Henri-Jean Debon
Henri-Jean Debon (HJD) est un réalisateur et scénariste français né à Boulogne-Billancourt le et décédé à Paris 15e le [1]. Il est également musicien, guitariste et auteur-compositeur du groupe Quincannon. Il est notamment connu pour avoir réalisé une grande partie des clips du groupe Noir Désir.
Naissance |
Boulogne-Billancourt |
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Nationalité | Française |
Décès |
15e arrondissement de Paris |
Profession | Réalisateur, scénariste, producteur, musicien |
Films notables |
Tostaky Un Jour en France L'Homme Pressé |
Site internet |
Biographie
Henri-Jean Debon commence à réaliser ses premiers courts-métrages avec une caméra Super-8 à 14 ans[2]. Certains d'entre eux sont même présentés à divers festivals au début des années 1980[3]. Au lycée, il dirige Outsiders, un fanzine de cinéma qui lui permet de rencontrer des réalisateurs de tous les horizons : Eric Rohmer, Terry Gilliam, Gerard Oury ou encore Raoul Ruiz. À 16 ans, il réalise des films pour le Ministère de l’Économie Sociale. Il est alors repéré par le commissaire de l’exposition « Le goût du risque » au Grand Palais qui lui propose de contribuer à l'ouvrage collectif Modernes et après sous la direction d'Élie Théofilakis aux éditions Autrement[4]. Il devient parallèlement stagiaire dans la réalisation de clips et de publicités, travaillant pour Jean-Jacques Beineix, Etienne Chatiliez et surtout Jean-Pierre Jeunet, dont il est assistant entre 1984 et 1986. Il réalise un portrait de l'écrivain Philippe Djian en 1987 qui lui vaut une diffusion sur la chaîne FR3.
L'année 1989 est celle de sa rencontre avec Noir Désir. Il a d'abord l'idée de faire un long-métrage sur le groupe en tournée mais le projet tourne court faute de financement. Seules quelques séquences à bord du Transsibérien lors d'une tournée en URSS[5] subsistent de ce premier projet[6]. Il travaillera néanmoins avec les bordelais pendant presque quinze ans, réalisant la plupart de leurs clips ainsi que des pubs TV ou des vidéos de concerts. Noir Désir lui confie également la conception de tous leurs visuels pour l'album 666.667 Club, de la pochette au merchandising[6]. Leur collaboration vidéo entre 89 et 97 est rassemblée sous le documentaire On est au monde[7], sorti en 1998[8] puis réédité en 2006 dans le coffret DVD Noir Désir par Henri-Jean Debon[9] augmenté des vidéos de la période Des Visages Des Figures ainsi que des deux concerts filmés en 1993 pour leur album live Dies irae et déjà parus en VHS sous le titre Noir Désir[10]. En 1994, Henri-Jean Debon rencontre et filme à Londres Jeffrey Lee Pierce, chanteur du mythique Gun Club, deux ans avant sa mort, et filme son difficile quotidien : « Il n’avait plus de contrat avec aucune maison de disques, et à peine de quoi vivre. Et sa santé se détériorait… ».
RĂ©alisateur de clips
Henri-Jean Debon a conçu la majorité des clips de Noir Désir. Son approche particulière du montage et du décalage entre l'image et le son contribuent dès le début à l'identité du groupe : « En route pour la joie[11] », « Marlène » ou encore « Tostaky » jouent sur le rythme et la profusion d'extraits a priori sans rapport. Pourtant, « toutes les images ont été, contrairement à ce que l'on pourrait croire, tournées pour l'occasion et montées de manière très réfléchie » affirme Vincent Laufer[12]. « L'idée, explique Debon, est de profiter du fait que les clips de Noir Désir sont diffusés très fréquemment pour proposer des petits films où le spectateur va découvrir de nouvelles choses à chaque fois[12] ». Il revient à la fiction plus traditionnelle en 1996 avec « L'Homme Pressé », dans lequel le groupe parodie les boys band en vogue à l'époque, et « Un Jour En France », qui prend le contre-pied du texte politique de Bertrand Cantat sous forme de film d'animation japonaise et de critique de la célébrité[13]. « Ça nous a plu parce que complètement en porte-à -faux avec ce que raconte [la chanson], raconte Cantat [...] Ironie totale. Je pense que ça va être drôle. En tout cas vraiment expérimental. [..] Ce n'est pas de la paraphrase du texte[14] ». Lost[15], clip plus ambitieux incluant des effets spéciaux et de nombreux figurants[16], est leur dernière collaboration.
Il a également réalisé une trentaine de clips pour des artistes aussi variés que Asian Dub Foundation & Sinead O’Connor[17], Dominique A[18], Les Thugs, Louise Attaque, Luke, Eiffel et Ingrid Caven. En 2002, il tourne avec Dionysos le clip de leur tube Song For Jedi. En 2008, il lance son concept « LCD Videosystem » avec lequel il propose aux groupes auto-produits de concevoir un clip à 1000€[19]. Plus d'une vingtaine de formations font appel à lui, parmi lesquelles The Craftmen Club[20] et Mad River.
RĂ©alisateur de fictions
Après sa rencontre avec Jeffrey Lee Pierce, il lui imagine un rôle dans une de ses fictions[21], « Brothers and Sisters », mais le chanteur succombe à une hémorragie cérébrale en 1996. Henri-Jean revient aux métrages non musicaux en 2001 avec entre autres Une nuit, adaptation western d’une nouvelle de Georges Bernanos, et Mon cœur, co-produit par Canal +.
Documentariste et distributeur
Henri-Jean Debon a réalisé des documentaires autour des musiciens qu'il a suivis : Noir Désir mais aussi des artistes moins attendus comme Kyo ou Axel Bauer, avec une affinité pour les séances en studio d'enregistrement. Les images de sa rencontre avec Jeffrey Lee Pierce restent inédites jusqu'en 2007, date à laquelle il les présente sous la forme du moyen-métrage Hardtimes Killin’ Floor Blues[22] dans lequel apparaissent Cypress Grove et Nick Cave[23]. Le documentaire est salué par Le Monde comme « sans doute un des films les plus tristes et vrais jamais tournés sur la solitude d'un rocker déchu »[24]. Un de ses derniers projets est le documentaire Lunch[25], réalisé en 2010 et qui tourne autour du photographe américain Neil Gittings et de ses modèles féminins. Il a également créé en 1988 Sogema France Cinema, une société de distribution montée pour un unique film de Lars Von Trier, Epidemic[26].
Publicité
Henri-Jean Debon a créé les spots TV pour des albums de Noir Désir, de 1989 à 2001. Ce sont essentiellement des extraits des clips ou de vidéos live, parfois détournés (sans le son ou redoublés avec une autre bande sonore)[27].
Musique
Chanteur/guitariste et passionné par des figures marginales de la folk et du rock, "HJD" fonde son premier groupe en 1990, Otto’s Fox, puis la formation de rock indépendant Quincannon en 1996. Leur premier album West Point Graduate sort la même année. Il est produit, entre autres, par Frédéric Vidalenc, ex-bassiste de Noir Désir. Le style du groupe alterne entre cabaret, hardcore, pop, country et punk avec pour influences Daniel Johnston, les Pixies et The Gun Club. Il est élu révélation du Printemps de Bourges en 2000[28], puis sort son second album, Who Defecates In Your Head, Bob ? en avec le producteur des Stooges[29] et du Gun Club[30], Bruce Mock . On y note les participations de Marc Sens et Serge Teyssot-Gay[31]. Le troisième et dernier album Homeless Stars, Never Late... sort en 2005. Il est cette fois produit par Laurent Ballot et Romain Humeau, chanteur de Eiffel[32].
Filmographie
Documentaires
Courts métrages de fiction
Clips
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Clips LCD Videosystem
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RĂ©compenses
- MIDEM de Cannes 1996 : Grand Prix, meilleure réalisation et meilleur scénario pour Un Jour En France
- Victoires de la Musique 2006 : Victoire du DVD musical pour Noir Désir en images[33] de Don Kent dans lequel sont incluses des vidéos réalisées par Henri-Jean Debon.
Nominations
- Victoires de la Musique 1998 : Nomination pour la Victoire du vidéo-clip pour L'Homme Pressé[34]
- Festival international du film documentaire de Copenhague 2008 : Nomination pour Hardtimes Killin Floor Blues dans la catégorie Sound & Vision Award[35].
Musique
Albums du groupe Quincannon
- West Point Graduate (1999)
- Who Defecates In Your Head, Bob ? (2001)
- Homeless Stars, Never Late... (2005)
RĂ©compenses
- Printemps de Bourges 2000 : Révélation de l'année pour Quincannon
Voir aussi
Documents audiovisuels
- Quincannon interprète « Oligarchy In Your Ass » dans l'émission Des mots de minuit en 2001.
- Interview pour Le Journal de la Culture sur Arte autour de Hardtimes Killing' Floor Blues, .
- Commentaire du Clip Lost sur Chroniclip, 2010.
- Entretien pour DĂ©rives.tv, .
- Episode du Podcast Radio K7 sur l'album 666.667 Club de Noir DĂ©sir, .
Essais, études et témoignages
- Le paradoxe du vidéoclip chez Noir Désir, François Diebolt, Mémoire de Master Arts et Sciences de l’Enregistrement, UPEM - Paris-Est Marne-la-Vallée, 2006.
- Un détour, pour saluer, texte d'Henri-Jean Debon sur le court-métrage du même nom dans la revue Synergies Monde Arabe n°5, 2008.
Notes et références
- Relevé des fichiers de l'Insee
- « Henri-Jean Debon, L'homme... aimé », sur Louis Magazine, (consulté le )
- « Un détour, pour saluer », sur Centre Méditerranéen de la Communication Audiovisuelle, (consulté le )
- "Les Immatériaux" au Centre G. Pompidou : Étude de l'événement-exposition et de son public, Paris, Expo média, coll. « Cahier Expo média » (no 1), , 155 p. (ISBN 2-906081-00-0)
- Voyage en URSS (copie de travail) in On est au monde, Henri-Jean Debon, 1990-1998.
- Vincent Laufer, Noir DĂ©sir de A Ă Z, Paris, Les Guides Musicbook, , p.31. .
- « Noir Désir sur Discogs », sur Discogs, (consulté le )
- « Avant-Première : Noir Désir », Les Inrockuptibles, 20 juin 1998.
- « Noir Désir sur Discogs », sur Discogs, (consulté le )
- Philippe Djian, « Noir Désir mis en scène », Libération, 20 janvier 1994.
- « La chanson sert de bande-son à une succession d'images dont la musique nous est dispensée... Bref l'écart y est complet ; dans son concept bien sûr, mais également dans sa structure : sur le refrain où la musique est dynamique, on a droit à un plan statique de Bertrand qui semble murmurer et, sur le retour au calme, les scènes de concert stroboscopiques reviennent. », Noir Désir, le creuset des nues, Candice Isola, Presses Universitaires de Valenciennes, coll. Les Belles Lettres/Cantologie, Valenciennes, 2004, p.38.
- Laufer 2002, p. 32.
- Stéphane C. Jonathan, « Sombres Héros de la mire », Sud-Ouest, 1998.
- Rock & Folk, n°352, décembre 1996.
- [vidéo] Clip de Lost sur YouTube
- Commentaire du Clip Lost sur Chroniclip, 2010.
- « Asian Dub Foundation invite Sinead O'Connor en clip », sur Les Inrocks, (consulté le )
- « Les enfants du Pirée », sur Comment Certains Vivent, Site Officiel de Dominique A, (consulté le )
- Lara Beswick, « Henri-Jean Debon : L'homme qui faisait des (beaux) clips pour 1000€ », sur OWNI, (version du 22 octobre 2017 sur Internet Archive)
- « Après Noir Désir, Debon met les Craftmen en boîte », sur Le Télégramme, (consulté le )
- « Hartimes Killin’ Floor Blues », sur Les Inrocks, (consulté le )
- « Les dernières balles du Gun Club », sur Médiapart, (consulté le )
- Nick Cave, l'intranquille, Christophe Deniau, Castor Astral, 2008
- « Les incantations blues punk de Jeffrey Lee Pierce », sur Lemonde.fr, (consulté le )
- « Lunch », sur Film-Documentaire.fr, (consulté le )
- « Affiche du film Epidemic », sur Moviecovers, (consulté le )
- « Noir Désir : Tostaky (spot TV) », sur Youtube, (consulté le )
- « Printemps de Bourges, Historique », sur Printemps de Bourges, (consulté le )
- « Les expériences de Quincannon avec Spor à Vitry-le-François » (consulté le ), L'Union, 2000.
- « Quincannon fait bringuebaler le rock à la zapette » (consulté le ), La Tribune de Genève, 2001.
- « Quincannon - Quelques semaines après la mort de Jeffrey Lee Pierce », sur Le Cargo, (consulté le )
- « Homeless Stars, Never Late », sur Les Inrocks, (consulté le )
- « Noir Désir sur Discogs », sur Discogs, (consulté le )
- « Palmarès des Victoires de la Musique 1998 », sur France.TV, (consulté le )
- « Palmarès 2008 du CPH:DOX sur IMDB », sur IMDB, (consulté le )