille pour la terre au Zimbabwe », Le Monde diplomatique, (consulté le )
- (en) « EU agrees Zimbabwe sanctions », BBC News, (consulté le )
- (en) « Executive Order - Blocking Property of Additional Persons Undermining Democratic Processes or Institutions in Zimbabwe », Département du Trésor des États-Unis, (consulté le )
- (en) « Zimbabwe - People », Central Intelligence Agency, (consulté le )
- Cyril Bensimon, « Le grenier est vide », Radio France internationale, (consulté le )
- Agence France-Presse, « Zimbabwe : 7 millions d'affamés, 94 % de chômeurs et 3 000 morts du choléra », sur 24 Heures, (consulté le )
- « Zimbabwe : files d'attente et pénuries monstres en 2007 », British Broadcasting Corporation, (consulté le )
- « Zimbabwe : chute des prix confirmée après l'abandon de la monnaie locale », Agence France-Presse, (consulté le )
- « Zimbabwe : les prix ont baissé de 7,7 % en 2009 », Les Afriques, (consulté le )
- « Zimbabwe : Retour de croissance », Les Afriques, (consulté le )