Hobart Pacha
Augustus Charles Hobart ( â ), plus connu sous le nom de Hobart Pasha, fut capitaine de la Royal Navy, forceur de blocus pendant la guerre de SĂ©cession, et amiral de la marine ottomane.
Naissance | Walton on the Wolds (en) |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 64 ans) Milan |
SĂ©pulture | |
Nom dans la langue maternelle |
Augustus Charles Hobart-Hampden |
Nationalité | |
Formation |
King Edward VI Grammar School (en) |
Activité |
Officier de marine |
PĂšre |
Augustus Hobart-Hampden (d) |
MĂšre |
Mary Williams (d) |
Fratrie | |
Conjoints | |
Enfant |
- |
Armes |
Royal Navy (Ă partir de ), marine ottomane (Ă partir de ) |
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Grades militaires |
Lieutenant (Ă partir de ) Captain (Ă partir de ) Admiral Contre-amiral (en) |
Biographie
Jeunesse
Augustus Charles Hobart est né à Walton-on-the-Wolds, Leicestershire. Il était le 3e fils de Augustus Edward Hobart-Hampden, un pasteur qui devint 6e earl (comte) du Buckinghamshire à la mort de son frÚre ainé (1849). Il est élÚve de la public school (alors fameuse) du Dr Mayo, à Cheam (Surrey), mais, peu intéressé par les études, il abandonne l'école et entre en 1835 (à 13 ans) dans la Royal Navy.
Comme midshipman sur la Rover qui croise long des cÎtes du Brésil et chasse les navires négriers, le jeune Hobart s'endurcit pendant les uit années suivantes, et se signale par son courage. Il est sur le Dolphin au large de la CÎte Sauvage, lors de la capture d'un négrier qu'il ramÚne comme prise dans le port de Démérara. En récompense de sa belle conduite, le jeune A.C. Hobart, qui a passé avec succÚs ses examens théoriques pendant ses permissions en Angleterre, est nommé à bord du yacht royal à vapeur Victoria and Albert, alors commandé par l'amiral Lord Adolphus FitzClarence, cousin de la reine Victoria.
Officier de la Royal Navy
En , cependant, il est en Mer Méditerranée sur le Rattler, puis sur le Bulldog, dont le capitaine le trouve « plein de zÚle ».
Hobart est Ier lieutenant sur le HMS Bulldog lorsque débute la Guerre de Crimée. Le Bulldog est envoyé en Mer Baltique avec l'escadre franco-anglaise de Charles Napier (amiral) et Alexandre Ferdinand Parseval-Deschenes. Hobart est alors nommé capitaine du Driver, et se joint aux attaques franco-anglaises sur les forts de la cÎte finlandaise, en particulier la forteresse de Bomarsund dans les ßles à land. à Bomarsund, en , aprÚs un bombardement intense, les Alliés, qui comptent 20 000 marins et marines (troupes de l'infanterie de marine), débarquent 12 000 soldats sous les ordres du général Achille Baraguey d'Hilliers contre les 3 000 défenseurs finlandais. Les Alliés auront 17 tués, contre 1 700 pertes chez les Finlandais, dont 300 prisonniers qui seront déportés dans une petite ville du sud de l'Angleterre, Lewes (East Sussex).
En 1855, Hobart sert sur le Duke of Wellington, le vaisseau-amiral de Richard Saunders Dundas, qui a remplacé Charles Napier (amiral) tombé en disgrùce pour avoir, entre autres, refusé de bombarder des forts russes trop bien défendus. Dundas, lui, bombarde (massivement et inutilement) la forteresse de Sveaborg, devant Helsinki, ainsi que Kronstadt (devant Saint-Pétersbourg).
Sa carriĂšre, jusque lĂ brillante, connait ensuite une phase de stagnation. En 1855, A.C. Hobart, qui a presque 20 ans de service en mer, est nommĂ© dans les garde-cĂŽtes Ă Dingle (comtĂ© de Kerry), puis est commandant dâune vieille coque, le Hibernia, qui garde le port de La Valette (Ăźle de Malte) et fait office de receiving ship (foyer des marins).
Mais fin 1861, Hobart est à nouveau en service actif : il commande la canonniÚre Foxhound en Méditerranée.
En , Hobart est enfin nommé post-captain et mis à la retraite en demi-solde.
Pendant la guerre de SĂ©cession
Hobart, sous le nom de Captain Roberts, prend le commandement dâun vapeur de 233 tons, un forceur de blocus taillĂ© pour la vitesse, le Don.
Le Charles Maxwell Allen, vice-consul US Ă Nassau (Bermudes) signale par dĂ©pĂȘche au US Secretary of State William H. Seward que le Don est arrivĂ© de Manchester avec, selon son capitaine « mille paires de corsets, 500 boites de pilules Cockles contre l'indigestion, et une quantitĂ© de brosses Ă dents »[1].
Le le mĂȘme vice-consul signale encore Ă Washington le passage du « mĂȘme vapeur Don, venant de Wilmington, et chargĂ© de 561 balles de coton ».
Hobart compte ainsi douze voyages de la Grande-Bretagne Ă Wilmington, et retour. Il cĂšde ensuite le Don Ă son second, Fred Cory, mais le vapeur est capturĂ© le par le USS Pequot de la flotte de blocus atlantique, alors quâil tente dâentrer Ă Wilmington aprĂšs son escale Ă Nassau (Bermudes).
InterrogĂ© en par le journal The New York Times, le capitaine Grosvenor Porter, ex-commandant du forceur de blocus Phantom, dĂ©clara avoir rencontrĂ© Hobart Ă Londres aprĂšs la fin de la guerre de SĂ©cession ; Hobart lui aurait dit alors quâil « avait arrĂȘtĂ© momentanĂ©ment le commerce avec la ConfĂ©dĂ©ration car son identitĂ© Ă©tait presque mise Ă jour »[2]. Le fait est que le C.M. Allen, le vice-consul US Ă Nassau (un homme gĂ©nĂ©ralement bien informĂ©), avertit William H. Seward que le Falcon, un steamer de la compagnie Alexander Collie, est arrivĂ© Ă Nassau, et il ajoute : « son capitaine est une personne qui commandait auparavant le Don, et qui se faisait appeler Roberts. On dit que câest un officier de la Royal Navy, dâune famille noble ; câest un ami intime du gouverneur des Bermudes. En cas de capture, cherchera Ă se faire passer pour un simple matelot⊠»[3].
Le Falcon, un steamer Ă roues, trĂšs rapide, fait deux voyages sans encombre (il ramĂšne une fois 1 140 balles de coton) mais lors de la 3e traversĂ©e une Ă©pidĂ©mie de fiĂšvre jaune Ă©clate Ă son bord, et il doit retourner Ă Halifax. Hobart, atteint lui aussi, abandonne le statut de contrebandier. Dâailleurs la guerre de SĂ©cession prend bientĂŽt fin.
Combien de voyages transatlantiques Hobart at-il effectuĂ© ? Il compte douze traversĂ©es dans son livre Sketches of my life, chapitre sous-titrĂ© Never caught (Jamais pris), alors que dâautres parlent de 18⊠Ce qui est certain, câest quâil fut Ă la fois le plus audacieux et le plus chanceux des forceurs de blocus : Grosvenor Porter, dans son interview au New York Times dit que « le bateau de Hobart, le Don, prenait des risques impressionnants, plus grands que ceux que les Anglais prenaient dâhabitude. Il fonçait souvent en plein milieu dâune flotte ennemie, comme par jeu, et il sâen sortait habituellement sans problĂšmes. »
Dans le chapitre XVII (intitulĂ© I enter the Turkish navy) de ses mĂ©moires, A.C. Hobart dĂ©finit ce qui, selon lui, motive un forceur de blocus et quel doit ĂȘtre son code de conduite (voir infra).
Officier de la marine turque
AprĂšs la fin de la guerre de SĂ©cession, Hobart voyage, dit-il, pour son plaisir. Ă Constantinople, en 1867, il rencontre (« plus par accident que volontairement ») Fuad Pacha, le Grand Vizir du sultan Abdulaziz, pour lequel il a des lettres dâintroduction. Le Grand Vizir lui fait part dâune de ses prĂ©occupations majeures : la rĂ©volte crĂ©toise de 1866-1869. La CrĂšte est alors sous domination ottomane et cette rĂ©bellion ne subsiste, dit le Grand Vizir, que grĂące Ă lâaide que lui apporte la GrĂšce : un trafic maritime de contrebandiers approvisionne les insurgĂ©s malgrĂ© le blocus maritime imposĂ© par la Turquie.
Hobart fait alors, en passant, allusion au fait qu'il connait bien les blocus et les mĂ©thodes de ceux qui savent y Ă©chapper, et qu'il pourrait facilement y apporter remĂšde. La Sublime Porte l'engage alors immĂ©diatement comme Conseiller Naval en remplacement de son compatriote Sir Adolphus Slade, amiral de la flotte turque depuis 1866 et qui allait ĂȘtre atteint par la limite d'Ăąge[4]. Hobart, mis Ă la tĂȘte de l'escadre turque qui bloque la CrĂȘte avec le titre de Bahrie Limassi (vice-amiral), coupe en quelques mois tous les approvisionnements de l'Ăźle, et la rĂ©bellion, de plus Ă©crasĂ©e sur terre par les Ottomans, dĂ©pose les armes. En rĂ©compense, le Sultan nomme Hobart amiral, et lui octroie en 1869 le titre de pacha, cependant que, sur plainte officielle de la GrĂšce Ă l'amirautĂ© britannique, le nom du post-captain Hobart est rayĂ© de la liste d'officiers de la Royal Navy.
Dans les années 1870, la Turquie était la 3e puissance maritime par le tonnage de sa flotte de guerre (derriÚre la Grande-Bretagne et la France), mais il lui manquait l'encadrement, l'organisation et la discipline. Hobart Pasha, nommé Inspecteur Général de la flotte turque, lança un programme en vue de la réorganiser et de l'améliorer, créa des écoles navales, des bateaux écoles, des cours de maniement des canons de marine.
Sur intervention de Lord Frederick Stanley (16th Earl of Derby, Secretary of State for War de 1878 à 1780) le nom de A.C. Hobart est réinscrit sur la liste de promotion de la Royal Navy, et immédiatement rayé à nouveau lorsqu'il accepte le commandement de la flotte turque de la Mer Noire au début de la Guerre russo-turque de 1877-1878.
En Mer Noire, l'action de Hobart est freinée par des intrigues de palais : des ordres venus de haut lui interdisent d'utiliser la flotte turque offensivement comme il le préconise, aidé par son expérience des tactiques russes acquise en Mer Baltique. D'ailleurs la flotte russe n'est pas un adversaire brillant : elle est réduite à sa plus simple expression depuis le traité de Paris, et ses vaisseaux restent à l'abri des ports.
Hobart se signale pourtant dĂšs la dĂ©claration de guerre en faisant sortir (comme au temps oĂč il Ă©tait forceur de blocus) son bateau du port fluvial de Roustchouk (aujourd'hui RoussĂ©, Bulgarie), sur le Danube. Il rejoint la Mer Noire en passant sous les canons russes des forts du delta du Danube. Par la suite il trouva un moyen de lutter efficacement contre les vedettes-torpilleurs russes : il faisait entourer ses cuirassĂ©s de canots reliĂ©s par des cĂąbles. Hobart Pasha ne peut livrer de combat naval, mais il investit la Mer Noire, bloque les ports du sud de la Russie et le delta du Danube, et paralyse la flotte russe de la Mer Noire.
AprÚs la signature de la paix, Hobart reste au service de la Turquie, et le sultan Abdul Hamid II le nomme en 1881 mushir (maréchal) : A.C. Hobart fut le 1er chrétien qui obtßnt ce poste.
Hobart était convaincu qu'une alliance étroite entre la Grande-Bretagne et la Turquie serait bénéfique, ne serait-ce qu'en utilisant la Turquie pour contrer les ambitions russes vers les mers chaudes et l'Empire des Indes - et pour faire piÚce à l'Allemagne, qui avait des visées sur le Moyen-Orient et commençait à développer des relations amicales avec la Turquie. Il fit en 1885 un séjour à Londres pour promouvoir cette alliance. Il échoua, mais eut au moins la satisfaction de se voir réinscrit sur le rÎle de la Royal Navy avec le grade de vice-amiral.
Cependant la santĂ© de Hobart (ĂągĂ© de 62 ans) s'altĂšre, il va se reposer sur la Riviera. Il meurt Ă Milan le . Abdul Hamid II envoie un aviso chercher sa dĂ©pouille, et Hobart Pasha est enterrĂ© Ă Scutari. On peut voir sa tombe dans le cimetiĂšre chrĂ©tien de l'actuelle banlieue d'HaydarpaĆa, non loin de l'obĂ©lisque Ă©levĂ©e par la Reine Victoria en hommage aux morts europĂ©ens de la Guerre de CrimĂ©e, et de celui dĂ©diĂ© Ă Florence Nightingale[5].
Hobart Pasha a laissé des mémoires : Sketches of My Life (Esquisses de ma vie). De parution posthume (en 1887), ses souvenirs sont à prendre avec précautions : ils ont été écrits à la fin de sa vie, alors qu'il souffrait de la maladie qui devait l'emporter.
Un chapitre des mémoires de Hobart Pasha
, le chapitre XVII (intitulé I enter the turkish navy), révÚle son style et sa façon bien particuliÚre de voir les évÚnements contemporains auxquels il a participé.
« Pendant que je me trouvais en Turquie, je rendis visite Ă un grand homme dâĂ©tat : Fuad Pasha, le Grand Vizir de lâEmpire Ottoman. Je lui prĂ©sentai mes lettres dâintroduction, et il me reçut trĂšs cordialement. Dans le cours de notre conversation, il me fit part dâune de ses prĂ©occupations : une insurrection massive en CrĂȘte, possession ottomane. Il nâarrivait pas Ă en venir Ă bout, dâune part parce que la GrĂšce apportait un soutien actif aux insurgĂ©s luttant contre le pouvoir central ottoman, et dâautre part parce que les lois maritimes qui auraient permis de lutter contre les forceurs de blocus Ă©taient floues. Ainsi des bateaux battant pavillon grec et transportant des provisions et des fournitures de guerre pouvaient, sous divers prĂ©textes, maintenir impunĂ©ment un trafic actif avec la CrĂȘte, en dĂ©pit du blocus maintenu par les vaisseaux de la marine de guerre turque. Jusquâici, un seul bateau grec avait pu ĂȘtre surpris en flagrant dĂ©lit et arraisonnĂ©, dâailleurs aprĂšs un combat assez dur. Le fait est que les autoritĂ©s turques Ă©taient freinĂ©es par des rĂšglements maritimes internationaux visiblement destinĂ©s Ă favoriser les contrebandiers : on ne pouvait poursuivre un de ces bateaux Ă plus de dix miles des cĂŽtes, mĂȘme si on lâavait vu enfreindre le blocus, et on devait abandonner la poursuite sâil sâapprochait Ă moins de quatre miles de nâimporte quelle Ăźle nâappartenant pas Ă la Turquie, etc. Dans ces conditions, on ne pouvait espĂ©rer mettre les rĂ©voltĂ©s au pas.
Je fis incidemment remarquer Ă Sa Hauteur Fuad Pasha quâĂ mon avis la contrebande pouvait ĂȘtre stoppĂ©e sans enfreindre aucune loi, dâautant plus que ces lois sont trĂšs Ă©lastiques. Il parut frappĂ© par ma remarque, et me demanda de revenir le voir quelques jours plus tard.
Jâavais tout simplement exprimĂ© ma façon de voir et je ne pensais absolument pas quâelle allait ĂȘtre concrĂ©tisĂ©e dâune façon quelconque. Aussi fus-je fort surpris[7] lorsque jâentendis Sa Hauteur me dire : « Jâen ai confĂ©rĂ© avec Sa MajestĂ© le Sultan, et il dĂ©sire que je vous fasse la proposition suivante : si vous acceptez dâentrer au service du gouvernement ottoman, nous pouvons procĂ©der aux formalitĂ©s nĂ©cessaires, Ă la condition que vous endossiez personnellement la responsabilitĂ© de dĂ©plaire Ă votre pays ». Jâeus besoin de rĂ©flĂ©chir quelque peu avant de me dĂ©cider. Je pensai quâil y avait actuellement sur les rĂŽles de la Royal Navy au moins 250 post-captains[8] en attente dâun commandement, et quâil nây en avait Ă lâheure actuelle quâune quarantaine ayant un bateau Ă commander. Je me rappelai par ailleurs que pendant 24 ans Sir Adolphus Slade, un officier anglais du mĂȘme rang que moi, avait occupĂ© le poste quâon me proposait (celui de Conseiller Naval du gouvernement turc), et que justement Sir Adolphus, atteint par la limite dâĂąge, allait prendre sa retraite. Je calculai aussi quâen ces jours de paix fermement Ă©tablie, il y avait plus de chances de trouver Ă servir dans les pays de lâEst que partout ailleurs. Aussi rĂ©pondis-je : « HĂ© bien, votre Hauteur, jâaccepte si les conditions que vous mâoffrez me satisfont ». Et je fus en effet plus que satisfaitâŠ
Bref, jâacceptai de signer un contrat avec la Turquie, pour une durĂ©e de 5 ans, sous la condition que je garderais mon grade et ma position dâofficier de la Royal Navy, et ma nationalitĂ© britannique.
Je dĂ©couvris par la suite quâen ce qui concernait la pĂ©rennitĂ© de mon statut dâofficier de la Royal Navy, je mâĂ©tais avancĂ© un peu vite : apparemment ce poste de Conseiller Naval en Turquie Ă©tait rĂ©servĂ© par la Royal Navy Ă un de ses protĂ©gĂ©s, et il y avait dâailleurs de nombreux candidats Ă la succession de Sir Adophus Slade. Messieurs les Lords de lâAmirautĂ© tenaient absolument Ă nommer eux-mĂȘmes le Conseiller Naval en Turquie, et mon initiative dĂ©clencha leur fureur : ils me firent savoir que jâavais « coupĂ© lâherbe sous le pied » Ă un bon vieux serviteur Ă qui ils rĂ©servaient cette nomination, et que jâavais Ă me prĂ©senter devant eux sans dĂ©lai, etc. Je ne partageais pas leur façon de voir, et leur fis savoir que je ne cĂ©derais pas. Ăvidemment, comme nous le verrons plus tard, ils se vengĂšrent dĂšs que possible. Mais je pouvais, grĂące aux conditions de mon contrat, me permettre dâĂȘtre dorĂ©navant sur la liste noire de lâamirautĂ©, et mĂȘme lâaccueil glacial que me rĂ©serva lâambassadeur de Grande-Bretagne ne mâaffecta pas le moins du monde. Je pense quâil mâont appelĂ© "aventurier", "intrigant sans scrupules", etc. mais aprĂšs tout je pense que jâavais autant droit au poste que leur protĂ©gĂ©, qui quâil ait pu ĂȘtre.
Dâailleurs, depuis le jour oĂč jâai signĂ© mon contrat (qui a toujours Ă©tĂ© renouvelĂ© depuis) avec la Turquie, jusquâau jour oĂč jâĂ©cris (soit presque 16 ans en tout), je nâai jamais eu lâoccasion de regretter ma dĂ©cision.
Peu de temps aprĂšs ma nomination comme vice-amiral de la flotte turque, je fus envoyĂ© en CrĂȘte pour en finir avec les forceurs de blocus. Mes dĂ©tracteurs ont Ă©crit alors quâ « on employait un contrebandier pour lutter contre des contrebandiers », et la remarque me parut fort bien trouvĂ©e, car effectivement, jâen savais long sur les forceurs de blocus et leurs mĂ©thodes.
Je hissai donc mon pavillon sur une belle frĂ©gate (coque de bois, 50 canons) et arrivai en baie de Suda, le principal port de CrĂȘte, oĂč mâattendaient les 6 ou 7 vaisseaux de guerre turcs dont je devais assumer le commandement. LĂ les commandants me firent part de leurs dolĂ©ances : ils faisaient vraiment de leur mieux, mais Ă©taient ligotĂ©s par toutes sortes de restrictions (imaginaires Ă mon avis), et craignaient constamment dâenfreindre les rĂšglements maritimes internationaux et donc dâexposer la Turquie (qui Ă©videmment a toujours le mauvais rĂŽle) Ă la rĂ©probation des puissances europĂ©ennes.
Et ils me dĂ©crivirent aussi comment les Ă©quipages des forceurs de blocus grecs Ă©taient accompagnĂ©s en triomphe Ă leurs bateaux par les maires des ports de Syros ou Poros, ainsi que par toute la population en liesse, sous les drapeaux, les fanfares et les vivats : ils allaient nourrir la flamme de la rĂ©volte crĂ©toise contre la Turquie. Turquie avec laquelle la GrĂšce assurait par ailleurs ĂȘtre dans les meilleurs termesâŠ
Jâentendis tout ceci, et aussi que si la contrebande Ă©tait stoppĂ©e, les insurgĂ©s de CrĂȘte, faute de nourriture et dâarmes, seraient vite obligĂ©s de se soumettre. Je dĂ©cidai dâarrĂȘter cette contrebande Ă tout prix.
Je choisis pour accompagner mon bateau-amiral quelques embarcations rapides (une paire de vedettes et une corvette Ă vapeur), levai lâancre sans tarder, et une fois hors de vue de Suda filai droit sur Syra : comme ce port Ă©tait celui qui armait le plus de forceurs de blocus Ă destination de la CrĂȘte, je pensais que câĂ©tait Ă sa sortie que jâavais le plus de chance de les rencontrer.
Les circonstances me favorisĂšrent en effet : le lendemain de mon dĂ©part de Suda, Ă lâaube, alors que jâavançais Ă vitesse rĂ©duite Ă 8 miles au large de la baie de Syra, je vis (et mon cĆur se mit Ă battre trĂšs fort) un forceur de blocus. Il ressemblait exactement Ă ceux de la guerre de SĂ©cession, et filait vers Syra Ă toute vapeur. Ma petite escadre se trouvait entre lui et Syra, et il devait passer Ă un mile environ de nous pour pouvoir entrer au port.
Jâavais dĂ©jĂ souvent vu ce genre de situation (en fait, jây avais mĂȘme souvent participĂ©) : Ă lâaube, un bateau fonçant Ă toute vapeur vers Charleston ou Wilmington pour sây rĂ©fugier devait passer entre les navires ennemis bloquant le port⊠Le grec augmenta encore sa vitesse, et je fis signaler Ă mon escadre que nous le prenions en chasse. Quand ma frĂ©gate se trouva Ă un mile et demi de lui, je fis tirer un coup de semonce Ă blanc pour lui demander dâarborer ses couleurs. Il me rĂ©pondit dâun boulet de son long canon Armstrong, et son projectile emporta net un pilier de la rambarde du pont oĂč je me tenais.
Ce fut courageux de sa part, mais il eut tort : il aurait dĂ» hisser ses couleurs, puis (sâil avait quelque chose Ă se reprocher) filer se mettre Ă lâabri en eaux neutres. Mais en aucun cas il nâaurait dĂ» tirer sur un navire de guerre qui, dans son rĂŽle de police des mers, tire un coup de canon Ă blanc pour demander Ă un navire suspect de se dĂ©clarer : câĂ©tait un acte de piraterie, et il sâĂ©tait livrĂ© Ă ma merci.
Mes vedettes poursuivirent Ă toute vapeur le forceur de blocus jusquâĂ lâentrĂ©e du port de Syra. Il sâappelait Enosis[9], et son capitaine Ă©tait un grec fort courageux, et si occupĂ© Ă livrer sa cargaison et Ă prĂ©server son bateau quâil nâavait pas songĂ© Ă respecter les rĂšglements maritimes. Pour son malheur, il avait eu affaire Ă quelquâun qui, lui, connaissait parfaitement toutes les lois rĂ©gissant le blocus, et qui aurait pu lui dire quâun forceur de blocus armĂ© est un pirate sâil utilise ses armes contre un vaisseau de guerre.
JâĂ©tais si satisfait des Ă©vĂšnements que jâenvoyai une de mes vedettes annoncer au gouverneur ottoman de la CrĂȘte que le problĂšme des contrebandiers Ă©tait rĂ©glĂ© : je tenais un de leurs bateaux (ainsi dâailleurs que 2 autres qui se trouvaient dans le port) bloquĂ© Ă quai pour plusieurs semaines. Comme lâinsurrection Ă©tait totalement dĂ©pendante des approvisionnements apportĂ©s de GrĂšce, je mâattendais Ă ce quâau bout dâune semaine elle soit obligĂ©e de dĂ©poser les armes (jâeus raison, et au-delĂ : au bout de 3 jours, comme aucun produit de contrebande nâarrivait plus en CrĂȘte, les insurgĂ©s se rendirent, en suppliant quâon leur donne du pain. Et ainsi se termina la rĂ©volte en CrĂȘte[10]âŠ
Devant le port de Syra, je rappelai mes vedettes et jetai lâancre au milieu de la baie avec 3 autres navires. Puis jâenvoyai porter un courrier aux autoritĂ©s de Syra. Je les priais instamment de me livrer un bateau qui avait cherchĂ© refuge dans leur port aprĂšs avoir commis un acte de piraterie en haute mer : il mâavait envoyĂ© un boulet de canon, alors que mon vaisseau amiral lui avait demandĂ© (en tirant un coup de canon Ă blanc) de hisser ses couleurs. Jâajoutais que par ailleurs que je ne laisserais sortir du port aucun des collĂšgues de lâEnosis tant que lâaffaire de ce pirate nâaurait pas Ă©tĂ© tirĂ©e au clair.
Câest ainsi que je coupai le vent aux autoritĂ©s du port de Syra. Bien entendu, ils se mirent en fureur et envoyĂšrent un bateau Ă AthĂšnes pour prendre des ordres; ils cherchĂšrent aussi Ă mâabuser en promettant de traiter cette affaire selon les lois internationales et en me demandant de lever lâancre et de partir, car la populace du port Ă©tait prĂȘte Ă se soulever irrĂ©pressiblement. Et tous les consuls des puissances Ă©trangĂšres approuvĂšrent cette demande.
Je refusai tout simplement de lever lâancre. JâĂ©tais persuadĂ© que dâailleurs lâEnosis et ses collĂšgues seraient immĂ©diatement partis pour la CrĂȘte dĂšs que jâaurais Ă©tĂ© hors de vue. Par ailleurs jâenvoyai un bateau Ă Smyrne avec un tĂ©lĂ©gramme pour Constantinople (dans lequel je dĂ©crivais la situation et demandais de lâaide), et restai en vue de Syra avec 2 bateaux (dont une vedette), surveillant les 3 forceurs de blocus Ă qui jâavais nettement fait comprendre que je les coulerais sâil sortaient du port.
Je me suis souvent demandĂ© pourquoi ces forceurs de blocus nâont pas tentĂ© de sâĂ©chapper pendant cette 1re nuit, alors que jâĂ©tais presque seul. Les grecs ne manquent pas de courage. Sâils avaient essayĂ© de filer, au moins un dâentre eux aurait certainement rĂ©ussi Ă passer et Ă rejoindre la CrĂȘte, lâinsurrection aurait Ă©tĂ© alimentĂ©e et mes prĂ©visions sur sa prochaine reddition se seraient rĂ©vĂ©lĂ©es fausses.
Par ailleurs, en cette occasion se trouva corroborĂ©e ma thĂ©orie selon laquelle les forceurs de blocus ne sont attirĂ©s que par lâappĂąt du gain (sauf peut-ĂȘtre quelques-uns qui sont poussĂ©s par lâamour de lâaction), ne combattent quâen toute derniĂšre extrĂ©mitĂ©, et mĂȘme alors, sâils sont intelligents, Ă©vitent la plupart du temps le combat. Câest ainsi que cela devrait ĂȘtre. Il est inconcevable que des personnes aimant lâaventure, non engagĂ©es dans le conflit, deviennent des belligĂ©rants alors quâelles sont dĂ©jĂ les transporteurs dâarmes et de provisions dâun des ennemis[11].
Je fus en proie Ă lâanxiĂ©tĂ© pendant cette premiĂšre nuit en baie de Syra : jâavais promis au gouverneur ottoman de la CrĂȘte quâaucun forceur de blocus ne sortirait du port.
Au matin un petit vapeur arriva dâAthĂšnes, avec Ă bord un officiel turc. PĂąle comme un linge, il monta Ă mon bord et mâannonça quâau PirĂ©e une frĂ©gate grecque se prĂ©parait Ă partir pour Syra, et que son capitaine, ses officiers et son Ă©quipage avaient jurĂ© de ramener Hobart Pasha mort ou vif. Une demi-heure plus tard ma frĂ©gate Ă©tait sous pression et faisait des ronds en baie de Syra. Une frĂ©gate grecque apparut effectivement derriĂšre la pointeâŠ
Ce fut un moment de forte tension. La population de Syra couvrait les toits des maisons, et on se serait cru au bon vieux temps, quand la foule venait voir le sport entre le Chesapeake et le Shannon, et que lâorchestre jouait Yankee doodle dandy, oh!...
Je mâavançai vers mon ennemi supposĂ© et le longeai dâassez prĂšs, mâattendant dâun moment Ă lâautre Ă recevoir sa bordĂ©e. Ă ma grande surprise (et aussi Ă ma satisfaction, je dois direâŠ), il fila au mouillage, et jeta 3 ancres. Il Ă©tait donc loin de vouloir se battre.
Jâappris ultĂ©rieurement quâil nây avait pas de poudre Ă bord de la frĂ©gate. Il est honteux dâavoir mis ce capitaine de frĂ©gate en si fausse position : chacun sait combien les grecs sont vaillants, et câest une faute dâutiliser la gesticulation alors quâon dispose de gens courageux. Jâen Ă©tais dĂ©solĂ© pour lui, et il semblait regretter tout cela autant que moi[12].
Quelques jours aprĂšs ces Ă©vĂšnements, je reçus le renfort de 6 ou 7 cuirassĂ©s turcs, et fus alors maĂźtre de la situation en dĂ©pit de toutes les remontrances des Ă©trangers et autres ennemis de lâempire turc.
Ensuite nous donnĂąmes en spectacle une farce risible : le procĂšs de lâEnosis, qui se tĂźnt sur un navire dans le port (car je nâosai pas dĂ©barquer). Ăvidemment le procĂšs ne dĂ©boucha sur rien.
Le gouverneur-gĂ©nĂ©ral de CrĂȘte mâenvoya ensuite, sur des bateaux turcs, tous les insurgĂ©s crĂ©tois. Il me fut trĂšs difficile de savoir quâen faire : ces pauvres hommes Ă©taient de braves gens tristement fourvoyĂ©s. Je leur fis servir de bons repas (car ils Ă©taient absolument affamĂ©s), et pour en finir avec cette affaire, les rĂ©partis sur les Ăźles grecques voisines.
On a dit que mon action Ă Syra a Ă©tĂ© illĂ©gale, surtout quand jâai empĂȘchĂ© les forceurs de blocus collĂšgues de lâEnosis de sortir du port. Mais les Grecs en masse, des chefs du gouvernement aux simples particuliers nâont-ils pas tous foulĂ© aux pieds la loi internationale pendant 3 ans en encourageant une insurrection sur le territoire dâune nation voisine et amie ? Alors que pour ma part je nâaurais commis quâune petite infraction, justifiĂ©e, Ă cette loiâŠ
Pendant que je parle de la CrĂȘte, jâaimerais dire quelques mots sur cette Ăźle, quâon croit ĂȘtre constamment en Ă©tat de rĂ©volte.
Je maintiens que le peuple crĂ©tois, que je connais bien, ne dĂ©sire aucunement sâallier avec la GrĂšce, et que si tous les comitĂ©s qui sâagitent en faveur des ambitions grecques se tenaient tranquilles et arrĂȘtaient de semer la discorde, les CrĂ©tois seraient la communautĂ© la plus heureuse de MĂ©diterranĂ©e. Pendant plus dâun an jâai commandĂ© une grosse flotte de cuirassĂ©s turcs stationnĂ©s en CrĂȘte, et ai donc eu largement lâoccasion de pouvoir juger des sentiments des CrĂ©tois. Je nâai jamais vu un peuple plus amoureux de lâordre, ni mieux disposĂ©, Ă condition dâĂȘtre laissĂ© en paix par les agitateurs.
Ă Constantinople, lors de mon retour, je fus reçu au mieux par plusieurs reprĂ©sentants des puissances : ils mâhonorĂšrent de dĂ©corations pour avoir, disaient-ils, Ă©vitĂ© une guerre europĂ©enne. Seul mon propre pays mâignora. LâAmirautĂ© britannique alla mĂȘme jusquâĂ me faire savoir que si je ne revenais pas immĂ©diatement en Angleterre, mon nom serait rayĂ© de la liste des officiers. Un officier de haut rang, membre du bureau de lâamirautĂ©, mâĂ©crivit dans ce sens une lettre semi-officielle : « Quittez le service de la Turquie, Ă©crivait-il, ou votre nom sera biffĂ©. ». ProfondĂ©ment blessĂ© dâĂȘtre traitĂ© ainsi, alors que je mâattendais Ă ĂȘtre encouragĂ© pour avoir maintenu lâhonneur de mon pays en agissant comme un officier de la Royal Navy le devait, je lui rĂ©pondis « Vous pouvez me biffer, et aller au diable »[13] ». Cette lettre fut ensuite, je pense, bien inĂ©lĂ©gamment utilisĂ©e contre moi Ă la Chambre des Communes⊠Quoi quâil en soit, mon nom fut donc biffĂ© de la liste des officiers de la Royal Navy, et le resta pendant plusieurs annĂ©es[14].
Sa MajestĂ© le Sultan me reçut fort aimablement, je fus promu au rang dâamiral, et me mis au travail en tant quâofficier de la marine turque, chef dâĂ©tat-major de la Marine ImpĂ©riale.
En ce qui concerne les Ă©pisodes suivants de ma vie en Turquie, il mâest dĂ©licat de continuer Ă les dĂ©crire : cela devient plus, comment dire, confidentielâŠJe vais essayer de continuer Ă le faire, tout en restant le plus discret possible et en continuant cependant Ă susciter lâintĂ©rĂȘt des lecteurs.
Il nâest pas difficile de servir les Turcs, Ă condition de ne pas les offenser dans certains domaines sensibles, et de rester diplomate quand on leur donne des conseils.
En Turquie, mon travail consista Ă introduire certaines innovations dans le domaine naval : les mĂȘmes que celles qui sont rĂ©guliĂšrement introduites dans les marines Ă©trangĂšres, et en particulier la britannique. Je crois avoir eu une action bĂ©nĂ©fique dans ce domaine. »
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Augustus Charles Hobart-Hampden » (voir la liste des auteurs), lui-mĂȘme issu de l'EncyclopĂŠdia Britannica, 1911.
- cette Ă©numĂ©ration qui se veut humoristique n'est peut-ĂȘtre pas loin de la rĂ©alitĂ©. Arthur Fremantle, dans son journal, raconte qu'en 1863, alors qu'il visite Charleston, il est invitĂ© Ă un bal, mais ne peut s'y rendre faute d'une tenue correcte. La haute sociĂ©tĂ©, note-t-il, mĂšne Ă Charleston une vie brillante, et les articles de luxe apportĂ©s par les forceurs de blocus (au dĂ©triment des articles de premiĂšre nĂ©cessitĂ© et des armes) sont hors de prixâŠ
- sur les prĂ©cautions que devait prendre les Britanniques pour aider Ă couvert la ConfĂ©dĂ©ration, voir lâarticle La Grande-Bretagne et la guerre de SĂ©cession
- Charles Priestley ajoute que « lâincognito que voulaient respecter la plupart des capitaines de forceurs de blocus ne facilite pas les recherches historiques. Mais il est sĂ»r que ce nâest pas Hobart qui commandait le forceur de blocus Condor, qui quitta lâembouchure de la Clyde le 16 aoĂ»t 1864 et sâĂ©choua devant les canons amis de Fort Fisher le 1er octobre 1864 en voulant Ă©viter lâĂ©pave dâun autre forceur de blocus, le Night Hawk (lâEngoulevent). Le capitaine du Condor (qui devint ultĂ©rieurement vice-amiral) Ă©tait W. N. W. Hewett, de son nom de guerre Samuel Ridge ». Noter au passage les noms dâoiseaux donnĂ©s aux navires forceurs de blocus : oiseaux soit diurnes et rapides, soit nocturnes et furtifsâŠEn ce qui concerne le Condor, c'est lors de son Ă©chouage que se noya l'espionne confĂ©dĂ©rĂ©e Rose O'Neal Greenhow.
- à la grande fureur de l'amirauté britannique, qui a un candidat à ce poste, qui va multiplier les pressions pour inciter Hobart à se retirer, et finalement, devant son sec refus, le sanctionner en le rayant des cadres. Hobart en parle in extenso dans son livre
- voir l'article de WP english "HaydarpaĆa Cemetery"
- voir http://www.gutenberg.org/ebooks/16296
- A.C. Hobart (qui mentionne cependant quâil a des lettres de recommandation pour le grand VizirâŠ), dit plusieurs fois ĂȘtre arrivĂ© en Turquie sans aucune arriĂšre-pensĂ©e, et ne pas avoir proposĂ© ses services, qui ont selon lui Ă©tĂ© sollicitĂ©s. Pourtant la question crĂ©toise est au premier rang de lâactualitĂ© depuis en particulier le massacre des CrĂ©tois assiĂ©gĂ©s Ă Arkadios (9 dĂ©cembre 1866), qui a soulevĂ© lâindignation en Europe, et les protestations d'hĂ©lennophiles cĂ©lĂšbres comme Gustave Flourens, Victor Hugo, Giuseppe Garibaldi, Algernon Swinburne, etc. stigmatisent la rĂ©pression turque
- post-captain : voir la note 9
- selon l'article révolte crétoise de 1866-1869, les noms des navires forceurs de blocus grecs étaient : Arkadion (coulé par les Turcs en 1868), Hydra, Panhellenion, CrÚte et Enosis ("Unification"). L'incident de l' Enosis eut lieu en décembre 1868
- le 11 décembre 1868 les Turcs assiÚgent le gouvernement insurrectionnel à Gonia et tuent la plupart de ses membres
- Cette dĂ©finition du profil du forceur de blocus selon Hobart Pasha mĂ©rite dâĂȘtre reproduite in extenso : "they go for gain (some perhaps for love of enterprise); don't fight unless very hard pressed, and not always then if they are wise; that is what it should be. It is outrageous that adventurous persons not engaged in war should become belligerents, as well as carriers of arms and provisions to an enemy"
- AthĂšnes a donc envoyĂ© sa frĂ©gate dans lâintention bien arrĂȘtĂ©e de chercher Ă impressionner â non de dĂ©clencher une guerre. Si dâailleurs le vaisseau de guerre grec est arrivĂ© aprĂšs le petit vapeur, câest sans doute quâen haut lieu on espĂ©rait que la frĂ©gate turque, ainsi avertie, aurait vidĂ© les lieux⊠Hobart Pasha compatit dâailleurs Ă lâhumiliation de son collĂšgue le capitaine de frĂ©gate grec, victime de cette manĆuvre des politiciensâŠ
- Be damned a en anglais (surtout au XIXe siĂšcle) une signification bien plus grossiĂšre que aller au diable
- On peut se demander si cette rĂ©probation officielle des actes de Hobart Pasha par la Grande-Bretagne n'est pas une manĆuvre d'intoxication. En effet, Hobart Pasha, en participant Ă l'Ă©crasement de la rĂ©volte crĂ©toise, s'il choquait l'opinion publique en majoritĂ© philhellĂšne, Ă©tait par contre dans le droit fil de la politique britannique de l'Ă©poque : Ă©teindre une Ă©tincelle dangereusement proche des poudriĂšres locales (Moyen-Orient et Balkans), et rendre service au Sultan, ceci de plus en humiliant la Russie par alliĂ© (la GrĂšce) interposĂ©...
Sources
- Article de Charles Priestley sur americancivilwar.org.uk
- http://www.gutenberg.org/ebooks/16296
Liens externes
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :