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Henri de Montescaglioso

Henri de Montescaglioso dit aussi Henri de Navarre (en italien : Enrico di Montescaglioso dit aussi Enrico di Navarra ; fl. 1166-1173) est un baron italo-normand du royaume de Sicile, comte de Montescaglioso (1166) et comte du Principat (1168), sous le règne du roi Guillaume II. Les principaux renseignements sur sa vie sont fournis par une source qui lui est plutôt hostile, l'Histoire des Tyrans de Sicile d'Hugues Falcand.

Henri de Montescaglioso

Biographie

Origines

Né autour de 1135[1] dans le royaume de Navarre sous le nom de Rodrigo (ou Roderico) Garcés[2] (Errodrigo Gartzea en basque), Henri de Montescaglioso est le fils illégitime du roi García V de Navarre († 1150) et de la noble normande Marguerite de l'Aigle († 1141). Selon le chroniqueur Hugues Falcand, Rodrigo/Rodrigue était un bâtard, né d'une relation extraconjugale entre sa mère et l'un de ses amants, qui ne fut jamais reconnu par le roi de Navarre[3]. L'une de ses sœurs, Marguerite, épousera en 1150 le roi Guillaume Ier de Sicile.

Arrivée dans le royaume de Sicile

En 1166, accompagnĂ© par une bande d'aventuriers Navarrais attirĂ©s par l'appât du gain, Rodrigo se rendit en Sicile Ă  la demande de sa sĹ“ur Marguerite, veuve depuis peu du roi Guillaume et rĂ©gente du royaume durant la minoritĂ© de leur fils Guillaume. Dès son arrivĂ©e Ă  Palerme, la reine lui fit Ă©pouser une fille illĂ©gitime du roi Roger II de Sicile, Adelasia, et le nomma comte de Montescaglioso en Apulie. Il reçut Ă©galement en fief les villes siciliennes de Noto, de Caltanissetta et de Sclafani, et on lui demanda d'adopter le nom d'Henri car le sien, Rodrigo (Rodericus), inconnu dans l'Italie du XIIe siècle, ne plaisait pas aux Siciliens et sonnait trop « barbare Â»[4]. DĂ©crit par Hugues Falcand comme Ă©tant un homme maladroit, de faible stature et au teint dĂ©sagrĂ©ablement foncĂ©[5], Henri Ă©tait un ĂŞtre incapable et vaniteux qui passait son temps Ă  jouer aux dĂ©s et Ă  s'enivrer. Pour s'en dĂ©barrasser, la reine se hâta de l'envoyer en Apulie prendre possession de son comtĂ©. En chemin, Henri fit une longue halte Ă  Messine oĂą il s'entoura de brigands, de pirates, de courtisans et de personnages oisifs avec qui il passa des jours et des nuits Ă  banqueter et Ă  jouer aux jeux d'argent et de hasard. Mis au courant, la reine somma son frère de quitter l'Ă®le et de se rendre Ă  Montescaglioso.

Première révolte et emprisonnement

Ă€ peine avait-il pris possession de son comtĂ© qu'un certain nombre de barons rebelles au pouvoir royal, nous dit Falcand, le jugèrent propre Ă  combattre le chancelier du royaume, Richard de Mandra, comte de Molise, alors favori de la reine Marguerite. La rĂ©volte des barons coĂŻncide peut-ĂŞtre avec la quatrième campagne italienne de l'empereur germanique FrĂ©dĂ©ric Barberousse qui atteindra Rome en . Henri de Montescaglioso devint, entre les mains de ceux qui Ă©taient jaloux de l'influence du comte de Molise, un vĂ©ritable fantoche ; on lui persuada que sa valeur personnelle le faisait apte Ă  remplir les plus hautes fonctions du royaume et qu'il Ă©tait honteux pour lui, frère de la reine, d'obĂ©ir Ă  un Richard de Mandra. Le comte de Montescaglioso se laissa facilement convaincre et au cours de l'Ă©tĂ© 1167, sur les conseils du comte BohĂ©mond de Manoppello, de Richard de Balbano, de Guillaume de Gesualdo, et de divers autres barons, il se dĂ©cida Ă  se rendre Ă  Palerme pour exiger de sa sĹ“ur l'Ă©loignement du comte de Molise. Pendant ce temps, Étienne du Perche, un cousin de la reine et d'Henri arrivĂ© rĂ©cemment de Normandie, avait Ă©tĂ© nommĂ© chancelier Ă  la place de Richard de Mandra. Dès lors, Étienne et Henri devinrent, volontairement ou involontairement, les chefs de deux factions de la cour et un complot visant Ă  Ă©liminer le nouveau chancelier fut organisĂ© Ă  Palerme lors de l'absence de la cour royale, partit hiverner Ă  Messine. En mars 1168, lors d'une dernière rĂ©union que la cour fit avant son retour dans la capitale sicilienne, Henri de Montescaglioso se plaignit de l'insuffisance de son fief et demanda qu'on lui accordât, soit la principautĂ© de Tarente, soit les terres que le comte Simon de Tarente avait jadis possĂ©dĂ©es en Sicile. Les partisans d'Henri comptaient que le chancelier Étienne du Perche s'opposerait Ă  ces concessions et leur fournirait ainsi un prĂ©texte pour se rĂ©volter contre sa « tyrannie Â». Leur attente se trouva déçue, car Ă  peine le comte de Montescaglioso avait-il formulĂ© ses griefs, que le comte Gilbert de Gravina se fit son accusateur. Après lui avoir reprochĂ© ses folles dissipations, il parla en termes sĂ©vères de sa conduite et dĂ©voila les projets des conjurĂ©s contre le chancelier. En entendant ce violent rĂ©quisitoire, Henri perdit toute assurance et tenta par de vagues excuses de se disculper, en vain : Étienne du Perche donna l'ordre de l'arrĂŞter et de l'enfermer dans la citadelle de Reggio en attendant de l'expulser du royaume.

Seconde révolte

Peu de temps après, une banale rixe à Messine entre quelques ivrognes et des joueurs grecs suffit pour faire éclater une véritable émeute. Les habitants de la ville, hostiles au chancelier et aux Français de son entourage qui s'étaient rendus insupportables par leur attitude méprisante envers les Grecs et les Lombards[6], se révoltèrent contre le pouvoir royal et se décidèrent à sortir Henri de sa prison de Reggio pour en faire leur chef. Le comte de Montescaglioso libéré, les insurgés retournèrent à Messine en sa compagnie et Henri ne pourra empêcher le massacre de tous les Français qui se trouvaient dans la ville, un avant-goût des célèbres « Vêpres siciliennes ». Commencée à Messine par le peuple et l'aristocratie, la révolution, poursuivie à Palerme par le clergé et les fonctionnaires hostiles à Étienne du Perche, enleva presque totalement, pendant quelque temps, l'exercice du pouvoir à la reine. Étienne fut contraint de quitter la Sicile avec les Français qui avaient échappé au massacre. Hugues Falcand raconte que, peu après son départ, on vit arriver à Palerme, avec vingt-quatre galères, Henri de Montescaglioso et quelques barons rebelles dont le comte de Molise, qui instituèrent auprès de Marguerite un conseil composé de dix familiers du roi (familiares regis) : Henri de Montescaglioso, le comte Richard de Molise, Roger, comte de Geraci, Matthieu d'Ajello, Richard Palmer, Romuald de Salerne, le caïd Richard, Gentil, évêque de Girgenti, Gautier, doyen de Girgenti et précepteur du roi, et Jean, évêque de Malte. Ce décemvirat, à la grande indignation de la reine Marguerite, exercera le pouvoir, jusqu'à la majorité du roi Guillaume II en 1171.

Comte du Principat

Au cours de l'Ă©tĂ© 1168, la reine l'investit du comtĂ© du Principat, situĂ© sur le continent près d'Eboli. Dans un document datĂ© du de la mĂŞme annĂ©e, Henri est intitulĂ© « par la grâce de Dieu et du roi comte du Principat et frère de la reine Marguerite Â» (Dei et regis gratia comes Principatus et dominae reginae Margheritae frater). Il apparaĂ®tra ensuite dans seulement deux documents, l'un datĂ© de 1170, l'autre de . Il Ă©tait dĂ©jĂ  mort en septembre 1177 lorsque sa veuve est citĂ©e dans un document comme rĂ©gente du Principat pendant la minoritĂ© de leur fils Guillaume.

Notes et références

  1. Sa mère Marguerite de l'Aigle arrive en Navarre vers 1130 et meurt en 1141.
  2. Connu aussi en espagnol sous le nom de (Don) Rodrigo (Garcés) de Navarra.
  3. Quem, ut eorum plerique qui cum ipso venerant asserebant, rex Navarrorum nunquam filium suum vel esse credidit vel dici voluit, indignum existimans eum quem mater multorum patens libidini vulgo concepisset, regis filium appellari.
  4. G. A. Loud, Thomas E. J. Wiedemann (1998), 31, p. 155.
  5. …Henricus statura parvus, barbam habens rarissimam, sub pallida nigredine cutem fedatus….
  6. Chalandon (1907), chapitre XI, p. 332.

Sources primaires

Bibliographie

Liens externes

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