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Harkis pendant la guerre d'Algérie

Les Harkis étaient des supplétifs français musulmans engagés pendant la guerre d'Algérie par l'armée française, aux côtés de laquelle ils formaient une catégorie de soldats irréguliers[1].

Une histoire ancienne d’engagement

Selon Jean-Jacques Jordi, la constitution des harkis ne doit pas ĂŞtre considĂ©rĂ©e uniquement comme un Ă©vĂ©nement de la guerre d’AlgĂ©rie mais doit ĂŞtre « analysĂ©e au travers de toute une histoire de liens, d’attachements mais aussi de rejets avec la France Â». Les Harkis se rattachent Ă  ce mouvement d'« indigènes Â» pro-français qui naĂ®t en 1830 lorsque des tribus prĂŞtent allĂ©geance Ă  la France. Dès 1831, des bataillons de soldats « indigènes Â» sont mis sur pied et participent aux opĂ©rations de conquĂŞte de l'AlgĂ©rie aux cĂ´tĂ©s des unitĂ©s mĂ©tropolitaines. En 1856, trois rĂ©giments de tirailleurs algĂ©riens sont crĂ©Ă©s dans chacune des provinces de l’AlgĂ©rie française et font partie intĂ©grante de l’armĂ©e française. Ces tirailleurs s’illustrent ensuite dans la plupart des campagnes du Second Empire et de la IIIe RĂ©publique puis lors des deux guerres mondiales. Ainsi dans certaines familles, comme celle du Bachaga Boualam, se dĂ©veloppe une sorte de tradition militaire. Dès le dĂ©but de la guerre d’AlgĂ©rie, le recours aux supplĂ©tifs musulmans apparaĂ®t non seulement nĂ©cessaire mais indispensable Ă  l’armĂ©e française[2].

Les origines des Harkis (1954-57)

L'idée de former des unités de police supplétive a été formulée avant même le début de l'insurrection algérienne que l'on date traditionnellement du . Le gouverneur général de l'Algérie, Roger Léonard avait souhaité la création de « goums civils » composés de Français musulmans pour patrouiller dans les zones rurales[1].

Le remplaçant de Léonard, Jacques Soustelle crée, le , pour l'ensemble de l'Algérie 34 groupes de « Groupes mobiles de police rurale » (GMPR), qui deviennent, en 1958 les « Groupes mobiles de sécurité » (GMS). Cette création d'unités indigènes supplétives se place dans une longue tradition de l'armée française, qui remonte à 1830[3]. On peut citer les turcopoles, les zouaves (1830), les tirailleurs algériens (1842).

Cette création, à l'époque où les Européens sont mobilisés sous les drapeaux soulève quelques problèmes juridiques de statut. En effet, pendant la période coloniale, les musulmans étaient de nationalité française, sans avoir tous les attributs de la citoyenneté[4]. Ils ne pouvaient l'obtenir qu'en affirmant au préalable « déclarer abandonner [leur] statut personnel pour être régi par lois civiles et politiques françaises » et ceci à la différence des Juifs à qui le décret Crémieux a donné collectivement la citoyenneté française. Par « statut personnel » il faut entendre toutes les règles qui régissent la vie privée allant de la naissance jusqu'au décès et leurs conséquences telles que la succession, le mariage, le divorce et l'incapacité. Ces règles, n'étant pas compatibles avec le Code Civil, offraient aux musulmans un statut leur permettant de continuer à être soumis à leurs règles coutumières coraniques.

Les Français musulmans d'Algérie auraient pu être appelés sous les drapeaux au même titre que les autres citoyens, sans bénéficier de statut particulier (c'est le cas à partir de ). Ces réserves juridiques sont levées par le Ministère de la Défense en raison des avantages retirés de la constitution de tels groupes. En premier lieu, soustraire les combattants à l'emprise « rebelle », et en deuxième lieu, disposer de troupes locales aptes à fournir des renseignements et à participer au maintien de l'ordre dans un pays qu'elles connaissent aussi bien que les rebelles[1]. Comme le note François-Xavier Hautreux, la discrimination entre « Français musulmans d'Algérie » (FMA) (ou « Français de souche nord-africaine », FSNA) et « Français de souche européenne » (FSE) est une constante tout au long de la guerre pour les autorités françaises civiles et militaires[1].

C'est qu'en effet, les militaires prennent de plus en plus le premier rĂ´le. Des « goums militaires » ou « harkas » sont crĂ©Ă©es sur le terrain dès 1955 et officialisĂ©es en 1956. Dans un rapport datĂ© de la fin 1955, les harkas sont dĂ©finies comme des « forces auxiliaires mobiles, de caractère tribal (auxiliaires temporaires) ». En mĂŞme temps que les harkas se forment des Groupes d'autodĂ©fense (GAD). Les GAD sont thĂ©oriquement moins offensifs que les harkas et ils ne sont pas rĂ©munĂ©rĂ©s, alors que les membres des harkas sont rĂ©munĂ©rĂ©s 750 francs (anciens, Ă  peine plus de 1 euro) par jour de service.

En 1956, Robert Lacoste prĂ©cise les règles concernant la crĂ©ation des harkas et des groupes d'autodĂ©fense. La dĂ©cision appartient au prĂ©fet, et la gestion des groupes est confiĂ©e au commandement militaire en collaboration avec l'administrateur de la commune ou l'officier SAS le reprĂ©sentant. Ces formations sont composĂ©es de volontaires. En , il existe officiellement 70 harkas, regroupant 2 186 harkis.

DĂ©veloppement des Harkis (1957-60)

Ă€ partir de 1957, le nombre de harkis connaĂ®t une forte croissance. C'est la pĂ©riode oĂą la France multiplie les postes sur tout le territoire algĂ©rien. C'est une stratĂ©gie très coĂ»teuse en hommes qui pousse l'Ă©tat-major Ă  recruter massivement le plus de forces disponibles. L'expĂ©rience de la guerre d'Indochine est encore toute proche, et dès , une fiche du 3e bureau de l'Ă©tat-major de la 10e rĂ©gion militaire intitulĂ©e « GuĂ©rilla et contre-guĂ©rilla en AlgĂ©rie Â» soulignait que « les meilleures troupes de contre-guĂ©rilla sont Ă  base d'autochtones Â». Vis-Ă -vis de l'opinion publique mĂ©tropolitaine et aussi de l'opinion internationale, il est important de montrer que les musulmans d'AlgĂ©rie se battent majoritairement dans le camp français. Par-delĂ  l'efficacitĂ© militaire, les militaires attendent aussi et peut-ĂŞtre mĂŞme surtout un effet psychologique. Comme l'Ă©crit dans une note un officier supĂ©rieur « Par l'intermĂ©diaire de leurs parents, de leurs amis, les harkis contribuent soit Ă  entretenir un climat favorable Ă  notre cause dans leurs villages d'origine, soit au minimum Ă  contre-battre la propagande adverse. Â»[1]

En , une harka constituée de femmes harkettes est créée à Catinat par le lieutenant français Onrupt[5].

Évolution des divers groupes de supplétifs musulmans en 1957
mokhaznis GMPR GAD harkas
3 500 4 748 3 502 2 186
5 500 5 824 5 500 10 430

En , une note de service de l'Ă©tat-major prĂ©cise la dĂ©finition d'une harka : « La harka est une formation levĂ©e pour des opĂ©rations dĂ©terminĂ©es et pour un temps limitĂ©... Leur mise en Ĺ“uvre doit normalement se situer dans un cadre local. Leur participation Ă  des opĂ©rations extĂ©rieures Ă  leur pĂ©rimètre de recrutement doit donc ĂŞtre exceptionnelle et de durĂ©e limitĂ©e. En aucun cas les harkas ne doivent ĂŞtre engagĂ©es isolĂ©ment Â». Initialement, les harkis sont armĂ©s de fusils de chasse. On ne leur confie des armes de guerre comme des fusils ou des pistolets-mitrailleurs que progressivement, et les armes qui ne sont que prĂŞtĂ©es doivent ĂŞtre rendues après les opĂ©rations[1].

En , le nombre de Français de souche nord-africaine (FSNA), appellation dĂ©signant les Français musulmans Ă  l’époque, engagĂ©s dans l’armĂ©e ou l’État français, est estimĂ© Ă  environ 250 000 personnes rĂ©parties entre[6] :

  • 217 000 Français musulmans dans l’armĂ©e rĂ©gulière ou supplĂ©tifs (57 000 harkis, 9 100 GMS (gardes mobiles de sĂ©curitĂ©), 19 450 moghaznis, 65 850 gardes d’autodĂ©fense dont 29 270 armĂ©s rĂ©partis en 2 107 groupes et 65 600 appelĂ©s et engagĂ©s) ;
  • 33 000 Français musulmans inscrits dans la vie politique et l’administration (un ministre, 46 dĂ©putĂ©s sur un total de 67 pour l’AlgĂ©rie, 350 conseillers gĂ©nĂ©raux sur un total de 452, 11 550 conseillers municipaux sur un total de 14 000 et 20 000 fonctionnaires dont un prĂ©fet et plusieurs sous-prĂ©fets).

L'espoir de gagner la guerre (1958-60)

La pĂ©riode entre 1958 et 1960 marque l'apogĂ©e de l'emploi des harkis sur le terrain. Le gĂ©nĂ©ral Challe est nommĂ© commandant en chef des forces françaises en AlgĂ©rie Ă  la fin de l'annĂ©e 1958 et il met sur pied un plan qui porte son nom, le « plan Challe Â», ensemble de grandes opĂ©rations de ratissage pour faire Ă©clater les unitĂ©s de l'ALN, les katibas en groupes, et les harkis sont invitĂ©s Ă  entrer dans les commandos de chasse dont la mission est de traquer ces petits groupes.

En , Ă  son maximum, l'effectif combinĂ© des GAD et des harkas reprĂ©sente 63 000 harkis. 7 500 GMPR, 19 100 moghaznis, 3 060 UR-Aassès, 62 000 autodĂ©fenses (dont 50 % armĂ©s) = 154 700 (dont 123 700 armĂ©s). Ils sont mieux armĂ©s, accèdent Ă  certains grades de l'armĂ©e et l'Ă©tat-major voudrait les former pour qu'ils deviennent des « militants de la cause française Â»[1]. Les harkis sont payĂ©s comme les mokhaznis et les membres des GMPR, 750 francs (anciens) par jour, ce qui reprĂ©sente Ă  peu près 2 fois le SMIG horaire, mais Ă  la diffĂ©rence des mokhaznis et des GMPR, ils ne bĂ©nĂ©ficient pas d'allocations familiales et d'assurance sociale. Les gardes des GMPR reçoivent en plus une « prime de maintien de l'ordre Â» de 4 500 francs (anciens) par mois. Les harkis sont recrutĂ©s sans contrat et simplement comptabilisĂ©s Ă  la fin de chaque mois.

Environ 5 % des effectifs sont des ralliĂ©s qui ont quittĂ© les rangs du FLN. On se mĂ©fie souvent d'eux, il y a parfois des dĂ©sertions dans l'autre sens et les ralliĂ©s y sont parfois impliquĂ©s. 10 % des harkis sont incorporĂ©s dans les commandos de chasse, mais l'activitĂ© de beaucoup de ces commandos de chasse ne se distingue pas tellement de celle de la majoritĂ© des harkas : protection et patrouilles. D'après le gĂ©nĂ©ral Challe, seuls 5 000 ou 6 000 harkis seraient vraiment investis dans des opĂ©rations de commandos. Certains harkis sont Ă©galement employĂ©s comme voltigeurs ou interprètes dans les unitĂ©s de l'armĂ©e rĂ©gulière.

Certaines unitĂ©s sont payĂ©es sur des crĂ©dits harkis ou des crĂ©dits des services spĂ©ciaux mais se distinguent des harkas normales et ne sont pas comptabilisĂ©es dans les effectifs. C'est le cas des maquis rivaux du FLN, souvent mesalistes, et armĂ©s par la France Ă  partir de 1957. Leurs chefs s'appellent Bellounis, Kobus ou Si ChĂ©rif. Ces diffĂ©rents groupes ont pu compter jusqu'Ă  5 000 hommes.

Un autre cas Ă  part est celui de la harka du Bachaga Boualem, dans l'Ouarsenis. La harka du bachaga, figure emblĂ©matique de l’AlgĂ©rie française, qui compte environ 1 500 hommes, constitue un fief qui Ă©chappe en partie Ă  l'autoritĂ© de l'armĂ©e française[1], la rĂ©gion Ă©tant considĂ©rĂ©e comme « pacifiĂ©e Â»[7].

En France métropolitaine, suivant le modèle du plan Challe, on recrute des Français musulmans pour lutter plus efficacement contre le FLN. Cette force de police auxiliaire (FPA) est opérationnelle à partir de [8] - [9].

Vers l'indépendance de l'Algérie (1961-62)

Vieux Harki, ancien combattant

Le , Les Français de métropole lassés par une guerre qu'ils ne comprennent pas se prononcent par référendum pour l'autodétermination de l'Algérie. Il devient tellement clair que De Gaulle a déjà opté pour la voie de l'indépendance algérienne qu'une partie de l'armée participe à ce que l'on appelle le putsch des généraux et entre en dissidence entre les 23 et . Les négociations avec le FLN s'ouvrent officiellement à Évian le . Elles conduisent, presque un an plus tard à la signature des accords d'Évian qui conduisent à l'indépendance sous réserve d'une confirmation par referendum[10].

Il s'agit d'un retournement complet par rapport Ă  la politique de l'AlgĂ©rie française pour laquelle s'Ă©taient battus l'armĂ©e française et les diffĂ©rents corps de supplĂ©tifs qu'elle avait crĂ©Ă©s. Bien que les accords d'Évian envisagent implicitement que les Pieds-Noirs, c'est-Ă -dire les Français d'AlgĂ©rie, restent en AlgĂ©rie, des plans avaient envisagĂ© dès 1961 leur retour en mĂ©tropole. Les harkis sont Ă  ce moment franchement distinguĂ©s des « Français d'AlgĂ©rie Â». Venir en France n'est pas considĂ©rĂ© comme un retour, mais comme une migration. C'est la fin du mythe entretenu les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes qui prĂ©sentait les Français musulmans comme des Français comme les autres[1].

Si les effectifs des membres des harkas a culminĂ© autour de 30 000 hommes, le nombre de ceux qui Ă  un moment donnĂ© en ont fait partie est de l'ordre de 80 000 auxquels s'ajoutent un grand nombre d'autres Français musulmans qui ont collaborĂ© de près ou de loin avec l'administration ou l'armĂ©e française.

Le , le gĂ©nĂ©ral Ailleret, nouveau commandant en chef en AlgĂ©rie demande dans une note aux autoritĂ©s militaires de recevoir les demandes des harkis qui souhaitent partir en mĂ©tropole. Le , le ministre des ArmĂ©es Pierre Messmer envoie une note d'information dans laquelle les conditions de reclassement des harkis dans l'armĂ©e française sont prĂ©cisĂ©es. Ils peuvent bĂ©nĂ©ficier d'un contrat de six mois non renouvelable, bĂ©nĂ©ficiant ainsi de la protection de l'armĂ©e pendant cette pĂ©riode. « Ils disposeront d'un large dĂ©lai pour choisir leur voie et nous pourrons les aider efficacement d'abord en les dĂ©mobilisant intellectuellement, en les employant Ă  des taches non militaires... la difficultĂ© d'une adaptation brutale en France d'un harki doit ĂŞtre expliquĂ©e aux intĂ©ressĂ©s Â». IndĂ©pendamment de cette possibilitĂ© de contrat de 6 mois, ils ont le choix entre un licenciement avec prime ou un engagement dans l'armĂ©e rĂ©gulière, sous rĂ©serve d'une bonne condition physique et d'ĂŞtre cĂ©libataire[11]. Du 1er mars au , les effectifs des harkis passent de 41 383 Ă  11 998. Les dĂ©sertions reprĂ©sentent 3,5 % des dĂ©parts, les engagements dans l'armĂ©e, 6 %, les contrats civils, 11 % et les licenciements avec prime 80 %.

Ă€ partir de , les contacts entre le FLN et la population se multiplient. Les harkis reçoivent aussi bien des menaces que des promesses de pardon conditionnĂ©es parfois au versement de leurs primes de licenciement[12]. De nombreux musulmans qui viennent se placer sous la protection de l'armĂ©e française pour Ă©chapper aux menaces demandent le rapatriement en mĂ©tropole. Il s'agit de toutes les catĂ©gories d'anciens supplĂ©tifs, mais aussi de fonctionnaires ou d'Ă©lus. Après les accords d'Évian, entre 30 000 et 50 000 musulmans sont rapatriĂ©s en France par la voie officielle, dont 23 721 entre Ă  , On Ă©value entre 25 000 et 40 000 ceux qui gagnent la mĂ©tropole par leurs propres moyens[13].

Des accords d'Évian en Ă  l'Ă©tablissement sans contestation de l'autoritĂ© de Ben Bella, l'AlgĂ©rie vit une pĂ©riode de semi-anarchie oĂą il est difficile de prĂ©ciser qui, dans chaque rĂ©gion, exerce rĂ©ellement l'autoritĂ©. Jusqu'Ă  l'indĂ©pendance qui intervient le , l'ExĂ©cutif provisoire exerce thĂ©oriquement l'autoritĂ© et bĂ©nĂ©ficie d'une force locale formĂ©e, toujours thĂ©oriquement, d'EuropĂ©ens et d'AlgĂ©riens, mais le plus souvent subordonnĂ©e Ă  l'ALN qui ne respecte pas forcĂ©ment l'autoritĂ© du GPRA qui ne peut empĂŞcher de nombreuses exactions vis-Ă -vis des EuropĂ©ens ou des Musulmans[1] - [14].

De nombreux officiers, surtout ceux responsables des S.AS, conscient que les harkis laissés en Algérie sont promis à la mort, voyant que les filières officielles sont engorgées, prennent sur eux d'envoyer leurs soldats en métropole. Ces actions sont contrecarrées par le gouvernement, Louis Joxe adresse le au Haut Commissaire Christian Fouchet la note suivante ; elle est très connue et tous les ouvrages consacrés au problème des harkis la citent.

«  Les renseignements qui me parviennent sur les rapatriements prĂ©maturĂ©s des supplĂ©tifs indiquent l'existence de vĂ©ritables rĂ©seaux tissĂ©s sur l'AlgĂ©rie et la MĂ©tropole et dont la partie algĂ©rienne a souvent pour origine un chef SAS. Je vous envoie au fur et Ă  mesure la documentation que je reçois Ă  ce sujet. Vous voudrez bien faire rechercher tant dans l'armĂ©e que dans l'administration les promoteurs et les complices de ces entreprises et faire prendre les sanctions appropriĂ©es. Les supplĂ©tifs dĂ©barquĂ©s en MĂ©tropole en dehors du plan gĂ©nĂ©ral de rapatriement seront, en principe, renvoyĂ©s en AlgĂ©rie oĂą ils devront rejoindre avant qu'il soit statuĂ© sur leur destination dĂ©finitive le personnel dĂ©jĂ  regroupĂ© selon les directives des 7 et . Je n'ignore pas que ce renvoi peut ĂŞtre interprĂ©tĂ© par les propagandistes de la sĂ©dition comme un refus d'assurer l'avenir de ceux qui nous sont demeurĂ©s fidèles, il conviendra donc d'Ă©viter de donner la moindre publicitĂ© Ă  cette mesure ; mais ce qu'il faut surtout obtenir, c'est que le gouvernement ne soit plus amenĂ© Ă  prendre une telle dĂ©cision. »

En , l'indĂ©pendance est marquĂ©e par la lutte de pouvoir qui oppose très schĂ©matiquement le bureau politique et le GPRA[15]. De juillet Ă  , l'AlgĂ©rie vit l'apogĂ©e de ce que l'on a appelĂ© le wilayisme, c'est-Ă -dire, la lutte entre les diffĂ©rentes rĂ©gions militaires auquel s'ajoute la rentrĂ©e sur le territoire algĂ©rien des troupes de l'ALN autrefois stationnĂ©es en Tunisie ou au Maroc. C'est dans ce contexte que se dĂ©roulent une vague d'exactions contre tous les supposĂ©s ennemis de patrie algĂ©rienne dĂ©signĂ©s sous le terme gĂ©nĂ©rique de « harkis Â». Ces exactions prennent diffĂ©rentes formes : taxations, arrestations, brimades, exĂ©cutions souvent accompagnĂ©es de tortures. Selon les lieux, il peut s'agir d'une politique de vengeance organisĂ©e par les nouvelles autoritĂ©s ou l'occasion de rĂ©gler de vieux comptes.

Les quelque 90 000 « Français musulmans Â» qui ont regagnĂ© la France après la signature des accords d'Évian sont eux aussi dĂ©signĂ©s sous le nom gĂ©nĂ©rique de « harkis Â». Parmi ceux qui sont restĂ©s en AlgĂ©rie, plusieurs dizaines de milliers ont Ă©tĂ© massacrĂ©s.

Notes et références

  1. François-Xavier Hautreux, L'engagement des Harkis, (1954-1962), Essai de périodisation, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 90, 2006/2
  2. Jean-Jacques Jordi, directeur du Mémorial de l’outre-mer à Marseille, À propos des Harkis, Cahier du CEHD, no 24
  3. Jacques Frémeaux, L'Afrique à l'ombre des épées, 1830-1930, Tome II: Officiers administrateurs et troupes coloniales, Vincennes, SHAT, 1995, p.152
  4. Patrik Weil, Qu'est-ce qu'un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, Grasset, 2002
  5. Zineb Ali-Benali, « Une généalogie de la parole « harkis ». Mémoires des filles, paroles des mères », Les Temps Modernes, no 666,‎ , p. 186–196 (ISSN 0040-3075, DOI 10.3917/ltm.666.0186, lire en ligne, consulté le )
  6. Service historique de la DĂ©fense (SHD) 1 H 2538.
  7. Boualem, les harkis au service de la France, Ă©ditions France Empire.
  8. Emmanuel BlanchardPolice judiciaire et pratique d'exceptions pendant la guerre d'Algérie, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n°90, 2006/2
  9. Remy Valat, Article paru dans la Revue d'Histoire : Outre-Mers, 1er semestre 2004, N°342-343
  10. Monneret, La phase finale de la guerre d'Algérie (ISBN 2-7475-0043-8).
  11. Charles-Robert Ageron, Le drame des harkis en 1962, Vingtième siècle, Revue d'Histoire, 42, avril 1994
  12. Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d'Algérie, Picard, 2002, p.216
  13. Charles-Robert Ageron, Les supplétifs algériens dans l'armée française pendant la guerre d'Algérie, Vingtième siècle, Revue d'Histoire, n°48, octobre 1995. Voir aussi Maurice Faivre, Les combattants musulmans de la guerre d'Algérie, L'Harmattan, 1995
  14. Maurice Faivre "les Archives inédites de la politique Algérienne" de la France 1958-1962 editions L'Harmattan 2006
  15. Gilbert Meynier, Histoire intérieure du FLN, Fayard, 2002,p.637

lettre du service historique des armées: http://perso.orange.fr/guerredalgerie/images/note%20harkis.jpg

Sources de l'article

L'essentiel de l'article dans sa version du a été inspirée, à l'exception du paragraphe sur la FPA, par l'article de François-Xavier Hautreux, L'engagement des Harkis, (1954-1962), Essai de périodisation, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 90, 2006/2.

Bibliographie

  • Azni Boussad Harkis, crime d'Ă©tat (ISBN 2-290-32158-3)
  • Besnaci-Lancou Fatima, « Fille de Harki Â»
  • Besnaci-Lancou Fatima, « Nos mères, paroles blessĂ©es Â» Femmes de harkis
  • Besnaci-Lancou Fatima, « Treize Chibanis Harkis Â»
  • Besnaci-Lancou Fatima, Gilles Manceron « Les harkis dans la colonisation et ses suites Â»
  • Besnaci-Lancou Fatima, Abderahmen Moumen "Les Harkis", collection IdĂ©es reçues"
  • Bachaga SaĂŻd Boualam - Mon pays la France - 1962 - Éditions France-Empire
  • Bachaga SaĂŻd Boualam - Les harkis au service de la France - 1963 - Éditions France-Empire
  • Bachaga SaĂŻd Boualam - L'AlgĂ©rie sans la France - 1964 - Éditions France-Empire
  • Titraoui et Coll le livre des harkis
  • Maurice Faivre « un village de harkis Â»
  • Maurice Faivre « les combattants musulmans de la guerre d'AlgĂ©rie Â»
  • Daniel Grenon, Harkis, soldats abandonnĂ©s, (ISBN 9782845635555)
  • Nicolas d'Andoque, Guerre et paix en AlgĂ©rie. L'Ă©popĂ©e silencieuse des SAS : 1955-1962, Paris, SociĂ©tĂ© de production littĂ©raire, 1977

Voir aussi

Liens externes

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