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Histone H2A

L'histone H2A est l'un des cinq types de protéines histones qui font partie de la structure de la chromatine des cellules eucaryotes. L'histone H2A est trouvée dans l'octamère de nucléosomes qui constituent la chromatine[1]. Dans chaque octamère il existe deux copies de cette histone, qui s'associent à l'histone H2B[2]. H2A est considérée comme histone "de cœur", avec H2B, H3 and H4. La formation de la particule de cœur survient en premier lieu lors de l'interaction entre deux molécules H2A[2].

La protéine H2AFJ faisant partie d'un nucléosome.

Les variantes de séquence

L'histone H2A présente des variantes non alléliques[3]. Le terme "histone H2A" est générique; parmi ses variantes les plus notables, qui ne diffèrent que par quelques acides aminés, on trouve H2A.1, H2A.2, H2A.X, H2A.Z, H2A.Bbd (macroH2A)[4].

Dans les cellules diffĂ©renciĂ©es  la composition des variantes prĂ©sentes varie. Cette situation a Ă©tĂ© observĂ©e dans les neurones en diffĂ©renciation ; les changements dans la composition des variantes affectent l'histone H2A.1, et la seule variante qui reste constante au cours de la diffĂ©renciation neuronale est l'histone H2AZ[3]. La variante H2AZ est Ă©changĂ©e contre la variante de l'octamère classique H2A; cette variante est importante pour le silençage gĂ©nique[5].

De récentes recherches suggèrent qu'H2AZ est incorporé dans le nucléosome à l'aide de Swr1, qui est un adenosine triphosphatase liée à Swi2/Snf2 qui fait partie d'un complexe enzymatique[6].

Une autre variante de H2A identifiĂ©e est H2AX. Cette variante a une extension ou queue C-terminale qui est utilisĂ©e pour la rĂ©paration de l'ADN. La mĂ©thode de rĂ©paration qui utilise cette variante est l'union des extrĂ©mitĂ©s non homologues. Les dommages directs Ă  l'ADN peuvent induire des changements dans les variantes de sĂ©quence. Les expĂ©riences rĂ©alisĂ©es avec des rayonnements ionisants ont associĂ© la Îł-phosphorylation de H2AX avec des cassures de l'ADN double-brin[7]. Une grande quantitĂ© de la chromatine est impliquĂ©e dans chaque coupure double brin; et une rĂ©ponse aux dommages de l'ADN est la formation de foci Îł-H2AX.

La variante MacroH2A est une variante qui est similaire à l'H2A conventionnelle; elle est codée par le gène H2AFY. Il existe trois isoformes de macroH2A : macroH2A1.1, macroH2A1.2 et macroH2A2 [8] qui semblent remplir des rôles distincts en fonction des tissus, du stade de développement ou des maladies (cancer) étudiés. Cette variante diffère de l'H2A canonique par l'ajout d'un domaine globulaire sur sa queue C-terminale. La MacroH2A est associée avec le chromosome X inactif dans les cellules femelles[9].

H2A.Bbd (corps de Barr-déficient) est spécifique aux mammifères[10].

Structure

H2A est composĂ© d'un domaine globulaire et une longue queue N-terminale ou C-terminale Ă  l'extrĂ©mitĂ© de la molĂ©cule. Le domaine terminaux sont les substrats des modifications post-traductionnelles de la protĂ©ine. Jusqu'Ă  maintenant, il n'a Ă©tĂ© identifiĂ© aucune structure secondaire dans le domaine caudal. L'H2A dispose d'un repliement protĂ©ique appelĂ© "repliement histone", qui est composĂ© d'un domaine central de trois hĂ©lices qui sont reliĂ©s par deux boucles. Cette liaison est un " arrangement en poignĂ©e de main’. Il s'agit d'un motif hĂ©lice-tour-hĂ©lice, et permet la dimĂ©risation avec l'histone H2B. Le repliement histone est conservĂ© entre les variantes H2A au niveau structurel; mais la sĂ©quence gĂ©nĂ©tique codant celui-ci varie selon les variantes[11].

La structure de la variante macroH2A a été obtenue par cristallographie aux rayons X, et présente un domaine globulaire (domaine macro : "macrodomain" en anglais ) en C-terminal. Le domaine conservé contient une structure de liaison à l'ADN et repliement peptidase[12]. La fonction de ce domaine macro n'est pas encore entièrement connue. Des recherches suggèrent que ce domaine conservé peut fonctionner comme un site d'ancrage, ou il peut aussi fonctionner comme enzyme modifiante. Récemment, il a été démontré que la variante macroH2A1.1 joue un rôle dans le métabolisme [13].

Fonction

Le repliement de l'ADN.- L'H2A est important dans l'empaquetage de l'ADN dans la chromatine. L'empaquetage affecte l'expression des gènes. L'H2A a été corrélée avec des modifications de l'ADN à l'épigénétique. L'H2A joue un rôle important dans la détermination de l'ensemble de la structure de la chromatine. Il a également été constaté que l'H2A régule l'expression des gènes[11].

La modification de l'ADN par H2A se produit dans le noyau de la cellule. Les protĂ©ines responsables de l'importation au cĹ“ur de la histones H2A sont les kariophĂ©rines et importines[14]. Des Ă©tudes rĂ©centes montrent Ă©galement que la protĂ©ine 1 de l'assemblage du nuclĂ©osome est Ă©galement utilisĂ©e pour le transport vers le noyau de l'H2A, de sorte qu'elle puisse se joindre Ă  l'ADN. D'autres fonctions de l'H2A ont Ă©tĂ© associĂ©es Ă  la variante H2A.Z. Cette variante est associĂ©e Ă  l'activation de gènes, le silençage et la suppression de l'ARN antisens. En outre, l'H2A.Z a Ă©tĂ© utilisĂ©e dans des cellules humaines et des levures pour promouvoir le recrutement de l'ARN polymĂ©rase II[15].

Peptide antimicrobien.- Les histones sont des protĂ©ines cationiques eucaryotes conservĂ©es qui sont Ă©galement impliquĂ©es dans les activitĂ©s antimicrobiennes. Chez les vertĂ©brĂ©s et les invertĂ©brĂ©s, l'histone H2A est impliquĂ©e dans la rĂ©ponse immunitaire de l'hĂ´te pour agir comme peptide antimicrobien. Les H2A sont des molĂ©cules α-hĂ©licoĂŻdale, amphiphiles avec rĂ©sidus hydrophobes et hydrophes aux cĂ´tĂ©s opposĂ©s qui augmentent son activitĂ© antimicrobienne[16].

Génétique

L'H2A est codĂ©e par de nombreux gènes dans le gĂ©nome humain, y compris: H2AFB1, H2AFB2, H2AFB3, H2AFJ, H2AFV, H2AFX, H2AFY, H2AFY2 et H2AFZ. Les modèles gĂ©nĂ©tiques entre les diffĂ©rentes molĂ©cules H2A sont essentiellement conservĂ©s parmi les variantes. Il existe une certaine variabilitĂ© dans l'expression des gènes entre la machine rĂ©glementrice qui contrĂ´le l'expression de H2A. Des chercheurs ont Ă©tudiĂ© les lignĂ©es Ă©volutives eucaryotes des histones et trouvĂ© une diversification parmi les gènes rĂ©gulateurs. Les diffĂ©rences les plus importantes ont Ă©tĂ© observĂ©es dans les motifs de sĂ©quence cis-rĂ©gulatrices des gènes histone de l'octamère et les facteurs associĂ©s Ă  des protĂ©ines. Une certaine variabilitĂ© dans la sĂ©quence des gènes fut observĂ©e entre les gènes des bactĂ©ries, des champignons, des plantes et des mammifères[11].

Une variante de la protĂ©ine H2A est H2ABbd (corps de Barr-dĂ©ficient). Cette variante a une sĂ©quence gĂ©nĂ©tique diffĂ©rente de celle de l'H2A[11]. D'autres variations liĂ©es Ă  H2ABbd sont situĂ©s dans leur C-terminal. H2ABbd dispose d'un domaine C-terminal plus court que l'H2A. Les deux domaines C terminaux sont identiques Ă  48%. L'H2ABbd agit sur les chromosomes actifs. Elle est absente dans les chromosomes X inactifs (Xi) dans les fibroblastes. Elle est Ă©galement associĂ©e avec l'H4 acĂ©tylĂ©e[17].

Les diffĂ©rentes fonctions de H2A.Z Ă  l'Ă©gard des H2A classiques sont corrĂ©lĂ©es Ă  leurs diffĂ©rences gĂ©nĂ©tiques. Le gène H2A.Z est essentiel chez la levure, oĂą il est appelĂ© Htz1. En comparaison, les vertĂ©brĂ©s ont deux gènes H2A.Z[11], appelĂ©s H2A.Z1 et H2A.Z2, qui donnent lieu Ă  des protĂ©ines qui diffèrent en trois rĂ©sidus. Au dĂ©part, les chercheurs ont pensĂ© que ces gènes ont Ă©tĂ© redondants; cependant, lors de la crĂ©ation d'un mutant H2A.Z1, il fut observĂ© une lĂ©talitĂ© chez les mammifères[17]. Par consĂ©quent, H2A.Z1 est un gène ancestral. La fonction du variant H2A.Z2 n'a cependant pas encore Ă©tĂ© identifiĂ©e. On sait qu'il est transcrit chez les mammifères marins, et l'expression de ce gène est conservĂ©e chez les mammifères. Cette conservation suggère que ce gène est fonctionnel[17]. Chez les plantes, les protĂ©ines H2A.Z diffèrent pour certains rĂ©sidus entre les espèces, et ces diffĂ©rences contribuent Ă  la rĂ©gulation du cycle cellulaire[17]. Ce phĂ©nomène a Ă©tĂ© observĂ© uniquement chez les plantes.

Des arbres phylogĂ©nĂ©tiques ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s pour montrer les diffĂ©rences entre les variantes[18] - [19].

Modification de H2A

Les modifications que subit l'H2A sont actuellement sujet Ă  investigation. Des sites de phosphorylation de la sĂ©rine ont Ă©tĂ© identifiĂ©s sur la structure de l'H2A. Il existe de grandes diffĂ©rences dans les modifications que subissent les diffĂ©rentes variantes de H2A. Par exemple, H2ABbd est dĂ©pourvue de rĂ©sidus modifiĂ©s qui existent dans l'H2A classique[17]. Ces diffĂ©rentes modifications modifient la fonction de H2ABbd par rapport Ă  H2A. La variante H2AX agit dans la rĂ©paration de l'ADN. Cette fonction dĂ©pend de la phosphorylation de l'extrĂ©mitĂ© C-terminale de H2AX[7], et uniquement lorsque H2AX est phosphorylĂ©e, peut celle-ci agir dans la rĂ©paration de l'ADN. La variante H2A.X diffère Ă©galement de H2A au niveau des modifications post-traductionnelles. L'extrĂ©mitĂ© C-terminale de H2A.X contient un motif supplĂ©mentaire par rapport Ă  H2A. Le motif qui est ajoutĂ© est Ser-Gln-(Glu/Asp)-(rĂ©sidu hydrophobe)[17]. Ce motif est fortement phosphorylĂ© au niveau du rĂ©sidu sĂ©rine; lors de cette phopsphorylation H2A.X devient la variante yH2A.X. Cette phosphorylation se produit lors de cassures double-brin de l'ADN[17]. La modification des histones peut donc parfois entraĂ®ner un changement de fonction.

Notes et références

  1. Khorasanizadeh, « The nucleosome: From genomic organization to genomic regulation », Cell, vol. 116, no 2,‎ , p. 259–72 (PMID 14744436)
  2. (en) David L. Nelson et Michael M. Cox, Lehninger principles of biochemistry, New York, W.H. Freeman, , 4th Ă©d. (ISBN 0-7167-4339-6)
  3. Bosch et P Suau, « Changes in core histone variant composition in differentiating neurons: The roles of differential turnover and synthesis rates », European journal of cell biology, vol. 68, no 3,‎ , p. 220–5 (PMID 8603674)
  4. Clemens Bönisch e Sandra B. Hake.
  5. Suto, M. J. Clarkson, D. J. Tremethick et K Luger, « Crystal structure of a nucleosome core particle containing the variant histone H2A.Z », Nature Structural Biology, vol. 7, no 12,‎ , p. 1121–4 (PMID 11101893, DOI 10.1038/81971)
  6. Mizuguchi, X Shen, J Landry et W. H. Wu, « ATP-driven exchange of histone H2AZ variant catalyzed by SWR1 chromatin remodeling complex », Science, vol. 303, no 5656,‎ , p. 343–8 (PMID 14645854, DOI 10.1126/science.1090701)
  7. Jakob, J Splinter, S Conrad et K. O. Voss, « DNA double-strand breaks in heterochromatin elicit fast repair protein recruitment, histone H2AX phosphorylation and relocation to euchromatin », Nucleic Acids Research, vol. 39, no 15,‎ , p. 6489–99 (PMID 21511815, PMCID 3159438, DOI 10.1093/nar/gkr230)
  8. https://www.science.org/doi/10.1126/science.1529340?url_ver=Z39.88-2003&rfr_id=ori:rid:crossref.org&rfr_dat=cr_pub%20%200pubmed
  9. Costanzi et J. R. Pehrson, « Histone macroH2A1 is concentrated in the inactive X chromosome of female mammals », Nature, vol. 393, no 6685,‎ , p. 599–601 (PMID 9634239, DOI 10.1038/31275)
  10. Epigenie
  11. Mariño-Ramírez, I. K. Jordan et D Landsman, « Multiple independent evolutionary solutions to core histone gene regulation », Genome Biology, vol. 7, no 12,‎ , R122 (PMID 17184543, PMCID 1794435, DOI 10.1186/gb-2006-7-12-r122)
  12. Allen, A. M. Buckle, S. C. Cordell et J Löwe, « The crystal structure of AF1521 a protein from Archaeoglobus fulgidus with homology to the non-histone domain of macroH2A », Journal of molecular biology, vol. 330, no 3,‎ , p. 503–11 (PMID 12842467, DOI 10.1016/s0022-2836(03)00473-x)
  13. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5791885/
  14. Mosammaparast, C. S. Ewart et L. F. Pemberton, « A role for nucleosome assembly protein 1 in the nuclear transport of histones H2A and H2B », The EMBO journal, vol. 21, no 23,‎ , p. 6527–38 (PMID 12456659, PMCID 136951, DOI 10.1093/emboj/cdf647)
  15. Mariño-Ramírez, K. M. Levine, M Morales et S Zhang, « The Histone Database: An integrated resource for histones and histone fold-containing proteins », Database, vol. 2011,‎ , bar048 (PMID 22025671, PMCID 3199919, DOI 10.1093/database/bar048)
  16. Jesu Arockiaraj, Annie J Gnanam, Venkatesh Kumaresan, Rajesh Palanisamy, Annie J Gnanam, Annie J Gnanam, Annie J Gnanam, Annie J Gnanam, Annie J Gnanam et Annie J Gnanam, « An unconventional antimicrobial protein histone from freshwater prawn Macrobrachium rosenbergii: Analysis of immune properties », Fish & Shellfish Immunology, vol. 35, no 5,‎ , p. 1511–1522 (PMID 23994279, DOI 10.1016/j.fsi.2013.08.018)
  17. Talbert et S Henikoff, « Histone variants--ancient wrap artists of the epigenome », Nature Reviews Molecular Cell Biology, vol. 11, no 4,‎ , p. 264–75 (PMID 20197778, DOI 10.1038/nrm2861)
  18. José M Eirín-López, Rodrigo González-Romero, Deanna Dryhurst, Toyotaka Ishibashi e Juan Ausió.
  19. Thomas H.Thatcher e Martin A.Gorovsky.

Voir aussi

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Liens externes

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