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HĂ´tel de Langeac

L’hôtel de Langeac était une demeure parisienne, située à no 92 avenue des Champs-Élysées, à l'angle de la rue de Berri. Il a été entièrement démoli en 1842. Il est connu pour avoir servi de résidence à Thomas Jefferson, lorsqu'il était ministre des États-Unis en France entre 1785 et 1789.

Construction

En 1755, le comte de Saint-Florentin, Secrétaire d'État à la maison du Roi, fit l'acquisition du vaste terrain de l'ancienne pépinière royale, correspondant à l'espace compris aujourd'hui entre les rues du Colisée et de Berri, l'avenue des Champs-Élysées et la rue du Faubourg-Saint-Honoré.

Il fit arranger la petite maison du gardien pour en faire un charmant pavillon qu'il offrit en 1764, avec l'ensemble de la propriĂ©tĂ©, Ă  sa maĂ®tresse, la comtesse de Langeac (1725-1778). Celle-ci fit transformer la maison en manière de folie par l'architecte Chalgrin qui avait construit pour son amant l'hĂ´tel de Saint-Florentin, place de la Concorde. Les travaux furent achevĂ©s en 1773[1]. La maison avait deux Ă©tages et vingt-quatre pièces principales dont deux salons de forme circulaire, l'un formant rotonde au centre de la façade, avec un plafond dĂ©corĂ© d'une allĂ©gorie du char d'Apollon par Jean-Simon BerthĂ©lemy. Elle comportait Ă©galement un niveau de sous-sols et Ă©tait dotĂ©e du confort moderne sous forme de water-closets[2]. Elle Ă©tait sĂ©parĂ©e des Champs-ÉlysĂ©es par un fossĂ© de 19 toises (environ 38 mètres)[3].

Dès 1772, l'hôtel de Langeac était cédé au comte d'Artois, frère cadet de Louis XVI, qui y installa en 1780 sa maîtresse, l'actrice Louise Contat[4].

Ă€ l'Ă©poque de Jefferson

Plaque sur l'immeuble occupant actuellement l'emplacement du no 92 avenue des Champs-Élysées.

Le ministre plĂ©nipotentiaire Thomas Jefferson loua l'hĂ´tel de Langeac d'octobre 1785 Ă  septembre 1789 et y installa la lĂ©gation des États-Unis d'AmĂ©rique[5]. Il put emmĂ©nager dans sa nouvelle demeure le . Peu avant, le 4 septembre, il Ă©crivait Ă  Abigail Adams : « Je me suis enfin procurĂ© une maison situĂ©e de manière bien plus plaisante que celle que j'ai actuellement. Elle est Ă  la grille des Champs-ÉlysĂ©es, mais dans la ville. Elle me convient Ă  tous Ă©gards en dehors du prix, qui est plus Ă©levĂ© qu'aujourd'hui. Elle dispose d'un joli jardin Â»[6]. Le loyer s'Ă©levait Ă  7 500 livres par an.

Jefferson meubla la maison avec un soin dont l'inventaire établi lors de son déménagement donne une idée : 48 chaises dont 20 dans la salle à manger, 7 miroirs... Il apporta quelques modifications à l'édifice, faisant notamment séparer une chambre en deux plus petites[7].

C'est là qu'il recevait ses amis et invités parmi lesquels La Fayette, Condorcet, La Rochefoucauld-Liancourt, Du Pont de Nemours, Chastellux. Ici également séjourne le peintre américain John Trumbull.

L’hôtel Langeac devint le « centre de la vie américaine à Paris »[8]. Jefferson était passionné d'agronomie et fit planter les pieds de vignes qu'il avait pris au cours d'un voyage en Rhénanie. Après son retour aux États-Unis, Jefferson fit revenir tous les meubles et objets d'art qu'il avait accumulés dans l'hôtel.

Après la Révolution française

Saisi sous la Révolution, l'hôtel de Langeac fut vendu comme bien national en 1793. On dit que c'est dans cet hôtel que résida, durant son exil à Paris sous la monarchie de Juillet, Manuel Godoy (1767-1851), prince de la Paix, ainsi que son épouse la princesse Tereza-Luisa de Bourbon[9].

L'hôtel fut démoli en 1842 et remplacé par l'hôtel de Belleyme-Trévise, où résida le prince Napoléon (Jérôme) et qui fut lui-même démoli en 1898.

Notes et références

  1. Les comptes du sculpteur Duret mentionnent à cette date l'achèvement du trophée de la porte cochère (Source : Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Éditions Mengès, 1995, p. 112).
  2. Howard C. Rice, L'HĂ´tel de Langeac, p. 8
  3. FĂ©lix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris. VIIIe arrondissement, Paris, Hachette, 1910, p. 35
  4. Plusieurs auteurs ont situé à tort cet épisode dans l'hôtel Thiroux de Montsauge, qui se trouvait un peu plus bas sur l'avenue des Champs-Élysées, à l'angle de la rue La Boétie.
  5. « Lieux de mémoire américains à Paris », sur usembassy.gov (consulté le ).
  6. « I have at length procured a house in a situation much more pleasing to me than my present. It is at the grille des champs Elysees, but within the city. It suits me in every circumstance but the price, being dearer than the one I am now in. It has a clever garden to it. Â»
  7. Le seul plan qui subsiste du premier étage est de la main de Jefferson et probablement réalisé à l'occasion de ces travaux (William Howard Adams, The Paris Years of Thomas Jefferson, New Haven, Conn.: Yale University Press, 1997, p. 52). Ce dessin se trouve à la Bibliothèque nationale de France.
  8. Claude Fohlen, Thomas Jefferson, 1992, p. 45
  9. Source : Rue de Berri sur le site Mon village : le faubourg du Roule et ses environs (consulté le 31 janvier 2009)

Voir aussi

Bibliographie

  • Claude Fohlen, Thomas Jefferson, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1992, (ISBN 2-86480-544-8)
  • Howard C. Rice, L'hĂ´tel de Langeac, rĂ©sidence de Jefferson Ă  Paris, 1785-1789, Paris, Henri Lefebvre, 1947, in-4, br. 25 p. 13 ill.
  • Le relevĂ© des plans et des façades extĂ©rieures est conservĂ© Ă  Paris et celui de la façade sur cour Ă  Göteborg.
  • Le bail de location consenti Ă  Jefferson se trouve aux Arch. nat. Min., XCVII-544.
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