Accueil🇫🇷Chercher

Henri de Lapommeraye

Henri de Lapommeraye, né Pierre Henri Victor Berdalle de Lapommeraye le à Rouen[1] et mort le à Paris 6e[2] est un critique de théâtre, homme politique, écrivain et dramaturge français.

Henri de Lapommeraye
Henri de Lapommeraye par Alphonse Liébert (1875).
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Pierre-Victor-Henri Berdalle de Lapommeraye
Pseudonyme
Henri d'Alleber
Nationalité
Formation
Activités
Parentèle
Guillaume Margue (beau-frère)
signature de Henri de Lapommeraye
Signature de Lapommeraye dans son dossier de Légion d’honneur.
Sépulture de Lapommeraye au Père-Lachaise.

Biographie

Fils d’un imprimeur de Rouen, après de brillantes études au lycée de Rouen, où il a été couronné grand prix du concours de rhétorique, Lapommeraye avait d’abord songé à entrer à l’École normale, mais sa santé trop délicate, ne lui a pas permis un travail assez assidu et l’a obligé à y renoncer[3]. Tout en continuant ses études de la Faculté de droit de Paris, il a pris la place d’Henri Rochefort, comme employé à la Préfecture de la Seine[3].

Reçu avocat, doué d’une grande facilité d’élocution, et, en même temps très érudit, il a songé à utiliser à la fois les connaissances qu’il avait acquises par l’étude et le don naturel de parler qu’il possédait[3]. Après avoir donné, dès 1862, un cours gratuit d’enseignement public à l’Association polytechnique, il a fondé, à Sceaux, deux sections, où chaque semaine, il allait faire un cours de littérature[3]. Le gout répandu dans Paris des conférences lui a ouvert un débouché susceptible de concilier ses aptitudes littéraires et ses facultés oratoires[3]. Il a organisé des lectures publiques au théâtre de Cluny[4] et fait, à l'Athénée, une tentative qui lui réussit si bien que Ballande lui a ouvert le théâtre de la Porte-Saint-Martin, où ses Matinées littéraires l’ont bientôt placé parmi ses conférenciers les plus écoutés[3].

Tout en s’adonnant Ă  ce travail d’érudit, en 1869, il Ă©crivait dans les journaux et publiait des volumes facilement Ă©crits, tels que L'Art d’être heureux, La SociĂ©tĂ© de secours mutuels, Les Invalides du travail[3]. Il donnait chaque jour, sous le pseudonyme d’« Henri d’Allebert Â» Ă  La Petite Presse, oĂą il avait dĂ©butĂ©[4], des articles ayant le mĂŞme titre : Un conseil par jour, et qui ont Ă©tĂ© rĂ©unis en volume, en 1870[3].

Sous le Second Empire, il s’est investi dans la politique, s’intĂ©ressant notamment Ă  la restructuration du système des asiles d’aliĂ©nĂ©s sur le territoire français. Dans les dernières annĂ©es de ce rĂ©gime, en 1865, il a Ă©tĂ© attachĂ© au SĂ©nat pour la rĂ©organisation du service des PĂ©titions, y Ă©tait devenu chef-adjoint des secrĂ©taires-rĂ©dacteurs[4], ce qui ne l’a pas empĂŞchĂ© de continuer ses travaux littĂ©raires : reçu membre de la SociĂ©tĂ© des gens de lettres, il a rapidement Ă©tĂ© nommĂ© du ComitĂ©, dont il a Ă©tĂ© un de ses membres les plus actifs, et rempli, Ă  plusieurs reprises, rempli les fonctions de rapporteur[3].

Lors de la guerre franco-allemande de 1870, il a Ă©tĂ© lieutenant dans les compagnies de marche, oĂą il a rendu des services par sa parole entrainante[3]. Partout oĂą on le rĂ©clamait, il Ă©tait prĂŞt Ă  parler, et il le faisait avec une chaleur patriotique des plus ardentes[3], multipliant les confĂ©rences au profit des blessĂ©s, pour le travail des femmes, etc[4]. En 1871, chargĂ© du feuilleton dramatique au Bien public, il a rapidement pris un rang distinguĂ© parmi ses confrères du lundi, publiant Ă  cette Ă©poque, un ouvrage : les Jeunes, qui a eu du retentissement[3]. Il a aussi collaborĂ© au Paris[4].

Il a repris son modèle du « Conseil par jour Â» donnĂ© dans un journal, en voulant faire aussi une confĂ©rence quotidienne[3]. Parcourant la province dans tous les sens, il a portĂ© la parole, sans prendre un jour de repos[3]. D’une activitĂ© extraordinaire, il s’est beaucoup intĂ©ressĂ© Ă  Molière, Ă  sa vie aventureuse et Ă  sa dramaturgie. En 1878, le ministre de l’Instruction publique AgĂ©nor Bardoux a crĂ©Ă© pour lui une chaire d’histoire et de littĂ©rature dramatiques au Conservatoire de musique et de dĂ©clamation[4].

Chargé de la critique théâtrale de La France, après qu’Émile de Girardin a pris la direction de ce journal en , il donnait le matin même le compte-rendu de la pièce représentée la veille au soir, véritable étude de l’œuvre et une sincère appréciation de l’interprétation[3]. Ayant eu l’idée de parler au lieu d’écrire son feuilleton dramatique, il a mis en pratique, chaque semaine, sa trouvaille, venant quelquefois, entre deux actes, causer de l’œuvre qui s’exécutait pour la première fois sur la scène[3]. Le succès a été au rendez-vous de cette initiative qui lui permettait de donner libre cours à sa causerie émaillée de fines anecdotes et de spirituels à propos[3]. Parlant d’abondance, absolument comme s’il improvisait, il détaillait les théories préparées avec soin dans son cabinet, pour terminer par un fait rapide, sans que son savoir n’ait rien de jamais rien de pédant ou d’aride[3].

Après avoir été tour à tour employé d’administration, avocat, homme de lettres, journaliste et conférencier, Lapommeraye s’est ensuite dirigé vers le théâtre, où ses nombreux feuilletons dramatiques inspirés de Molière, ou même de ses contemporains, tel Alexandre Dumas, au Bien public, puis à La France, ses études littéraires aux matinées Ballande, à la Porte-Saint-Martin, mais surtout son Feuilleton théâtral hebdomadaire à la salle des conférences du boulevard des Capucines, avaient donné un tel retentissement à son nom, que Saint-Germain, un acteur de talent, parodiait tous les soirs au théâtre, sur la scène du Vaudeville, sa physionomie aimable, sa parole facile et son geste attachant[3].

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise[5]. Il était président d’honneur de la Société philotechnique et officier de la Légion d’honneur[4].

Jugements

Comme critique de théâtre, il avait pris pour programme « Amour de l’art, dĂ©vouement aux jeunes, bienveillance et sincĂ©ritĂ© pour tous Â», programme auquel il resta constamment fidèle[4]. Sa bienveillance lĂ©gendaire, Ă©tait le reflet de la bontĂ© de son cĹ“ur : « Maintes fois, a dit Gaston Calmette, il s’est expliquĂ© sur cette bienveillance qu’on lui reprochait : il dĂ©clarait que la critique la plus sincère risquait souvent d’être cruelle, voire injuste ; et il pensait que, tout en maintenant son autoritĂ©, il Ă©tait possible de donner son opinion sans provoquer de blessure chez un confrère, chez un auteur ou chez un artiste. Par le charme de ses relations et la droiture de son caractère il avait acquis, l’on peut dire, la sympathie de tous ceux qui l’avaient connu[4]. Â»

« Comme camarade et comme homme du monde, Henri de Lapommeraye est une des natures les plus sympathiques que je connaisse. Affable, gai, ennemi de la contradiction, on le trouve toujours disposé à vous être agréable. Dans ce milieu d’hommes de lettres en général si susceptibles, où nous vivons ensemble, je ne lui connais que des amis[3]. »

Distinctions

Postérité

Une rue de sa ville natale a reçu son nom[7].

Notes et références

  1. Au no 16 rue de la Savonnerie.
  2. Archives de Paris 6e, acte de décès no 2262, p. 18, année 1891
  3. Félix Jahyer, « Camées artistiques », Paris-théâtre, no 100,‎ 3e année, p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  4. H. C., « LAPOMMERAYE », Revue encyclopédique : recueil documentaire universel et illustré,‎ , p. 331-2 (lire en ligne, consulté le ).
  5. Division 6. Voir Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 470.
  6. Base LĂ©onore.
  7. « Rue Henri de la Pommeraye, 76000 Rouen, France », sur Google Maps, (consulté le ).

Publications

  • Dispositions testamentaires, Paris, C. de Mourgues, 1862, 51 p.
  • Les SociĂ©tĂ©s de secours mutuels, Paris, L. Hachette, 1867, 51 p.
    Conférences populaires faites à l’asile impérial de Vincennes sous le patronage de S. M. l’impératrice.
  • L’Art d’être heureux, Paris, L. Hachette, , 51 p. (OCLC 29841105, lire en ligne).
  • Les Invalides du travail, commentaire sur la loi du . ConfĂ©rence faite Ă  l’Asile impĂ©rial de Vincennes, Paris, bureau du journal le Suffrage universel, 1868, in-16, 44 p.
  • 365 conseils. Un conseil par jour, Paris, E. Lachaud, 1869, in-18, 195 p.
    RĂ©digĂ© sous le pseudonyme d’« Henri d’Alleber Â». L’adresse de la couverture porte : « 1870 Â».
  • La Critique de « La visite de noces Â», comĂ©die en un acte, empruntĂ©e Ă  l’auteur de « La critique de l’École des femmes Â», Paris, Librairie des bibliophiles, 1871, 34 p. lire en ligne sur Gallica
  • Théâtre pour tous. Les Jeunes, confĂ©rence faite pour l’inauguration des matinĂ©es dramatiques et musicales..., Paris, au théâtre des Menus-Plaisirs, 1872, in-16, 46 p. lire en ligne sur Gallica
  • Histoire du dĂ©but d’Alexandre Dumas fils au théâtre, ou les Tribulations de « la Dame aux camĂ©lias Â», Paris, Michel LĂ©vy frères, 1873, [4]-27-[1] p. lire en ligne sur Gallica
  • Les Amours de Molière, Paris, Librairie des bibliophiles, 1873, in-16, 48 p.
  • ConfĂ©rence sur l’Association des artistes dramatiques, faite au théâtre de la GaĂ®tĂ©, le , Paris, 68, rue de Bondy, 1874, in-8°, 8 p. lire en ligne sur Gallica
  • Molière et Bossuet, rĂ©ponse Ă  M. Louis Veuillot, Paris, P. Ollendorff, 1877, 1 vol., 173 p., lire en ligne sur Gallica
  • La Critique de « Francillon Â», comĂ©die en 1 acte, empruntĂ©e Ă  l’auteur de « la Critique de l’École des femmes Â», Paris, Librairie des bibliophiles, 1887, in-18, 36 p.
  • Pourquoi Lui ? rĂ©ponse Ă  M. Jules LemaĂ®tre, [S. l.], 1887, p. 317-329.
    Extrait de la Revue d’art dramatique, 15 mars 1887.
  • Les Invalides du travail, commentaire sur la loi du . ConfĂ©rence faite Ă  l’Asile impĂ©rial de Vincennes, Paris, bureau du journal le Suffrage universel, 1868, 2e Ă©d., in-16, 40 p.
  • SociĂ©tĂ© des gens de lettres. Rapport sur les travaux du ComitĂ© durant l’exercice 1871 [et 1874], Paris, SociĂ©tĂ© des gens de lettres, impr. de E. Brière (et Gauthier-Villars), 1872-1875, 2 fasc. in-8°, 19 et 26 p.
  • Recueil. Dossiers biographiques Boutillier du Retail. Documentation sur Jules Lacroix, Paris, La Nouvelle Revue, L’Univers illustrĂ©, Le Rappel, etc., 1881-1888, 4 pièces.
    Comprend un recueil de coupures de presse parues à l’occasion du décès de Jules Lacroix. Le recueil est en partie numéroté, de la page 1 à 80.
  • Hamlet, prince de Danemark, le .
    Drame en 5 actes et 13 tableaux, tiré de la tragédie de Shakespeare par Alexandre Dumas et Paul Meurice, représenté pour la première fois sur le théâtre de la Comédie française.

Préfaces

  • Les Annales du théâtre et de la musique.
  • Georges Bertal, Auguste Vacquerie, sa vie et son Ĺ“uvre, F. AndrĂ©ol, 1889, in-8°, XVII-112 p., portr. et fac-simile
  • RĂ©pertoire de la ComĂ©die-française, Paris, Librairie des bibliophiles, 1885-1892, 8 vol.
  • L’AnnĂ©e rouennaise. Rouen en 1886, Rouen, 1887, in-fol.
  • Georges Du Bosch, Denise, drame en 4 actes, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois, sur le théâtre du Parc, Ă  Bruxelles, le , Paris, Édouard Dentu, 1877, 80 p.
  • L’Institutrice, rĂ©cit en vers, Rouen, E. Cagniard, 1887, in-4°, 20 p.
  • Pierre Robbe, Rabelais novice, comĂ©die en 1 acte et en vers, Paris, P. Ollendorf, 1884 in-18, XII-36 p.
  • Ida BrĂĽning, Le Théâtre en Allemagne, son origine et ses luttes (1200-1760), Paris : E. Plon, Nourrit et Cie, 1887, in-12, XII-295 p., fig.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.