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Hell Gate

Hell Gate est un détroit de l’East River à New York. Le seuil rocheux à cet endroit représenta, jusqu'à la fin du XIXe siècle, un des principaux dangers pour les navires. Aujourd'hui, le chenal sépare l’île de Ward (à l'ouest) d’Astoria (Queens)[1].

Le pont de Hell Gate Bridge avec, au premier plan, le quartier de Queens.
Repérage en rouge du détroit de Hell Gate, sur un cliché satellite du port de New York. Il sépare Ward's Island (à l'ouest) d’Astoria (Queens).
Carte d'État-major avec Hell Gate tout en bas.

Étymologie

Le nom de Hell Gate est une corruption du néerlandais Hellegat (transcrit Helle Gadt sur les plus vieilles cartes hollandaises[2]), qui peut signifier, soit « détroit lumineux », soit « accès dégagé[3] » et qui désignait à l'origine la totalité de l’East River. L’explorateur hollandais Adriaen Block, premier Européen réputé avoir franchi ce détroit, le décrit dans son journal de bord de 1614, alors qu'il naviguait à bord de l’Onrust. « Hellegat » est un nom de canal assez fréquent aux Pays-Bas : on n'en dénombre pas moins de 20 exemples[4]. Le nom était devenu familier aux explorateurs de la Côte Est, à cause des dangers pour la navigation : hauts-fonds, courants imprévisibles du Long Island Sound, du détroit de Harlem River, de l'Upper Bay du port de New York et de plusieurs autres chenaux, la plupart remblayés depuis ; c'est ainsi que le mot s’anglicisa[5].

Histoire

Au mois d', l’amiral Howe détacha une partie de sa flottille vers ce détroit, décision qui parut à l'époque une manifestation d'inconscience[6].

En 1851, le gĂ©nie militaire amĂ©ricain entreprit de dĂ©gager Ă  l'explosif le seuil rocheux du dĂ©troit ; le chantier allait s'Ă©taler sur 70 ans[7]. Le , le gĂ©nie plaça 23 t d’explosifs pour faire sauter le seuil rocheux, et bientĂ´t d'autres interventions suivirent[8]. C'est le que le gĂ©nie militaire procĂ©da Ă  la plus forte explosion du chantier : il rĂ©duisit le haut-fond de Flood Rock en un tas de rochers grâce Ă  140 t d’explosifs[9]. On put ressentir le souffle de la dĂ©flagration jusqu'Ă  Princeton (New Jersey)[9] et l'explosion provoqua un jet d'eau de 75 m de hauteur[10]. Un article de 2006 qualifie l’évĂ©nement de « plus forte explosion programmĂ©e avant la bombe atomique[10] », bien que la dĂ©tonation de la Bataille de Messines (1917) fĂ»t plusieurs fois plus intense. Les dĂ©blais produits par le dĂ©roctage purent ĂŞtre rĂ©employĂ©s en 1890 pour combler le fossĂ© sĂ©parant Great Mill Rock et Little Mill Rock. Ces deux Ă®lots ne forment plus depuis qu'une seule Ă®le : celle de Mill Rock[9]. Cet Ă©vĂ©nement a inspirĂ© la conclusion apocalyptique d’un roman de Bram Stoker, Le Repaire du ver blanc.

Le HMS Hussar, prise de guerre facile des insurgents, qui s'emparèrent avec ce navire de la solde des contingents anglais de Nouvelle-Angleterre après l'échouage (1780).
L’explosion de 1885.

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, des centaines de navires s'étaient échoués à travers le détroit, notamment le HMS Hussar (1763). Un premier pont fut établi à travers ce passage en 1917 : la connexion ferroviaire de New York (qui est aujourd'hui appelé le Hell Gate Bridge). Il relie l'île de Ward au Queens et assure ainsi le transit entre New York et la Nouvelle-Angleterre[11]. Depuis 1936, le détroit est aussi traversé par le pont routier de Triborough, qui relie Manhattan, le Bronx et le Queens[12].

Dans la culture

Film

  • Hell Gate: The Watery Grave (1977), est un documentaire de 50 minutes, narrĂ© par Alexander Scourby, consacrĂ© Ă  divers aspects de l'histoire du port de New York, et notamment au dĂ©gagement du chenal, Ă  la construction du pont de Hell Gate et au naufrage du steamship PS General Slocum.
  • Under Hellgate Bridge (1999), rĂ©alisĂ© par Michael Sergio, est un thriller dont l'action se dĂ©roule dans le Queens, et oĂą le pont est un Ă©lĂ©ment important du dĂ©cor[13]
  • Dans Gangs of New York (2002), rĂ©alisĂ© par Martin Scorsese, le hĂ©ros, Amsterdam Vallon (Leonardo DiCaprio), est confiĂ© Ă  l'orphelinat de Hell Gate Ă  la mort de son père.

Littérature

  • Dans le roman historique L’Écumeur de mer (1830) de James Fenimore Cooper, Hell Gate forme une des scènes les plus captivantes de la chasse du brigantin Water Witch par le HMS Coquette[14] - [15]. Le Water Witch est commandĂ© par Thomas Tiller, un aventurier intrĂ©pide, tandis que le HMS Coquette est commandĂ© par le capitaine Cornelius van Cuyler Ludlow, jeune officier new-yorkais tout juste issu des Ă©coles de la Royal Navy.

Voir Ă©galement

Notes

  1. (en) Kenneth T. Jackson, The Encyclopedia of New York City, New Haven, Conn., Yale University Press, , 1350 p. (ISBN 0-300-05536-6), p. 538
  2. Henry Gannett, The Origin of Certain Place Names in the United States, Govt. Print. Off., (lire en ligne), p. 154
  3. Cf. (nl) Vic Van Dyck, « Hellegat en Hellegat » (consulté le )
  4. « Hell Gate », New York History (consulté le )
  5. D'après « Permanent Revolution », New York magazine,‎ (lire en ligne)
  6. D'après W. Kornblum, At Sea in the City : New York from the Water's Edge, New York, Algonquin Books of Chapel Hill, (ISBN 1-56512-265-8), « 7-- The Hell Gate », et « NOAA 200th Collections: Hell Gate and Its Approaches nautical chart from 1851 », sur National Oceanic and Atmospheric Administration (consulté le )
  7. « Rendering Hell-Gate Rocks; The Submarine Mine Exploded », The New York Times,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le )
  8. « Mill Rock Island », sur New York City Department of Parks and Recreation, (consulté le )
  9. D'après Toni Whitt, « The East River is Cleaner Now. The Water Birds Say So. », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Steve Anderson, « Hell Gate Bridge », NYCRoads (consulté le )
  11. Robert Caro, The Power Broker : Robert Moses and the Fall of New York, New York, Vintage Books, , 1246 p. (ISBN 0-394-72024-5), p. 386
  12. Cf. « Reviews of Under Hellgate Bridge », sur Rotten Tomatoes,
  13. J. Fenimore Cooper, The Water-Witch, or, The Skimmer of the Seas, Carey, Lea, & Blanchard,
  14. Max I. Baym et Percy Matenko, New York History, vol. LI, New York State Historical Association, (lire en ligne), p. 33–41
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