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Hugues de Varine

Hugues Michet de Varine-Bohan est un historien et musĂ©ologue français. Il est directeur du Conseil international des musĂ©es (ICOM) de 1965 Ă  1974 puis consultant en dĂ©veloppement communautaire. Hugues de Varine est Ă©troitement associĂ© au dĂ©veloppement de la « nouvelle musĂ©ologie Â» aux cĂ´tĂ©s de Georges Henri Rivière. Il est aussi l’un des pères fondateurs des Ă©comusĂ©es.

Hugues de Varine
Description de l'image Hugues de Varine.jpg.
Naissance
Nationalité Français
Activité principale
Muséologue
Autres activités
Directeur de l'ICOM (1965-1974)
Formation
Diplôme d'Etudes Supérieures d'Histoire, Paris Sorbonne, École du Louvre

Biographie

Hugues de Varine naĂ®t Ă  Metz, en Lorraine, le . Après des Ă©tudes en histoire, en archĂ©ologie et en histoire de l'art Ă  la Sorbonne et Ă  l'École du Louvre, il part travailler Ă  la Mission culturelle française au Liban, Ă  Beyrouth. Après un service militaire Ă  l'Etat-Major de la DĂ©fense Nationale, il assiste Georges Henri Rivière Ă  la Direction de l’ICOM. Lorsque ce dernier quitte la direction de l’ICOM, Hugues de Varine, alors sous-directeur depuis 1962, est nommĂ© directeur de l'ICOM en 1965 et y restera pendant neuf ans[1]. Il occupe ensuite diverses fonctions locales (Syndicat Mixte pour l'amĂ©nagement du Sud-Picardie) et nationales (chargĂ© d'Ă©tudes au Ministère de la culture) en France. De 1982 Ă  1984, il dirige l'Institut franco-portugais de Lisbonne, puis devient conseiller technique au cabinet de Jean Gatel, secrĂ©taire d'Etat Ă  l'Ă©conomie sociale (1985-1986), et chargĂ© de mission Ă  la Commission nationale pour le dĂ©veloppement social des quartiers (1986-1989). Il fonde en 1989 une agence de conseils en dĂ©veloppement local et communautaire qu'il dirige pendant dix ans (1989-1999) : ASDIC. Aujourd'hui, il agit sur les problèmes de dĂ©veloppement local et de patrimoine en tant que consultant indĂ©pendant, notamment en France, au Portugal, en Italie et au BrĂ©sil.  

Influence et postérité

La « nouvelle musĂ©ologie Â» et le rĂ´le social des musĂ©es

Au tournant des annĂ©es 1970, le monde musĂ©al subit une « crise Â»[2] amenant la musĂ©ologie Ă  repenser la gestion, le statut et le lien des musĂ©es avec la sociĂ©tĂ© et avec ses publics. Il apparaĂ®t que, dans un contexte oĂą les conditions de vie se retrouvent bouleversĂ©es, le musĂ©e ne doit pas ĂŞtre simplement considĂ©rĂ© comme le rĂ©ceptacle d’œuvres d’art et de tĂ©moins matĂ©riels de l’homme et de son environnement. Le musĂ©e peut aussi jouer un rĂ´le beaucoup plus important, un rĂ´le social, et ainsi ĂŞtre un outil au service de toute la sociĂ©tĂ©. C'est dans ce contexte que se met en place la « nouvelle musĂ©ologie Â», qui apparaĂ®t comme une solution facilitant le lien entre le musĂ©e et les sociĂ©tĂ©s[3].

Deux Ă©vĂ©nements majeurs invitent Ă  un repositionnement du musĂ©e et alimentent les rĂ©flexions sur son rĂ´le social : la IXe ConfĂ©rence GĂ©nĂ©rale du Conseil International des MusĂ©es (ICOM)[4] qui se tient Ă  Grenoble en 1971, ayant pour thème « Le MusĂ©e au service des hommes, aujourd'hui et demain Â» et la Table Ronde de Santiago au Chili[5], organisĂ©e sous l’impulsion d’Hugues de Varine du 20 au  sous l’égide de l’UNESCO[6]. La DĂ©claration de Santiago du Chili, issue de la Table ronde de Santiago au Chili, marque un tournant dans la musĂ©ologie. L’intĂ©rĂŞt va alors vers de nouveaux modèles de musĂ©es crĂ©Ă©s Ă  l’encontre des modèles classiques ; les musĂ©es communautaires[7] deviennent alors le terrain privilĂ©giĂ© de la "nouvelle musĂ©ologie". 

Le concept d'écomusée

En France c’est le modèle des Ă©comusĂ©es qui devient l’exemple type de musĂ©e communautaire. Son statut sera reconnu plus tardivement par la Direction des MusĂ©es de France. En 1971, Hugues de Varine invente le terme « EcomusĂ©e Â», qui est d'abord utilisĂ© par les musĂ©es de parcs naturels rĂ©gionaux du ministère français de l'environnement. Ă€ la suite d'essais de dĂ©finition produits par une rĂ©union internationale de l'ICOM (1972) et par Georges Henri Rivière (1980) et Ă  l'expĂ©rience du Creusot-Montceau (depuis 1971), Hugues de Varine propose son propre essai de thĂ©orisation de « l’écomusĂ©e communautaire Â» qui est publiĂ© en 1978.

« L’écomusĂ©e est l’instrument privilĂ©giĂ© du dĂ©veloppement communautaire. Il ne vise pas d’abord Ă  la connaissance et Ă  la mise en valeur d’un patrimoine,  il n’est pas un simple auxiliaire d’un système Ă©ducatif ou informatif quelconque, il n’est pas un moyen de progrès culturel et de dĂ©mocratisation des Ĺ“uvres Ă©ternelles du gĂ©nie humain. En cela, il ne peut s’identifier au musĂ©e traditionnel et leurs dĂ©finitions respectives ne peuvent pas concorder Â»[8].

Le rĂ´le de l’écomusĂ©e selon Hugues de Varine est multiple : fĂ©dĂ©rer la population autour d'un projet, transformer les habitants en acteurs et usagers de leur propre patrimoine, dĂ©velopper une base de donnĂ©es pour la communautĂ© et par celle-ci, favoriser les discussions, rencontres et initiatives, participer au dĂ©veloppement local...

L'Écomusée du Creusot

Le dĂ©veloppement des Ă©comusĂ©es trouve ses origines dans la crĂ©ation du premier Ă©comusĂ©e français, le « MusĂ©e de l’Homme et de l’Industrie : EcomusĂ©e de la CommunautĂ© urbaine Le Creusot-Monceau-les-Mines Â»[9]. Prend alors place entre 1971 et 1984, et sous la direction de Marcel Evrard, avec l’aide d'Hugues de Varine, alors directeur de l’ICOM et l’appui de Georges Henri Rivière, une expĂ©rience nouvelle.

Le Creusot est une ville de la région Bourgogne-Franche-Comté. Il est décidé d’y construire un musée qui puisse mettre en évidence l'histoire industrielle de la ville retraçant dans le même temps l'épopée de la dynastie Schneider, famille fondatrice de la ville[10].

Système de triangulation de l'écomusée avec mouvement de feedback entre les trois points du système

L'Ă©comusĂ©e s’éloigne du modèle classique du musĂ©e, visant Ă  faire participer la communautĂ© et les populations locales Ă  leur propre dĂ©veloppement. Ce projet ne reçoit au dĂ©part pas l’appui nĂ©cessaire d’une tutelle ministĂ©rielle et n’est alors pas reconnu par la Direction des musĂ©es de France. Le terme d’ Â« Ă©comusĂ©e Â» est alors suggĂ©rĂ© et sera acceptĂ© par le ministère de l’environnement qui accepte de soutenir le projet[11]. C’est alors que l’écomusĂ©e fait son entrĂ©e dans le monde des institutions musĂ©ales. Ce concept dominera le dĂ©bat Ă  partir du milieu des annĂ©es 80 et Hugues de Varine apportera une dimension internationale au dĂ©veloppement de l'Ă©comusĂ©e.

L'écomusée connaîtra un développement outre-Atlantique, au Québec avec la figure de Pierre Mayrand (1934-2011)[12], considéré comme le théoricien de la "nouvelle muséologie" québécoise et qui réfléchit au processus de "triangulation de l’écomusée". Un certain nombre de théoriciens vont travailler sur l’évolution de ce modèle.

Principales publications de muséologie

Ouvrages

  • De Varine Hugues, La culture des autres, Paris, Seuil, 1976
  • De Varine Hugues, L'initiative communautaire : recherche et expĂ©rimentation, Mâcon, Editions W/MNES, 1991
  • De Varine Hugues, Les Racines du Futur - Le patrimoine au service du dĂ©veloppement, Ed. Asdic, 2002
  • De Varine Hugues, L'Ă©comusĂ©e, singulier et pluriel, Paris, Ed. L'Harmattan, 2017

Articles

  • De Varine Hugues, « L'exposition itinĂ©rante: moyen de communication, d'information, d'Ă©ducation », Revue archĂ©ologique de l'Oise, Volume 15  NumĂ©ro 1, 1979
  • De Varine Hugues, "Le musĂ©e peut tuer ou . . . faire vivre", Technique et architecture, septembre, N° 326, p. 82-83, 1979
  • De Varine Hugues, « L’écomusĂ©e Â», La gazette : Association canadienne des musĂ©es, vol. 11 n°2, 1978, repris dans AndrĂ© DesvallĂ©es, Vagues : une anthologie de la nouvelle musĂ©ologie, vol. 1, Lyon : PUL, 1992
  • De Varine Hugues, « Autour de la table ronde de Santiago », Publics et MusĂ©es, Volume 17  NumĂ©ro 1, 2000,  pp. 180-183
  • De Varine Hugues, Debary Octave, « Un entretien avec Hugues de Varine », dans Publics et MusĂ©es, N°17-18, 2000. L'Ă©comusĂ©e : rĂŞve ou rĂ©alitĂ© (sous la direction d'AndrĂ© DesvallĂ©es). pp. 203-210

Notes et références

  1. De Varine Hugues, Debary Octave, « Un entretien avec Hugues de Varine », dans Publics et Musées, N°17-18, 2000. L'écomusée : rêve ou réalité (sous la direction d'André Desvallées). pp. 203-210
  2. Bazin Germain, « crise de l’institution musĂ©ologique », dans Germain Bazin, AndrĂ© DesvallĂ©es, Raymonde Moulin, « MusĂ©ologie Â», Encyclopædia Universalis [en ligne], consultĂ© le 23 dĂ©cembre 2015.
  3. Mairesse François, « La belle histoire – aux origines de la nouvelle muséologie », Publics & Musées, 17-18, 2000, p. 33-56.
  4. ICOM (1971), 9e ConfĂ©rence GĂ©nĂ©rale de l’ICOM : Le musĂ©e au service des hommes aujourd’hui et demain, ICOM Unesco, Paris, 1972, p.189.
  5. « RĂ´le du musĂ©e dans l’AmĂ©rique latine d’aujourd’hui. Table ronde organisĂ©e par l’Unesco, Santiago du Chili, 1972 », Museum, vol. XXV, no 3, 1973, p. 129-133. 
  6. Bazin Germain, loc. cit.
  7. « Dans un texte de 1979, Hugues de Varine dĂ©finit la diffĂ©rence entre le musĂ©e traditionnel et le musĂ©e communautaire [...] par l'opposition de trois termes : « Le musĂ©e, au-delĂ  des dĂ©finitions savantes, c'Ă©tait et c'est encore : un bâtiment plus une collection plus un public. Qu'en est-il en rĂ©alitĂ© de ces trois Ă©lĂ©ments et surtout qu'adviendra-t-il du musĂ©e dans les dĂ©cennies Ă  venir ? [...] Le bâtiment est remplacĂ© par un territoire, qui est celui, bien dĂ©limitĂ©, d'une communautĂ©. [...] La collection se compose de tout ce que comporte ce territoire et de tout ce qui appartient Ă  ses habitants, immobilier comme mobilier, matĂ©riel ou immatĂ©riel. C'est un patrimoine vivant, en changement et en crĂ©ation constante. [...] Le public est la population du territoire concernĂ©, tout entière, Ă  laquelle peuvent venir s'ajouter, accessoirement et secondairement, des visiteurs extĂ©rieurs Ă  la communautĂ©. » dans Germain Bazin, AndrĂ© DesvallĂ©es, Raymonde Moulin, « MusĂ©ologie Â», Encyclopædia Universalis [en ligne], consultĂ© le 23 dĂ©cembre 2015.
  8. De Varine Hugues, « L’écomusĂ©e Â», La gazette : Association canadienne des musĂ©es, vol. 11 n°2, 1978, repris dans AndrĂ© DesvallĂ©es, Vagues : une anthologie de la nouvelle musĂ©ologie, vol. 1, Lyon : PUL, 1992
  9. Voir le site internet officiel
  10. Les Schneider, Le Creusot, une famille, une entreprise, une ville, 1836-1960, catalogue de l'exposition
  11. De Varine Hugues, Debary Octave, loc. cit.
  12. Mayrand Pierre, "L'écomusée dans ses rapports avec la nouvelle muséologie" dans Musées, vol. 11 n° 3 et 4, 1989

Sources

  • Bazin Germain, AndrĂ© DesvallĂ©es, Raymonde Moulin, « MusĂ©ologie Â», Encyclopædia Universalis [en ligne], consultĂ© le
  • DesvallĂ©es AndrĂ© et François Mairesse (sous la direction de), « MusĂ©ologie Â», Dictionnaire encyclopĂ©dique de musĂ©ologie, Armand Colin, 2011, 776p.
  • Le Marec JoĂ«lle, « Philosophie de l'Ă©comusĂ©e. Hugues de Varine : L'Initiative communautaire », Publics et MusĂ©es, Volume 2  NumĂ©ro 1, 1992,  pp. 173-176
  • Mairesse François, « La belle histoire – aux origines de la nouvelle musĂ©ologie », Publics & MusĂ©es, 17-18, 2000, p. 33-56.

Liens externes

Articles connexes

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