Hans de Witte
Hans de Witte , nĂ© vers 1583-1585 probablement Ă Anvers[1] et mort le Ă Prague, est un financier calviniste d'origine flamande installĂ© Ă Prague, alors en BohĂȘme, connu pour avoir Ă©tĂ© le principal bailleur de fonds du chef d'armĂ©e mercenaire Albrecht von Wallenstein pendant la guerre de Trente Ans.
Ascension et chute
De Witte arrive Ă Prague en 1603 oĂč il achĂšte en 1617 une vaste demeure pour un montant de 7000 schock (de) de MeiĂen. Banquier rĂ©putĂ©, il a la faveur de l'empereur Ferdinand II et devient le pourvoyeur de fonds de Wallenstein[1]. En 1622, il fonde un consortium avec le financier Jacob Bassevi (en), le prince Charles de Liechtenstein, le chef de guerre Wallenstein et le secrĂ©taire impĂ©rial en BohĂȘme Paul Michna von VacĂnov (de) : le but du consortium est d'acquĂ©rir auprĂšs de l'empereur Ferdinand, pour un montant de 6 millions de florins, le droit de battre monnaie en BohĂȘme, en Moravie et en Basse-Autriche, pour une durĂ©e d'une annĂ©e, soit jusqu'en . De Witte est Ă la fois chargĂ© de la gestion du consortium et son principal reprĂ©sentant.
L'opĂ©ration est de grande ampleur pour l'Ă©poque : le consortium investit plus de 560 000 marcs d'argent (ce marc correspondant Ă une demi-livre de mĂ©tal) pour frapper 42 millions de florins[2]. De Witte et ses associĂ©s ont le monopole de la production et de la diffusion de la nouvelle monnaie, perçoivent les bĂ©nĂ©fices affĂ©rents, et tirent avantage de l'interdiction impĂ©riale d'user de toute autre monnaie que le florin (Gulden) Ă©mis par le consortium. Durant cette pĂ©riode d'une annĂ©e, le consortium se livre volontairement Ă une dĂ©prĂ©ciation monĂ©taire du florin d'argent : lĂ oĂč la mĂȘme masse d'argent permettait avant 1622 d'Ă©mettre 46 florins, le consortium en produit dĂ©sormais 79[1], en adjoignant du cuivre lors de la fonte des piĂšces[3]. La teneur en argent du florin ne correspondant plus Ă sa valeur faciale, l'opĂ©ration permet aux associĂ©s de s'enrichir, mais provoque une inflation dans la rĂ©gion, et entraĂźne la ruine de la population, qui dans le mĂȘme temps subit les ravages de la guerre de Trente Ans.
Outre l'enrichissement personnel des associĂ©s, les revenus du consortium permettent Ă de Witte de prĂȘter Ă Wallenstein les fonds colossaux nĂ©cessaires Ă ses campagnes militaires mais aussi Ă son train de vie. De Witte accorde aussi des prĂȘts Ă l'empereur Ferdinand qui, en 1627, le fait chevalier de Lilienthal, titre de la noblesse hĂ©rĂ©ditaire de BohĂȘme.
Cependant, tant Wallenstein que l'empereur tardent Ă rembourser leurs dettes Ă de Witte : ainsi, Wallenstein qui finançait ses remboursements en levant des impĂŽts dans les territoires qu'il avait conquis, perd des revenus quand le duchĂ© de Mecklembourg est envahi par la SuĂšde[2]. DĂšs 1628, les difficultĂ©s s'accumulent pour de Witte qui ne peut payer les intĂ©rĂȘts des sommes qu'il a lui-mĂȘme empruntĂ©es. Au dĂ©but de l'annĂ©e 1630, il vend ses propriĂ©tĂ©s, et en , il est en cessation de paiement et se dĂ©clare incapable d'avancer les fonds nĂ©cessaires aux campagnes militaires et aux dĂ©penses personnelles de Wallenstein : celui-ci, lui-mĂȘme congĂ©diĂ© le par l'empereur, dĂ©cide alors de se passer de ses services. Il est rapportĂ© que le , de Witte met fin Ă ses jours en se jetant dans le puits situĂ© derriĂšre sa maison Ă Prague[2].
Bibliographie
- (de) Anton Ernstberger (de) : Hans de Witte, Finanzmann Wallensteins. Steiner Verlag, Wiesbaden 1954. (= Vierteljahrschrift fĂŒr Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, cahier 38)
- (de) Golo Mann : Wallenstein. Sein Leben erzÀhlt von Golo Mann (de). S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main, 2. Auflage 1971, (ISBN 3-10-047903-3), sur Hans de Witte : p. 1339.
Notes et références
- (de) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en allemand intitulĂ© « Hans de Witte » (voir la liste des auteurs).
- (de) Dietmar Pieper, « Banker des Krieges », Der Spiegel,â (lire en ligne)
- (de) Dr. Klaus Koniarek, « WER war WER im DreiĂigjĂ€hrigen Krieg â de WITTE, Hans », sur www.koni.onlinehome.de/
- (de) « Historiker erinnert an Finanzkrise und WĂ€hrungsmanipulationen vor 400 Jahren », Der Standard,â (lire en ligne)