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Henry Clay Frick

Henry Clay Frick, né à West Overton, dans le comté de Westmoreland en Pennsylvanie, le et mort à New York, le , est un industriel de l’acier et mécène américain.

Henry Clay Frick
Biographie
Naissance

West Overton
Décès
(Ă  69 ans)
New York
SĂ©pulture
Nationalité
Américaine
Domicile
Formation
Otterbein University (en)
Activités
Période d'activité
Père
John Wilson Frick (d)
Mère
Elizabeth Stauffer Frick (d)
Conjoint
Adelaide Howard Childs Frick (d)
Enfants
Childs Frick
Martha Howard Frick (d)
Helen Clay Frick (en)
Henry Clay Frick Jr. (d)
Autres informations
Propriétaire de
Portrait d'homme (en), Portrait of a Young Lady (d), Portrait of a Genoese Noblewoman (d), Allégorie de la Sagesse et de la Force
Personnes liées
Roland F. Knoedler (d), Joseph Duveen
Ĺ’uvres principales
signature de Henry Clay Frick
Signature

Carrière

Henry Clay Frick est originaire d'un milieu populaire. À l’âge de 21 ans, avec deux cousins et un ami, il fonde une petite société de production de coke, utilisé en sidérurgie. À l’âge de 30 ans, il est déjà millionnaire.

En 1880, il rachète la société à ses cousins, qui est renommée H. C. Frick & Company. Elle va devenir en quelques années la plus grande société productrice de coke du monde.

Peu de temps après s'être marié en 1881, Frick rencontre Andrew Carnegie à New York. Ils s’associent et le partenariat entre la H. C. Frick & Company et la Carnegie Steel Company (en) est le précurseur de United States Steel.

La société de Frick fournit du coke en quantité suffisante pour les aciéries de Carnegie. En 1889, Frick devient président de Carnegie Steel Company, le plus grand producteur d'acier de l'époque, Carnegie s’étant retiré de la gestion courante.

Inondation de Johnstown

Fort de sa position sociale, Frick fonde un club très sĂ©lect rĂ©servĂ© Ă  l'Ă©lite du monde des d'affaires, le South Fork Fishing and Hunting Club (en) situĂ© près de la ville de Johnstown en Pennsylvanie. Ce club se trouvait alors au bord d'un lac artificiel constituĂ© grâce Ă  un barrage (en) se trouvant Ă  environ 23 km en amont de la ville de Johnstown situĂ©e sur la Little Conemaugh River (en) et qui retenait les eaux de la rivière South Fork, affluent de cette dernière. Pour favoriser les membres du club et les promoteurs, Frik fit abaisser le sommet du barrage afin d'y faire passer une route, affaiblissant du mĂŞme coup l'ouvrage.

Le , de fortes prĂ©cipitations produisent une crue du cours d'eau tellement importante que le barrage ne peut la retenir et cède. Plus de 18,2 millions de m3 d'eau sont alors libĂ©rĂ©s, submergeant Johnstown et les villages alentour, tuant plus de 2 200 personnes et causant pour plus de 17 millions de dollars amĂ©ricains de dommages. L'inondation de Johnstown constitue l'une des plus grandes catastrophes de l'histoire amĂ©ricaine.

Durant les années suivantes, la population tint Frick et son club comme responsables du désastre mais aucun membre ou personnel de l'établissement ne fut jamais reconnu coupable de négligence. Le procès qui leur fut intenté se termina par un non-lieu, malgré les preuves présentées. La catastrophe fut déclarée comme un cas de force majeure (Act of God en droit anglophone) et aucune compensation ne fut versée aux sinistrés. Cependant plusieurs riches membres du South Fork Fishing and Hunting Club aidèrent financièrement les victimes : Frick fit don de plusieurs milliers de dollars, tandis qu'Andrew Carnegie reconstruisit la bibliothèque pour la ville.

La grève de Homestead

En 1892, Frick tente de briser une grève qui se tient à l'aciérie de Homestead. La convention collective arrivant à terme, Frick diminue de 18 % les salaires des sidérurgistes, provoquant une grève de ceux-ci.

Frick n'hésite pas à annoncer par voie de presse qu'il préfère voir les ouvriers morts plutôt que d'accéder à leur revendication et il menace de faire appel à la Pinkerton National Detective Agency, engageant 300 de leurs agents pour créer une milice patronale et protéger la continuité de la production de son usine par des ouvriers venus d'autres complexes industriels.

Il fait au préalable protéger les usines de Homestead et bâtir un mur d'enceinte. L'usine est ainsi rebaptisée par les ouvriers « Fort Frick ». Équipée de fusils Winchester, la milice, dans la nuit du 5 juillet au , essaye de casser le mouvement ouvrier. Seize personnes dont neuf ouvriers perdent la vie dans ces affrontements, qui font également de nombreux blessés. La justice s'en prend uniquement aux grévistes : 167 sont arrêtés, 37 inculpés de meurtre et 27 de trahison contre l’État de Pennsylvanie. Le mouvement de grève est brisé et les travailleurs votent l'acceptation de la diminution des salaires et la reprise du travail

La position intransigeante de Frick lors de ce conflit social et son opposition aux syndicats le rendent impopulaire. La même année, l'anarchiste d’origine russe Alexandre Berkman tente d'assassiner Frick pour venger les ouvriers décédés. Gravement blessé par balle, Frick retourne néanmoins au travail au bout d'une semaine. Berkman est quant à lui condamné à vingt-deux ans de prison et gracié en 1906, soit après quatorze années d'incarcération.

Collectionneur et mécène

Une des entrées de Frick Park (en).

Frick constitue une impressionnante collection d'œuvres d'art, rivalisant ainsi avec les autres hommes les plus riches de son époque, afin de se donner une image de mécène. Sa collection comporte des œuvres de Vermeer, Renoir, Gainsborough, Constable, Turner, Rembrandt, etc. Après sa mort, survenue le , cet ensemble devient un des musées d'art de New York, la Frick Collection.

Frick lègue également une grande partie de sa fortune à des organisations caritatives et un domaine de 60 hectares à la ville de Pittsburgh, qui en fait un parc public (Frick Park (en)).

Vie privée

H. C. Fricks et sa fille Helen, par Edmund Tarbell, vers 1910 (National Portrait Gallery).

Henry Clay Frick épouse Adelaide Howard Childs à Pittsburgh le qui lui donnera quatre enfants, dont deux survécurent, Childs Frick (1883–1965), devenu paléontologue, et Helen Clay Frick (en) (1888–1984), philanthrope et collectionneuse.

En 1910, Frick se fait bâtir un manoir sur la Cinquième Avenue, pour lui servir à la fois de résidence et de musée privé. Après la Grande Guerre, le maréchal Joffre et René Viviani y séjournent.

En 1912, il réserve une des deux « suites des millionnaires » à bord du Titanic, mais annule son voyage à la suite d'une entorse à la cheville de sa femme.

TĂ©moignages des marchands d'art

Selon le marchand d'art RenĂ© Gimpel[1], ayant acquis la collection de bronzes de J.P. Morgan, Frick fait fixer chaque objet sur un socle montĂ© sur billes et s'amuse ainsi Ă  les faire tourner très vite sur eux-mĂŞmes. Gimpel père, qui avait fondĂ© sa maison amĂ©ricaine en 1902 et qui mourut en 1907, lui avait vendu les portraits de Lady Hamilton par Romney et de Lady Peel par Lawrence et Gimpel fils, lui vendit ensuite le buste de Madame du Cayla en bacchante par Houdon pour 200 000 dollars.

Dans son Journal d'un collectionneur marchand de tableaux (1963), René Gimpel rapporte d'autres témoignages sur Frick :

« Charles Knoedler me dit : un jour Frick entre dans nos galeries et voit un tableau de Bouguereau qui représentait une fillette ; il l'achète parce qu'elle ressemblait à l'une de ses filles qu'il avait perdue et c'est peut-être le point de départ de sa fameuse collection ! »[2].

« (...) Il y a dix-huit ans [en 1901] Frick était déjà un grand collectionneur, mais il ne possédait guère que des modernes, des tableaux anglais du XVIIIe et beaucoup de 1830 (...) Il m'avait dit un jour qu'il n'achèterait jamais un meuble ancien ou un objet d'art et son intérieur était du plus mauvais goût ; mais le roi des collectionneurs, J. P. Morgan, mourut [en 1913] à l'instant où Frick se faisait construire un hôtel particulier et tous les objets du défunt qu'on croyait destinés au musée de New-York furent jetés sur le marché dans des ventes à l'amiable. Frick s'empara des plus beaux. »[3]

Le grand marchand d'art Joseph Duveen, collègue et beau-frère de Gimpel « avait suspendu chez Frick un Van Dyck : deux jeunes gens en pied, mais ils avaient le nez fortement busquĂ©. Mme Frick pria son mari de pas l'acheter en lui disant qu'elle ne pourrait supporter Ă©ternellement devant elle ces nez juifs (qui) appartenaient aux frères Stewart, neveux de Charles Ier, roi d'Angleterre »[4]. Duveen, toujours, qui lui vendit pour 1 250 000 dollars « les Fragonard de Grasse » [quatre panneaux acquis vers 1893 Ă  Cannes par J.P. Morgan, aujourd'hui Ă  la Frick Collection], rapporte : « J'ai tenu cet homme depuis ce jour-lĂ . Je lui achète tout ce qu'il veut dans les collections europĂ©ennes sans prendre de commission »[5]. « Vers 1910, Frick a achetĂ© une Vierge en pieta, petit tableau primitif trouvĂ© en France et qui lui fut vendu comme Ă©tant d'Antonello de Messine. Mais les avis furent partagĂ©s (...) ; Bernard Berenson affirma que c'Ă©tait français et de l'Ă©cole d'Avignon. Cette pièce fut considĂ©rĂ©e par beaucoup comme la perle de sa collection. Miss Frick veut mon avis sur un tableau et je me trouve devant un panneau presque identique au premier (...) Je m'aperçois que le dernier dĂ©couvert est l'original et l'autre n'Ă©tait qu'une copie ancienne. Mon beau-frère Joe Duveen a un avis contraire (...) et veut Ă©viter une polĂ©mique d'oĂą il sortirait fort diminuĂ© (...) Il n'a aucune connaissance en peinture, ne vend qu'Ă©tayĂ© par des certificats d'experts, mais son intelligence lui a permis de soutenir une façade lĂ©zardĂ©e dans ce pays encore si peu connaisseur ». Or lors d'un dĂ®ner, Duveen le dĂ©fia en pariant 10 000 dollars sur l'authenticitĂ© de cette pieta (...) Gimpel proposa alors de consulter des experts rĂ©putĂ©s, mais Duween ayant compris la stupiditĂ© de son pari, reconnut son erreur, offrit 25 000 dollars pour les Ĺ“uvres de charitĂ© de Mme Frick, qui les refusa, et conclut l'affaire par cet adage : « La fiertĂ© doit s'Ă©vanouir devant la menace d'une chute »[6].

Le , dix mois avant le dĂ©cès du collectionneur, Gimpel vient proposer Ă  Frick L'AccordĂ©e de village de Watteau : « (...) il me reçoit dans sa grande galerie oĂą il a suspendu ses toiles les plus solennelles, salle immense tendue de vert. Il est entrĂ© dans un stade plus avancĂ© de la vieillesse (...) mais ses yeux froids, prenants et durs, sous son regard bonhomme, restent d'un bleu clair et beau (...). J'ai l'impression qu'il n'a jamais vu un Watteau (...) J'avoue que cette collection qu'il lĂ©guera, avec cet hĂ´tel, Ă  la ville de New-York sera un cadeau royal ! Le plus beau tableau est le Rembrandt peint par lui-mĂŞme (1658), un autre, magnifique, est Le Cavalier polonais (1653), il y a deux Vermeer, le meilleur est Le Soldat et la servante qui rit (si restaurĂ© que les tĂŞtes en sont presque modernes - ), plusieurs Van Dyck et plusieurs Hals, très beaux, dont son portrait (1635), etc. (...) Au mur sept tableaux, dont cinq en pied, qu'il a payĂ©s en moyenne 200 000 dollars pièce : trois Gainsborough dont le fameux paysage The Mall, deux Romney, un Van Dyck, un Lawrence ».

Notes et références

  1. R. Gimpel, Journal d'un collectionneur marchand de tableaux, Calmann-LĂ©vy, 1963, carnet du 3/12/1919, p. 141.
  2. Gimpel (1963), carnet du 19/06/1923, p. 239.
  3. Gimpel (1963), carnet du 3/12/1919, p. 140.
  4. Gimpel (1963), carnet de juin 1918, p. 50.
  5. Gimpel (1963), carnet du 3/07/1918, p. 54.
  6. Gimpel (1963), carnet du 26/03/1923, pp. 229-231.

Annexes

Voir aussi

Liens externes

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