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Hungarisme

Le hungarisme (en hongrois : hungarizmus) est une idĂ©ologie politique hongroise apparue en 1930 comme une dĂ©clinaison locale du national-socialisme. MenĂ© par Ferenc SzĂĄlasi, il s'agit d'un mouvement ouvertement irrĂ©dentiste, nationaliste et antisĂ©mite situĂ© Ă  l'extrĂȘme droite de l'Ă©chiquier politique hongrois.

Drapeau hungariste : croix flĂ©chĂ©e verte avec un H blanc Ă  l'intĂ©rieur, symbole totalitaire dont l'utilisation susceptible de troubler l'ordre public est interdite en Hongrie au mĂȘme titre que la croix gammĂ©e[1].

La principale organisation politique du hungarisme a été le Parti des Croix fléchées au pouvoir en Hongrie entre l'automne 1944 et le printemps 1945. Cette brÚve expérience du pouvoir, dans un contexte de guerre étrangÚre, d'inféodation au Reich et d'invasion de la Hongrie par les troupes soviétiques et roumaines, se solde par l'édition de textes politiques, la déportation forcée ou le massacre des populations juives durant la bataille de Budapest et enfin, la défaite militaire lors du retrait des Allemands de Hongrie.

Idéologie de Szålasi

Bien que le hungarisme soit connu pour ĂȘtre la copie hongroise du nazisme, Ferenc SzĂĄlasi, fondateur du « Parti des Croix flĂ©chĂ©es - Mouvement hungariste Â» et de ses partis prĂ©dĂ©cesseurs, affirme au contraire la diffĂ©rence entre les deux : la thĂ©orie de suprĂ©matie raciale aryenne exposĂ©e dans Le Mythe du vingtiĂšme siĂšcle par le principal idĂ©ologue du nazisme, Alfred Rosenberg, et appelĂ©e par SzĂĄlasi « rosemberguisme » (rosembergizmus), n'est pour lui qu'une thĂ©orie du « peuple Ă©lu » peu diffĂ©rente des « projets de domination mondiale » juifs[2], et n'est pas l'opinion rĂ©elle du FĂŒhrer mais seulement l'attitude de certains milieux impĂ©rialistes allemands[3]. SzĂĄlasi ne qualifie pas de race infĂ©rieure les Slaves, ni mĂȘme les « NĂšgres »[2], et selon sa brochure-programme de 1935, CĂ©l Ă©s követelĂ©sek (« But et exigences »), c'est selon un principe de « conationalisme » (konnacionalizmus), sans peuples infĂ©rieurs ni supĂ©rieurs, que les peuples installĂ©s dans la « Terre ancestrale » (Ɛsföld, la Hongrie historique) et jusqu'Ă  la rĂ©gion cĂŽtiĂšre adriatique doivent s'associer en « Terres Unies de HungĂĄria Â» (HungĂĄria EgyesĂŒlt Földek), dĂ©nomination qui Ă©vite volontairement le mot magyar « hongrois ». La thĂ©orie raciale de SzĂĄlasi est d'ailleurs qu'une « souche primitive gondwanienne » (gondvĂĄni), diffĂ©rente des Aryens, est Ă  l'origine non seulement des peuples « hunno-turcs » (allant de la Hongrie Ă  la Mongolie et mĂȘme jusqu'au Japon, selon l'idĂ©e du touranisme de l'Ă©poque), mais aussi notamment des peuples « baltes orientaux » et « dinariques » (slaves)[3] ; selon sa conception, il existe cinq races de base (törzs « souche ») : les Aryens, Gondwaniens, Moyen-Orientaux (elƑázsiai « prĂ©-asiatiques »), NĂšgres, et AmĂ©rindiens[4].

Le hungarisme envisage ainsi un partage du monde basĂ© non sur la race, mais sur le pouvoir d'empires disposant chacun de son propre espace vital, ce qui est supposĂ© mettre fin Ă  tout affrontement entre eux ; et selon SzĂĄlasi, Ă©tant donnĂ© le grand nombre de peuples en Europe, la conception hungariste d'empires « conationalistes » est la plus authentiquement europĂ©enne, au contraire de la conception allemande de « peuple-race » et de la conception italienne centrĂ©e sur « l'État ». Mais SzĂĄlasi veut Ă©videmment conserver un rĂŽle dominant aux Hongrois[3], et son mouvement hungariste, qui n'est pas fondĂ© sur l'« identitĂ© nationale » de chaque peuple et souhaite donc intĂ©grer les Allemands de Hongrie, suscite la mĂ©fiance des dirigeants nazis, qui lui prĂ©fĂšrent d'autres partis concurrents et ne commencent Ă  soutenir rĂ©ellement les hungaristes qu'en [2].

L'absence de peuples infĂ©rieurs ne s'Ă©tend pas aux Juifs et aux Tziganes[2] : SzĂĄlasi considĂšre comme un avantage pour le hungarisme qu'au contraire des Aryens, les « Gondwaniens » de « HungĂĄria Â» ne se soient pas mĂ©langĂ©s aux Juifs[3], et fixe comme objectif non pas l'antisĂ©mitisme, la lutte contre les Juifs, mais l'« asĂ©mitisme », l'absence de Juifs. La mĂ©thode qu'il envisage pour cela est de les expulser, mais en cas de victoire finale du national-socialisme en Europe, il n'exclut pas de les « exterminer jusqu'au dernier » (irmagostul kiirt)[5].

AprÚs la chute du régime communiste

En 1993, Albert SzabĂł crĂ©e, sur la base des idĂ©es hungaristes, un parti successeur du Parti des Croix flĂ©chĂ©es, le Parti du pouvoir populaire de la nation mondiale (hu). La mĂȘme annĂ©e, ce parti est interdit, ainsi que d'autres organisations crĂ©Ă©es pour lui succĂ©der, mais celles-ci existent en fait toujours sous forme de groupuscules plus ou moins informels, comme le Front national hongrois (Magyar Nemzeti Arcvonal), Blood and Honour (VĂ©r Ă©s BecsĂŒlet), le Mouvement Pax Hungarica, etc.

Notes et références

  1. Art. 335 du Code pénal hongrois
  2. (hu) KrisztiĂĄn UngvĂĄry (en), « Kik voltak a nyilasok? » (version du 22 dĂ©cembre 2011 sur Internet Archive), Rubicon, n°11, 2004 (ISSN 0865-6347) [« Qui Ă©taient les Croix-flĂ©chĂ©es ? »]
  3. (hu) KrisztiĂĄn UngvĂĄry (en), « „NagypĂ©ntek nĂ©lkĂŒl nincs feltĂĄmadĂĄs”: SzĂĄlasi Ferenc kĂŒlpolitikai elkĂ©pzelĂ©sei [« Sans Vendredi saint pas de RĂ©surrection » : les idĂ©es de politique extĂ©rieure de Ferenc SzĂĄlasi] », dans IgnĂĄc Romsics (dir.), Trianon Ă©s a magyar politikai gondolkodĂĄs, 1920-1953 [« Trianon et la pensĂ©e politique hongroise »], Budapest, Osiris, , 240 p. (ISBN 963-379-447-1, lire en ligne), p. 117-133
  4. (hu) Låszló Karsai, Szålasi Ferenc: Politikai életrajz [« Ferenc Szålasi : biographie politique »] (thÚse de doctorat), SZTE, (lire en ligne), p. 17
  5. (hu) PĂ©ter Sipos, « NemzetvesztƑ nemzetvezetƑ » [« Dirigeant de la nation faisant la perte de la nation »], HistĂłria, no 09,‎ (ISSN 0139-2409, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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