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Guerre de Poméranie

La guerre de Poméranie est un théâtre d'opérations de la guerre de Sept Ans (1756 - 1763). Le terme désigne l'ensemble des affrontements ayant opposé la Suède et la Prusse entre 1757 et 1762 dans les Poméranies suédoises et prussiennes, ainsi que dans le nord-est de la province de Brandebourg.

Guerre de Poméranie
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la Poméranie (1635)
Informations générales
Date 1757 Ă  1762
Lieu La Poméranie et le Brandebourg
Casus belli Attaque de Frédéric II sur la Saxe
Issue Statu quo
Commandants
• Hans von Lehwaldt• Mattias Alexander von Ungern-Sternberg (sv)
• Gustaf David Hamilton
• Jakob Albrekt von Lantingshausen (sv)
• Augustin Ehrensvärd

DĂ©roulement

Ce conflit est marqué par un mouvement permanent d'aller-retour des armées suédoises et prussiennes, aucun des deux belligérants ne s'étant révélé capable de vaincre son adversaire. L'affrontement a commencé en 1757, lorsque les forces suédoises se sont mises en marche vers le territoire prussien. Elles furent ensuite repoussées et enfermées dans Stralsund pendant tout l'hiver 1757. Par la suite, de nombreuses incursions suédoises dans le territoire prussien ont permis la destruction d'une petite flotte prussienne ainsi que l'occupation temporaire de localités brandebourgeoises telles que Neuruppin au cours de la campagne de 1759. Néanmoins, cette campagne s'est achevée sur un revers pour la Suède. À cause de difficultés logistiques, Stockholm s'est révélée incapable de prendre la forteresse de Stettin ni de combiner ses forces avec son allié russe. À la fin de la campagne de 1759, la Prusse est de nouveau libre de mener l'offensive.

Paradoxalement, la Prusse ne parvient pas en 1760 à prendre l'ascendant sur son ennemi suédois et la stagnation du front se poursuit : en , une contre-attaque prussienne est repoussée. Pendant le reste de l'année, les forces suédoises avancent de nouveau en territoire prussien et arrivent à la ville de Prenzlau, avant d'être de nouveau contraints de battre en retraite pour l'hiver.

La campagne de 1761 est marquée par l'épuisement des deux belligérants. Malgré une nouvelle tentative d'offensive de la part de la Suède, le manque d'équipement oblige très vite l'armée suédoise à battre de nouveau en retraite. La flotte suédoise contribue à renforcer le blocus russe pendant les sièges de Kolberg de 1760 et 1761 mais ce sont les Russes qui reçoivent la capitulation de Kolberg le 16 décembre 1761. Le dernier acte de la guerre a lieu durant l'hiver 1761 - 1762 près de Malchin et Neukalen, dans le Mecklembourg, juste en face de la frontière avec la Poméranie suédoise, avant que les deux belligérants n'acceptent de signer la trêve de Ribnitz le . Le de la même année, l'alliance de la Prusse avec la Russie de Pierre III met un terme définitif aux espoirs suédois d'un secours futur de la Russie dans son combat contre la Prusse.

La guerre se termine formellement le avec la paix de Hambourg entre la Prusse, le Mecklembourg et la Suède. Les espoirs du parti des Chapeaux en Suède de recouvrer les territoires cédés à la Prusse en 1720 sont restés lettre morte. Le coût de la guerre a rapidement conduit à la réduction de leur influence politique.

Contexte

La raison principale de l'intervention de la Suède dans la guerre de Sept Ans est le pouvoir exercé par le parti des Chapeaux sur la politique suédoise. Cette faction pensait que Frédéric II de Prusse allait s'effondrer face à ses nombreux ennemis ; permettant ainsi à la Suède de récupérer sans trop de difficultés les possessions en Poméranie qu'elle a dû céder en 1720 à la fin de la Grande guerre du Nord. Effrayés par la tentative de restauration du pouvoir monarchique en 1756, les Chapeaux voulaient par ailleurs la chute de Frédéric II afin d'humilier et détruire la reine de Suède Louise-Ulrique de Prusse ; reine qui est également la sœur du roi de Prusse. Enfin, les Chapeaux furent encouragés à déclarer la guerre à la Prusse par la France, dont les désirs étaient étroitement liés à cette faction francophile.

L'invasion du duchĂ© de Saxe en 1756 par FrĂ©dĂ©ric II fut utilisĂ©e comme un prĂ©texte pour la guerre. Cette agression fut en effet dĂ©noncĂ©e conjointement par la Suède et la France au titre du respect du TraitĂ© de Westphalie de 1648 dont ces deux Ă©tats Ă©taient signataires. Le , les gouvernements de la France et de l'Autriche signèrent une convention dans laquelle la Suède et la France expliquaient que la coalition devait maintenir la libertĂ© de l'Allemagne en dĂ©fendant l'ordre politique allemand imposĂ© Ă  la suite de la guerre de Trente Ans (1610 - 1648) par les puissances europĂ©ennes. Ă€ cette fin, la France a promis un soutien financier important Ă  la Suède qui devait lui permettre de mener la guerre contre le roi de Prusse. Dès , la dĂ©cision fut prise par Stockholm d'envoyer 20 000 hommes en Allemagne afin de prouver le sĂ©rieux de l'alliance franco-suĂ©doise. Le , ce dĂ©tachement envahit la PomĂ©ranie prussienne.

Afin d'éviter que cette attaque ne passe pour une guerre d'invasion (aucune guerre dans le Saint-Empire romain germanique ne pouvait être menée sans le consentement de ses états-membres), les Suédois ne firent aucune déclaration de guerre et présentèrent à la place l'incursion devant le parlement du Saint-Empire comme étant uniquement destinée à restaurer la paix en Allemagne. Ce n'est qu'après le début des hostilités que le soutien financier promis par la France et ses alliés fut débloqué pour Stockholm. Le , plusieurs mois après le début effectif du conflit, le gouvernement suédois déclara officiellement la guerre à la Prusse en annonçant officiellement ses exigences. Toutefois, les Chapeaux avaient sévèrement surestimé la force de l'armée suédoise. Les soldats étaient mal entraînés, peu équipés et aucunement préparés à mener une guerre de grande envergure.

Chronologie des opérations

Campagnes de 1757 et de 1758

L'armée suédoise envoyée en Allemagne fut compétente uniquement pour prendre possession des territoires déjà conquis par les alliés lors de la campagne de 1756, mais firent néanmoins tous les préparatifs nécessaires pour partir à l'offensive, malgré le fait de ne pas avoir les moyens pour accomplir les ambitions de la Cour de Stockholm. Lorsque le la nouvelle de la victoire prussienne lors de la bataille de Rossbach parvint aux oreilles du haut-commandement suédois, le maréchal Mattias Alexander von Ungern-Sternberg (sv) refusa d'obéir aux instructions de son gouvernement et aux recommandations de l'officier français Marc-René de Montalembert. Au lieu de marcher sur Berlin, il décida de se replier en dans la Poméranie suédoise. Ce repli permit aux Prussiens de confiner l'armée suédoise à Stralsund et sur l'île de Rügen pendant tout l'hiver.

Le , le marĂ©chal d'Ungern-Sternberg cède le commandement Ă  Gustav Friedrich von Rosen (de). Ce dernier se rĂ©vèle incapable de changer le statu quo et reste confinĂ© avec son armĂ©e dans la capitale de la PomĂ©ranie suĂ©doise. Le blocus est levĂ© par l'arrivĂ©e de l'armĂ©e russe sur l'Oder le . C'est Ă  ce moment que le commandant suĂ©dois, fatiguĂ© par le siège, cĂ©da Ă  son tour le commandement au gĂ©nĂ©ral Gustav David Hamilton. Augustin Ehrensvärd capture la colline de PeenemĂĽnde le et Hamilton envoya 16 000 hommes soutenir les Russes qui Ă©taient en train d'assiĂ©ger KĂĽstrin. NĂ©anmoins, après la coĂ»teuse victoire de FrĂ©dĂ©ric II sur les Russes Ă  Zorndorf, le gĂ©nĂ©ral suĂ©dois changea ses projets et dĂ©cida de marcher sur la Saxe afin de joindre son armĂ©e avec celle des Autrichiens. L'armĂ©e suĂ©doise ne parvint pas Ă  dĂ©passer Neuruppin dans le Brandebourg. Un dĂ©tachement qu'Hamilton envoya depuis cette localitĂ© subit une lourde dĂ©faite le Ă  Tarnow bien que le major Carl Constantin De Carnall (sv) se rĂ©vĂ©la capable d'atteindre Fehrbellin avec 800 hommes afin de dĂ©fendre cette position face Ă  une armĂ©e d'environ 5000 Prussiens.

Avec l'échec de l'offensive autrichienne en Saxe, Hamilton quitta Neuruppin le et se dirigea vers l'Oder dans l'espoir d'effectuer une jonction avec les Russes. Il essuya un nouvel échec et l'armée suédoise fut contrainte de se replier dans ses quartiers d'hiver en Poméranie. Le gouvernement blâma le général suédois de cet échec et fit pression pour qu'il démissionne, ce qu'Hamilton fit le . Il fut remplacé le de cette même année par Jakob Albrekt von Lantingshausen (sv), un membre de l'état-major suédois durant les campagnes de 1757 et de 1758.

Campagne de 1759

TĂ´t dans la campagne, une force prussienne importante força l'armĂ©e suĂ©doise Ă  se replier sous les murs de Stralsund, permettant Ă  l'armĂ©e du roi de Prusse d'occuper les postes de garnison de Demmin, Anklam et PeenumĂĽnde après de rudes combats. L'avance russe en mai libĂ©ra la PomĂ©ranie suĂ©doise, mais le manque de moyens financiers et techniques contraignit le commandement suĂ©dois Ă  rester immobile jusqu'au mois d'aoĂ»t. L'objectif de la Suède pour cette campagne Ă©tait d'assiĂ©ger Stettin. Dans la prĂ©paration de cette expĂ©dition, Lantingshausen autorisa Axel von Fersen Ă  prendre 4 000 hommes pour capturer les Ă®les d'Usedom et de Wollin. Cet objectif fut atteint après la bataille de Frisches Haff qui assura la suprĂ©matie navale suĂ©doise dans le dĂ©troit de l'Oder en . Pendant ce temps, Lantingshausen utilisa le reste de l'armĂ©e afin d'avancer profondĂ©ment dans la PomĂ©ranie prussienne oĂą il demeura immobile pendant une longue pĂ©riode. NĂ©anmoins, Ă  cause d'un manque de coopĂ©ration de la part de ses alliĂ©s, il se rĂ©vĂ©la incapable d'assiĂ©ger Stettin et dut battre en retraite Ă  la fin de l'automne.

Campagnes de 1760, 1761 et 1762

Les Prussiens envahirent la PomĂ©ranie suĂ©doise le , mais cette fois ils furent repoussĂ©s très rapidement. Dès le , les troupes suĂ©doises repartirent Ă  l'offensive en progressant jusqu'Ă  Anklam tout en capturant le gĂ©nĂ©ral prussien Heinrich von Manteuffel (de). Toutefois, malgrĂ© ces succès et l'incapacitĂ© de la Prusse de se concentrer sur ce théâtre d'opĂ©rations, Lantingshausen et ses 15 000 hommes Ă©taient insuffisamment Ă©quipĂ©s et durent se contenter d'envahir la Prusse afin de trouver de nouveaux moyens de subsistance pour les mois suivants. Par la suite, le commandant suĂ©dois avança sur Prenzlow dans le Brandebourg avec son armĂ©e principale de 6 000 hommes, laissant Augustin Ehrensvärd avec un dĂ©tachement Ă  Pasewalk. En arrivant dans cette localitĂ©, il fut attaquĂ© par l'ennemi et Ehrenswäard fut blessĂ©. Il dĂ©missionna peu de temps après.

Les dernières annĂ©es du conflit sont marquĂ©es par des difficultĂ©s de plus en plus criantes de part et d'autre Ă  poursuivre le combat. Dans le camp suĂ©dois, le dĂ©part de nombreux officiers pour le riksdag a contraint le gĂ©nĂ©ral de Lantingshausen Ă  demeurer tout l'hiver 1760 dans la PomĂ©ranie suĂ©doise. Jusqu'Ă  sa dĂ©mission en , le front demeure figĂ© faute de rĂ©elles initiatives du cĂ´tĂ© prussien. Il faut attendre la nomination d'Augustin Ehrensvärd au mois de pour que la situation se dĂ©bloque enfin. Ă€ cette date, le gĂ©nĂ©ral suĂ©dois lève 7 000 hommes dans le but de tenter une nouvelle fois de faire bouger les lignes. Bien que supĂ©rieure en effectif, l'armĂ©e suĂ©doise ne voit pas plus ses efforts ĂŞtre couronnĂ©s de succès en 1761 qu'en 1760. Faute d'Ă©quipements suffisants pour mener une campagne complète, les affrontements se sont limitĂ©s Ă  des escarmouches. En septembre, le gĂ©nĂ©ral suĂ©dois envoie deux rĂ©giments sous les ordres du comte Frederick William von Hessenstein (de) afin de soutenir les Russes dans le long siège de Kolberg (initiĂ© en 1759). Cependant, Hessenstein a très vite dĂ» battre en retraite, et dès octobre l'ensemble du corps expĂ©ditionnaire suĂ©dois a Ă©tĂ© obligĂ© de rejoindre le corps principal de l'armĂ©e en PomĂ©ranie suĂ©doise.

Conséquences

En Suède, l'impopularité de cette guerre coûteuse et inutile déstabilisa le gouvernement. La confusion causée par le conflit creusa un lourd déficit dans les finances du pays qui conduisit à sa chute dès 1765. La mort de l'impératrice Elisabeth de Russie en changea entièrement la donne politique en Europe. Une alliance russo-prussienne, formalisée le [1], menaça de faire de la Russie un ennemi de la Suède. La commission secrète décida le qu'une paix séparée avec Frédéric II devait être signée dans le courant de l'année. Via la médiation de la reine de Suède, les Suédois signèrent la paix de Hambourg avec la Prusse et le Mecklembourg le . Reconnaissant la défaite de la Suède, ce traité voit les frontières des deux pays inchangées en Poméranie.

Bibliographie

Sources historiques

  • Marc-RenĂ© de Montalembert, Correspondance de Monsieur le Marquis de Montalembert, Ă©tant employĂ© par le Roi de France Ă  l’armĂ©e suĂ©doise avec Mr. le Marquis d’Havrincour, Ambassadeur de France Ă  la cour de Suède, Mr. le MarĂ©chal de Richelieu, les Ministres du Roi Ă  Versailles, MM. les GĂ©nĂ©raux SuĂ©dois, &c pendant les campagnes de 1757, 1758, 1759, 1760 & 1761, Londres,

Revues

  • (en) Gunnar Çşselius, « Sweden and the Pomeranian War », History of Warfare, no volume 80,‎ , p. 135 – 164
  • (en) Patrick Winton, « Sweden and the Seven Years War, 1757 – 1762 : War, Debt and Politics », War in History, no volume 19,‎

Notes et références

  1. Aretin, Karl Otmar (1997).
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