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Hina matsuri

Hina matsuri (雛焭り, littĂ©ralement « fĂȘte des poupĂ©es ») est une fĂȘte traditionnelle qui a lieu chaque annĂ©e au Japon le , jour consacrĂ© aux petites filles.

Hina matsuri
Estrade de poupées japonaises.
Estrade de poupées japonaises.

Nom officiel 雛焭り
Observé par Japon
Signification Jour consacré aux petites filles
Date 3 mars

Les jours précédant le , les petites filles japonaises exposent de précieuses poupées posées sur des petites estrades à plusieurs niveaux. Ces poupées spéciales, qui se transmettent parfois de génération en génération, sont rangées dans un carton tout le reste de l'année. Elles représentent des personnages de la cour impériale de l'Úre Heian.

Origine et tradition

Hina matsuri remonte Ă  l'Ă©poque Heian. Elle fait partie des cinq « festivals de saison » (äș”çŻ€ć„, go-sekku) correspondant aux dates du calendrier traditionnel chinois : le premier jour du premier mois, le troisiĂšme jour du troisiĂšme mois, etc. AprĂšs l'adoption du calendrier grĂ©gorien par le Japon, les dates de ces fĂȘtes ont Ă©tĂ© fixĂ©es au 1er janvier, au 3 mars, au 5 mai, au 7 juillet et au 9 septembre. La fĂȘte a d'abord Ă©tĂ© appelĂ©e « festival des pĂȘches » (æĄƒăźçŻ€ć„, momo no sekku) car les fleurs de pĂȘchers s'ouvraient Ă  cette pĂ©riode[1]. Ce n'est plus le cas depuis le passage au calendrier grĂ©gorien, mais le nom est encore utilisĂ© et les pĂȘches restent un symbole de cette fĂȘte[2].

Historique

La plus ancienne trace d'utilisation de poupĂ©es lors du « festival des pĂȘches » remonte Ă  1625 avec Oki-ko, la fille de l'empereur Go-Mizunoo. Les dames de la cour impĂ©riale lui ont disposĂ© des accessoires pour qu'elle puisse jouer avec des poupĂ©es (雛遊び, hina asobi). AprĂšs qu'Oki-ko succĂšde Ă  son pĂšre sous le nom d'impĂ©ratrice Meishƍ, « Hina Matsuri » devient le nom officiel de la fĂȘte en 1687. Les fabricants de poupĂ©es commencent alors Ă  fabriquer des poupĂ©es Ă©laborĂ©es pour le festival, certaines faisant jusqu'Ă  un mĂštre de haut jusqu'Ă  ce que la loi limite leurs tailles. La disposition des poupĂ©es ou é››éŁŸă‚Š (hinakazari) Ă©volue ensuite pour inclure jusqu'Ă  quinze poupĂ©es et leurs accessoires. Les escaliers sont ajoutĂ©s pour mettre les poupĂ©es les plus chĂšres hors de portĂ©e des jeunes enfants[3].

Pendant l'Ăšre Meiji, le Japon se modernise et l'empereur reprend du pouvoir. Hina matsuri et d'autres fĂȘtes similaires sont alors remplacĂ©es par de nouvelles fĂȘtes cĂ©lĂ©brant le lien entre l'empereur et sa nation, mais la fĂȘte est ensuite restaurĂ©e : en mettant l'accent sur le mariage et la famille, elle reprĂ©sente les espoirs et les valeurs du Japon, et les poupĂ©es Ă©tant censĂ©es reprĂ©senter l'empereur, l'impĂ©ratrice et leur cour, elles symbolisent aussi le respect pour le trĂŽne impĂ©rial. La fĂȘte s'est aussi rĂ©pandue dans d'autres pays Ă  travers la diaspora japonaise, mais demeure restreinte aux Ă©migrĂ©s japonais et Ă  leur descendance[3].

Tradition

Impératrice et son costume de l'Úre Heian.
Empereur et son costume de l'Ăšre Heian.

Le principal aspect du Hina matsuri est l'exposition de poupĂ©es, en particulier les deux principales, la « poupĂ©e homme » (男雛, obina) et la « poupĂ©e femme » (ć„łé››, mebina), qui reprĂ©sentent des mariĂ©s de l'Ăšre Heian[2], mais qui sont plus souvent dĂ©crits comme l'empereur et l'impĂ©ratrice du Japon[3], gĂ©nĂ©ralement sur un tissu rouge. Ce sont souvent des poupĂ©es traditionnelles trĂšs dĂ©taillĂ©es, mais Ă  dĂ©faut de poupĂ©es, on peut reprĂ©senter un couple en origami ou deux images. Les dispositions plus Ă©laborĂ©es se font sur une estrade en escalier (雛棇, hinadan) avec d'autres poupĂ©es reprĂ©sentant des dames de la cour, des musiciens et des serviteurs, avec toutes sortes de vĂȘtements et d'accessoires. L'ensemble des poupĂ©es et des accessoires est appelĂ© hinakazari (é››éŁŸă‚Š)[1]. Le nombre d'Ă©tages et de poupĂ©es qu'il contient dĂ©pend des familles et de leur budget.

Les familles s'assurent normalement d'avoir au moins les deux poupĂ©es principales pour le premier Hina matsuri de leurs filles. Les poupĂ©es sont souvent trĂšs chĂšres, et peuvent se passer dans les familles de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Les Ă©lĂ©ments du hinakazari passent le plus clair de l'annĂ©e rangĂ©s, et les filles et leurs mĂšres commencent Ă  les exposer quelques jours avant le 3 mars (les garçons ne participent gĂ©nĂ©ralement pas, la fĂȘte du Tango no sekku le 5 mai leur Ă©tant traditionnellement consacrĂ©e)[4]. Les poupĂ©es doivent ĂȘtre rangĂ©es dĂšs le lendemain du Hina matsuri, la superstition voulant que si elles restent trop longtemps en place, la fille de la maison se mariera plus tard, mais certaines familles les laissent en place pendant tout le mois de mars[4]. L'encouragement Ă  ranger rapidement les poupĂ©es vient de l'humiditĂ© qui rĂšgne pendant le mois de mars aprĂšs la fĂȘte et qui pourrait les endommager. Historiquement, les poupĂ©es Ă©taient aussi utilisĂ©es comme jouets[3], mais de nos jours il s'agit de poupĂ©es de collection uniquement dĂ©coratives[4]. Les poupĂ©es ne sont gĂ©nĂ©ralement plus exposĂ©es aprĂšs le dixiĂšme anniversaire de la fille de la maison[3].

Les poupĂ©es Ă©taient supposĂ©es protĂ©ger des mauvais esprits. Des cĂ©rĂ©monies de nagashi-bina (æ”ă—é››, littĂ©ralement « poupĂ©es flottantes ») se tiennent Ă©galement partout au Japon Ă  cette pĂ©riode, oĂč des poupĂ©es de papier ou de paille sont placĂ©es sur des barques flottant sur les riviĂšres, afin d'emporter avec elles les pĂ©chĂ©s et les impuretĂ©s. À certains endroits comme le musĂ©e des poupĂ©es Nagashibina Ă  Tottori, la cĂ©rĂ©monie a lieu selon les dates du calendrier luni-solaire traditionnel, plutĂŽt qu'Ă  la date fixe du 3 mars[5].

Pour cĂ©lĂ©brer Hina matsuri, on boit traditionnellement du amazake, du shirozake ou du tĂŽkashu, biĂšres traditionnelles peu ou pas alcoolisĂ©es Ă  base de riz, et on mange des hina arare, biscuits Ă  base de riz et des sushis chirashi[6], ainsi que des sakuramochi et de la soupe de coquillages (ă†ă—ăŠæ±, ushiojiru), les coquilles symbolisant un couple uni[2]. Des sucreries kinkatƍ (é‡‘èŠ±çł–) sont habituellement placĂ©es en offrandes devant l'autel des poupĂ©es[7].

Disposition des poupées

Disposition complÚte de poupées sur sept niveaux.

La disposition des poupĂ©es (notamment l'empereur et l'impĂ©ratrice) Ă  gauche ou Ă  droite dĂ©pend des rĂ©gions et des traditions familiales, mais l'ordre des poupĂ©es par Ă©tage est le mĂȘme. L’escalier sur lequel sont disposĂ©es les poupĂ©es est appelĂ© hinadan (雛棇), il est recouvert d’un tapis de feutre rouge[6] nommĂ© dankake (æź”æŽ›) ou simplement hi-mƍsen (ç·‹æŻ›æ°ˆ). La description qui suit est celle de la disposition la plus complĂšte, comme sur la photographie. Cependant, on peut se contenter d'un ensemble plus simple, avec seulement le couple impĂ©rial.

Premier niveau

Les deux poupées du couple impérial devant leur paravent doré. Les lampes sont également partiellement visibles.

Sur le niveau le plus haut se trouvent les deux « poupĂ©es impĂ©riales » (ć†…èŁé›› (だいりびăȘ), dairi-bina), le mot dairi dĂ©signant la rĂ©sidence de l'Empereur du Japon. La poupĂ©e homme, obina, tient un bĂąton rituel (笏, shaku) tandis que la poupĂ©e femme mebina tient un Ă©ventail. Le couple est Ă©galement connu sous les noms de tono (æźż, seigneur) et hime (槫, princesse), ou encore ăŠć†…èŁă•ăŸ (O-Dairi-sama) et ăŠé››ă•ăŸ (O-Hina-sama)[6]. Bien qu'ils soient appelĂ©s Empereur et ImpĂ©ratrice, ils reprĂ©sentent des fonctions et non de vrais individus (sauf pendant l'Ăšre Meiji oĂč certaines poupĂ©es reprĂ©sentaient l'Empereur Meiji et son Ă©pouse l'ImpĂ©ratrice Shƍken).

Un paravent (ć±éąš, byƍbu) dorĂ© fait souvent office d'arriĂšre-plan et des arbres verts sont placĂ©s de part et d'autre du couple impĂ©rial[3]. On peut aussi ajouter deux lampes traditionnelles (é›Ș掞, bonbori) et des lanternes de papier ou de soie hibukuro (ç«èą‹), gĂ©nĂ©ralement dĂ©corĂ©es de motifs de cerisiers ou de pruniers en fleurs.

Les dispositions les plus complĂštes ajoutent aussi des accessoires placĂ©s entre les deux poupĂ©es, appelĂ©s sanbƍ kazari (侉æ–čéŁŸ), composĂ©s de deux vases de branches de pĂȘcher (ćŁèŠ±, kuchibana) artificielles.

En gĂ©nĂ©ral, dans le Kansai la poupĂ©e masculine se trouve Ă  droite, tandis que dans le Kantƍ elle se trouve Ă  gauche (du point de vue du spectateur).

DeuxiĂšme niveau

Sur le deuxiĂšme niveau sont disposĂ©es trois dames de cour (侉äșș柘愳, san-nin kanjo)[6] servant le sakĂ© au couple impĂ©rial. Deux d'entre elles sont debout et portent des pichets de sakĂ©, l'un avec une poignĂ©e longue (é•·æŸ„ăźéŠšć­, nagae no chƍshi) et l'autre avec une poignĂ©e courte (抠えぼ銚歐, kuwae no chƍshi). La troisiĂšme dame (侉æ–č, Sanpƍ) se place au milieu devant une petite table et peut ĂȘtre assise ou Ă  genoux[3].

Entre les dames se trouvent des accessoires nommĂ©s é«˜ć (takatsuki), constituĂ©s de tablettes rondes portant des sucreries de saison Ă  l'exception des hishi mochi qui sont placĂ©s sur un autre niveau.

TroisiĂšme niveau

Cinq musiciens (äș”äșș曃し, Go-nin bayashi)[6] se tiennent sur la troisiĂšme marche. Chacun d'entre eux tient un instrument de musique, sauf le chanteur qui porte un Ă©ventail[3] - [8] :

  1. Petit tambour (ć€Ș錓, Taiko), assis,
  2. Grand tambour (ć€§éŒ“, ƌtsuzumi), debout,
  3. Tambour Ă  main (ć°éŒ“, Kotsuzumi), debout,
  4. FlĂ»te (笛, Fue), ou æšȘ笛 (Yokobue), assis,
  5. Chanteur (èŹĄă„æ–č, Utaikata), avec un Ă©ventail pliant (æ‰‡ć­, sensu), debout.

Dans certains anciens ensembles, on trouvait sept voire dix musiciens. Dans au moins l'un d'entre eux, les musiciens Ă©taient des femmes[3].

QuatriĂšme niveau

La quatriĂšme Ă©tagĂšre inclut souvent deux ministres (ć€§è‡Ł, daijin), qui reprĂ©sentent soit les gardes du corps de l'empereur, soit des administrateurs Ă  Kyoto : le ministre de gauche (ć·Šć€§è‡Ł, sadaijin) et le ministre de droite (ćłć€§è‡Ł, udaijin). Ils sont tous les deux Ă©quipĂ©s d'arcs et de flĂšches. Le ministre de droite est gĂ©nĂ©ralement reprĂ©sentĂ© jeune et celui de gauche plus ĂągĂ©, car cette position est rĂ©servĂ©e Ă  l'aĂźnĂ© des deux. Parce que les poupĂ©es sont placĂ©es relativement l'une Ă  l'autre, le ministre de droite est en fait Ă  droite de la scĂšne (donc Ă  gauche du point de vue du spectateur) et le ministre de gauche de l'autre cĂŽtĂ©[3] - [8].

Entre les deux poupĂ©es sont placĂ©es des tables couvertes de bols, appelĂ©es æŽ›ç›€è†ł (kakebanzen) ou ăŠè†ł (o-zen). On place Ă©galement des hishimochi, des petits mochi tricolores, en forme de losange, sur des tablettes de mĂȘme forme[8].

Juste devant les ministres se trouvent des arbustes : Ă  droite un mandarinier (ćłèż‘ăźæ©˜, Ukon no tachibana), Ă  gauche un cerisier en fleurs (ć·Šèż‘ăźæĄœ, Sakon no sakura).

CinquiĂšme niveau

La cinquiĂšme marche, entre les arbres, contient trois serviteurs (仕䞁, shichƍ) ou protecteurs (èĄ›ćŁ«, eji) du couple impĂ©rial[3] - [8] :

  1. Buveur qui pleure (æłŁăäžŠæˆž, nakijƍgo),
  2. Buveur en colĂšre (æ€’ă‚ŠäžŠæˆž, okorijƍgo),
  3. Buveur qui rit (çŹ‘ă„äžŠæˆž, waraijƍgo).

Niveaux inférieurs

Sur les niveaux infĂ©rieurs sont prĂ©sents divers personnages et accessoires miniatures, comme des chars Ă  bƓufs.

SixiĂšme niveau

On y trouve des objets et des meubles utilisés au palais impérial :

  • çźȘ珄 (tansu) : commode Ă  cinq tiroirs, parfois avec des portes supplĂ©mentaires couvrantes.
  • 長持 (nagamochi) : grand coffre de rangement des kimonos.
  • æŒŸçź± (hasamibako) : coffre de rangement de vĂȘtements plus petit, placĂ© sur le nagamochi.
  • 鏡揰 (kyƍdai) : littĂ©ralement « porte-miroir », une commode plus petite surmontĂ©e d'un miroir.
  • é‡çź± (haribako) : nĂ©cessaire de couture.
  • Deux 火鉹 (hibachi) : braseros.
  • 揰歐 (daisu) : un ensemble de ăŠèŒ¶é“ć…· (ocha dƍgu) ou èŒ¶ăźæčŻé“ć…· (cha no yu dƍgu), c'est-Ă -dire des ustensiles pour la cĂ©rĂ©monie du thĂ©.

SeptiĂšme niveau

On y trouve d'autres objets et meubles utilisés au palais impérial :

  • é‡çź± (jubako), un ensemble de boĂźtes laquĂ©es imbriquĂ©es, tenues ensemble soit par une corde passĂ©e autour d'elles, soit par une poignĂ©e rigide.
  • ćŸĄé§•ç±  / ćŸĄé§•çŻ­ (gokago), un palanquin.
  • ćŸĄæ‰€è»Š (goshoguruma), un char Ă  bƓufs utilisĂ© par les nobles de l'Ăšre Heian. Il peut aussi ĂȘtre appelĂ© 牛車 (gisha / gyuusha).
  • Moins frĂ©quemment, 花車 (hanaguruma), une charrette de fleurs tirĂ©e par un bƓuf.

Références

  1. (en) « "Hinamatsuri": Japan's Doll Festival », sur Nippon.com, Nippon Communications Foundation, (consulté le ).
  2. (en-US) Makiko Itoh, « Delicious dishes that are fit for a princess », The Japan Times,‎ (ISSN 0447-5763, lire en ligne, consultĂ© le ).
  3. (en) Judy Shoaf, « Girls' Day Dolls », sur Université de Floride (consulté le ).
  4. (en) Tetsuo Nakahara, « Girl power the Hina Matsuri way » [archive du ], sur Stripes Okinawa, (consulté le ).
  5. (en) Jake Davies, « Nagashibina Doll Museum », sur JapanVisitor Japan Travel Guide (consulté le ).
  6. « Hina matsuri, la fĂȘte des filles », sur www.nippon.com, (consultĂ© le ).
  7. « L’art des sucreries raffinĂ©es « kinkatĂŽ » pour la fĂȘte des filles de Kanazawa », sur Nippon.com, (consultĂ© le ).
  8. (en-US) « Hina Matsuri (The Doll's Festival) », sur Zooming Japan, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

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