Guy Sorman
Guy Sorman, né le à Nérac (Lot-et-Garonne), est un éditeur et essayiste franco-américain[1]. Il s'inscrit dans la filiation intellectuelle du libéralisme. Souvent considéré comme le fondateur du néolibéralisme en France[2], il récuse ce terme au profit de libéralisme classique.
Chairman of the Board - Maison française, New York University |
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Guy Bernard Sormann |
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américaine (depuis ) française |
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Biographie
Jeunesse
Berl Zormann (il sera plus tard renommé Guy Sorman)[3] naît en mars 1944 à Nérac, dans le Lot-et-Garonne de parents juifs apatrides originaire de Pologne[3]. Son père, Nathan, avait dû fuir Kassel en Allemagne à la suite de la destruction de sa boutique de vêtements par des SA et avait trouvé refuge à Paris[3]. Il fuit de nouveau dans le Lot-et-Garonne à l'été 1940 et s'installe à Nérac en 1942[3]. Il est de nouveau obligé de fuir et se réfugie en Ariège où il s'engage dans les FFI avec des républicains espagnols, rescapés de la guerre civile. En 1945, lui et sa famille s'installent au Pecq, en banlieue parisienne[3] et obtiennent la nationalité française en 1947. Dans son ouvrage J’aurais voulu être français (2016), Guy Sorman raconte qu'il fut sauvé, alors qu'il n'était âgé que de 6 mois, par un jeune paysan à qui sa mère l'avait confié pour échapper à une rafle à l'été 1944. Il le cacha dans un sac à jambon qu'il porta sur son épaule pour franchir un barrage, alors que le village était cerné par des SS et des gendarmes français[3].
Études
Guy Sorman est élève à l'école communale de Sartrouville, puis au lycée Marcel-Roby à Saint-Germain-en-Laye.
De 1961 à 1964, il étudie le japonais à l'Inalco[3]. En 1961, il entre à Sciences Po et en sort diplômé en 1964. En 1967, il intègre l'ENA dont il sort en 1969 (promotion Jaurès).
Chroniqueur et journaliste
Il est collaborateur de Marcel Bleustein-Blanchet à Publicis en 1969-1970, puis de Jean-Jacques Servan-Schreiber et de Michel Albert à L'Express en 1970-1971. De 1983 à 1993, Guy Sorman sera auprès de Louis Pauwels, l'un des principaux rédacteurs du Figaro Magazine auquel il donne une orientation libérale. Il y publie la célèbre série intitulée Les vrais penseurs de notre temps (Claude Levi-Strauss, René Girard, Karl Popper, Noam Chomsky…) dont il tirera un livre, best-seller mondial.
Il publie des chroniques dans de nombreux journaux : Le Matin de Paris, Les Nouvelles littéraires, L'Événement du Jeudi, Le Quotidien de Paris, J'informe, Le Figaro, Le Monde, The Wall Street Journal, L'Hebdo (Lausanne), La Presse (Montréal), Jornal do Commercio et Jornal da Tarde (Sao Paulo) La Nación (Buenos Aires), Joong-Ang Ilbo et Dong A (Séoul), Fakt (Varsovie), Asahi Shinbun et Chuo Kuron (Tokyo), Il Mercurio (Chili), The Indian Express (New Delhi). Guy Sorman est éditorialiste pour le City Journal[4] à New York, ABC à Madrid[5] et Le Point à Paris[6].
Parmi les chroniques de Guy Sorman qui ont suscité des polémiques, on peut citer une tribune du Monde invitant à l'accueil des réfugiés syriens en France[7] et un article sur le constat historique du recul de l'antisémitisme en France[8].
Depuis 2016, Guy Sorman milite contre ce qu'il nomme la « réaction identitaire »[9], qui se serait emparée de l'Europe et des États-Unis avec Donald Trump, et estime la réponse politique et intellectuelle bien mièvre. Au soir de l'élection de Trump, il dénonce dans les médias américains et français « la revanche du mâle blanc »[9].
Éditeur
Il est fondateur et Président des Éditions Sorman qui publient, depuis 1975, quinze magazines et lettres d'information professionnelles pour les élus locaux (La Lettre du Maire), les médecins, les urbanistes et les chefs d'entreprise, ainsi que les revues Vie Publique (1972-1997) et L'Esprit libre (1994-1996)[10].
Il est Editor at large du magazine France-Amérique, la seule publication destinée aux francophones établis aux États-Unis et aux Américains francophiles, fondée en 1943 par des Français libres à la demande du Général de Gaulle[11].
Enseignant
Il enseigne l'économie et la philosophie politique dans de nombreux établissements parmi lesquels l'Institut d'études politiques de Paris, de 1970 à 2000. Il a été professeur invité à l'université de Pékin, à l'université pontificale catholique du Chili et chercheur invité à la Hoover Institution de l'université Stanford.
Il est Chairman of the Board de la Maison française de New York University.
Humanitaire et droits de l'homme
Avec Françoise Giroud, Alfred Kastler, Marek Halter, Bernard-Henri Lévy et Maria Antonietta Macciocchi, il co-fonde en 1979 l'ONG Action internationale contre la faim[12] qui deviendra Action contre la faim. En 1981, il succède à Françoise Giroud en tant que président de l’organisation et en devient président d'honneur en 1990. En 2011, il devient administrateur d’Action contre la faim USA[13].
Membre de la Commission nationale consultative des droits de l'homme de 2002 à 2007.
À partir de 2011, il organise à Boulogne-Billancourt[14], puis à New-York, Madrid, Taipei, Los Angeles, Varsovie, Prague, Bratislava, Barcelone, Berlin et Hong-Kong la première exposition mondiale de l'œuvre photographique de la dissidente chinoise Liu Xia, épouse du prix Nobel Liu Xiaobo. Commissaire de ces expositions, Guy Sorman représente les droits artistiques de Liu Xia hors de Chine[15].
Il est membre du conseil d'administration de Reporters sans frontières USA[16].
Vie publique
De 1975 à 1978, Guy Sorman a été l'assistant parlementaire de Robert Bisson, député-maire UDR de Lisieux. En 1988, il fait partie de l'équipe de campagne présidentielle de Raymond Barre, puis de celle de Jacques Chirac en 1995. De 1995 à 1997, Guy Sorman a été le président de la mission de prospective auprès du Premier ministre, Alain Juppé. À la suite de la publication de son livre Le Génie de l'Inde, en 2001, il est nommé membre du Forum d'initiative franco-indien, par Hubert Védrine, alors ministre des Affaires étrangères.
De 2008 à 2014, il est global adviser (« conseiller international ») du président de la Corée du Sud, Lee Myung-bak[17].
Il est maire de Piencourt (Eure) de 1981 à 1984. En 1995, il est élu adjoint à la culture de Boulogne-Billancourt auprès du maire Jean-Pierre Fourcade. En 2009, le maire Pierre-Christophe Baguet le nomme président délégué du Conseil économique, social et environnemental local (CESEL)[18] - [19].
D'après ses propres Mémoires, Guy Sorman aurait été initié à la franc-maçonnerie[20].
Vie privée
Guy Sorman est marié à Marie-Dominique Deniau depuis 1972[21], ils ont 4 filles : Joy Sorman, qui est écrivaine, Lorraine, Victoire et Marie-Liesse.
Accusation contre Michel Foucault
En 2020, il affirme dans France-Amérique que le philosophe Michel Foucault aurait eu des relations sexuelles avec des enfants en Tunisie contre de l'argent et décrit l'œuvre et l'engagement politique de Foucault comme « l'alibi de ses turpitudes »[22]. Un an plus tard, il réaffirme cela dans Mon dictionnaire du bullshit[23], sur le plateau de C ce soir[24] et dans le journal conservateur The Sunday Times[25], tout en ajoutant que Foucault aurait eu ces relations avec des enfants de huit à dix ans sur des pierres tombales dans un village proche de Tunis aux vacances de Pâques 1969. Ces assertions, massivement relayées par des médias du monde entier (Angleterre, Allemagne, Argentine, etc.)[26] ne sont cependant pas étayées par d'autres sources et vont à l'encontre de plusieurs éléments de la vie de Foucault en Tunisie (les menaces dont il faisait l'objet en Tunisie, et le fait qu'il n'enseignait plus à l'université de Tunis mais à celle de Vincennes, qui rendent peu probable un retour en 1969). Dans une enquête de Jeune Afrique, des habitants de Sidi Bou Saïd (village où Michel Foucault résidait) contestent alors les propos de Guy Sorman, et l'une des personnes interviewées, affirme que les partenaires de Foucault étaient « des gars de 17 ou 18 ans qu’il retrouvait brièvement dans les bosquets sous le phare voisin du cimetière. »[27] Dans un entretien au journal Die Zeit publié le 7 avril, Guy Sorman admet n'avoir pas vu Michel Foucault dans ce cimetière et dit s'être basé sur une rumeur entendue dans l'entourage de Jean Daniel[28]. Deux jours plus tard, Philippe Chevallier souligne dans L'Express le peu de consistance de ces accusations et fait remarquer que Guy Sorman a tenu des propos variables. Interrogé, Sorman affirme dorénavant que Michel Foucault ne l'intéresse pas particulièrement, admet n'avoir aucune preuve de ce qu'il affirme, et, après avoir accusé Foucault d'avoir violé des enfants de huit ans, mentionne finalement d'éventuelles relations de Foucault avec des jeunes âgés de dix-huit ou de quatorze ans[26].
Bibliographie sélective
Les livres de Guy Sorman ont été traduits dans les langues suivantes : hindi, allemand, danois, suédois, néerlandais , serbe, grec, turc, italien, anglais, espagnol, portugais, arabe, chinois, hébreu, russe, coréen, japonais.
- La Révolution conservatrice américaine, 1983[29] - [30].
- La Solution libérale, 1984, prix de Jouy de l’Académie française 1985
- L’État minimum, 1985
- La Nouvelle Richesse des nations, 1987[31].
- Faut-il aider les Russes ?, Paris, 1988
- Hacia un nuevo Mundo, Buenos Aires, 1989
- No a la decadencia de la Argentina, Buenos Aires, 1990
- Les Vrais Penseurs de notre temps, 1989
- Sortir du socialisme, 1990[32]
- En attendant les barbares, 1992
- Capital, suites et fin, 1993
- Le Bonheur français, 1995
- Le monde est ma tribu, 1997
- Une belle journée en France, 1998
- La nouvelle solution libérale, Fayard, 1998
- Le Génie de l'Inde, Fayard, , 308 p. (ISBN 978-2-2136-0572-2)
- Le Progrès et ses ennemis, 2001[33] - [34]
- Robert Conquest et Guy Sorman, Le Féroce XXe siècle : Réflexions sur les ravages des idéologies, Editions des Syrtes, , 319 p. (ISBN 978-2-8454-5033-2)
- Les Enfants de Rifaa, 2003[35]
- Made in USA, 2004[36]
- L’Année du Coq, Chinois et rebelles, 2006[37]
- L’économie ne ment pas, 2008[38]
- Wonderful world. Chronique de la mondialisation (2006-2009), Fayard, , 568 p. (ISBN 978-2-2136-5153-8)
- Journal d'un optimiste, Fayard, , 534 p. (ISBN 978-2-2136-6656-3)[39].
- Le Cœur américain. Éloge du don, 2013[40].
- J'aurais voulu être français, Grasset, 2016
- Journal d'ailleurs, 2015-2017 , Grasset , 2018
- Mon dictionnaire du bullshit, Grasset, , 400 p. (ISBN 978-2-2468-2722-1)
- Penser Salman Rushdie, Editions de l'Aube, 2023
- Le rôle de l'intellectuel, Editions de l'Aube, 2023
Décorations
- Officier de la Légion d'honneur (14 juillet 2018)[41]
- Officier de l'ordre national de la Croix du Sud (Brésil) [42]
- Commandeur de l'ordre de Mai (Argentine)
- Médaille d'or de la Jeunesse et des Sports
Distinctions
- Docteur honoris causa de l'université nationale de Córdoba (Argentine)[43]
- Premio Faes de la Libertad (https://fundacionfaes.org/guy-sorman-elegido-por-unanimidad-xi-premio-faes-de-la-libertad/)
Références
- Guy Sorman, « La Terre promise », France-Amérique, 24 novembre 2016.
- « Le grand réveil des néolibérauxPar Guy SORMAN », sur L'Economiste, (consulté le )
- Nicolas Truong, « Guy Sorman, le temps de l’autocritique », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- https://www.city-journal.org/contributor/guy-sorman_563
- (es) « Guy Sorman - ABC.es », sur abc (consulté le )
- Le Point magazine, « Guy Sorman - Journaliste du Point », sur Le Point.fr (consulté le )
- « Les réfugiés d'aujourd'hui me rappellent mon père fuyant le nazisme », Le Monde, (lire en ligne)
- « Le recul du racisme et de l’antisémitisme », sur Contrepoints, (consulté le )
- « La revanche du mâle blanc », Le Monde, (lire en ligne)
- France-Amérique, « Guy Sorman, nouveau Président de France-Amérique », sur France-Amérique, (consulté le )
- « Action Against Hunger | Devex », sur www.devex.com (consulté le )
- (en) « Leadership », sur Action Against Hunger, (consulté le )
- « Boulogne, France 2011 « Liu Xia: Silent Strength », sur www.nearbycafe.com (consulté le )
- « Liu Xia, widow of Nobel Peace Prize laureate Liu Xiaobo, gets first show in Asia since release from house arrest », sur theartnewspaper.com (consulté le )
- "Our Board" sur le site de RSF.
- Les influences : « Guy Sorman, petit prophète de Séoul »
- Le 20 mars 2012 à 07h00, « Bientôt de nouvelles têtes au conseil économique et social », sur leparisien.fr, (consulté le )
- « Le salaire de Guy Sorman intrigue les magistrats », Le Parisien, 24 mars 2010.
- Guy Sorman, J'aurais voulu être Français, Grasset, , 304 p.
- Epouse & filiation.
- « Le talent n'excuse plus les crimes », sur France-Amérique, (consulté le )
- Guy Sorman, Mon dictionnaire du bullshit, (ISBN 978-2-246-82722-1 et 2-246-82722-1, OCLC 1243969569, lire en ligne), p. 286-289
- « C ce soir Invité : Guy Sorman » (consulté le )
- (en) Matthew Campbell, « French philosopher Michel Foucault ‘abused boys in Tunisia’ », Sunday Times, (ISSN 0140-0460, lire en ligne, consulté le )
- « Michel Foucault et la pédophilie : enquête sur un emballement médiatique », sur LExpress.fr, (consulté le )
- « Tunisie : « Michel Foucault n’était pas pédophile, mais il était séduit par les jeunes éphèbes » – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
- « ZEIT ONLINE | Lesen Sie zeit.de mit Werbung oder im PUR-Abo. Sie haben die Wahl. », sur www.zeit.de (consulté le )
- "La Révolution conservatrice américaine", Guy Sorman, (lire en ligne)
- (en) « Washington Post »
- "La Nouvelle richesse des nations", Guy Sorman, (lire en ligne)
- "Sortir du socialisme", Guy Sorman, (lire en ligne)
- "Le Progrès et ses ennemis", Guy Sorman, (lire en ligne)
- « Les ennemis du progrès », sur LExpress.fr, (consulté le )
- Pascal Lemmel, « Les Enfants de Rifaa- Musulmans et modernes », sur Les cahiers de l'Islam (consulté le )
- (en) Elisabeth Eaves, « France tries to understand America. », sur Slate Magazine, (consulté le )
- « Miser sur la métamorphose de la Chine », sur FIGARO, (consulté le )
- « L'économie ne ment pas », Le Monde, (lire en ligne)
- Journal d'ailleurs (lire en ligne)
- « Regards sur la philanthropie américaine », sur www.ifrap.org (consulté le )
- « Décret du 13 juillet 2018 portant promotion et nomination », sur legiondhonneur.fr (consulté le ).
- « RA2003 : Guy SORMAN », sur www.ulg.ac.be (consulté le )
- (es) « La Argentina debe vender un sueño », sur www.lanacion.com.ar, (consulté le )