Hymne de la République socialiste soviétique moldave
L’hymne national de la République socialiste soviétique moldave était l'hymne de la République socialiste soviétique moldave lorsqu'elle faisait partie de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) de 1945 à 1991, date de son indépendance. Cet hymne a connu un certain nombre de modifications au cours de son histoire (paroles, arrangements musicaux). Il a été composé dans sa version originale en 1945 par Ștefan Neaga, un compositeur moldave et réarrangé par Edouard Lazarev, compositeur russe de Moldavie, en 1980. Les paroles ont été écrites par Emilian Boukov et Bogdan Istru, écrivains et poètes[1].
Имнул де Стат ал РСС Молдовенешть (ro) | ||
Imnul de Stat al RSS Moldovenești (ro) | ||
---|---|---|
Hymne de la République socialiste soviétique moldave | ||
Armoiries de la RSS moldave | ||
Hymne de | RSS de Moldavie | |
Paroles | Emilian Boukov et Bogdan Istru | |
Musique | Ștefan Neaga, Edouard Lazarev (version modifiée) 1945, 1980 |
|
Adopté en | 1945 (version originale), 1980 (version modifiée) | |
Utilisé jusqu'en | 1980 (version originale), 1991 (version modifiée) | |
Remplacé par | Limba noastră (en 1994) | |
Fichiers audio | ||
Hymne national de la RSS de Moldavie (paroles) | ||
Hymne national de la RSS de Moldavie (paroles de la version modifiée) | ||
Des difficultés à utiliser ces médias ? Des difficultés à utiliser ces médias ? |
||
Histoire
En 1945, Ștefan Neaga a écrit la mélodie de l'hymne, et les poètes Emil Boucov et Bogdan Istru ont créé les paroles. Grâce à cette œuvre, le compositeur et les écrivains remportèrent le premier prix d'un grand concours musical unional en Union soviétique, où les compositeurs de Moldavie et d'autres Républiques soviétiques ont présenté leurs œuvres[2].
Emilian Boucov a déclaré qu'il se rappelait comment Ștefan Neaga était exigeant envers lui-même et faisait preuve d'auto-critique. Pour cet hymne, il a fait des dizaines de variantes, qui chaque fois ne le satisfaisaient pas. L'hymne, a dit le compositeur, doit provoquer un "sentiment patriotique soviétique intense dès qu'une personne l'entend"[3].
L'hymne ainsi créé a été apprécié par les musiciens, devenant pendant plus de 45 ans, la chanson principale du pays. Grâce à ce travail musical, Neaga est officiellement devenu la "fierté éternelle et la joie du peuple moldave"[4]. Selon Moldavie Socialiste (journal moldave, aujourd'hui Moldavie Souveraine), L'hymne de la RSSM est l'une des meilleures créations de ce genre. Adopté en 1945, il est entré pendant trois décennies et demie dans le symbolisme de notre République[5].
Cet hymne avait quelques liens avec la musique populaire moldave. Le musicologue Leonid Răileanu a déclaré : "Dans les années de la glorieuse nation" (l'URSS selon l'auteur) "un jour, l'engouement pour cet hymne a baissé, et, comme son auteur était décédé, le dirigeant de la République socialiste soviétique moldave de l'époque, Ivan Bodiul autorisé Edouard Lazarev à rénover l'hymne". Les paroles ont été réécrites en 1980, supprimant toutes les louanges à Staline vingt ans après le début de la déstalinisation. La musique a également été modifiée, en remplaçant la structure originale de trois strophes par une seule strophe en trois parties. Cette rénovation, toujours selon Leonid Răileanu, a déformé et endommagé la structure de la musique et donc sa sonorité. Au début des années 1990 avec la chute de l'URSS, cet hymne, symbole de l'occupation soviétique en Moldavie, tombe dans l'oubli, de même que d'autres symboles de cette époque[6].
Ștefan Neaga a dit qu'il voulait représenter par son travail "la créativité et l'amour du Grand Staline, la certitude de la victoire du communisme, et son désir de donner toutes ses forces pour servir cette cause"[7]. "Je voulais compter dans cette œuvre musicale gratifiante, pour créer le symbole de ces victoires historiques, dans laquelle le peuple moldave a retrouvé sa liberté"[8].
Versions rejetées, acceptées, modifiées
Dans le seul enregistrement instrumental de l'hymne de la RSS Moldave, faite par le Brass Band du ministère soviétique de la Défense en 1968, la version instrumentale originale faite par Neaga en 1945 peut être entendue. C'est un hymne soviétique "typique" avec trois strophes et trois chœurs.
Il n'y a pas d'enregistrement connu de la version vocale originale de l'hymne. Il y a eu plusieurs hypothèses pour expliquer la structure musicale : certains ont suggéré une structure à trois strophes plus un refrain, comme l'Hymne de l'Union soviétique, ou une structure de six strophes, comme l'Hymne de la République socialiste soviétique de Géorgie par exemple.
L'historien moldave Valeriu Passat a déclaré dans son exposition 13 ani de stalinism : RSS moldovenească în anii 1940 - 1953 (13 ans de stalinisme, la RSS Moldave dans les années 1940-1953), que Joseph Mordovetz a contraint les auteurs à écrire l'hymne selon les obligations politiques de l'époque[9].
Selon Vladimir Potselouïev[10], cet hymne a été créé par une ordonnance émise par le Soviet suprême à Moscou selon les règles de tout hymne soviétique concernant les paroles, consistant à mentionner :
- le Parti communiste de l'Union soviétique ;
- la libération du joug féodal et/ou capitaliste ;
- la prospérité économique soviétique ;
- l'unité du peuple local (ici le peuple moldave) avec les autres peuples soviétiques (thème des 15 hymnes des républiques soviétiques) ;
- le nettoyage du territoire républicain de tous les fascistes par la victoire soviétique sur Hitler (thème commun des 7 républiques soviétiques concernées : Russie, les 3 pays baltes, Biélorussie, Ukraine et Moldavie, où le terme « fasciste » englobait en fait tous les non-communistes, y compris les résistants locaux antinazis autres que les partisans soviétiques).
Le la Commission Ștefan Neaga (formée des cinq vidéastes de YouTube kingworld30, wolf_, YuusukeOnodera, Slevisham et DeroVolk) a retrouvé les paroles originales après plusieurs mois de recherche[11]. Les paroles jusqu'alors inconnues du grand public ainsi que les versions rejetées ont été révélées, confirmant l'existence de 3 strophes et d'un refrain jusqu'à la modification sous Ivan Bodiul en 1980.
Les versions de ces trois compositeurs ont été rejetées pour les raisons suivantes :
Emil Samoilă | Leonid Corneanu | Liviu Deleanu |
---|---|---|
|
|
|
Version d'E. Samoilă évoquant les tombes creusées pour l'ennemi - rappel sinistre de l'époque dont les fosses communes sont innombrables dans le pays | Version de L. Corneanu évoquant le Dniestr et le Prut - symboles géographiques également importants dans l'irrédentisme roumain | Version quadruplement maladroite de L. Deleanu évoquant les anciens princes moldaves et le Ștefan cel Mare/Étienne le Grand et Dimitrie Cantemir - symboles historiques également importants dans l'histoire roumaine - issus des rangs des boyards exploiteurs du peuple - possibles vecteurs d'un nationalisme moldave petit-bourgeois - et rappelant que (contrairement à la version soviétique et, à sa suite, internationale de l'histoire moldave), la principauté de Moldavie n'a pas été une province turque mais un État chrétien autonome, simplement vassal du Sultan ottoman (ce qui place la Russie tzariste en 1812 non plus en posture de libératrice, mais d'occupante étrangère). |
Paroles
Paroles en moldave/roumain
Alphabet cyrillique moldave (officielle) |
Alphabet latin roumain |
Transcription API (dialecte moldave) |
I |
I |
1 |
Traduction
Traduction littérale en français | Traduction russe | Traduction chantable en anglais |
---|---|---|
Moldavie d'ancestrales doïnas sur ses terres, |
Молдова с древними дойнами на своих землях, |
Moldova, land of ancestral doinas abound, |
Paroles de 1980 à 1991
Après la mort de Staline en 1953, comme d'autres hymnes soviétiques, toute mention de Staline a été supprimée; cependant, une nouvelle version de l'hymne n'a été adoptée qu'en 1980. L'hymne a été réécrit des trois versets typiques avec refrains (comme d'autres hymnes soviétiques) à une version avec trois versets sans refrains. Cette version a été utilisée jusqu'à la dislocation de l'URSS en 1991[1].
Paroles en moldave/roumain
Alphabet cyrillique moldave (officielle) |
Alphabet latin roumain |
Transcription API (dialecte moldave) |
Молдова Советикэ, плаюл ностру-н флоаре, |
Moldova Sovietică, plaiul nostru-n floare, |
[mol.do.ʝa so.ʝə.ti.kɨ ǀ pla.jul nos.truʔɱ̩ flo̯a.rə] |
Traduction
Traduction littérale en français | Traduction russe | Traduction chantable en anglais |
---|---|---|
Moldavie soviétique, notre terre fleurie, |
Советская Молдавия, наша цветущая земля, |
Soviet Moldova, our land of flowers, |
Notes et références
- Moldova (1945-1991) NationalAnthems.info, 2013. Kendall, David.
- (en) Alina Știrbu, Maestrul Ștefan Neaga la intersecții de culturi: Dezvăluiri genetice și identitare a personalității lui Ștefan Neaga., 102 & 103
- Nistru, 1975
- Journal Moldavie Socialiste, 1951
- Journal Moldavie Socialiste, 1990
- Șmurgun, N., Rev. Moldova. – 2011. – Noiem. – Dec. – P. 28-33.
- Journal Moldavie Socialiste, 1950
- Journal Moldavie Socialiste, 1945
- (en) « Tiparire - Eveniment / "Stalinismul", expus de Valeriu Pasat », sur www.timpul.md
- (en) « Despre simbolurile "naționale" ale Republicii Sovietice Socialiste Moldovenești », sur www.curaj.net
- (en) Le mystère de l'hymne de la RSS Moldave résolu
- Selon la version soviétique de l'histoire moldave, le pays était « une province ottomane libérée par la Russie en 1812 » et « gémissant sous le joug des boyards (aristocrates des pays orthodoxes) collaborant d'abord avec l'occupant turc puis avec les Tzars », et, après avoir tenté de se libérer en 1918 puis en 1940 grâce au Parti bolchevik, elle fut « envahie par la Roumanie monarchiste » de 1918 à 1940 et « par la Roumanie fasciste » de 1941 à 1944, « gémissant sous le joug capitaliste avec la complicité des traîtres fascistes » locaux, pour finalement être, en 1944, définitivement « libérée par la glorieuse et héroïque URSS ».
- Les boyards sont les aristocrates des pays orthodoxes.
- Гимн Молдавской ССР
- Духовой оркестр МО СССР - Государственный гимн Молдавской ССР текст песни
- La doïna est une complainte populaire triste, or dans cet hymne le mot est utilisé dans le sens élargi de « chanson », soit par licence littéraire, soit par dissidence idéologique subliminale de l'auteur (l'expression « doïna de la fraternisation » évoquant la complainte d'une fraternisation quelque peu forcée), ce type d'expression « entre les lignes » étant très utilisé à l'époque de la dictature dite communiste.