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Grottes de Vallorbe

Les grottes de Vallorbe se trouvent près de la vallĂ©e de Joux Ă  Vallorbe[2]. Ces grottes karstiques ont Ă©tĂ© creusĂ©es par l'Orbe qui disparaĂ®t Ă  la fin du lac de Joux avant de rĂ©apparaĂ®tre 4,8 kilomètres plus loin sous la forme d'une rĂ©surgence Ă  Vallorbe. Le système souterrain n'a Ă©tĂ© explorĂ© qu'Ă  partir de 1893 par un scaphandrier. Ce n'est qu'Ă  la fin de l'annĂ©e 1961 que des expĂ©ditions plus ambitieuses ont lieu dans le sous-sol et permettent de dĂ©couvrir un vaste rĂ©seau qui sera ouvert au public en 1974. On estime que l'origine des grottes se situe aux alentours du dĂ©but du Pliocène, il y a sept millions d'annĂ©es.

Grottes de Vallorbe
(Grottes aux FĂ©es de Vallorbe)
Intérieur des grottes aux Fées de Vallorbe.
Localisation
Coordonnées
46° 41′ 52″ N, 6° 20′ 44″ E
Pays
Canton
District
Massif
Vallée
Vallée de l'Orbe
Localité voisine
Caractéristiques
Type
Altitude de l'entrée
750 m
Longueur connue
Plus de 30 258 m en 2017[1]
PĂ©riode de formation
Température
8 à 11 °C
Localisation sur la carte du canton de Vaud
voir sur la carte du canton de Vaud
Localisation sur la carte de Suisse
voir sur la carte de Suisse

Environ un tiers du développement des grottes peut être visité via un parcours d'environ une heure qui constitue une attraction touristique. La température y est quasi constante et se situe dans un intervalle compris entre 8 et 11 °C.

Introduction

Durant des millions d'annĂ©es les couches calcaires ont Ă©tĂ© Ă©rodĂ©es par l'Orbe, une rivière qui emprunte un parcours souterrain avant de rejaillir du rocher sous la forme d'une source dont les grottes de Vallorbe sont les plus fidèles tĂ©moins. Ă€ l'intĂ©rieur mĂŞme de ces cavitĂ©s siège une exposition de minĂ©raux, Le TrĂ©sor des FĂ©es, regroupant une collection de plus de 250 minĂ©raux du monde entier sous quatre coupoles creusĂ©es Ă  mĂŞme la roche.

  • CoordonnĂ©es nationales : 516.405 / 172.477/776
  • Altitude de la grotte (entrĂ©e) : 750 m
  • Altitude de la rĂ©surgence (source) de l'Orbe : 776 m
  • Étendue du parcours souterrain de l'Orbe (Ă  vol d'oiseau) : 2 980 m
  • DĂ©nivellation du parcours souterrain de l'Orbe : 228 m
  • DĂ©bit de l'Orbe : de m3/s (Ă©tiage) Ă  80 m3/s (crues)
  • TempĂ©rature de l'air (constante) : 11 °C
  • TempĂ©rature de l'eau : de 4 Ă  13 °C
  • AnnĂ©e de la première plongĂ©e (11 m) : 1893
  • AnnĂ©e des premières explorations de la cavitĂ© immergĂ©e : 1961
  • AnnĂ©e de mise en exploitation : 1974
Vue en plan du réseau des grottes de Vallorbe. En vert, la zone accessible aux touristes.
1. Entrée 2. Source de l'Orbe 3. Tunnel d'accès 4. Cathédrale 5. Siphon du Désespoir 6. Salle du Millénaire

Histoire

Formation géologique

Voici 150 millions d’années, à l’emplacement même où se développent actuellement les grottes de l’Orbe à Vallorbe, une mer peu profonde recouvrait tout le pays. Petit à petit, au gré des dépôts marins sédimentaires, s’élaborèrent les roches que l'on y voit. Plus au nord, les rivages des terres émergées de Vallorbe et la reculée de La Dernier, où émerge l’Orbe souterraine.

Le paysage de cette Ă©poque devait ressembler aux Bahamas actuelles, avec une multitude d’îles peu Ă©levĂ©es. Puis les millions d’annĂ©es passèrent, et avec eux l’épaisseur des dĂ©pĂ´ts sĂ©dimentaires augmenta. En ce qui concerne la rĂ©gion de Vallorbe, ce ne sont pas moins de 200 mètres d’épaisseur de « calcaires Ă  grottes » qui se formèrent en moins de 10 millions d’annĂ©es .

La complexe histoire gĂ©ologique se poursuivit encore pendant 120 millions d’annĂ©es avec une multitude de dĂ©pĂ´ts variĂ©s qui s’accumulèrent les uns au-dessus des autres (calcaires, marnes, argiles, grès, conglomĂ©rats, etc.).

Voici environ sept millions d’années, la mer se retira définitivement de la région, du fait de l'apparition des Alpes et du Jura.

DĂ©couverte

L’importante rivière souterraine qui surgit en amont de Vallorbe a depuis longtemps représenté un composant essentiel de la petite cité jurassienne. Personne n’ayant réussi à pénétrer « dans » la montagne par des voies naturelles (grottes, cavernes, gouffres, avens), les explorateurs de la première heure tournèrent alors leur regard vers la source elle-même. C’est ainsi qu’en 1893, le plongeur Pfund, équipé d’un scaphandre « pied lourd » descendit dans la source et atteignit la profondeur de –11 mètres. Il ne put que constater que la galerie spacieuse se poursuivait en profondeur.

À la même époque, des observations et des expériences de coloration de l’eau, réalisées par L. Reymond (1865), C. Guiguer (1884), F.-A. Forel et H. Golliez (1892), L. Piccard (1893), avaient déjà prouvé la liaison souterraine qui existait entre la vallée de Joux (lac Brenet) et la source de l’Orbe.

Puis le temps passa, et comme les techniques de plongĂ©e ne progressaient pas rapidement et que les recherches en surface des spĂ©lĂ©ologues (P. J. Baron, 1951) restaient vaines, il fallut attendre jusqu'en 1961 pour voir une nouvelle Ă©quipe de plongeurs s’attaquer Ă  la source. Munis cette fois-ci de scaphandres autonomes, MM. Gallet, J.-C. Protta et A. Sauty, trois jeunes plongeurs du Centre de Sports sous-marins de Genève, purent pĂ©nĂ©trer 40 mètres dans la cavitĂ© immergĂ©e. La mĂŞme annĂ©e, lors d'une deuxième plongĂ©e, ils atteignaient la surface d'un petit lac souterrain Ă  environ 70 mètres de l'entrĂ©e de la source. Ce lac d'une surface d'une dizaine de m2 fut baptisĂ© "lac du Silence". L’annĂ©e suivante, le mĂŞme trio plongea cinq fois dans la source. Ă€ 120 mètres de l’entrĂ©e, ils trouvèrent une immense salle noyĂ©e dont les parois se perdaient dans la nuit. Leur dernière plongĂ©e leur permit d’atteindre un point situĂ© Ă  140 mètres de l’entrĂ©e et Ă  25 mètres de profondeur, ce qui pour l’époque reprĂ©sentait un exploit dans le domaine de la plongĂ©e en siphon ou plongĂ©e souterraine.

Ce sont d’autres plongeurs qui, en 1964, entreprirent de poursuivre l’exploration. C. Giurumello et R. Schmid effectuèrent une reconnaissance Ă  sec sur plus de 60 mètres au-dessus du lac du Silence. Avec B. Santandrea, l’exploration se poursuivit, puis avec l’aide de R. Gamba et J.-F. Morel le dĂ©veloppement des galeries dĂ©couvertes atteignit dĂ©jĂ  plusieurs centaines de mètres en 1966. Les clichĂ©s rapportĂ©s Ă  la surface en tĂ©moignèrent.

Une équipe de promoteurs vallorbiers constituée par P. Robert, A. Künzli, M. Oulevay et A. Jaillet, syndic, s’intéressa vivement à ces explorations et prit contact avec les plongeurs cités ci-dessus. Une société fut alors fondée et assura le financement des travaux. Une première galerie artificielle fut forée afin d’atteindre la caverne à pied sec. En plus de l’exploration des parties « sèches » du réseau, les années qui suivirent furent une période d’une intense activité pour les plongeurs spéléologues, car la décision avait été prise d’aménager la cavité dans un but touristique ; la collaboration de ces spécialistes demeurait essentielle pour des hommes tels que Paul Robert qui, pour sa part, gérait la partie commerciale du projet.

Le rythme des découvertes se ralentit à partir de la fin des années 1970, puisqu'il est devenu de plus en plus difficile de trouver des continuations ; ceci n'a pas empêché la Société Suisse de Spéléologie (SSS) de persévérer dans l'exploration[3].

En 2017 des spĂ©lĂ©ologues dĂ©couvrent un passage pour accĂ©der Ă  la suite du rĂ©seau souterrain de la grotte aux FĂ©es. Il est Ă  ce jour le plus long rĂ©seau souterrain du Jura suisse connu. Le , les spĂ©lĂ©ologues franchissent le cap des 30 kilomètres de galeries explorĂ©es[4], situĂ©es sous la forĂŞt du Risoux, dans la vallĂ©e de Joux[1].

DĂ©veloppements depuis l'ouverture au public

En 1974, les grottes de l’Orbe Ă©taient ouvertes au public[5]. Depuis lors, les explorations et les amĂ©nagements se sont poursuivis afin d'amĂ©liorer l’équipement touristique. Ainsi, en 1983, le point extrĂŞme atteignable en talons hauts a Ă©tĂ© dĂ©placĂ© de 100 mètres en direction de l’amont, avec une splendide vue fuyante vers la Grande salle. En 1986, une deuxième galerie artificielle a Ă©tĂ© creusĂ©e dans la prolongation de la première, afin de pouvoir joindre directement les parties Ă©loignĂ©es[6]. En 1987, elles accueillent 79 000 visiteurs[7]. En 1992, sous la prĂ©sidence de Walter Zehnder, le « TrĂ©sor des FĂ©es » a Ă©tĂ© ouvert au public. Quatre grandes alvĂ©oles ont Ă©tĂ© excavĂ©es dans le rocher mĂŞme proche de l’entrĂ©e artificielle de la cavitĂ© pour abriter une collection de minĂ©raux.

En 1985, la Société des grottes de Vallorbe figure parmi les membres fondateurs de l'Association suisse des exploitants de cavernes aménagées pour le tourisme (ASECAT)[8]. En , le président du conseil d'administration Paul Robert démissionne à la suite d'un conflit avec les autres acteurs touristiques de Vallorbe sur le tarif d'entrée des grottes[7]. La présidence est assurée de manière intérimaire par André Jaillet jusqu'à l'élection de Walther Zehnder en [9].

Rôle de la Société suisse de spéléologie (SSS)

La Société suisse de spéléologie (SSS) a également joué un rôle important en ce qui concerne l’exploration et l’étude de la cavité. À partir de 1978, sous la conduite de M. Audetat, une équipe de la SSS entreprit de fouiller systématiquement toutes les galeries sèches et découvrit ainsi plusieurs centaines de mètres de nouveaux conduits (G. Favre, C. Wacker et collaborateurs). Parallèlement, une équipe de plongeurs de la SSS et du Groupe lémanique de plongée souterraine - GLPS (Cyrille Brandt, Olivier Isler et collaborateurs) s’attaqua aux zones noyées et aux siphons de la cavité. Une topographie très précise du siphon d’entrée fut effectuée.

Les siphons des Blocs no 1 et no 2 furent franchis et la galerie de l’Espoir fut découverte jusqu'au siphon du Désespoir. Les années 1980 n’apportèrent pas de découvertes essentielles car il fut de plus en plus difficile de trouver des continuations. Malgré cela, le siphon de la Baignoire fut franchi et l’Orbe active remontée sur une centaine de mètres jusqu'à un immense éboulis qui obstrue entièrement la galerie.

Par la suite, et bien qu’il soit toujours possible de trouver du « neuf » dans la partie connue, les efforts se sont portés vers le seul point prometteur restant : la plongée du siphon du Désespoir. Après un travail important de plusieurs groupes de la SSS, le plongeur Jean-Jacques Bolanz réussit en 1990 à franchir l’obstacle et trouva « la suite » par plus de 55 mètres de profondeur. La branche remontante du siphon aboutit à une titanesque salle parsemée de blocs chaotiques qui conduit 200 m plus loin à un nouveau siphon amont.

Dans les années 2000 et 2010, l'exploration se poursuit lentement et de nouveaux siphons et salles de dimensions très importantes sont parcourus[10]. Le but ultime des spéléologues et de remonter jusqu'aux lacs de Joux et Brenet[11], aboutissement probable du réseau souterrain. En 2015, le point terminal d'exploration se situait à encore 800 m du lac Brenet[12].

Topographie des grottes

Situation

Source de l'Orbe supérieure au lac des Rousses.

Il existe une « Orbe supérieure » et une « Orbe inférieure ». L’Orbe supérieure prend naissance pour sa part au lac des Rousses, en France. La rivière s’écoule ensuite paresseusement en méandres (orb = courbe, cercle, orbite) avant de se jeter dans le lac de Joux. La vallée de Joux a été créée lors du plissement du Jura, lorsque se sont formés les reliefs de la chaîne du mont Tendre et du Risoux.

À l’extrémité du lac de Joux, (Le Pont) un autre phénomène géologique important intervient. Une gigantesque faille (ou décrochement) de direction nord-sud a déplacé une montagne entière (Dent de Vaulion) en travers de la vallée, et ainsi créé un véritable barrage naturel. On comprend aisément pourquoi les lacs ou glaciers (en période froide) ont pu s’établir et subsister à cet emplacement. On peut donc imaginer que l’eau remplisse toute la vallée avant de s’écouler par le petit col de Pierre à Punex, entre Le Pont et Vallorbe. C’est sans compter sur les roches calcaires fissurées qui bordent les lacs de Joux et Brenet, et qui sont capables d’absorber des quantités considérables de liquide. Ainsi de nombreux entonnoirs ou pertes (Bonport, Rocheray, Moulin, etc.) jouaient ce rôle naturellement avant l’intervention des hommes.

Voici un peu plus de 100 ans, ces derniers décidèrent de forer un exutoire artificiel en direction de Vallorbe, afin d’assurer une meilleure régulation des plans d’eau. Par la suite, cette chute d’eau fut utilisée afin de produire de l’électricité (centrale de La Dernier). Les entonnoirs furent également « aménagés » afin de contrôler les pertes. Aujourd'hui, l’essentiel du débit de « l’Orbe inférieure » qui apparaît à la source de l’Orbe est assuré par des drainages souterrains en relation avec des surfaces beaucoup plus vastes (flancs du mont Tendre et du Risoux, etc.). Cette véritable eau souterraine résultant directement des précipitations (pluie, neige) tombant sur ces massifs suit quant à elle approximativement le même cheminement que les eaux de surface, mais à plusieurs centaines de mètres en profondeur. Ainsi, dans la région de la vallée de Joux, deux Orbes « superposées » doivent en quelque sorte coexister.

En parcourant les grottes

Souvent qualifiĂ©e Ă  tort d’émergence vauclusienne, la source de l’Orbe et son premier siphon, ou galerie noyĂ©e, sont dus en fait Ă  une simple accumulation de blocs morainiques (glaciers) et d’éboulis qui se sont accumulĂ©s au fond de la reculĂ©e, et ont ainsi obstruĂ© la partie infĂ©rieure de la galerie, obligeant l’eau Ă  remonter. Rien Ă  voir donc avec la fameuse fontaine de Vaucluse, dont les eaux proviennent d’un « karst » noyĂ© se dĂ©veloppant Ă  300 mètres de profondeur. Le visiteur, qui ne suit pas cette voie humide pour pĂ©nĂ©trer dans la cavitĂ©, emprunte aujourd'hui le tunnel artificiel qui aboutit directement au lac du Cairn. De cet endroit il surplombe d’une dizaine de mètres l’Orbe retrouvĂ©e.

Un Ă©clairage immergĂ© permet de voir que cet important volume noyĂ© est ici particulièrement calme. Le contraste est saisissant si l’on pense Ă  la turbulence des eaux avant ou après le siphon. Le dĂ©bit de la rivière est d’environ m3/s Ă  l’étiage (basses eaux), mais peut atteindre environ 80 m3/s lors de crues exceptionnelles (). La tempĂ©rature de l’eau est variable vu les apports en provenance des lacs de surface, et peut passer de 4 Ă  13 degrĂ©s.

La température de l’air oscille autour de 10 degrés dans la grotte tout au long de l’année et l’humidité approche les 100 %. La teneur en gaz carbonique (CO2) est de 0,3 %, soit environ 10 fois plus élevée que celle de l’air extérieur. Cette concentration ne représente toutefois pas de risques et ne produit pas de gêne.

De cascades en ressauts

En amont du premier siphon la rivière souterraine s’écoule, comme Ă  l’extĂ©rieur, librement parmi d’énormes blocs de rochers tombĂ©s de la voĂ»te. En remontant le cours d’eau sur plus de 200 mètres, les spĂ©lĂ©ologues ont pu atteindre un nouveau siphon actif : le « siphon des Marmites ». Ce passage n’est praticable que lorsque le dĂ©bit est peu important, car la « galerie des Demi-noyĂ©s » est Ă©troite par endroits.

Avant d’arriver au siphon des Marmites, sur la gauche, une Ă©norme galerie fossile se dĂ©veloppe sur plus de 600 mètres en direction de Vallorbe. Cette branche importante du rĂ©seau reprĂ©sente un ancien parcours souterrain de l’Orbe, lorsque la rivière devait apparaĂ®tre au jour beaucoup plus en aval. Cette partie de la grotte est richement concrĂ©tionnĂ©e, spĂ©cialement dans la « salle des Aiguilles », oĂą les fistuleuses se cĂ´toient par milliers en rangs serrĂ©s.

Pour accéder aux parties amont du réseau, en direction de la vallée de Joux, il faut repartir de la fin de la partie aménagée actuelle et remonter la Grande salle. L’imposant volume de cette dernière résulte de l’effondrement d’immenses blocs de rochers qui se sont détachés des parois et du plafond. Une importante fracturation du terrain (failles) a favorisé à cet endroit la création de cette cathédrale souterraine.

Quant à sa décoration, rien n’y manque : sur son flanc gauche d’imposantes stalactites tombent du plafond, alors que sur son flanc droit ruisselle une immense coulée de calcite et de mondmilch suivie par des « pluies » de fistuleuses translucides. Au sol se développent de nombreuses stalagmites dites en piles d’assiettes. À l’autre extrémité de la Grande salle une série de galets arrondis parsème le sol et forme une véritable « Voie romaine » naturelle.

Il s'agit de l’un des grands carrefours de la grotte. En poursuivant dans l’axe de la Grande salle, il est possible de rejoindre l’Orbe active entre le siphon des Marmites et le siphon de la Baignoire. Sur la droite, et après avoir escaladé une paroi de 15 mètres, on atteint le début de l’importante galerie semi-active qui va livrer la clef pour la suite de l’exploration. À noter qu’en cas de très forte crue cette galerie se remplit complètement d’eau et qu’une impressionnante chute tombe dans la Grande salle. Toute la suite du réseau présente une allure beaucoup plus austère, car mis à part la galerie fossile qui permet d’éviter le siphon des Blocs no 1 et aboutit au début du siphon des Blocs no 2, le conduit est assez uniforme et moyennement concrétionné.

  • Sur un karst, ou massif calcaire travaillĂ© par l’érosion, des prĂ©cipitations sous forme de pluie ou de neige se succèdent tout au long de l’annĂ©e.
  • En rĂ©agissant avec la vĂ©gĂ©tation et surtout en traversant les couches superficielles du sol (humus, micro-organismes), l’eau peut devenir « agressive » en augmentant son aciditĂ©.
  • En traversant ensuite le massif calcaire par les multiples fissures et fractures du terrain, l’eau acide dissout la roche en emportant le carbonate de calcium du calcaire.
  • Lorsque l’eau chargĂ©e en carbonate de calcium arrive dans l’atmosphère de la grotte, elle peut le dĂ©poser (prĂ©cipitation) Ă  nouveau, sous forme de calcite (cristallisation). Ainsi se forment les stalactites, stalagmites et autres concrĂ©tionnements.
  • Au sol, le phĂ©nomène de concrĂ©tionnement (gours) peut se poursuivre par libĂ©ration Ă©galement de gaz carbonique contenu dans l’eau (un peu comme les bulles de gaz se libèrent lorsque l’on secoue une bouteille d’eau minĂ©rale).
  • La rivière souterraine creuse quant Ă  elle d’importantes galeries, soit par Ă©rosion chimique, soit par Ă©rosion mĂ©canique. Toute cette matière minĂ©rale, sous forme dissoute ou sous forme de particules (sable, argile) est ensuite entraĂ®nĂ©e vers les Ă©mergences (sources).

RĂ©sonances cristallines

Grottes de Vallorbe.

Ă€ partir de la salle du Cairn, on peut observer une multitude de formations minĂ©rales très variĂ©es dans cet Ă©tage dit « fossile » (entendre abandonnĂ© par la rivière active). ConcrĂ©tionnements en tout genre ornent plafonds, parois et sol. Parmi les plus connues, il faut citer les stalactites et stalagmites qui reprĂ©sentent les formes de cristallisation les plus courantes que l’on rencontre sous terre. Ă€ part les objets classiques ressemblant Ă  des cierges ou des pendeloques, il existe une infinitĂ© de formes dĂ©pendant de la solution nourricière et des caprices du terrain. Longeant la première rampe d’escalier, le concrĂ©tionnement s’est mĂŞme dĂ©veloppĂ© sous la forme d’une coulĂ©e stalagmitique. Au mĂŞme endroit apparaissent les premières fistuleuses (ou macaronis) qui sont en fait de petits tubes creux d’environ 4 Ă  5 millimètres de diamètre formĂ©s Ă  raison de 2 Ă  cm par siècle, par dĂ©pĂ´ts cristallisĂ©s de calcite Ă  la pĂ©riphĂ©rie des gouttes d’eau suintant du plafond. Au sommet de l’escalier en colimaçon des « draperies » ornent plafond et parois.

Ayant dépassé la salle Blanche se trouve le lac du Mouton qui, en réalité, pourrait s’appeler siphon du Mouton, car il a été asséché afin de permettre le passage à sec. On peut observer à cet endroit, ainsi qu’un peu plus loin, des concrétionnements formés sous la surface de l’eau, telles des excroissances en « choux-fleurs » ou en « grappes de raisin ». De nombreux « gours » et « microgours » se sont aussi formés dans cette partie de la grotte après la Grande colonne. Un escalier permet sur la droite d’accéder à la salle de la Méduse, richement concrétionnée.

La Grande colonne avec ses huit mètres de hauteur est l’une des plus grandes concrĂ©tions de la grotte. En redescendant en direction de la rivière on peut encore observer de nombreuses formations, dont la plus longue fistuleuse de Suisse, qui atteint 4 mètres de longueur. Également prĂ©sentes dans la grotte de l’Orbe, il faut citer les concrĂ©tions excentriques qui peuvent croĂ®tre en filaments ou fines gouttelettes, ou encore les fameuses « piles d’assiettes » de la Grande salle rĂ©sultant de l’éclatement des gouttes d’eau tombant d’une grande hauteur.

Attractions touristiques

Le trésor des fées

L’architecte Bernard Verdon a réalisé quatre alvéoles nécessitant la pratique de l’empoché, qui abritent une collection de minéraux. Cette création, qualifiée d'« architecture de soustraction » et surnommée « le trésor des fées » prétend faire la synthèse entre la mise en forme des éléments de soutènement indispensables et la mise en valeur des minéraux exposés.

Le travail mécanique d’extraction de la roche a imposé des tracés et des formes géométriques simples mais rigoureuses. Ce lieu d’exposition en forme de coupole représente la persistance d’une forme essentielle liée à l’histoire des civilisations.

Les vitrines d’exposition se développant de manière uniforme sur le pourtour des espaces présentent une collection minérale esthétique. Prolongation des richesses minérales souterraines de la cavité elle-même, cette présentation cristalline a été conçue davantage pour le plaisir des yeux que dans un but académique.

La légende de Donat

Se référant à une légende ancienne, l’accueil dans les alvéoles est assuré par la présence d’une fée. En 1908, à l’occasion de l’inauguration du casino de Vallorbe, une pièce théâtrale écrite par Georges Jaccottet, musique d’Édouard Combe, eut un succès considérable. Tout le Pays romand vint à Vallorbe lors des douze représentations. Voici un extrait de la légende, qui justifie l'appellation de « trésor des fées » donné à l'exposition cristallographique (cf. supra).

Parmi les ouvriers des forges de Vallorbe était un garçon nommé Donat. Beau, robuste, hardi, il passait surtout pour être présomptueux et bavard.

On prétendait les grottes habitées par des fées, qui, paraît-il, se laissaient voir de temps en temps. Au dire de ceux qui les avaient vues, ces dames étaient grandes et belles, bien faites, leur voix harmonieuse.

Donat voulut percer le mystère et s’en fût un jour visiter la grotte. Il trouve dans un coin un lit de fougères et fatigué s’y endort. À son réveil, il voit la grotte éclairée et à ses côtés une fée qui lui tend sa main blanche, lui disant: « Donat, tu me plais, veux-tu rester avec moi ? Je te rendrai heureux un siècle et te donnerai la connaissance de toute chose, à condition de ne jamais chercher à me voir dans mes appartements, et tu recevras chaque jour une pièce d’or et une perle. » Le jeune homme accepte avec joie.

Ils furent heureux quelques jours, puis Donat voulut pénétrer dans la chambre de la fée. Celle-ci reposait, sa robe légèrement relevée, et il remarqua les pieds en forme de patte d’oie de la fée. Mais la fée s’éveilla et le chassa de la grotte en lui recommandant de ne rien révéler de ce qu’il avait vu ou entendu sous peine de punition.

Rentré dans les forges, Donat s’empresse de raconter ses aventures et tous se moquent de lui disant qu’il a rêvé. Comme preuve de ce qu’il avance il veut alors montrer les perles et les pièces d’or qu’il a reçues, mais il ne trouve plus que des feuilles mortes et des grains de genièvre. Furieux et humilié, Donat quitte le pays et on ne le revit plus.

Notes et références

  1. « Fabuleuse découverte spéléologique dans le Jura », sur La Côta, (consulté le )
  2. Grotte de l'Orbe (VD) - Vallorbe sur map.geo.admin.ch.
  3. « Grottes aux Fées de Vallorbe », sur Groupe Spéléo Lausanne, (consulté le )
  4. Denis, « Exploration galerie Ondine », sur blog.explo-fees.ch, (consulté le )
  5. Jean Combe (dir.), Vallorbe, Vallorbe, Commune de Vallorbe, , 130 p., p. 125
  6. « Une galerie pour faire sauter le bouchon », La Gazette de Lausanne,‎ , p. 6
  7. « Le président claque la porte », La Gazette de Lausanne,‎ , p. 15
  8. « Les exploitants de caverne s'associent », La Gazette de Lausanne,‎ , p. 11
  9. « Cristaux et biotope souterrain en valeur », La Gazette de Lausanne,‎ , p. 9
  10. Luigi Casati, « Explorations à Vallorbe », Hypogées 74,‎ , p. 9 (ISSN 0379-2684)
  11. Frédéric Ravussin, « Les spéléologues se heurtent au Siphon du Désespoir », VQH,‎ (ISSN 1424-4039, lire en ligne, consulté le )
  12. Delphine Gasche, « L’Orbe et ses grottes se dévoilent un peu plus », VQH,‎ (ISSN 1424-4039, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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