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CrĂȘte iroquoise

La crĂȘte iroquoise est un style de coiffure attribuĂ©e par la lĂ©gende aux Mohicans et aux tribus Mohawks. PopularisĂ©e par le mouvement punk, dont elle est la coiffure emblĂ©matique, elle consiste Ă  avoir les deux cĂŽtĂ©s de la tĂȘte rasĂ©s ou coupĂ©s Ă  ras et les cheveux restants longs et gĂ©nĂ©ralement dressĂ©s au milieu. Il est question de coupe « mohawk » aux États-Unis et au Canada, « mohican » en Grande-Bretagne et « crĂȘte » ou « iroquoise » en France.

Exemple de crĂȘte iroquoise.
Exemple d'une coupe iroquoise.

Historique

Le corps d'un homme vieux de 2 300 ans, l'homme de Clonycavan, a Ă©tĂ© retrouvĂ© prĂšs de Dublin, en Irlande, avec une crĂȘte iroquoise. Les cheveux Ă©taient maintenus ensemble par un gel fait d'huiles vĂ©gĂ©tales et de rĂ©sine de pin importĂ©e du Sud-Ouest de la France ou de l'Espagne.

Le nom donnĂ© Ă  cette coupe semble ĂȘtre dĂ» Ă  des journalistes peu rigoureux qui l'utilisaient pour dĂ©signer tous types de coiffure indienne Ă©levĂ©e[1]. En fait, si les Mohawks sont bien une tribu amĂ©rindienne d'Iroquois du nord-est de la ConfĂ©dĂ©ration, les Mohicans sont une tribu amĂ©rindienne du Connecticut.

Reste que les tribus Huron, Omaha et Osage coupaient ou rasaient les cheveux de leurs enfants dans des styles trĂšs diffĂ©rents dont la fameuse crĂȘte iroquoise. Pour ces amĂ©rindiens, la longue crĂȘte fine reprĂ©sente un troupeau de bisons sur l'horizon au coucher du soleil ; ils l'associent au loup et l'utilisent pour galvaniser leurs forces pendant les batailles et les dĂ©coupes de scalps[1]. Les Omaha et Osage raidissaient leurs cheveux avec de la graisse d'ours ou de l'huile de noix pour les rassembler en une sorte de corne[2].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, des soldats-parachutistes de l'aĂ©roportĂ©e amĂ©ricaine se rasent les cheveux en iroquois par esprit de corps avant d'ĂȘtre parachutĂ©s derriĂšre les lignes ennemies. Ils imitent ainsi une coupe de cheveux iroquoise car la tradition veut que les Iroquois n'aient pas peur du vide : ce serait la raison pour laquelle les Iroquois furent si nombreux Ă  travailler dans la construction des gratte-ciel Ă  New York (ceux qu'on appelle les "Mohawks skywalkers"). La photo prise par Robert Capa qui reprĂ©sente ce corps d'armĂ©e ainsi coiffĂ©, datĂ©e du , est considĂ©rĂ©e comme la plus ancienne photo oĂč un groupe a recours Ă  cette coiffure sans ĂȘtre issu des populations amĂ©rindiennes[1].

Au dĂ©but des annĂ©es 1950, les rockabillies adoptent cette coupe sous l'influence d'un feuilleton montrant des amĂ©rindiens du Canada, mĂȘme si leur coupe s'apparente plutĂŽt Ă  une plaque de cheveux plats sur le dessus, les deux cĂŽtĂ©s Ă©tant rasĂ©s[1] (dĂ©but 1961, Les ActualitĂ©s françaises en filment un Ă  Monaco, alors qu'il assiste au passage du rallye automobile de Monte-Carlo[3]).

Exemple de crĂȘte colorĂ©e type fin des annĂ©es 1970 Ă  Sloane Square.

Cette coupe ne connaĂźt son vĂ©ritable succĂšs en Occident que sous l'impulsion du mouvement punk Ă  partir de 1977. À l'Ă©poque, tous les moyens sont bons pour faire tenir droite la crĂȘte (colle, savon, blanc d'Ɠuf, etc.), ce qui ouvrira la voie aux nouveaux cosmĂ©tiques fixants[4].

Cette coiffure facile Ă  rĂ©aliser soi-mĂȘme s'impose rapidement ; dĂšs 1977, elle est proposĂ©e et interprĂ©tĂ©e dans certains salons de coiffure, dont celui de Ray Bird, sous diffĂ©rents noms tels « jolie punk » ou « tĂȘte de hĂ©risson »[1]. Ray Bird crĂ©Ă© ainsi des coiffures novatrices notamment en intĂ©grant des dessins, des sigles ou des mots rasĂ©s dans les cheveux.

Sa facilitĂ© de mise en Ɠuvre Ă  partir de n'importe quelle coiffure est contrebalancĂ©e par la quasi-impossibilitĂ© de la masquer une fois faite et en fait un symbole visuel agressif de l'attitude jusqu'au-boutiste des punks[1].

Quand, Ă  la fin des annĂ©es 1970, le punk anglais devient une sorte d'attraction touristique de Sloane Square, prĂ©sent sur les cartes postales des magasins de souvenirs, la crĂȘte Ă©volue et prend des allures extravagantes (couleur, hauteur, etc.) pour satisfaire les touristes et glaner les quelque 50 pence qu'ils donnent pour une photo[1].

CrĂȘtes modernes

Exemple de crĂȘte coiffĂ©e avec des pics (spikes).
Exemple de crĂȘte non dressĂ©e.

Si les cheveux longs du milieu sont dressés et séparés « en pics », on parle de « spike ».

Dans le mouvement punk, l'iroquois est souvent teint avec des couleurs voyantes, la crĂȘte se porte dressĂ©e ou non.

Les cheveux peuvent aussi n'ĂȘtre pas rasĂ©s sur les cĂŽtĂ©s de la tĂȘte, mais plutĂŽt intĂ©gralement Ă  l'exception des mĂšches qui entourent le visage (afin de faire une frange, et en laissant aussi les papillotes, de façon que de face la coupe ressemble Ă  celle d'un « carrĂ© »), et celles qui tombent sur la nuque : on parle dans ce cas d'une coupe de Chelsea, ou Skingirl. RĂ©servĂ©e aux filles, elle est Ă©galement pratiquĂ©e dĂ©sormais par certaines punks. Auparavant cela pouvait se faire aussi, mais associĂ© Ă  la crĂȘte « classique », association que l'on retrouve encore de nos jours.

  • Exemple de coiffure dite de « skingirl ».
    Exemple de coiffure dite de « skingirl ».
  • Exemple de coiffure inspirĂ© de la crĂȘte punk.
    Exemple de coiffure inspirĂ© de la crĂȘte punk.
  • Exemple de coiffure inspirĂ© de la crĂȘte punk.
    Exemple de coiffure inspirĂ© de la crĂȘte punk.
  • Exemple de coiffure inspirĂ© de la crĂȘte punk.
    Exemple de coiffure inspirĂ© de la crĂȘte punk.
  • À la terrasse d'un cafĂ©. FĂ©vrier 2012.
    À la terrasse d'un cafĂ©. FĂ©vrier 2012.

Dans la mouvance gothique, la crĂȘte apparaĂźt souvent teinte en noir, avec les cheveux restants coiffĂ©s en pics ou long et dressĂ©s trĂšs haut.

Dans certains pays, les courtes crĂȘtes sont portĂ©es seulement par les nĂ©o-nazis et ne sont pas associĂ©es au mouvement punk.

Références culturelles

Mis Ă  part le mouvement punk la crĂȘte a Ă©tĂ© popularisĂ©e par Mr. T, l'acteur qui s'est fait connaĂźtre en jouant le boxeur Clubber Lang dans le film Rocky 3, l'Ɠil du tigre et plus tard en tant que Sgt. B.A. Baracus dans la sĂ©rie tĂ©lĂ© Agence tous risques. Dans les annĂ©es 1980, ce type d'iroquoise africaine Ă©tait appelĂ©e « mandinkan » du nom de la coupe des combattants mandinkan.

Une autre rĂ©fĂ©rence Ă  l'iroquoise se trouve dans Taxi Driver de Martin Scorsese oĂč Robert De Niro en porte une. Le guitariste de Plasmatics, Richie Stotts l'a citĂ© en disant : « C'Ă©tait l'Ă©tĂ© '78. Je regardais Taxi Driver la nuit et Ă  l'instant oĂč j'ai vu Travis Bickle j'ai pensĂ©, C'est ça. C'est le bon look ! »

Dans la fameuse scĂšne Punk On Bus dans Star Trek 4 : Retour sur Terre, le producteur associĂ© Kirk R. Thatcher est habillĂ© en punk et porte une crĂȘte iroquoise orange clair.

Kelly « Link » Lake jouĂ© par Johnny Messner dans le film Les Larmes du soleil arbore un crĂȘte iroquoise.

Dans Call of Duty: Modern Warfare 2 et Call of Duty: Modern Warfare 3, le personnage de John « Soap » MacTavish porte la crĂȘte iroquoise.

Dans le manga Fullmetal Alchemist d'Hiromu Arakawa, le personnage du Capitaine Buccaneer a une coupe iroquoise.

Des joueurs de football ont une coupe Ă  l'iroquoise, comme le brĂ©silien Neymar, le français JĂ©rĂ©my MĂ©nez ou le ghanĂ©en Jordan Ayew. Louis Nicollin, le prĂ©sident du Montpellier HĂ©rault Sport Club, a arborĂ© une crĂȘte iroquoise aux couleurs du club (bleu et orange) pour cĂ©lĂ©brer la victoire du MHSC au Championnat de France de football 2011-2012.

Le , c'est lors de l'Ă©vĂšnement de la dĂ©pose sur la planĂšte Mars du rover Curiosity que l'ingĂ©nieur de la NASA, Bobak Ferdowsi, fit sensation en arborant une crĂȘte, teinte en rouge, agrĂ©mentĂ©e d'Ă©toiles dessinĂ©es de part et d'autre de sa tĂȘte. Cette coupe lui valut le surnom de « Mohawk Guy ».

Note

  1. Dylan Jones (trad. de l'anglais), Coupes et looks : 50 ans d'histoires de cheveux passés au peigne fin, Paris, édition Robert Laffont, , 112 p. (ISBN 2-221-06870-X)
  2. Chris Wroblewski et Nelly Gomez-Vaez, City Tribes,
  3. Les Actualités françaises, « Actualités de février 1961, à 6:04 », sur https://www.youtube.com/,
  4. Mary Trasko (trad. de l'anglais), Histoires des coiffures extraordinaires, Paris, Ă©dition Flammarion, , 142 p. (ISBN 2-08-201853-9)

Voir aussi

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