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Henry E. Burel

Henry E. Burel est la signature d'artiste de Henri Armand Émile Burel, artiste peintre, poète et illustrateur français né à Fécamp le 8 juin 1883, mort à Fécamp le 4 mars 1967. Il fut parallèlement actif à Fécamp dans le domaine du séchage, du conditionnement et du négoce de la morue.

Henry E. Burel
Naissance
Décès

FĂ©camp
Nom de naissance
Henri Armand Émile Burel
Nationalité
Française
Activités
Artiste peintre, poète et illustrateur
Autres activités
séchage, conditionnement et négoce de la morue
Maître
André Paul Leroux (1870-1950)
Mouvement
École fécampoise
Distinction
Président d'honneur de la Société des artistes normands

Biographie

« Potache, il vouait son cœur à la mer » évoque René Domergue[1]. L'attirance dès sa jeunesse d'Henry E. Burel pour la peinture nous est également restituée au travers de cette passion commune - qu'il évoque lui-même[2] - qui le lie alors au futur décorateur René Crevel dont la famille, venue de Rouen, s'est installée à Fécamp en 1895. Les deux amis vivent en partage des « dimanches de peinture » qui consistent à se rendre à bicyclette en pleine nature et à y peindre sur le motif[3].

Henry E. Burel épouse Blanche Alice Pope le 17 octobre 1908 à Fécamp où le couple réside boulevard Albert-Ier, ses deux enfants y naissant, Andrée en 1910 (elle prendra par son mariage le nom de Huguet) et Pierre-Henry en 1911. Dans ses mémoires, F. Bogers, militaire basé pendant la Première Guerre mondiale à Fécamp où l'armée belge a implanté un camp d'instruction, évoque en la maison - dont le maître des lieux voue « un véritable culte à Monet et à Sisley » et touche à la poésie en violon d'Ingres - un lieu fréquenté d'artistes et d'écrivains, Ernest Hemingway y séjournant en avril 1917 et, dans une amicale complicité, s'y amusant à recomposer en langue anglaise des poèmes de Burel[4].

D'autres visiteurs habitués nous sont cependant restitués par un proche d'Henry E. Burel, le poète André Chardine (1902-1971), futur conservateur du Palais Bénédictine[5], qui situe en ces années 1917-1919 la fondation par ces amis poètes et artistes d'une « ambitieuse » École fécampoise, parrainés en cela par l'écrivain Georges Normandy (« À l'heure actuelle, une véritable École de Fécamp s'adonne à l'art pictural, non sans bonheur » s'enchante celui-ci dès mai 1917[6]) et soutenus par Eugène Leroux, directeur du Journal de Fécamp qui publie leurs poèmes dans ses colonnes. Outre « le peintre Henry E. Burel, qui rimait d'agréables croquis et des pièces descriptives qu'il n'a pas rassemblés », on relève les noms de Charles Argentin, Gaston Demongé et Henri Maugis, futur auteur de nombreuses préfaces de la collection Classiques Larousse[7].

Si l'on y relève plus rarement des portraits et des natures mortes, la peinture de Henry E. Burel est essentiellement caractérisée, écrit Gérald Schurr, par « une vision claire, aimable et simplificatrice des paysages maritimes de la cote normande »[8], au-delà desquels se trouvent cependant quelques vues de la Bretagne (Camaret-sur-Mer, Saint-Malo) et de la Côte d'Azur (Villefranche-sur-Mer)[9]. En dehors de son art, il mène une vie professionnelle liée au conditionnement et au négoce de la morue, d'abord en tant que directeur de la sécherie Le Borgne, ensuite en tant que cofondateur, avec son frère Fernand, de la Société Jean Prentout et Burel Frères (marque commerciale « Conserves PBF »).

C'est l'homme de lettres havrais Bernard Esdras-Gosse (1903-1962) qui, dans son panorama de la production artistique en Normandie après la Seconde Guerre mondiale, conforte la notion d'École fécampoise de peinture : « avec Fécamp, autre centre artistique de la Seine-Maritime, nous nous trouvons en présence d'un petit groupe, le seul où le mot "école" conserve pleinement son sens ancien. Une école dans laquelle Henry E. Burel fait figure de chef de file avec, entre autres, Adrien de Chanteloup (1907-1988) et Jean Laperdrix (1912-2005) pour disciples, tous plus ou moins orientés vers la traduction des paysages marins, tous plus ou moins peintres de la mer. "L'École fécampoise", dit-on fréquemment, et, cette fois, c'est vrai »[10].

Mort le 4 mars 1967, Henry E. Burel repose au cimetière de Fécamp.

Contributions bibliophiliques

Expositions

Expositions personnelles

  • Galerie Barreiro, Paris, 1929, 1930, 1931, 1935, 1936.
  • Galerie Jean-Jacques-Rousseau, Le Havre, juin-juillet 1948.
  • Galerie AndrĂ© Maurice, Paris, fĂ©vrier-mars 1952[11] - [12] - [13], janvier 1957 (rĂ©trospective sous la prĂ©sidence d'honneur d'AndrĂ© Marie).
  • Galerie Jacques Hamon, Le Havre, 1953.

Expositions collectives

RĂ©ception critique

  • « Ce jeune artiste n'a pas seulement, comme mille autres peintres - et des meilleurs - un Ĺ“il et une patte. Il ne traduit pas seulement, d'instinct, son impression : il la dĂ©taille, il la savoure, il l'analyse, il lui donne son ĂŞtre tout entier Ă  l'exemple de son maĂ®tre AndrĂ© Paul Leroux. Mais tandis que ce dernier abandonne aux spectacles la totalitĂ© de ses sens et de son cĹ“ur, Henry E. Burel, les sens aussi vibrants que ceux du maĂ®tre fĂ©campois, remplace le cĹ“ur par l'intelligence, et cela au point de traduire ses Ă©motions picturalement et littĂ©rairement… En lisant ses poèmes, les amateurs, tout en constatant l'intĂ©rĂŞt puissant prĂ©sentĂ© par le talent d'Henry E. Burel, se convaincront que la littĂ©rature, telle que la pratiquent des dizaines de nouveaux venus trop pressĂ©s de publier, est un art que possèdent aisĂ©ment, sans aucune Ă©tude, les hommes bien douĂ©s. » - Georges Normandy[19]
  • « La mer, Burel l'a dans le sang. Ne fut-elle point l'Ă©mouvante et rude compagne des capitaines terre-neuvas, ses ancĂŞtres ?… L'Ĺ“uvre de Burel est d'un peintre farci de tendresse pour l'eau charriant des navires, giflant les falaises; noyant les plages, bavant sa fureur, mettant des touches d'or et de turquoise au bas d'un ciel embrasé… PassionnĂ© de tout ce qui - de Dieppe Ă  FĂ©camp, de Cannes Ă  Villefranche-sur-Mer - par le truchement des brosses, Ă©voque l'univers marin, Burel, enthousiaste et probe, mĂ©rite hautement le titre de "peintre de la mer" que lui dĂ©cernent les artistes normands de Rouen, ses confrères. » - RenĂ© Domergue[1]
  • « Les qualitĂ©s des marines de Burel sont aussi discrètes que profondes. Un coup d'Ĺ“il superficiel vous ferait aisĂ©ment croire qu'elles sont grises. Mais il suffit de les regarder un peu mieux pour les voir s'animer d'un très prĂ©cieux nuancement de tons chaleureux, de lumières qui touchent le cĹ“ur, lui communiquant un heureux amour. Burel aime ce qu'il montre et possède Ă  un haut degrĂ© l'art de nous le faire aimer Ă  notre tour. Ses thèmes favoris, il n'a mĂŞme pas, par gros temps, Ă  sortir de sa maison pour les trouver soumis d'avance Ă  l'hommage de sa ferveur. NĂ© Ă  FĂ©camp, issu d'une lignĂ©e de capitaines terre-neuvas, les brumes et la tempĂŞte sont les domaines qu'il lui appartient de contempler de sa fenĂŞtre. Il est lĂ  dans son Ă©lĂ©ment, sa patrie. Il ne sera lamais las d'en cĂ©lĂ©brer les changeantes merveilles, de Honfleur Ă  Étretat, sous le plus beau ciel du monde… Henry E. Burel mĂ©rite le nom respectĂ© qu'il s'est fait - PrĂ©sident d'honneur des artistes normands - par les peintres-poètes de la mer. » - Maximilien Gauthier[20]
Falaises de FĂ©camp et d'Yport.
  • « Son style rude taille dans les bistres, les noirs, les ocres et les gris, l'univers et la vie du marin et, dans des gammes plus riantes, mais c'est dimanche, les plaisirs des rĂ©gatiers. » - Jean Chabanon[21]
  • « Henry E. Burel habite Ă  FĂ©camp une maison sur la mer qu'il peut regarder, peindre sous tous ses aspects, forte ou calme, ensoleillĂ©e ou proche du grain ; Ă  Dieppe, Ă  Honfleur, Ă  Étretat, Ă  Yport, il peint les barques Ă©chouĂ©es, les jetĂ©es sous le vent, les plages, le va-et-vient des ports de pĂŞche. C'est un art sans Ă©clat, sans virtuositĂ©, mais solidement construit par un homme passionnĂ© pour ce qu'il voit et pour ce qu'il sent. » - Pierre Descargues[22]
  • « Le Normand Henry E. Burel a laissĂ© de solides paysages des falaises d'Étretat et d'Yport : sa Falaise du musĂ©e des Beaux-Arts de Rouen, signĂ©e en 1951, montre une touche dĂ©licate et prĂ©cise. » - GĂ©rald Schurr[23]

Collections publiques

  • MusĂ©e des PĂŞcheries, FĂ©camp :
    • Vapeur chargeant de l'eau sur les quais de FĂ©camp, huile sur toile 30 x 40c m, 1916.
    • Autoportrait, huile sur toile 46 x 38 cm, 1929.
    • L'avant-port, navires dans le bassin, huile sur toile 89 x 116 cm, avant 1931.
    • La rade de FĂ©camp par temps gris, huile sur toile 89 x 106 cm, 1931.
    • DĂ©chargement d'un drifter de l'armement Leporc, huile sur toile 54 x 65 cm, 1934.
    • La corderie de la Verte OrĂ©e, huile sur toile 50 x 61 cm, 1937.
    • Les grandes Ă©coles, FĂ©camp, huile sur toile 50 x 61 cm, 1937.
    • L'avant-port de FĂ©camp sous la neige, huile sur panneau, 50 x 61 cm, 1938.
    • Voilier en construction, chantier Georges Argentin, huile sur toile 50 x 61 cm, 1945.
    • L'ĂŽle-de-France Ă  quai, huile sur toile 46 x 55 cm, 1946.
    • Marine Ă  Yport - Barques de pĂŞche, huile sur toile 38 x 55 cm, 1947.
    • Bec-de-Mortagne - Vue de l'Ă©glise, huile sur toile 46 x 55 cm, non datĂ©e.
  • MusĂ©e d'art moderne AndrĂ©-Malraux, Le Havre :
    • Paysage de FĂ©camp, huile sur toile 54 x 65 cm, 1933[24].
    • Le bassin de FĂ©camp, huile sur toile 50 x 61 cm, 1933[25].
    • Marine - Étretat, huile sur toile 48,5 x 57 cm, 1933[26].
  • MusĂ©e des Beaux-Arts de Rouen :
    • Le pont Boieldieu Ă  Rouen avant sa destruction le 9 juin 1940 (I), huile sur toile 50 x 61 cm, 1938[27].
    • Le Pont Boieldieu Ă  Rouen avant sa destruction le 9 juin 1940 (II), huile sur toile 54 x 65 cm, 1938, en dĂ©pĂ´t au Tribunal de commerce de Rouen[28].
    • Ruines de Rouen en 1944 - La tour Saint-AndrĂ© et l'abside Saint-Éloi, huile sur toile 55 x 46 cm, 1944[29].
    • Bombardement de Rouen en 1944, huile sur toile 50 x 61 cm, vers 1944, en depĂ´t au Service des eaux de la ville de Rouen[30].
    • Falaise d'Étretat, huile sur toile 73 x 92 cm, 1951[31].

Collections privées

Distinctions

  • PrĂ©sident, puis prĂ©sident d'honneur de la SociĂ©tĂ© des artistes normands.

Références

  1. René Domergue, Henry E. Burel, éditions Galerie André Maurice, 1952.
  2. Henry E. Burel, « Fécamp, cité de peintres », Annales du patrimoine de Fécamp - Association Fécamp Tere-Neuve, n°18, 2011, pp. 96-101.
  3. Jane Otmezguine, René Crevel, peintre, architecte, décorateur, Éditions Main d'œuvre, Nice, 2019.
  4. F. Bogers, L'Odyssée belge à Fécamp en 1914, L. Durand et fils, Fécamp, 1974.
  5. Christian Laballery, « André Chardine, un poète à Fécamp », Annales du patrimoine de Fécamp - Association Fécamp Terre-Neuve, n°19, 2012.
  6. Georges Normandy, « André Paul Leroux », Normandie - Revue régionale illustrée mensuelle, n°2, mai 1917.
  7. André Chardine, « Commémoration d'un jeune poète : Charles Argentin », Études normandes, n°211, 1968, pp. 1-6.
  8. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1980, p. 76.
  9. Sébastien Chalot et Associés, Vente de tableaux provenant de l'atelier de Henry E. Burel, hôtel des ventes de Fécamp, 15 janvier 2022.
  10. Bernard Esdras-Gosse, « La production artistique depuis la Libération », Études normandes, n°54, 1955, pp. 436-440
  11. André Warnod, « Henry E. Burel à la Galerie Maurice », Le Figaro, 28 février 1952.
  12. A.-H. Martinie, « Henry E. Burel », La Parisien libéré, 5 mars 1952.
  13. H. H. « Henry E. Burel », Journal de l'Amateur d'art, 14 mars 1952.
  14. Georges Normandy, « Les Normands à Paris », La Revue normande, n°29-30, novembre-décembre 1918, pp. 245-247.
  15. « Le Congrès régionaliste de Fécamp - Une visite de l'exposition des arts régionaux », Le Journal de Rouen, 27 juillet 1924
  16. Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.3, p. 11.
  17. Musée d'art moderne de la ville de Paris, catalogue du Salon des indépendants, 1943.
  18. Société des artistes indépendants, liste des artistes associés
  19. Georges Normandy, « L'École de Fécamp - Le peintre Henry E. Burel », Normandie - Revue régionale illustrée mensuelle, n°4, juillet 1917.
  20. Maximilien Gauthier, « Henry E. Burel », Les Nouvelles littéraires, janvier 1957.
  21. Jean Chabanon, « Henry E. Burel », Le Peintre - Guide de l'Amateur d'art, 1er mars 1952.
  22. Pierre Descargues, « Burel le marin à la Galerie André Maurice », Les Lettres françaises, 6 mars 1952.
  23. Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, 1975, vol.1, p. 110.
  24. Musée d'art moderne André-Malraux, "Paysage de Fécamp" dans les collections
  25. Musée d'art moderne André-Malraux, "Le bassin de Fécamp" dans les collections
  26. Musée d'art moderne André-Malraux, "Marine - Étretat" dans les collections
  27. Musée des Beaux-Arts de Rouen, "Le pont Boieldieu avant sa destruction le 9 juin 1940 (I)" dans les collections
  28. Musée des Beaux-Arts de Rouen, "Le pont Boieldieu avant sa destruction le 9 juin 1940 (II)" dans les collections
  29. Musée des Beaux-Arts de Rouen, "Ruines de Rouen en 1944" dans les collections
  30. Musée des Beaux-Arts de Rouen, "Bombardement de Rouen en 1944" dans les collections
  31. Musée des Beaux-Arts de Rouen, "Falaise d'Étretat" dans les collections
  32. Bruno Roquigny, Saint-Valery-en-Caux, catalogue de la collection Roger BĂ©sus, 27 mars 2021.
  33. Bruno Roquigny, Saint-Valery-en-Caux, catalogue des collections de la villa Bénédictine, 8 mai 2021.

Annexes

Bibliographie

  • Georges Normandy, « L'École de FĂ©camp - Henry E. Burel », Normandie - Revue rĂ©gionale illustrĂ©e mensuelle, n°4, juillet 1917.
  • RenĂ© Domergue, Henry E. Burel, Ă©ditions Galerie AndrĂ© Maurice, 1952.
  • Jean Chabanon, « Henry E. Burel », Le Peintre - Guide du collectionneur, 1er mars 1952.
  • Claude GrĂ©gory, « Henry E. Burel », Arts, 7 mars 1952.
  • Bernard Esdras-Gosse, « La production artistique depuis la LibĂ©ration », Études normandes, n°54 (thème : « La Normandie intellectuelle - Lettres, arts, sciences »), 1955.
  • Maximilien Gauthier, « Henry E. Burel », Les Nouvelles littĂ©raires, janvier 1957.
  • F. Bogers, L'OdyssĂ©e belge Ă  FĂ©camp en 1914, L. Durand et Fils, FĂ©camp, 1974.
  • GĂ©rald Schurr, Les petits maĂ®tres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, vol.1, 1975.
  • GĂ©rald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1980.
  • Emmanuel BĂ©nĂ©zit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, GrĂĽnd, 1999.
  • Pierre Sanchez (prĂ©faces de Josiane Sartre et Chantal Beauvalot), Dictionnaire du Salon des Tuileries (1923-1962) - RĂ©pertoire des exposants et liste des Ĺ“uvres prĂ©sentĂ©es, L'Échelle de Jacob, Dijon, 2007.
  • Henry E. Burel, « FĂ©camp, citĂ© de peintres », Ă©crit vers 1956, Annales du patrimoine de FĂ©camp - Association FĂ©camp Terre-Neuve, n°18, 2011.

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