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Groupe de Canaveilles

Le Groupe de Canaveilles est une succession métasédimentaire des Pyrénées. Il est d'âge fini-néoprotérozoïque et cambrien inférieur et marque le début du cycle sédimentaire.

Localité type

Le Groupe de Canaveilles, aussi appelé Série de Canaveilles, fut nommé après sa localité type Canaveilles, située dans le département des Pyrénées-Orientales.

GĂ©ographie

L'aire de sédimentation du Groupe de Canaveilles se cantonne dans les Pyrénées orientales. Une succession comparable – la Série de la Salvetat-Saint-Pons - se trouve plus au nord dans la Montagne Noire, le promontoire méridional du Massif Central français. L'Alcudien supérieur de la péninsule Ibérique ressemble aussi beaucoup au Groupe de Canaveilles. La sédimentation du groupe est centrée autour de la localité type près du Canigou. Mais il se rencontre également sur le versant espagnol des Pyrénées dans la Nappe de Cadí.

Stratigraphie

Le piton de Castell Vidre dans les Gorges du Sègre. Incliné vers le SO culmine 1629 m. Les couches qui le constituent appartiennent à la Formation de Canaveilles

SĂ©rie principale

Près de la localitĂ© type le Groupe de Canaveilles atteint une Ă©paisseur de 3 000 mètres, ailleurs l'Ă©paisseur varie entre 2000 et 4 000 mètres. Autour du Canigou sa base se superpose aux gneiss leptynitiques appelĂ©s gneiss de transition et aux gneiss Ĺ“illĂ©s. Le groupe remonte Ă  l'Édiacarien, ç.Ă .d. 580 millions d'annĂ©es. Il est d'origine marine et composĂ© essentiellement des pĂ©lites, des schistes noirs subordonnĂ©s et des grauwackes. Cette sĂ©rie principale montre des intercalations carbonatĂ©es et volcaniques (rhyodacites). Dans la Nappe de CadĂ­ apparaissent au Cambrien infĂ©rieur des calcaires Ă  archeocyathides. Le Groupe de Canaveilles est suivi au Cambrien moyen par le flyschoĂŻde Groupe de Jujols, qui est moins mĂ©tamorphique (faciès schistes verts) ; le dernier commence par la Formation de TregurĂ  très riche en olistostromes.

Intercalations carbonatées

À la localité type le Groupe de Canaveilles contient au sein de ses schistes quatre intercalations carbonatées maintenant métamorphisées en marbres et calcsilicates (du haut vers le bas) : calcsilicates gréseux marbres marbres dolomitiques marbres de base

Marbres de base

Les marbres de base atteignent jusqu'Ă  150 mètres d'Ă©paisseur. Ils recèlent 5 niveaux de marbres, parfois très massifs et un niveau de marbres impurs issus de calcarĂ©nites. Le niveau impur contient aussi des interstrates gneissiques dĂ©cimĂ©triques; ces interstrates sont des calcsilicates et reprĂ©sentent probablement des marnes.

Marbres dolomitiques

Les marbres dolomitiques possèdent une granulométrie très fine et sont colorés gris à beige. Ils développent le minéral chondrodite et dans quelques horizons aussi les minéraux clinochlore et phlogopite.

Entre les marbres dolomitiques et les marbres sus-jacents sont intercalés plusieurs niveaux quartzitiques et grauwackeux.

Marbres

Les marbres (calcitiques) montrent une couleur blanche, parfois grise et sont fortement cristallisĂ©s. Leur Ă©paisseur très variable, normalement autour de 20 mètres, peut augmenter par endroits jusqu'Ă  180 mètres. Ces variations d'Ă©paisseur laissent prĂ©sumer une origine rĂ©cifale, probablement il s'y agit des anciens biohermes.

Calcsilicates

La granulométrie des calcsilicates, d'allure gneissique, est très fine. Ils dérivent des marnes très riches en potassium. Ils peuvent aussi apparaître comme des hornfels multicolores (couleurs claires et verdâtres) et rubanés. On y trouve les minéraux diopside, trémolite, clinozoïsite, plagioclase basique, microcline et biotite microscopique.

À la localité type ces calcsilicates se présentent comme des calcschistes gréseux.

Rhyodacites

Les anciens rhyodacites, peut-être aussi des tufs du même chimisme, furent métamorphisés en leptynites. Normalement ils suivent au-dessus les marbres de base, mais parfois aussi au-dessus les marbres. Une datation radiométrique a livré un âge de 581 millions d'années pour ces anciens rhyodacites, ce qui souligne l'âge édicarien du Groupe de Canaveilles.

Évolution sédimentaire

Le Groupe de Canaveilles fut dĂ©posĂ© pendant la fin du NĂ©oprotĂ©rozoĂŻque et le Cambrien infĂ©rieur Ă  la marge septentrionale de Gondwana. Ses sĂ©diments ont un caractère marin, l'aire de sĂ©dimentation probablement Ă©tant la marge continentale. Les biohermes des intercalations carbonatĂ©es et les archeocyathides de la Nappe de CadĂ­ au Cambrien infĂ©rieur indiquent une dĂ©position sur la plate-forme ou sur la marge de la plate-forme parsemĂ©e de rĂ©cifs. Les rhyodacites laissent penser Ă  un arc insulaire et il est fort probable que le Groupe de Canaveilles fut sĂ©dimentĂ©e en situation backarc. Cette conclusion est supportĂ©e par le lien Ă©troit du groupe avec l'Alcudien de la pĂ©ninsule ibĂ©rique centrale – un ensemble de sĂ©diments nĂ©oprotĂ©rozoĂŻques fortement subsidents et atteignant l'Ă©paisseur Ă©tonnante de 15 kilomètres ! L'Alcudien lui aussi fut dĂ©posĂ©e Ă  la marge septentrionale de Gondwana, active Ă  cette Ă©poque et traversĂ©e probablement par une faille transformante.

MĂ©tamorphose

À environ 310 millions d'années pendant l'orogenèse varisque au Pennsylvanien les sédiments du Groupe de Canaveilles furent métamorphisés sous conditions mésozonales (faciès amphibolitique inférieur). Les pélites à la base du groupe changèrent aux micaschistes (zone de cordiérite, d'andalousite et de sillimanite), plus haut dans la section seulement des phyllites du faciès schistes verts furent réalisées. Les intercalations carbonatées se transformèrent en marbres et en calcsilicates, les rhyodacites en leptynites. Près des gneiss de transition on franchit d'abord l'isograde de l'andalousite puis celui de la cordiérite indiquant un métamorphisme de contact et donc une origine intrusive granitique de ces gneiss.

Magmatisme

Le Groupe de Canaveilles est souvent traversé par des filons granitiques (granite à deux micas) et pégmatitiques issus du granite profond du Canigou. Ces roches magmatiques affectent surtout les marbres de base et les marbres dolomitiques, mais se trouvent aussi aux niveaux supérieurs. Les niveaux inférieurs montrent souvent des diorites et des quartz diorites. Toutes ces intrusions furent mises en place après la formation des nappes de charriage vers la fin de l'orogenèse varisque.

Évolution structurale

Pendant l'orogenèse varisque le Groupe de Canaveilles fut non seulement métamorphisé, mais aussi fortement déformé. Au Canigou on pensait que le groupe lié aux orthogneiss fut transformé en vaste pli isoclinal couché. Mais le serrage tectonique ne s'arrêta pas et causa une rupture au niveau du genou du pli, ainsi formant deux nappes chevauchantes. Ces nappes furent ensuite plissées internement en régime ductile et commencèrent à se soulever en anticlinal. En passant au régime cassant les mêmes contraintes forcèrent des charriages et rétrocharriages sur failles inverses (flanc méridional du Canigou).

Mais depuis quelque temps plusieurs révisions de l'âge intrusif des orthogneiss trouvent seulement 474 millions d'années (Ordovicien inférieur) pour la dernière cristallisation des zircons, donc beaucoup plus jeune que les résultats auparavant[1]. Le concept d'un socle cadomien est donc devenu très improbable est la structure d'un pli couché n'est plus réaliste. Par contre les nappes et les déformations ultérieures restent fermement établis.

Une autre conséquence du caractère intrusif des orthogneiss concerne les paragneiss sous-jacentes (métagrauwackes), qu'on doit maintenant inclure à la base du Groupe de Canaveilles. Ils ne représentent pas du socle cadomien, mais subirent seulement une métamorphose beaucoup plus poussée[2].

Références

  1. Cocherie, A. et al. (2005). U-Pb zircon (ID-TIMS and SHRIMP) evidence for the early Ordovician intrusion of metagranites in the Late Proterozoic Canaveilles Group of the Pyrenees and the Montagne Noire (France). Bulletin de la Société Géologique de France, 176, p. 269-282
  2. Laumonier, B., Autran, A., Barbey, P., Cheilletz, A., Baudin, T., Cocherie, A. & Guerrot, C. (2004). Conséquences de l'absence de socle cadomien sur l'âge et la signification des séries pré-varisques (anté-Ordovicien supérieur) du sud de la France (Pyrénées, Montagne Noire). Bull. Soc. géol. Fr., 175, no 6, p. 643-655

Sources

  • Jaffrezo, M. (1977). PyrĂ©nĂ©es Orientales Corbières. Guides gĂ©ologiques rĂ©gionaux. Masson. (ISBN 2-225-47290-4)
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