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Henri Fayol

Henri Jules Fayol (Istamboul, 1841 - Paris, 1925) est un ingénieur civil des mines français, auteur de L'Administration industrielle et générale (1916) [2].

En raison de ses travaux, il est considéré comme l'un des pionniers de la gestion d'entreprise et l'un des précurseurs du management. Cela sera l’occasion pour lui de développer le fayolisme.

Biographie

Henri naît alors que son père, ingénieur, est en poste à la ville encore appelée Constantinople à l'époque, où il supervise les travaux de construction d'un nouveau pont. Le pont est inauguré en 1845, et la famille rentre en France en 1847.

Après son diplôme de l'École des mines de Saint-Étienne, Henri Fayol entre en 1860 comme ingénieur aux Houillères de Commentry. En 1866, il devient directeur de la mine, qui fait partie de la Société de Commentry, Fourchambault et Decazeville[3].

L'ingénieur

Ingénieur des mines, il met au point des manières de lutter contre les incendies qui ravageaient sa houillère (1878).

Bon géologue, il théorise le processus du dépôt des bois qui se transforment en charbon, dans des lacs. Cette théorie géologique est connue sous le nom de « Gilbert-deltas », du nom du géologue américain Grove Karl Gilbert qui l’a exposée et popularisée à partir de 1885, alors que Fayol l'avait déjà présentée dans ses observations et ses comptes rendus d'expérience en 1881 devant l’Académie des Sciences.

Le directeur général

Fayol fut un excellent gestionnaire : en 1888 il est nommé Directeur général de la maison mère, alors en grande difficulté. Alors que la décision de fermer forges et ateliers est en discussion, il propose un plan de développement qui est accepté, et qui réussit. Il occupe le poste 30 ans, avant de le quitter en 1918, à l’âge de 77 ans.

Le théoricien

Dès 1900, ce patron veut transmettre la méthode qui l’a fait réussir. Il la nomme « administration ». Elle couvre en réalité les domaines traités aujourd'hui par la « gestion » ou le « management ». Fayol pense que l’« administration » est une science où les connaissances résultent de la réflexion sur les expériences (les succès et les échecs). Ces connaissances peuvent être transmises par un enseignement.

En 1916, il publie dans le Bulletin de la Société de l’industrie minérale, L'Administration industrielle et générale, l'ouvrage de référence qui va le rendre célèbre et rencontre une audience immédiate auprès de nombreux industriels et hommes politiques[4]. Le succès de cet ouvrage s’explique par le fait qu’il retrace une expérience vécue de 30 ans de direction générale et de plus de 50 ans de management, pendant laquelle Fayol n'a pas cessé d'observer, de prendre des notes, de réfléchir et de conceptualiser sa pratique.

En 1921, il publie une étude sur la gestion des Postes, Télégraphes et Téléphones intitulée « L’incapacité industrielle de l’État : les PTT » qui montre les défauts de la gestion publique des entreprises[5].

La postérité

Après sa mort en 1925, la pensée de Fayol connait un déclin relatif. C'est l'Anglais Lyndall Urwick qui la découvre en 1935 et la fait connaitre aux Américains qui le considèrent aujourd'hui comme un auteur "classique".

Pour la qualité de ses apports, Henri Fayol est indéniablement l'un des fondateurs des sciences de la gestion et du management. Connu dans le monde entier, il mérite de figurer parmi les pionniers, et en tout cas largement autant que son "alter ego" anglo-saxon : Frédéric Taylor.

La doctrine

Trois caractéristiques principales marquent la pensée de Fayol :

  • c'est un observateur et un expĂ©rimentateur : il ne parle et ne raisonne qu'Ă  partir d'un vĂ©cu de terrain. Fayol Ă©crit son ouvrage après 50 ans de vie professionnelle et de responsabilitĂ©s exercĂ©es au plus haut niveau de l'entreprise.
  • c'est un gĂ©nĂ©raliste : ce qu'il appelle la fonction "administrative" couvre en fait la gestion gĂ©nĂ©rale, la pratique du management au niveau le plus Ă©levĂ© de l'entreprise. Alors que Taylor s'adresse avec l'organisation scientifique de Travail aux hommes de production, Fayol dĂ©livre un discours qui traite de la Politique GĂ©nĂ©rale de l'entreprise.
  • Sans ĂŞtre lui-mĂŞme pĂ©dagogue, Fayol pousse beaucoup Ă  la transmission des connaissances : il constate que la plupart des dirigeants de l'Ă©poque sont issus d'Ă©coles d'ingĂ©nieurs françaises oĂą les programmes de formation sont focalisĂ©s sur les mathĂ©matiques et les sciences techniques. Fayol plaide pour que des matières comme l'administration, le commerce et la finance puissent intĂ©grer ces programmes.

Les fonctions au sein de l'entreprise

Fayol fut l'un des premiers à rationaliser et à formaliser les concepts modernes de gestion. Selon lui, il existe (cinq plus un) six groupes d'opérations ou fonctions essentielles dans l'entreprise [6] (TECOFASC)

  • soit six fonctions dites verticales ou spĂ©cifiques
  1. Technique : Produire, transformer et fabriquer
  2. Commerciale : Achat, vente et Ă©change
  3. Financière : Rechercher et utiliser de façon optimale les capitaux
  4. Administrative : Prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler (POCCC).
  5. Sécurité : Protection des personnes et des biens
  6. Comptabilité : Calcul de paie et des statistiques (recensement des actifs et du patrimoine)

Les fonctions de l'administrateur

Dans le cadre de l'activité "administrative", l'administrateur - que l'on appelle aujourd'hui le gestionnaire ou le manager - exerce cinq fonctions essentielles:

  • PrĂ©voir : Anticiper et planifier, savoir oĂą l'on va.
  • Organiser : Munir l'entreprise de tout ce qui est utile pour son fonctionnement: Ressources humaines, financières et matĂ©rielles. Fayol ne dĂ©crit dans son ouvrage que l'aspect Ressources humaines, qu'il appelle "corps social".
  • Commander : Indiquer les tâches et instructions aux membres du corps social
  • Coordonner : Mettre l'harmonie entre tous les actes d'une entreprise de manière Ă  en faciliter le fonctionnement et le succès.
  • ContrĂ´ler : VĂ©rifier que tout se passe conformĂ©ment au programme adaptĂ© aux ordres donnĂ©s, aux principes admis et signaler les fautes et les erreurs afin qu'on puisse les rĂ©parer et en Ă©viter le retour.

NB : Si certains auteurs contemporains regroupent "Commander" et "Coordonner" en une fonction unique : "Décider", on peut objecter qu'il existe une différence de forme et de contenu entre une fonction/animation de commandement et celle de coordination.

Fayol subdivise chaque fonction en "Principes". Ainsi la fonction de Commandement comprend 8 "Valeurs"

  1. avoir une connaissance approfondie de son personnel ;
  2. Ă©liminer les incapables ;
  3. bien connaître les conventions qui lient l'entreprise et ses agents ;
  4. donner le bon exemple ;
  5. faire des inspections périodiques du corps social ;
  6. réunir ses principaux collaborateurs en des conférences où se préparent l'unité de direction et la convergence des efforts ;
  7. ne pas se laisser absorber par les détails ;
  8. viser à faire régner dans le personnel, l'activité, l'initiative et le dévouement.

Principes généraux d'administration

La fonction administrative n'agit que sur le personnel. Quelques-uns des principes appliqués par Fayol, la liste n'étant pas limitative :

1° Division du travail.
La spécialisation permet à l'individu d'accumuler l'expérience, et d'améliorer en permanence ses qualifications. Il peut être de ce fait plus productif.
2° Autorité, Responsabilité .
Le droit de commander dans le cadre de ses fonctions et la capacité (les moyens) à amener les personnes à obéir.
3° Discipline.
Dans le cadre d'une relation de réciprocité : les employés doivent obéir aux ordres, mais le management doit fournir le bon leadership.
4° Unité de commandement.
Chaque travailleur doit avoir un seul patron sans autres lignes de commande contradictoires.
5° Unité de direction.
Les personnes engagées dans le même genre d'activité doivent avoir les mêmes objectifs découlant d'un plan unique. C'est essentiel pour assurer l'unité et la coordination de l'entreprise. L'unité de commandement n'existe pas sans unité de sens mais ne découle pas nécessairement d'elle.
6° Subordination de l'intérêt particulier à l'intérêt général.
Les besoins et les intérêts de l'organisation passent avant ceux de chaque individu.
7° Rémunération du personnel.
Le salaire est un important facteur de motivation, aussi doit-il être juste et récompenser les efforts qui contribuent à la réalisation des objectifs de l'organisation. Fayol précise qu'il n'y a aucune chose telle qu'un système parfait.
8° Centralisation.
C'est une question de degré selon l'état de l'activité et la qualité de son personnel.
9° Hiérarchie.
Une hiérarchie est nécessaire pour l'unité de sens. Mais la communication latérale est également fondamentale, tant que les supérieurs savent qu'une telle communication a lieu. La chaîne scalaire se rapporte au nombre de niveaux dans la hiérarchie de l'autorité finale au niveau le plus bas dans l'organisation. Elle ne devrait pas être trop large et se composer de trop de niveaux.
10° Ordre.
La commande matérielle et la commande sociale sont nécessaires. La première réduit au minimum le temps perdu et la manipulation inutile des matériaux. La seconde est réalisée par l'organisation et la sélection.
11° Équité.
Mener une activité selon une "combinaison de gentillesse et de justice" est nécessaire. Bien traiter les employés est important pour réaliser l'équité.
12° Stabilité du personnel.
Les employés travaillent mieux si la sécurité de l'emploi et la progression de carrière leur sont assurées. Un emploi temporaire et un taux élevé de rotation des employés affecteront l'organisation défavorablement.
13° Initiative.
Amener tout le personnel à faire preuve d'initiative d'une manière quelconque est une source de force pour l'organisation. Même si cela implique un sacrifice "de la vanité personnelle" de la part de beaucoup de dirigeants.
14° L'union du personnel. [7]
Le Management doit cultiver l'harmonie, la cohésion et la confiance au sein de l'organisation. Il doit veiller au moral de ses employés afin de développer un esprit d'équipe nécessaire à la réussite de toute organisation.Modèle:Citation non conforme au texte.
" Un talent réel est nécessaire pour coordonner l'effort, pour encourager l'enthousiasme, pour utiliser les capacités de chaque personne, et pour récompenser chacun à son mérite sans réveiller des jalousies potentielles et déranger des rapports harmonieux.". .

Famille

  • AndrĂ© Fayol (Le Veudre, 1805-1888), contremaĂ®tre en mĂ©tallurgie, mariĂ© Ă  EugĂ©nie Cantin, expatriĂ© en Turquie pour travailler sur la construction d'un pont mĂ©tallique Ă  Constantinople puis dans les ateliers de canons du sultan,
    • Henri Fayol (1841-1925) mariĂ© Ă  Marie CĂ©leste AdĂ©laĂŻde SaulĂ© (1853-1917)
      • Marie CĂ©leste Henriette Fayol (1876- ), mariĂ©e avec Joseph Oberthur (1872-1956), neurologue et dessinateur d'animaux,
      • Madeleine Marie EugĂ©nie Fayol (1878-1966), mariĂ©e avec Georges GrangĂ© (1871-1954), minotier,
      • Henri Joseph Fayol (1899-1982), licenciĂ© ès sciences, ingĂ©nieur chimiste, mariĂ© Ă  l'actrice Nadine Picard (1896-19..)
    • Paul Gabriel Fayol (1845-1929) mariĂ© avec Anne Sevin (1853-1934), sous-directeur des mines de Carmaux

Notes et références

  1. « http://chsp.sciences-po.fr/fond-archive/fayol-henri » (consulté le )
  2. Ouvrage qui ne sera traduit aux États-Unis qu'en 1930. ÉpuisĂ© en français, il ne sera rĂ©Ă©ditĂ© qu'en 1970 avec les planches en couleurs. Il est ensuite rĂ©Ă©ditĂ© sans les planches plus ou moins indispensables par moments pour comprendre le texte. Cette Ă©dition est Ă©puisĂ©e et les quelques exemplaires disponibles dans le monde atteignent des prix peu courants : environ 1 000 euros. Cela explique qu'en gĂ©nĂ©ral, les rĂ©fĂ©rences sont des rĂ©fĂ©rences de seconde main.
  3. Henri Fayol et l’incapacité industrielle de l’État (1), Philippe Rouchy, contrepoints.org, 13 avril 2012
  4. Ouvrage accessible en fac-similé de la première édition en livre, celle de 1917, à l'université de Grenoble http://bibnum-patrimoniale.univ-grenoble-alpes.fr/files/original/876d6e8200dbaba3e100222aaf54a4aa.pdf. Et sur le site de l'ANDESE : https://f-origin.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/1931/files/2016/09/Fayol-1916.pdf
  5. Henri Fayol et l’incapacité industrielle de l’État (2), contrepoints.org, 15 avril 2012
  6. Fayol, Dunod 1970, pp. 1-5
  7. p.45-46 de l'Ă©dition Dunod 1970
  8. Académie française : Amédée Fayol
  9. data BnF : Amédée Fayol
  10. data BnF : Gabriel Dheur

Annexes

Bibliographie

  • Henri Fayol, Le TraitĂ© et la Notice, ouvrage rĂ©unissant le TraitĂ© d'administration gĂ©nĂ©rale (1916) et la Notice des travaux scientifiques et techniques de M. Henri Fayol (1918), Presses des Mines, 2020.
  • Jack Duncan, Les Grandes idĂ©es du management. Des classiques aux modernes, Afnor, 1997, pp. 82-87.
  • « Henri Fayol », numĂ©ro spĂ©cial de la revue Entreprise et Histoire, 2003, n° 34
  • Jean-Louis Peaucelle, JosĂ© Antonio Ariza Montès, Bernard Beaudoin, Trevor Boyns, Morales Gutierrez, Retière, Sasaki, Smith, Henri Fayol, inventeur des outils de gestion, Economica, 2003, (ISBN 978-2-71784649-2) ; 316p.
  • Olivier Meier, « H. Fayol, les principes de « saine » administration de l'entreprise » dans Sandra Charreire Petit, Isabelle Huault, Les grands auteurs en management, Éditions EMS, 2009, p. 43-56.
  • « Fayol, Le chantre de l'organisation hiĂ©rarchique », dans AndrĂ© Cavagnol, BĂ©renger Cavagnol, Pascale Roulle, L'essentiel des auteurs clĂ©s en management,p. 50-53, Gualino Ă©ditions, 2013, (ISBN 978-2-29703328-2) ; 136p.
  • Jean-Louis Peaucelle, Cameron Guthrie, Henri Fayol, un patron français, Éditions L'Harmattan, Paris, 2019, (ISBN 978-2-34316523-3) ; 328p.

Articles connexes

Liens externes

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