Hadley Richardson
Elizabeth Hadley Richardson ( – ), surnommée Hash, est la première femme de l'auteur américain Ernest Hemingway. Après leur mariage en 1921, dans le Michigan, le couple décide de s'installer à Paris. Ernest y poursuit sa carrière d'écrivain et ils rencontrent les expatriés de l’intelligentsia américaine et britannique : ceux qui ont constitué, en grande partie, la génération perdue. En 1925, Hadley apprend la liaison amoureuse entre Pauline Pfeiffer et Ernest, dont elle divorcera en 1927. En 1933, elle épousera en secondes noces, le journaliste Paul Mowrer dont elle a fait connaissance à Paris.
Naissance | |
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Décès | |
Nationalité | |
Formation |
Collège Bryn Mawr Mary Institute and St. Louis Country Day School (en) |
Activité | |
Père |
James Richardson (d) |
Mère |
Florence Wyman (d) |
Conjoint |
Ernest Hemingway (de à ) |
Enfant |
Biographie
Elizabeth Hadley Richardson, née le en 1891 à St. Louis, Missouri, est la plus jeune des quatre enfants de la famille. Sa mère, Florence - née Wyman -, était une chanteuse et musicienne confirmée. Son père, James Richardson, Jr., travaillait au sein de la compagnie pharmaceutique familiale[1].
Alors enfant, elle tombe de la fenêtre du 2e étage et ses blessures l'obligent à rester au lit pendant une année. Après l'accident, sa mère devient exagérément protectrice, ne lui permettant pas d'apprendre à nager ni de faire d'autres activités physiques[2].
Son père, moins protecteur, se suicide en 1903 à la suite de difficultés financières.
Adolescente, Hadley devient malheureusement, timide et recluse. Elle est élève au Mary Institute de St. Louis, puis au collège Bryn Mawr. Cependant, la mort de sa sœur Dorothea et la fragilité psychique et physique de Hadley, incitent sa mère à la retirer du collège[1].
Après un retour au collège, Hadley vécut une vie restrictive, sa sœur et sa mère continuant à s'inquiéter au sujet de sa santé et de ses rares activités physiques et sociales[2].
Un été pourtant, elle est autorisée par sa mère à rendre visite à son ancienne camarade de chambre, Katy Smith, dans le Vermont. Elle y découvre les joies du tennis et fait la connaissance de Maxfield Parrish. Lorsque sa mère s’inquiète de son bien-être, elle l'oblige à rentrer. Alors que sa mère, recluse, s'immerge dans la spiritualité, Hadley passe quelques années à essayer d'être une pianiste, jusqu'à ce qu'elle abandonne définitivement cette voie, par manque de talent selon elle. Quand sa mère développera la maladie de Bright, Hadley la soignera jusqu'à sa mort[2].
Rencontre avec Ernest Hemingway
Peu de temps après la mort de sa mère, en , Hadley rend visite à son amie de chambrée, Katie Smith, qui demeure à Chicago et qui deviendra la femme de John Dos Passos. Celle-ci lui fait rencontrer Hemingway qui vit, alors, avec un de ses frères, et qui est employé comme éditeur associé du journal mensuel, le Cooperative Commonwealth[3].
Quand Hadley retourne à St.Louis, Hemingway, qui s'était épris d'elle, écrit qu'elle était la fille qu'il allait épouser. Son ainée de 8 ans, Hadley est une femme à la chevelure rousse, à l'instinct maternel[2].
Bernice Kert, écrivain, écrit dans Les femmes d'Hemingway, qu' Hadley était la femme idéale durant sa convalescence, fragilisé par ses blessures subies à la fin de la Première Guerre mondiale en Italie. Hadley avait beaucoup de points communs avec Agnès von Kurowsky, l'infirmière américaine qui soigna Hemingway en Italie et dont il s'amouracha. Agnès lui inspira le personnage de Catherine Barkley dans son roman L'Adieu aux armes[2].
Élève érudite, Jamie Barlowe croit également que Hadley représentait la femme parfaite, émotive, dépendante, obéissante, en total opposition à la femme moderne du début des années 1920[4].
Durant l'hiver 1921, Hadley reprit la musique, s'adonnait à des activités de plein air et correspondait avec Hemingway resté à Chicago. Quand elle a exprimé ses pressentiments relatifs à leur différence d'âge, Hemingway protestait qu'il ne ressentait aucune différence[5].
Le temps s’égrène, entrecoupé de correspondances et de visites mutuelles entre Chicago et St.Louis. Dans l'une d'entre elles, Hadley lui promet de lui offrir une machine à écrire Corona, pour son prochain anniversaire. Et en juin, elle annonce leur prochain mariage, malgré les objections de ses amis et de sa sœur. Hadley disait qu'elle savait ce qu'elle faisait, qu'elle croyait dans le talent d'Hemingway et qu'elle était bonne pour lui[6].
Mariage avec Hemingway
Ils se sont mariés le , à Horton Bay, Michigan, et ont passé leur lune de miel dans le cottage familial d'été d'Ernest à Walloon Lake[1].
Le temps fut exécrable et tous deux eurent de la fièvre et un mal de gorge. Ils retournèrent vivre à Chicago dans un petit appartement situé sur North Dearborn Street[7].
La mort d'un oncle de Hadley lui permet d'obtenir un autre héritage, accroissant leur indépendance financière. Alors qu'ils projetaient de visiter Rome, un ami, Sherwood Anderson les convainc de visiter Paris[8].
La perspective de vivre à Paris séduit Hadley[9].
Deux mois plus tard, Hemingway était engagé comme correspondant étranger, à Paris, pour le Toronto Star.
Le biographe d'Hemingway, Jeffrey Meyers mentionnera qu'avec Hadley, Hemingway réalisait tout ce qu'il avait espéré faire avec Agnés : l'amour d'une jolie femme, une vie confortable et une vie en Europe[10].
Vie à Paris
En 1922 à Paris, Hadley et Hemingway habitent au 74 de la rue Cardinal Lemoine, dans le Quartier Latin, juste à côté, de son lieu de travail, une petite chambre louée dans un immeuble[8]. Cet hiver là, il découvre Shakespeare and Company, une librairie indépendante qui vend et prête des livres en langue anglaise, carrefour incontournable des écrivains et journalistes anglo-saxons, très courue des expatriés américains à l'instar de l'éditrice Sylvia Beach. Hadley est venue y acheter le livre de James Joyce qu'elle adore. Ils finissent par s'y rencontrer, en [11].
Par l'entremise d'une lettre d'introduction d'Anderson, Hemingway est introduit dans le cercle d'amis de Ezra Pound qui lui fait rencontrer Gertrude Stein. Parisienne depuis une vingtaine d'années, elle est le véritable chef d'orchestre des soirées et des rencontres des expatriés anglo-saxons vivant à Paris. Une forte et durable amitié va naitre entre les deux écrivains. Ce printemps, Les Hemingways voyagent en Italie, en été, ils se consacrent à l'Allemagne. En décembre, Hadley part rejoindre à Genève, Hemingway qui couvre une conférence pour la paix[12].
C'est durant ce voyage que Hadley, à la Gare de Lyon égare une mallette, pleine de manuscrits d'Hemingway. Dévaste et fâché de la perte de son travail, il la blâme[13].
Toronto ou la naissance de John
Quelques mois plus tard, quand ils apprennent la grossesse de Hadley, le couple décide de déménager à Toronto pour la naissance du bébé. Avant qu'ils quittent la France, le couple se rend, pour la première fois, à Pampelune pour y suivre une corrida, aux fêtes de San Fermín.
Leur fils John Hadley Nicanor Hemingway nait le , à Toronto [12] et porte le nom de Hadley, sa mère accompagné de Nicanor, en hommage au jeune matador espagnol : Nicanor Villalta qui a beaucoup impressionné Hemingway[14].
L'accouchement a été rapide et l'enfant est en bonne santé. Hemingway n'y a pas assisté, il a été envoyé à New York en reportage. Hadley surnomme son fils « Bumby » à cause de ses ressemblances avec les nounours dodus[15].
À Toronto, la famille vit dans un petit appartement sur Bathurst Street. Hemingway considère Toronto ennuyeux et veut retourner à Paris pour y vivre une vie d'écrivain plutôt que d'être journaliste à Toronto[16].
Retour à Paris
Quand leur fils, « Bumby », est âgé de quelques mois seulement, ils retournent vivre à Paris et en , s'installent dans un appartement de la rue Notre-Dame-des-Champs[16].
Hadley engage une aide pour les tâches ménagères et pour leur fils Bumby. Elle a emprunté un landau pour prendre le bébé quand ils partent en promenade au Jardin du Luxembourg. Le baptême de Bumby se déroule à la chapelle épiscopalienne St Luke, rue de la Grande-Chaumière à Paris, en mars, en présence de son parrain Eric Dorman-Smith et de sa marraine Gertrude Stein. Quelques mois plus tard, une mauvaise gestion du capital de Hadley les laisse avec une perte financière importante. Au même moment, Hemingway commence un travail d'éditeur pour Ezra Pound au petit magazine moderne de Ford Madox Ford, la Critique Transatlantique[17].
En juin, les Hemingways retournent à Pampelune, sans leur fils[18]. et choisissent Schruns en Autriche, pour leurs vacances hivernales[19].
Quelque temps avant leurs retours en France, Hemingway avait rencontré les sœurs Pfeiffer[20].
Quand en juin, 1925, Hadley et Hemingway quittent Paris pour leur troisième voyage consécutifs à Pampelune, ils sont accompagnés par le groupe d'amis américains et britanniques expatriés dans lequel se trouve aussi Pauline Pfeiffer, elle-même, journaliste américaine dépêchée à Paris pour le magazine vogue[21] - [13].
Ce voyage inspire le premier roman d'Hemingway Le soleil se lève aussi, pour lequel il travaille à sa rédaction, immédiatement après la fiesta et le finit en septembre[22].
En novembre, il achète à l'occasion de l'anniversaire de Hadley, une peinture de Joan Miró, La Ferme[20].
Divorce de Hadley et de Hemingway
Leur mariage se délita complètement alors qu'Hemingway travaillait à la relecture et correction de Le soleil se lève aussi[22] . Aussi, il dédicaça son ouvrage à Hadley et à John Hadley Nicanor[14].
Pour la deuxième année, ils reviennent passer leurs vacances d'hiver à Schruns, en Autriche, pour Noël, mais cette année-là, ils sont rejoints par Pauline Pfeiffer. Hemingway effectue le voyage de retour avec elle, laissant Hadley et leur fils en Autriche[23].
Alors qu'ils sont toujours en Autriche, Hemingway navigue pour New York puis revient en mars à Paris, date à laquelle il a vraisemblablement commencé sa liaison avec Pauline Pfeiffer[24].
À la fin du printemps 1926, Hadley se rendit compte de la liaison amoureuse de son époux et de Pauline Pfeiffer[25] Elle supporta difficilement la présence de Pauline à Pampelune, cet été-là[19].
À leurs retours sur Paris, Hadley et Hemingway décidèrent de se séparer. Et Hadley demanda une requête de divorce à l'automne. En novembre, ils se partagèrent les biens et Hadley accepta l'offre des royalties du roman Le soleil se lève aussi[26].
Le couple divorça en et Hemingway épousa Pauline en mai de la même année[27].
Remariage avec Paul Mowrer
Hadley resta en France jusqu'à 1934[14]. Parmi ses meilleurs amis à Paris, elle compte Paul Mowrer, correspondant étranger pour le Chicago Daily News, qu'elle avait rencontré au printemps 1927, peu de temps avant que son divorce soit finalisé[28].
Le , après une relation de cinq ans, Hadley et Paul Mowrer se marient à Londres. Hadley a été spécialement reconnaissante envers Mowrer pour sa relation amicale et chaleureuse avec elle et son fils[29].
Quelque temps après, ils rentrent aux États-Unis, et s'installent dans la banlieue de Chicago, où ils vécurent durant la Seconde Guerre mondiale[14]. Elle continuait à recevoir des droits d'auteur du roman Le soleil se lève aussi[30], qui incluait celles du film homonyme de 1957[31].
Notes d'Hemingway
Paris est une fête (A Moveable Feast), publié post mortem en 1964, est une compilation des manuscrits et des notes retrouvés par la dernière femme d'Hemingway, Mary Welsh Hemingway. Il relate les années parisiennes de Hadley et d'Hemingway durant les débuts des années 1920[32] - [33].Une édition révisée a été publiée par son petit-fils Seán Hemingway, en 2009.
Fin de vie
Quand Hadley divorça de Hemingway, elle laissa derrière elle, les feux de la rampe[33]. Elle a apparemment revu à 2 reprises Hemingway, après leur divorce. En , elle et Mowrer se sont heurtés à lui quand ils ont passé des vacances dans le Wyoming[34], et selon A.E. Hotchner, la dernière fois, Hemingway a déclaré avoir vu Hadley consécutivement à un courrier ou lors d'une réunion spontanée à Paris[35].
Hadley mourut le , à Lakeland, Floride, à l'âge de 87 ans.
En 1992, la biographie définitive de Hadley Richardson, Hadley par Gioia Diliberto a été publiée. Le livre, qui est basé sur une recherche exhaustive, avec des informations exclusives provenant d'une série de conversations enregistrées avec Hadley Richardson, a été rééditée en 2011, sous le titre Paris sans fin : La vraie histoire de la première femme d'Hemingway.
La même année, en 2011, paraît le livre La femme de Paris. Il s'agit d'un roman racontant la relation de Hadley Richardson avec Hemingway, à la première personne du singulier. Ce livre est en fait une fiction de Paula Mac Lain, tandis que les faits relatés sont conformes aux événements déjà connus[36].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Hadley Richardson » (voir la liste des auteurs).
- Charles Oliver 1999, p. 139
- Bernice Kert 1983, p. 84-90
- Jeffrey Meyers 1985, p. 99999
- Jamie Barlowe 2000, p. 132
- Bernice Kert 1983, p. 91
- Bernice Kert 1983, p. 91-95
- Bernice Kert 1983, p. 103-104
- Charles Baker 1972, p. 7
- Bernice Kert 1983, p. 104
- Jeffrey Meyers 1985, p. 60-62
- Jeffrey Meyers 1985, p. 82
- Charles Baker 1972, p. 8-11
- Jeffrey Meyers 1985, p. 69-70
- Brooke Workman 1983, p. 24-26
- James R. Mellow 1992, p. 448
- Charles Baker 1972, p. 15-18
- James R. Mellow 1992, p. 248.
- James R. Mellow 1992, p. 259.
- James R. Mellow 1992, p. 281.
- James R. Mellow 1992, p. 293.
- Bernice Kert 1983, p. 189.
- Charles Baker 1972, p. 30-34.
- Mark Spilka 1984, p. 116-140
- James R. Mellow 1992, p. 324-326
- Charles Baker 1972, p. 43-44
- James R. Mellow 1992, p. 338-340
- Jeffrey Meyers 1985, p. 172
- Bernice Kert 1983, p. 199
- Bernice Kert 1983, p. 251
- Michael S. Reynolds 2000, p. 23
- Michael S. Reynolds 2000, p. 293
- Charles Oliver 1999, p. 225-139
- Julia Just 1992, p. 1
- Charles Baker 1969, p. 341
- AR.Hotchner 2015, p. 80
- Paula McLain 2011, p. 1
Voir aussi
Ouvrages
- (en) Ernest Hemingway A to Z : the essential reference to the life and work [« Ernest Hemingway de A à Z: La référence essentielle de sa vie et de son œuvre »], New York, Checkmark, , 452 p. (ISBN 0-8160-3467-2)
- (en) The Hemingway Women [« Les Femmes d'Hemingway »], Norton, (ISBN 0-393-31835-4, lire en ligne)
- (en) Hemingway : A Biography [« Hemingway : une biographie »], Londres, Macmillan, (ISBN 0-333-42126-4)
- (en) A Historical Guide to Ernest Hemingway [« Guide historique d'Ernest Hemingway »], New York/Oxford, Oxford University Press, , 248 p. (ISBN 0-19-512151-1, lire en ligne)
- (en) Ernest Hemingway, A Life Story [« Ernest Hemingway, histoire d'une vie »], Charles Scribner's Sons, , p. 341
- (en) Hemingway : The Writer as Artist [« Hemingway : l'écrivain comme artiste »], Princeton University press, , 438 p. (ISBN 0-691-01305-5, lire en ligne), p. 7
- (en) Twenty-Nine Things I Know about Bumby Hemingway [« Vingt-neuf choses que je sais de Bumby Hemingway »], The English Journal, (DOI 10.2307/816722), p. 24-26
- (en) Victorian Keys to the Early Hemingway : Captain Marryat [« Des clés victoriennes jusqu'au précoce Hemingway : Captain Marryat »], Duke University Press, (DOI 10.2307/1345014), p. 116-140
- (en) Hemingway : The Final Years [« Hemingway : les dernières larmes »], New York, Norton, , 360 p. (ISBN 0-393-31778-1, lire en ligne), p. 23
- (en) Bernice Kert, The Hemingway Women : Those Who Loved Him – the Wives and Others [« Les femmes d'Hemingway : celles qui l'ont aimé, les veuves et les autres »], New York, W.W. Norton & Co., , p. 189
- (en) Hemingway : A Life Without Consequences [« Une vie sans conséquences »], New York, Houghton Mifflin, (ISBN 0-395-37777-3)
- (en) The Paris Wife : A Novel [« La Femme de Paris : un roman »], New York, Ballantine Books, , 320 p. (ISBN 978-0-345-52130-9)
Articles
- (en) Julia Just, « In Short: Nonfiction », The New York Times, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Hemingway in Love », Smithsonian Magazine, (lire en ligne, consulté le )