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Histoire du Massachusetts

Cet article développe l'histoire de l'État américain du Massachusetts.

Mayflower in Plymouth Harbor par William Halsall (1882)

Préhistoire

De nombreuses tribus algonquines habitent la région avant l'arrivée des Européens. Les Massachusetts occupent alors la baie du Massachusetts. La frontière actuelle avec le Vermont et le New Hampshire, et la vallée du Merrimack est le territoire de la tribu Pennacook. Le sud de l'État actuel est peuplé par les Wampanoags et l'extrémité du cap Cod par les Nausets ; la partie centrale de la vallée du Connecticut par les Nipmucs. La variole décime tous les peuples de la région, non immunisés, après l'arrivée du capitaine John Smith en 1614.

Histoire coloniale

Les Nipmucs et Pocomtucs faisaient partie des tribus amérindienne vivant dans l'actuel Massachusetts.

En 1620, les Pères pèlerins dĂ©barquent du Mayflower au cap Cod. Le , ils adoptent un accord qui va servir de base Ă  leur gouvernement, c'est le Mayflower Compact. Ils fondent quelque temps plus tard la colonie de Plymouth, avec la ville de Plymouth. Ils nouent rapidement des relations amicales avec les indigènes qui leur permettent de survivre, les AmĂ©rindiens leur donnent, puis leur apprennent a cultiver le maĂŻs (Indian Corn) et le potiron sans oublier le dindon : en 1621 ils cĂ©lèbrent leur premier Thanksgiving. Les Nipmucs et Pocomtucs faisaient partie des tribus amĂ©rindienne vivant dans l'actuel Massachusetts. Ces colons sont suivis les annĂ©es suivantes par des puritains qui fondent la colonie de la baie du Massachusetts, qui occulte celle de Plymouth autant au niveau de la population que de l'Ă©conomie, grâce au port de Boston[1]. Les deux colonies sont regroupĂ©es en 1691 au sein de la Province de la baie du Massachusetts. Les relations avec les AmĂ©rindiens sont alors encore bonnes : en 1646 le Long Parlement donne Ă  John Eliot une commission et des fonds pour Ă©vangĂ©liser les Wampanoags. Il rĂ©ussit Ă  en convertir un grand nombre, qui sont ensuite appelĂ©s Praying Indians. En 1660, la colonie compte 20 000 habitants[2].

Fondation de la future université Harvard en 1636

Harvard au XVIIIe siècle.

La Cour générale de la colonie de la baie du Massachusetts crée en 1636 l’université de Cambridge, future Harvard. Il faut attendre deux années avant que les cours ne soient dispensés, mais la notoriété de l’institut ne mettra guère de temps à s’étendre. En 1639, la faculté prendra le nom de John Harvard, pasteur britannique qui lui fera don d’une grande partie de ses biens et de toute sa bibliothèque. À ses débuts, l'établissement ne compte que neuf étudiants et un professeur, Nathaniel Eaton, l'enseignement est proche de celui qui était dispensé en Angleterre mais subit l'influence du puritanisme des premiers colons de la Nouvelle-Angleterre. Harvard forme alors de nombreux pasteurs. La première bourse d'études est fondée en 1643. Peu à peu, l’établissement recevra un soutien financier de plus en plus important, ainsi qu’une charte en 1780.

Rôle dans la guerre d'indépendance

Une illustration des batailles de Lexington et Concord.

Le Massachusetts fut au centre du mouvement pour l'indĂ©pendance des États-Unis, ce qui lui valut le surnom de « Berceau de la LibertĂ© Â». Boston avait Ă©tĂ© placĂ©e sous occupation militaire depuis 1768 et une sĂ©rie d'incidents graves a suivi. Le , ce qui a commencĂ© comme un incident de jets de pierres contre quelques soldats britanniques a fini par la fusillade de cinq hommes par des soldats britanniques dans ce qui devint connu comme le massacre de Boston. Lorsque les fonctionnaires des douanes ont Ă©tĂ© attaquĂ©s par la foule en colère, deux rĂ©giments britanniques logĂ©s dans la ville sont arrivĂ©s et ont ouvert le feu. L'incident a provoquĂ© la colère en outre contre l'autoritĂ© britannique dans le Commonwealth sur les taxes et la prĂ©sence des soldats britanniques. Les relations difficiles avec la monarchie britannique ont ensuite très tĂ´t dĂ©clenchĂ© la rĂ©bellion ouverte, connue sous le nom de Boston Tea Party, symbole du refus du Massachusetts de n'ĂŞtre qu'un rouage docile de l'empire colonial britannique, alors en pleine expansion. Le , un navire de la Compagnie des Indes a tentĂ© de dĂ©barquer du thĂ© mais un groupe d'hommes appelĂ© les « Fils de la LibertĂ© Â» s'Ă©tait furtivement glissĂ© sur le bateau la nuit, avant de dĂ©verser tout le thĂ© dans le port.

Des hommes comme Samuel Adams et John Hancock, dont l'action fut suivie de reprĂ©sailles de la part du gouvernement britannique, ont jouĂ© un rĂ´le-clĂ© dans le dĂ©clenchement de la rĂ©volution amĂ©ricaine. Les batailles de Lexington et Concord, les premières de la guerre, sont gagnĂ©es par les AmĂ©ricains dans le Massachusetts, d'une manière qui impressionne le pouvoir colonial britannique. Environ 700 militaires de l'armĂ©e rĂ©gulière britannique, sous le commandement du lieutenant-colonel Francis Smith, reçoivent des ordres secrets pour capturer et dĂ©truire les entrepĂ´ts d'armes que dĂ©tiendrait la milice du Massachusetts Ă©tablie Ă  Concord. Grâce Ă  des renseignements, les Patriots sont avertis plusieurs semaines avant l'expĂ©dition anglaise et dĂ©placent la plupart de leurs stocks en des lieux plus sĂ»rs. Ils obtiennent Ă©galement des informations sur les plans britanniques dans la nuit prĂ©cĂ©dant la bataille et sont alors en mesure d'avertir rapidement les milices de la rĂ©gion des mouvements de l'ennemi. Au terme de combats, elles se rĂ©unissent et la ville de Boston est encerclĂ©e par une immense armĂ©e de plus de 15 000 miliciens venus de toute la Nouvelle-Angleterre.

Peu après, le futur président américain George Washington a décroché sa première victoire lors du siège de Boston de l'hiver de 1775-1776, forçant les Britanniques à évacuer la principale ville de la colonie. L'événement est toujours célébré dans le comté de Suffolk comme Jour de l'Évacuation. Avec Henry Knox, il a fondé l'Arsenal de Springfield, dans la vallée du Connecticut.

RĂ©volte de Shays, en 1787

Portrait contemporain de Daniel Shays et de Job Shattuck.

Le , trois ans après la guerre d'indépendance, les treize colonies nouvellement indépendantes connaissent une situation difficile et le Massachusetts tout particulièrement : citoyens endettés pendant le conflit, contraction du commerce entre les Antilles et le port de Boston. Les industriels anglais exigent que les importateurs du Massachusetts honorent leurs créances. Ceux-ci du coup harcèlent les détaillants qui font de même avec les agriculteurs. À chaque étape, les créanciers refusent le papier monnaie, les paiements en nature ou en titres de propriété. Ils exigent d'être payés en monnaie métallique : or, argent ou cuivre, dans un contexte économique troublé par l’inflation et la dévaluation du dollar. Dans un premier temps, les paysans demandent à l'État de contraindre les créanciers à accepter le papier monnaie mais l'assemblée du Massachusetts refuse.

Daniel Shays, un ouvrier agricole âgé de 39 ans, qui finit la guerre avec le grade de capitaine, en a assez d'attendre le versement de sa solde. Il prend la tête d'un petit groupe de révoltés comptant 700 fermiers armés. Ces petits fermiers révoltés par leur endettement et par l'augmentation des taxes sont baptisés les Shaysites et s'appellent eux-mêmes les Regulators parce qu'ils veulent « influencer le gouvernement[3] ». Ils attaquent Springfield en , s'en prennent aux tribunaux qui prononcent des saisies immobilières et orchestrent une campagne d'intimidation à l'encontre des commerçants de l'Ouest du Massachusetts. Le Massachusetts forme donc une milice d'État sous la direction de Benjamin Lincoln, qui s'empare de l'arsenal fédéral de Springfield et mate la révolte. Shays s'exile dans le Vermont, ses compagnons étant condamnés puis amnistiés.

Adoption de la constitution de l'État

Alors que l'État se gouverne depuis sur la base d'une version lĂ©gèrement amendĂ©e de la charte de 1691, l'assemblĂ©e provinciale soumet Ă  la population en un projet de constitution qui est rejetĂ©. La population rĂ©fute en effet le droit d'Ă©laborer une constitution Ă  une assemblĂ©e Ă©lue uniquement par les propriĂ©taires fonciers. En rĂ©ponse, l'Ă©lection d'une assemblĂ©e constituante est effectuĂ©e le sur la base d'un corps Ă©lectoral masculin sans condition de propriĂ©tĂ© foncière. L'assemblĂ©e se rĂ©unit Ă  partir du Ă  Cambridge et Ă©labore un projet de constitution, largement inspirĂ© des travaux de John Adams, qui est distribuĂ© Ă  la population le . Un parlement bicamĂ©ral doit ĂŞtre Ă©lu par les hommes de 21 ans ou plus gagnant 3 livres par an ou disposant de biens d'une valeur de 60 livres. Les reprĂ©sentants doivent disposer d'une fortune de 200 livres, les sĂ©nateurs d'une de 600 livres et le gouverneur, Ă©lu pour 4 ans et disposant d'un droit de veto sur l'assemblĂ©e, d'une fortune de 1 000 livres. ApprouvĂ© par la majoritĂ© de la population, le texte entra en fonction en [4].

Croissance démographique moins rapide que celle des autres colonies

Lors des dĂ©cennies prĂ©cĂ©dant la guerre d'indĂ©pendance des États-Unis, l'Ă©quilibre entre les colonies Ă©volue. Le Massachusetts n'est plus la plus peuplĂ©e des colonies amĂ©ricaines en 1780, et se retrouve derrière la Virginie, la Pennsylvanie et la Caroline du Nord, bien que sa population ait Ă©tĂ© multipliĂ©e par un peu moins de deux depuis 1750. Les autres colonies ont connu dans la première moitiĂ© du XVIIIe siècle, une forte immigration de familles modestes venues d'Allemagne et d'autres pays europĂ©ens qui s'installèrent comme cultivateurs au pied des Appalaches et dans l'arrière pays agricole, ce qui n'est pas le cas dans le Massachusetts. Comme d'autres colonies importantes de la Nouvelle-Angleterre, le Connecticut et le Rhode Island, il a connu une croissance dĂ©mographique moins rapide que dans les autres colonies. Entre 1750 et 1780, l'accroissement naturel des treize colonies en gĂ©nĂ©ral correspond Ă  95 % de leur croissance dĂ©mographique, qui est globalement très rapide. En moyenne, le taux de mortalitĂ© y est d'environ 25% contre une moyenne d'environ 35 % Ă  40 % en Europe. Parmi les causes possibles, les historiens Ă©voquant un meilleur chauffage, meilleure alimentation et plus grande immunisation contre les Ă©pidĂ©mies car l'habitat est plus dispersĂ©[5]. En 1790, l'AmĂ©rique blanche est encore très rurale, car les cinq premières agglomĂ©rations ne reprĂ©sentent que 136 000 habitants, soit seulement 5,5 % de la population. Ă€ partir de 1790 ont lieu les premiers recensements par ville et par États, au moment d'une polĂ©mique nationale sur l'opportunitĂ© d'Ă©tendre la colonisation Ă  l'ouest. Il est alors dĂ©cidĂ© que le seuil de 60 000 habitants doit ĂŞtre atteint avant de crĂ©er un nouvel État.

Année Population en 1750[6] Population en 1780[6] Position en 1780
Virginie 180 000 habitants 538 000 habitants 1er en 1780
Pennsylvanie 85 000 habitants 327 000 habitants 2e en 1780
Caroline du Nord 51 000 habitants 270 000 habitants 3e en 1780
Massachusetts 188 000 habitants 260 000 habitants 4e en 1780
Maryland 116 000 habitants 245 000 habitants 5e en 1780
Connecticut 111 000 habitants 206 000 habitants 6e en 1780
New York 76 000 habitants 210 000 habitants 7e en 1780
Caroline du Sud 45 000 habitants 180 000 habitants 8e en 1780
New Jersey 51 000 habitants 139 000 habitants 9e en 1780
Rhode Island 33 000 habitants 52 000 habitants 10e en 1780
New Hampshire 27 000 habitants 87 000 habitants 11e en 1780
GĂ©orgie 5 200 habitants 56 000 habitants 12e en 1780
Maine 0 habitant 49 000 habitants 13e en 1780
Vermont 0 habitant 47 000 habitants 14e en 1780
Delaware 19 000 habitants 45 000 habitants 15e en 1780
Kentucky 0 habitant 45 000 habitants 16e en 1780
Tennessee 0 habitant 10 000 habitants 17e en 1780

Révolution industrielle dans le textile au XIXe siècle

Usine textile à Lowell (Massachusetts), cœur battant de la révolution industrielle au début du XIXe siècle dans le Massachusetts.

Au XIXe siècle, le Massachusetts est devenu une locomotive de la révolution industrielle américaine, avec des usines en grand nombre autour de Boston, très actives dans la production de textiles et de chaussures, tout comme son petit voisin du Rhode Island. Le Massachusetts avait aussi des usines autour de Springfield, plus spécialisées dans la production d'outils de précision et de papier. Ces entreprises auront recours aux immigrants catholiques de l'Irlande et du Canada. La première usine de laine, dans la vallée de Blackstone, fut un moulin à carder de la laine, créé en 1810 par Daniel Day, près de la rivière West et la rivière Blackstone, à Uxbridge. Puis, en 1813, un groupe de riches marchands de Boston dirigé par Francis Cabot Lowell, les Associés de Boston, a établi une usine de textile à Waltham

Le recours à l'énergie hydraulique et plus tard à la machine à vapeur, dans les années 1850, permet un développement industriel rapide, qui emprunte les canaux et chemins de fer pour le transport de marchandises et de matériaux. Grâce au succès de la Boston Manufacturing Company, à Waltham, les Associés de Boston ont permis le développement de plusieurs autres villes-champignon tirant leur croissance du textile : Lowell en 1823, Laurent en 1845, Chicopee en 1848 et Holyoke en 1850.

Ouverture de la Bourse de Boston en 1835

La Bourse de Boston compte, à son ouverture en 1835, seize sociétés industrielles du Massachusetts cotées, qui ont une moyenne d'âge de huit ans. Il est alors encore très rare de voir des sociétés industrielles cotées en Bourse, la plupart étant plutôt des banques ou des services publics. Le nombre de sociétés industrielles augmente rapidement : 46 en 1854 et 51 en 1865. Mais leurs actions sont moins échangées que celles des sociétés de chemin de fer, foncières ou des banques. Treize des seize sociétés admises en 1835 à la Bourse de Boston ont une valeur nominale d'action de mille dollars, signe d'un actionnariat restreint. Les nominaux d'autres sociétés sont ensuite dix à vingt fois plus modestes. Un bâtiment pour la Bourse est construit en 1847[7].

Guerre de SĂ©cession

Le Massachusetts joue un rôle important lors des événements nationaux avant et pendant la guerre de Sécession. Le Massachusetts domine le mouvement naissant de l'anti-esclavagisme pendant les années 1830, motivant les militants à travers le pays. Ceci, à terme, augmente la fragmentation entre le Nord et le Sud, l'un des facteurs qui conduit à la guerre[8]. Les politiciens du Massachusetts, faisant écho aux vues des activistes sociaux, accroissent encore les tensions nationales. L'état est dominé par le parti républicain, et abrite également beaucoup de dirigeants républicains radicaux qui promeuvent un traitement rigoureux des propriétaires d'esclaves et, plus tard, des États confédérés d'Amérique[9].

Une fois que les hostilités commencent, le Massachusetts soutient l'effort de guerre, à maints égards. En termes de matériel de guerre, le Massachusetts, en tant que principal centre industriel et de manufacture, est prêt pour devenir l'un des principaux producteurs de munitions et de fournitures. La source la plus importante d'armement dans le Massachusetts est la manufacture d'armes de Springfield.

Succès industriel dans les activités militaires au XXe siècle

Les changements dans la population des municipalités du Massachusetts. Cliquer pour voir l'animation.

La Seconde Guerre mondiale a précipité de grands changements dans l'économie du Massachusetts. Dans les années suivantes, l'État a vu son économie plus fondée sur les services et la technologie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement américain avait construit des installations qu'ils louées, revendues dans les années d'après-guerre vendus à des entrepreneurs de l'industrie de défense, avec des installations de recherche qui ont contribué à créer une industrie moderne, et la formation d'une nouvelle génération de la classe moyenne.

Annexes

Références

  1. André Kaspi, Les Américains, tome 1, p. 16, Paris, Le Seuil, 1996, (ISBN 202009360X)
  2. André Kaspi, Les Américains, tome 1, p. 17, Paris, Le Seuil, 1996, (ISBN 202009360X)
  3. Davis PSzatmary, Shay's Rebellion: The Making of a agrarian insurrection, University of Massachusetts Press, 1984, p. 56
  4. Francis D. Cogliano, Revolutionary America 1763 - 1815, A Political History, Second Edition, New York, Routledge, Kindle Edition, Chapitre 7, section "Constitution-making in the States", paragraphes 8, 9 et 10
  5. André Kaspi, Les Américains
  6. source "Historical statistics of the United states", page 1168
  7. Thomas H. O'Connor, The Athens of America: Boston, 1825-1845
  8. Foner, p. 196
  9. Brown, Tager 2000, p. 194

Bibliographie

  • (en) Richard D. Brown et Jack Tager, Massachusetts : a concise history, University of Massachusetts Press, , 361 p. (ISBN 978-1-55849-249-3).
  • (en) Free Soil, Free Labor, Free Men : the Ideology of the Republican Party Before the Civil War, New York, Oxford University Press, (1re Ă©d. 1970), 353 p., poche (ISBN 978-0-19-509497-8, LCCN 94019304, lire en ligne).

Liens externes

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