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Homme de Clonycavan

L'homme de Clonycavan est le corps momifié d'un homme retrouvé dans une tourbière à Clonycavan (comté de Meath, Irlande) lors de l'hiver 2003. Sa coiffure est le plus ancien exemple de crête iroquoise connu.

Homme de Clonycavan
Image illustrative de l’article Homme de Clonycavan
L’Homme de Clonycavan au musée national d'Irlande, à Dublin.
Localisation
Pays Drapeau de l'Irlande Irlande
Coordonnées 53° 31′ 29″ nord, 7° 00′ 26″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Irlande
(Voir situation sur carte : Irlande)
Homme de Clonycavan
Homme de Clonycavan

Découverte

Repéré dans l'énorme crible d'une machine agricole, il était nu, tête tournée vers la gauche, jambes et avant-bras arrachés par l'engin qui l'avait exhumé de la tourbière[1]. Sa tête et son torse présentaient des marques de violences infligées avant d'être jeté dans la tourbière : il avait reçu trois coups de hache en pierre[2] à la tête qui lui avaient ouvert le crâne, laissant sortir des parties de cerveau, il avait aussi reçu un coup à la poitrine et avait été éventré[3]. Pendant qu'il reposait dans la tourbe, le poids des sphaignes gorgées d'eau avait aplati sa tête fracassée et les eaux sombres avaient tanné sa peau comme du cuir et donné à ses cheveux bruns une teinte orange.

Un appel fut lancé à la communauté archéologique car il ne s'agissait pas là de la victime d'un meurtre banal : l'homme de Clonycavan était en effet une momie des tourbières embaumée de façon naturelle, qui témoignait à sa façon des rituels mystérieux en usage durant l'âge du fer en Europe du Nord, dans les siècles juste avant et après la naissance du Christ. Une datation au carbone 14 indique que le corps a été jeté dans la tourbière entre 392 et 201 av. J.-C.[4] - [5] Préservées par l'absence d'oxygène et les composés antimicrobiens des sphaignes, des centaines de ces étranges momies ont été retrouvées dans les zones humides d'Irlande, du Royaume-Uni, d'Allemagne, de Hollande et particulièrement du Danemark.

Emploi du gel capillaire à la Protohistoire

La coiffure de l'homme de Clonycavan ne manque pas d'étonner ses observateurs. Outre les cheveux coupés court sur la nuque, il possède ce que l'on pourrait appeler aujourd'hui une forme de crête iroquoise, popularisée au XXe siècle par le mouvement punk. Cette houppe de 20 centimètres de hauteur pouvait peut-être permettre à cet homme de se donner une plus grande taille. En effet, sa taille, estimée à 1,57 m, était petite pour un homme, même entre le IIIe et le IVe siècles av. J.-C. Pour faire tenir ses cheveux, il utilise un gel composé d'un mélange d'huile végétale et de résine provenant de pins. Aucun arbre ne produisait ce type de résine en Irlande. Celle de l'homme de Clonycavan était donc importée. Une étude révèle qu'elle venait du nord de l'Espagne ou du sud-ouest de la France. Faire venir de si loin un produit cosmétique révèle sans doute le niveau social élevé de l'homme tué[6].

Raisons du sacrifice

Une étude menée à partir de 2003 (National Museum of Ireland's Bog bodies Research Project) et qui s'est concentrée sur plusieurs momies, dont celle d'Oldcroghan et celle de Clonycavan a proposé de voir dans ces morts la trace de rituels de royauté. Certaines gravures sur bois retrouvées près des défunts (à Ralaghan et Corlea notamment) ont été identifiées à des marqueurs de frontière. Ce genre d'objet semble avoir été utilisé à l'occasion de l'intronisation d'un nouveau roi et les corps auraient été déposés dans des zones marquant la frontière du domaine royal[7].

Annexes

Notes et références

  1. (en) « Iron Age 'bog bodies' unveiled », BBC News, 7 janvier 2006.
  2. (en) Jarrett A. Lobell, Samir S. Patel, « Clonycavan and Old Croghan Men », Archaeological Institute of America, mai-juin 2010.
  3. (en) « Clonycavan Man », James Deem, Mummy Tombs.
  4. « Momies des tourbières », in L'Archéologue, n° 110, octobre-novembre 2010, p. 27.
  5. (en) Victoria Gilman, « Photo in the News: Iron Age "Bog Man" Used Imported Hair Gel », National Geographic.com, janvier 2006.
  6. (en) « The bog bodies of Europe », Mathilda’s Anthropology Blog, août 2008.
  7. (en) « Kingship and Sacrifice », National Museum of Ireland.

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