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Guerre d'indépendance de l'Angola

La guerre d'indépendance de l'Angola désigne les conflits qui ont opposé le Portugal à des rébellions indépendantistes de 1961 à 1975. Au terme de ces conflits, l'Angola où les Portugais étaient présents dès le XVe siècle, et qui était une possession portugaise depuis le XIXe siècle, s'émancipe du colonialisme et acquiert son indépendance politique.

Guerre d'indépendance de l'Angola
Description de cette image, également commentée ci-après
DĂ©barquement de militaires portugais depuis une Alouette III
Informations générales
Date 4 février 1961 - 25 avril 1974
Lieu Angola
Issue • Chute du régime de l'Estado Novo au Portugal
• Indépendance de la république populaire d'Angola
• Déclenchement de la guerre civile angolaise
Forces en présence
plusieurs dizaines de milliers de guĂ©rilleros65 000 soldats[5]
Pertes
50 000 morts3 450 soldats tués

Guerres coloniales portugaises

Pendant quinze ans, le Portugal tente de regagner le contrôle des territoires perdus à la suite des révoltes de 1960. Les efforts économiques et militaires consentis par la métropole ainsi que les pressions diplomatiques exercées par l'URSS et les États-Unis dans un contexte de décolonisation, expliquent les difficultés rencontrées par la politique portugaise de Salazar. À terme, le Portugal s'avéra incapable de maintenir une présence militaire en Angola, tant pour des raisons économiques et diplomatiques que politiques.

À partir des années 1950, dans un contexte de préparation à la décolonisation de la majorité des pays d'Afrique, l'oppression du peuple angolais par le régime colonial portugais entraîne l'émergence de mouvements anti-coloniaux. Ces mouvements ont été les acteurs majeurs de l'opposition aux colonisateurs portugais, mais ils ne sont pas pour autant unis dans l'effort de décolonisation et s'affrontent durant la guerre d'indépendance. Le MPLA d'Agostinho Neto se voit confronté au FNLA de Holden Roberto et à l'UNITA de Jonas Savimbi. Lorsque le peuple angolais mené par ces différents mouvements conquiert enfin son indépendance en 1975, les tensions entre le MPLA et L'UNITA, alimentées par le contexte international de la guerre froide, donnent lieu à la guerre civile angolaise.

Le contexte de la colonisation portugaise lors du déclenchement des premières rébellions dans le Nord

Les conditions imposées par le régime colonial portugais

La prĂ©sence des Portugais en Angola remonte au XVIe siècle, mais se limitait jusqu'au XIXe siècle Ă  Luanda, Benguela et quelques autres localitĂ©s sur la cĂ´te. Ă€ partir d'alors les colons qui travaillaient la terre s'Ă©taient principalement installĂ©s sur la rĂ©gion cĂ´tière, mais de plus en plus dans le nord-ouest de l'Angola pour le cafĂ©. Comme dans la plupart des colonies de peuplement, la majoritĂ© de la population originaire de la mĂ©tropole est concentrĂ©e dans les villes. Ă€ partir des annĂ©es 1950 l'immigration portugaise s'intensifie, en partie Ă  cause d'un taux Ă©levĂ© de chĂ´mage au Portugal, l'Angola fait figure d'eldorado et attire des Portugais de classes sociales très variĂ©es. De 1950 Ă  1960 environ 100 000 Portugais arrivent en Angola, ce qui reprĂ©sente une augmentation de 118 % par rapport Ă  la quantitĂ© de Blancs qui Ă©taient dĂ©jĂ  installĂ©s sur place. Pour autant les Blancs ne reprĂ©sentent pas une proportion importante de la population totale, mais en plus d'accaparer les terres ce sont ceux qui, parmi la population locale, dominent la vie Ă©conomique, constituent l'essentiel de la couche qualifiĂ©e de main d’œuvre et occupent les postes d'encadrement.

Parmi les non-Blancs les Portugais ont mis en place un système de classification ségrégationniste des citoyens. Une citoyenneté portugaise réduite était donnée aux métis et assimilados, des Noirs qui selon les Portugais auraient atteint un niveau de « civilisation » suffisant pour profiter d'une première forme de citoyenneté. Les métis et assimilados en 1960 ne représentent que 2 % de la population noire angolaise. Cette citoyenneté les exempte du travail forcé qui était imposé au reste de la population africaine, qualifiée d’indigène.

Les membres de la population considérée comme « indigène » par les colons sont dans l'obligation de payer un impôt qui varie selon la productivité de la région où ils résident, une mesure qui oblige à accélérer la production agricole. L'imposition d'un type de culture par l'administration coloniale, en grande partie du coton, et les conditions de travail dans les fazendas, les fermes agricoles tenues par des colons portugais, provoquent régulièrement la révolte des paysans soumis au travail forcé. Ces premières révoltes vers la fin des années 1950 relèvent d'abord du sabotage, par exemple les semences imposées par les colonisateurs sont bouillies pour les rendre inutilisables. Rapidement les paysans révoltés forment de petits groupes armés qui entendent répondre par la violence à la violence du régime colonial portugais.

Le soulèvement dans le nord

Le , la population africaine qui vivait aux alentours de Luanda attaque la prison de Sao Paulo, la plus importante de la capitale. Une seconde attaque eut lieu, mais les deux se soldent par un échec. La population blanche de Luanda se venge tout en bénéficiant de la protection de la police, et des massacres sont perpétrés aux abords de la capitale. Le soulèvement de Luanda n'est pas le plus important parmi ceux qui se sont déroulés en 1961, mais par bien des côtés c'est celui qui a le plus influencé le développement d'un nationalisme révolutionnaire. Ses conséquences sanglantes marquèrent la pensée et l'action politiques angolaises, il n'y avait désormais plus d'autre choix que la résistance armée.

Ă€ partir du , le Nord de l'Angola connaĂ®t l'insurrection des travailleurs forcĂ©s des exploitations locales alliĂ©s Ă  des agriculteurs Kongo, elle est influencĂ©e par le FNLA, alors appelĂ© UPA. Bien que peu armĂ©s, les insurgĂ©s parviennent Ă  prendre le contrĂ´le de grandes rĂ©gions autour de Uige, le centre de la culture du cafĂ© alors appelĂ© Carmona, s'emparant des fermes europĂ©ennes, des Ă©tablissements de commerce et des postes de police. Les ponts sont dĂ©truits et les routes sont bloquĂ©es, les autoritĂ©s portugaises perdent alors le contrĂ´le de ces rĂ©gions. Le nombre de personnes participant Ă  l'insurrection dans le nord en 1961 se compte dĂ©jĂ  par milliers. Pendant ce soulèvement dans le Nord, la population civile europĂ©enne, ainsi que les mĂ©tis et assimilados, sont les cibles de la violence des rebelles. Le massacre de Blancs par des Africains choque profondĂ©ment les EuropĂ©ens qui rĂ©pondent sur place par des tueries qui se rĂ©pètent. Face Ă  cette violente rĂ©pression, d'importantes migrations ont lieu en direction du Congo, mi-juin oĂą plus de 80 000 paysans ont dĂ©jĂ  quittĂ© leurs terre natale pour Ă©chapper aux massacres, ces migrations sont accompagnĂ©es de la fuite de nombreux militants du MPLA.

15 années de lutte pour l’indépendance, jusqu’à l’épuisement de la métropole et la révolution des œillets

Résistances et répressions

Les opĂ©rations militaires systĂ©matiques menĂ©es par les colons portugais contre les rebelles dans le Nord de l'Angola ne dĂ©butèrent qu'en . L'armĂ©e comportait environ 2 000 soldats mĂ©tropolitains et un peu plus de colons mobilisĂ©s, mais la majoritĂ© des troupes Ă©tait composĂ©e de soldats africains. L'Ă©tĂ© 1961 est marquĂ© par le dĂ©clin de la rĂ©bellion qui se heurte aux forces armĂ©es des colonisateurs, les guĂ©rilleros sont trop peu nombreux et mal armĂ©s. Des petites poches de rĂ©sistance de guĂ©rilla continuent nĂ©anmoins d'exister dans le Nord. Les hauts fonctionnaires d’État Ă©taient parfaitement au courant des massacres d'Africains qui Ă©taient perpĂ©trĂ©s par les colons, aidĂ©s par l'armĂ©e, mais ils n'Ă©taient pas prĂŞts Ă  protĂ©ger les Africains, mĂŞme dans la capitale, de peur de provoquer l'antagonisme de la communautĂ© blanche. Alors que le Sud n'avait connu aucun soulèvement, la violence se propage depuis le nord et la population africaine d'Angola mĂ©ridional devient alors la proie de massacres par les EuropĂ©ens. Durant les annĂ©es qui suivirent, les tensions entre les mouvements indĂ©pendantistes que sont le MPLA et le FNLA, endiguèrent le processus insurrectionnel entamĂ© en 1961. Le MPLA communiste, dont la plupart des reprĂ©sentants s'Ă©tait enfuie au Congo, s'est retrouvĂ© confrontĂ© Ă  un blocus organisĂ© par le FNLA et Mobutu, qui s'Ă©tait emparĂ© du pouvoir au Congo grâce Ă  un coup d'État en 1960. Le dirigeant du FNLA Roberto Holden et Mobutu, tous deux profondĂ©ment anti-communistes, empĂŞchèrent le MPLA d'envoyer des renforts Ă  ses troupes dans le Nord de l'Angola jusqu'en et .

L’épuisement de la métropole

Pour regagner le contrĂ´le de sa colonie, la mĂ©tropole a engagĂ© des effectifs militaires importants, avec près de 65 000 soldats portugais envoyĂ©s en rĂ©ponse au soulèvement de 1961. L'armĂ©e portugaise est Ă©galement mobilisĂ©e au Mozambique qui cherche Ă  s'Ă©manciper de la colonisation portugaise au mĂŞme moment que l'Angola. Ă€ ces coĂ»ts militaires s'ajoutent ceux relatifs au contrĂ´le policier sur place. Pendant les 15 annĂ©es de lutte que reprĂ©sente la guerre d'indĂ©pendance d'Angola, les partisans des mouvements de libĂ©ration sont traquĂ©s et emprisonnĂ©s. Certains se retrouvent enfermĂ©s pendant plusieurs annĂ©es pour avoir distribuĂ© des tracts politiques qui incitaient Ă  la rĂ©bellion contre les colonisateurs. L'Angola n'est plus une entreprise suffisamment profitable pour le Portugal. L'exploitation des terres, lorsqu'elles ne sont pas aux mains des rebelles, est rendue difficile dans le climat de tension qui existe entre colonisateurs et colonisĂ©s. Salazar, puis son successeur Caetano, s'Ă©taient efforcĂ©s de faire passer l'Angola pour une colonie modèle, en dissimulant les rĂ©voltes le mieux qu'ils pouvaient grâce Ă  de la propagande et au contrĂ´le des frontières. Mais après 15 annĂ©es de lutte, la pression appliquĂ©e par l'OTAN et par les deux grandes puissances emblĂ©matiques de la guerre froide, est trop importante pour que le Portugal puisse conserver sa colonie beaucoup plus longtemps.

En 1974, la révolution des œillets qui renverse le régime dictatorial de Salazar au Portugal, marque le début de nouvelles relations entre la métropole et les mouvements de libération de l'Angola. L'indépendance angolaise est alors négociée et la date du est choisie.

Une indépendance proclamée dans un climat politique tendu

Le climat de la prise d'indépendance est tendu entre les différents mouvements de libérations que sont le MPLA, le FNLA et l'UNITA. Ensemble ils concluent un cessez-le-feu en et établissent une constitution provisoire. Le , l'indépendance de l'Angola est proclamée à la fois par le MPLA et le FNLA. Bien qu'en 1976 la république populaire d'Angola dirigée par le chef du MPLA Agostinho Neto, est reconnue par la plupart des pays du monde et par l'ONU, la situation politique de l'Angola n'est pas stabilisée. Le MPLA soutenu par l'URSS et Cuba se retrouve confronté à ses opposants du FNLA et de l'UNITA soutenus par les États-Unis et les troupes sud-africaines pendant 27 ans lors de la guerre civile angolaise qui dure jusqu'en 2002.

  • Vestiges de la guerre.
  • DĂ©mineuse.
    DĂ©mineuse.
  • HĂ©licoptère abattu.
    Hélicoptère abattu.

Notes et références

  1. The Soviet Union and Revolutionary Warfare: Principles, Practices, and Regional Comparisons, 1988, pp. 117–118.
  2. Algeria: The Politics of a Socialist Revolution, 1970, p. 164
  3. Brazilian Relations with Portuguese Africa in the Context of the Elusive "Luso-Brazilian Community", 1976, p. 25–58
  4. Carlo Patti, « Brazil-South Africa Nuclear Relations », sur Wilson Center
  5. « Forças Armadas - Efectivos » (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Lien externe

Bibliographie

  • Basil Davidson, L'Angola au cĹ“ur des tempĂŞtes, cahiers libres, 1972
  • Christine Messiant, L'Angola colonial, histoire et sociĂ©tĂ©. Les prĂ©misses du mouvement nationaliste, P.Schlettwein Publishing Switzerland, 2006
  • Dia Kassembe, Angola, 20 ans de guerre civile, MĂ©moires africaines, 1995
  • Elikia M'Bokolo, Afrique noire, Histoire et civilisations Tome 2, du XXe siècle Ă  nos jours, Hautier, 2008
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