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Houillères de Lalaye

Les houillères de Lalaye (ou mines du Kohlberg) sont des mines de charbon situées dans l'est de la France, en Alsace sur la commune de Lalaye. Elles sont exploitées de 1700 à 1848 de façon assez régulière mais artisanale. Une éphémère relance a lieu au début des années 1900 avant que les mines ne soit définitivement abandonnées.

Houillères de Lalaye
Création 1746
Dates clés Vers 1700 : découverte du charbon.

1900-1902 : tentative de relance.

Disparition 1848
Siège social Lalaye
Drapeau de la France France
Activité Houille

De nombreux vestiges (entrées de mines, terrils, exploitations à ciel ouvert, maisons des mineurs) subsistent au début du XXIe siècle.

Localisation

Carte des communes d'Alsace.
Les différentes concessions de la vallée de Villé.

Les mines sont creusĂ©es sur les flancs du mont Kohlberg (500 mètres d'habitude), sur le territoire de la commune de Lalaye, dans la partie sud-ouest du dĂ©partement du Bas-Rhin, en Alsace dans l'est de la France.

GĂ©ologie

Le gisement de houille fait partie du bassin houiller de la vallée de Villé qui s'est formé au Stéphanien. Il forme une zone triangulaire de km2 comprise entre les trois villages d'Andlau, d'Orschwiller et de Lubine (Vosges, Lorraine)[1].

La couche rencontrée à Villé est formée de feuillets successifs de houille et de schiste noir, dans ces conditions le triage est impossible[2].

Cinq couches de houille sèche composée de 10 % de cendre, 76 % de charbon et 14 % de matières volatiles, pouvant contenir de la pyrite de fer, sont rencontrées et exploitées Lalaye[3] - [4] :

  1. la couche nommĂ©e « petites veines » est composĂ©e de trois petites couches entrecoupĂ©es de schiste, la puissance totale de la houille varie de 0,20 mètre Ă  0,25 mètre ;
  2. la couche nommĂ©e « Schramm-Kohle » est composĂ©e de deux veines entrecoupĂ©es d'un mince filet de schiste, la puissance totale de la houille varie de 0,15 mètre Ă  0,20 mètre ;
  3. la couche nommĂ©e « haut-travail » est coupĂ©es par un mince filet de schiste, la puissance totale de la houille varie de 0,70 mètre Ă  0,80 mètre ;
  4. la couche nommĂ©e « bas-travail » a une Ă©paisse comprise entre 0,20 mètre et 0,30 mètre ;
  5. la couche nommĂ©e « veine-du-dessus » est Ă©paisse de 0,25 mètre.

Ces couches sont entrecoupées de grès houiller grossier, de schiste noir. Le gisement repose sur du gneiss[5].

Un forage de 70 mètres de profondeur est creusĂ© Ă  Lalaye, au pied du Kohlberg, il rencontre des couches faillĂ©es, verticales[6].

Fossiles du Stéphanien issues Kohlberg à gauche et au milieu (Maison du Val de Villé).

Histoire

Exploitation

L'exploitation de Lalaye aurait dĂ©marrĂ©, soit Ă  la fin du XVIIe siècle selon l'ingĂ©nieur des mines DaubrĂ©e, soit vers 1720 d'après monsieur Graffenauer. La première concession officielle connue est accordĂ©e le Ă  François-Joseph Mackau de HĂĽrtigheim par le conseil souverain d'Alsace[7]. L'extraction très artisanale s'intensifie alors pour alimenter l'industrie alsacienne et lorraine (manufacture royale d'armes blanches de Klingenthal, arsenaux de Strasbourg...)[8]. Le , la concession est attribuĂ©e Ă  la comtesse Anne-Justine Paris de Choiseul-Meuse. Six galeries et trois carrières sont alors ouvertes. La concession est remise Ă  monsieur Commart en 1774 qui paye 2 400 livres chaque annĂ©e pour son droit d'exploitation[9].

En 1785, la mine compte quelques puits de mine de 10 Ă  12 mètres de profondeur et des galeries Ă  flanc de coteaux d'une quarantaine de mètres de longueur. Pendant la RĂ©volution française, monsieur Commart devient fermier gĂ©nĂ©ral de l'exploitation et l'activitĂ© continue malgrĂ© le manque de matĂ©riel. En 1794, le dĂ©partement nomme un directeur, monsieur Cunny, prĂŞtre assermentĂ©[10]. Mais les mineurs manquent d'huile pour s'Ă©clairer et de pain pour se nourrir. Les mineurs Ă©tant considĂ©rĂ©s en pĂ©riode de service militaire, ils reçoivent finalement double portion Ă  condition de payer le surplus, leur salaire Ă©tant augmentĂ© pour l'occasion[11].

Après la mort de monsieur Commart en 1802, la concession revient Ă  ses fils, ce que conteste la famille de Choiseul-Meuse. La concession de Lalaye est finalement accordĂ©e par dĂ©cret impĂ©rial du conjointement Ă  la comtesse de Choiseul, Madame de Suffren et Messieurs Commart frères ; elle a une surface de 49 hectares et inclut les communes de Lalaye (qui connait une exploitation par galerie) et Bassemberg mais aussi des fragments des villages de Fouchy, VillĂ©, Breitenau, Neuve-Église. Le directeur, Monsieur Cuny rĂ©cupère la concession le et entreprend des recherches avec l'aide de la compagnie du Bas-Rhin[12] - [13].

À partir de 1818, l'exploitation décline, les travaux ne consistent qu'à reprendre les anciens travaux pour les vider totalement. L'activité cesse en 1848 en raison de l'épuisement du gisement[12] - [6].

Tentatives de relance

Face Ă  l'Ă©puisement du gisement, un sondage est forĂ© de 1829 Ă  1931 Ă  Fouchy, il ne rencontre aucune trace de houille malgrĂ© une profondeur de 188,30 mètres[12].

Le comte CĂ©sar de la Belinay achète la concession en 1847 et la revend en 1870 Ă  l'union mĂ©tallurgique de France qui fait faillite un an plus tard. Monsieur Chaudrier de Paris achète la concession aux enchères avant qu'elle ne soit acquise le par le groupement Gawerkschaft Laach pour 650 Marks qui fait rouvrir les galeries au printemps de l'annĂ©e suivante[14]. L'extraction cesse dĂ©finitivement en . La concession n'est plus revendue et tombe dans l'oubli. la renonciation Ă©tant actĂ©e le [15].

Effectif et production

Évolution de l’exploitation charbonnière[16]
1769178517941805Années 18401901
Effectif (approximatif) du personnel284044?6 Ă  8?
Production (approximative) en tonnes7001 000?3508211

En 1785, le prix du quintal dépend essentiellement de la distance du transport ; il est de 24 sous sur place, 27 sous à Sélestat et 32 sous en Strasbourg[10].

Vestiges et patrimoine

Au début du XXIe siècle, de nombreux vestiges comprenant des galeries, des terrils (ou halde) et des exploitations à ciel ouvert appelées « fosses » subsistent sur les flancs de la colline du Kohlberg. Les maisons des mineurs sont également présentes dans le village[17]. La Maison du Val de Villé possède deux sections (géologie et mines) évoquant ce passé charbonnier.

  • Maison du Val de VillĂ©.
  • Section gĂ©ologie : formation du charbon et fossiles.
    Section géologie : formation du charbon et fossiles.
  • Section minière : charbon d'AlbĂ© et de Lalaye.
    Section minière : charbon d'Albé et de Lalaye.
  • Vestiges miniers.
  • EntrĂ©e de mine.
    Entrée de mine.
  • Terril.
    Terril.

Aspects sociaux

Les ouvriers sont payés 15 à 16 sous/jour en 1769[9]. En 1794, le salaire journalier dépend du poste occupé, il est de 40 sous pour un maître-mineur, 35 pour un mineur à l'abattage et 30 pour un brouetteur[11].

Les mineurs de charbon sont désavantagés par rapport à leur homologues des mines métalliques : ils travaillent 12h par jour contre 8h pour les seconds et ne disposent d'aucune aide financière en cas de blessure. De plus, ils sont responsables de leur propre éclairage et sont propriétaires de leurs lampes. Certains s'éclaires à l'aide de lampes à chandelle et d'autre utilisent des lampes à huile à flamme nue provenant de la Ruhr. Les lampes de sureté n'existe pas à Lalaye[18].

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • SIM, Bulletin, vol. 7, SociĂ©tĂ© industrielle de Mulhouse, (lire en ligne), p. 205-298. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Auguste DaubrĂ©e, Description gĂ©ologique et minĂ©ralogique du dĂ©partement du Bas-Rhin, (lire en ligne), p. 59-79. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • AndrĂ© Frechard et Raymond Maurer, Annuaire de la SociĂ©tĂ© d'Histoire du Val de VillĂ© : L’ancienne exploitation minière “Les Fosses” Ă  Lalaye (no 12), , p. 120-143
  • AndrĂ© Frechard et Raymond Maurer, Annuaire de la SociĂ©tĂ© d'Histoire du Val de VillĂ© : L'exploitation de charbon du Kohlberg Ă  Lalaye (no 28), , p. 15-55. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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