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Grotte de Tabon

La grotte de Tabon est un ensemble de 215 grottes situĂ© dans une formation calcaire de l'Ăźle de Palawan, aux Philippines, connu pour les fossiles humains qui y ont Ă©tĂ© dĂ©couverts, dont le plus ancien date de 47 000 ans avant le prĂ©sent. La valeur naturelle et scientifique du site est reconnue internationalement ; Palawan est classĂ©e depuis 1991 au programme de l’UNESCO Man and the Biosphere[1] - [2] et le complexe de la grotte de Tabon et l'ensemble de Lipuun a Ă©tĂ© ajoutĂ© Ă  la Liste indicative du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2006[3]. Ce complexe porte le nom de l'une de ses grottes principales. 29 grottes ont fait l'objet de fouilles ; 7 sont ouvertes au public, parmi lesquelles Tabon, Diwata, Igang et Liyang.

Grotte de Tabon
Image illustrative de l’article Grotte de Tabon
Localisation
Pays Drapeau des Philippines Philippines
Province Palawan
CoordonnĂ©es 9° 16â€Č 48″ nord, 117° 58â€Č 52″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Philippines
(Voir situation sur carte : Philippines)
Grotte de Tabon
Grotte de Tabon

« Tabon » est le nom du mégapode des Philippines, appelé en anglais « Tabon scrubfowl », un oiseau qui creuse son nid dans le sol[4].

Le complexe est géré par le Musée national des Philippines[5] ; il a été déclaré trésor culturel national par cette institution en février 2011[6] - [7] - [8].

Situation géographique

Pendant les pĂ©riodes glaciaires, l'Ăźle de Palawan formait un pont terrestre, empruntĂ© notamment par l'homme, entre l'Ăźle de BornĂ©o (territoire partagĂ© aujourd'hui entre la Malaisie, l'IndonĂ©sie, Brunei) et le centre et le nord des Philippines[4]. Palawan fait partie gĂ©ologiquement de BornĂ©o ; sa flore et sa faune sont plus liĂ©es Ă  celles de cette Ăźle qu'Ă  celles du reste des Philippines[4]. Palawan, « trait d’union entre les archipels philippin et indonĂ©sien », se situe de ce fait «au cƓur des problĂ©matiques sur les migrations humaines en Asie du Sud-Est insulaire»[1].

Au PléistocÚne, période à laquelle appartiennent les plus vieux fossiles de la grotte de Tabon, le niveau de la mer était plus bas qu'à l'époque actuelle, des terres aujourd'hui sous la surface de l'eau étaient alors émergées. La grotte de Tabon se trouvait à 30 km de la cÎte[9]. Actuellement elle donne sur un lagon.

L'ensemble des grottes, situé sur un promontoire calcaire, fait partie de la réserve de Lipuun Point, un complexe karstique[1] protégé par le gouvernement des Philippines pour prévenir la déforestation du site et préserver les artefacts culturels qui y sont présents[10]. Les formations calcaires de la réserve sont du MiocÚne moyen.

Les grottes sont au nord de la municipalité de Quezon, dans la partie sud-ouest de la province de Palawan. Le massif calcaire est bordé par la mer des Philippines à l'ouest au nord et à l'est, par la ville de Quezon proprement dite au sud, par Panitian (en) à l'ouest.

Restes humains

Palawan et les pays voisins

Les grottes ont fait l'objet de fouilles systématiques entre 1962 et 1966 par Robert B. Fox et une équipe du Musée national des Philippines[10]. Leur importance tient notamment au fait qu'elles sont un des rares sites d'Asie du Sud-Est à avoir livré des fossiles d' Homo sapiens du PléistocÚne[4]. L'occupation y est continue entre 50 000 ans et 9000 ans avant le présent[4]. Les restes d' Homo sapiens les plus notables sont les suivants :

  • une diaphyse de tibia droit datant de 47 000 +/- 11-10000 ans (sĂ©rie IV-2000-T-97)[11] - [2], dĂ©couverte par Robert Fox en 1962[7].
  • une mandibule droite datant d'il y a 31 000 + -8-7 000 ans (sĂ©rie PXIII-T-436)[4]
  • l'os frontal d'un crĂąne fĂ©minin datant d'il y a 16 500 + - 2 000 ans (anciennement datĂ© de 22 000 Ă  24 000 avant le prĂ©sent)[2] - [4].

Artefacts

Outils lithiques

Les outils dĂ©couverts dans les grottes s'inscrivent dans une tradition datant de la fin du PlĂ©istocĂšne supĂ©rieur (soit vers 11 000 ans avant le prĂ©sent) et du dĂ©but des pĂ©riodes post-PlĂ©istocĂšne[4]. La grotte a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© utilisĂ©e comme atelier[12]. La technologie du travail de la pierre prĂ©sente des ressemblances avec celle observĂ©e dans la grotte de Niah sur l'Ăźle de BornĂ©o ; les outils sur Ă©clats sont bien reprĂ©sentĂ©s, Ă  la diffĂ©rence des galets amĂ©nagĂ©s, peu nombreux[9].

Jarre funéraire Manunggul .

Mobilier funéraire

Un complexe funéraire est apparu au Néolithique tardif (le Néolithique commence en Chine vers 6000 av. J.-C, soit 8000 ans avant le présent) et s'est maintenu jusqu'à l'ùge du fer[4]. Plus de 1 500 jarres funéraires ont été mises au jour ; la jarre de Manunggul, en particulier, est considérée comme un trésor culturel national. Selon une vidéo du Dr Fox, une période d'inhumation en jarre a commencé il y a 3000 ans et a duré jusqu'à il y a 1500 ans. C'est la preuve que la région est devenue dominée par ce que l'on appelle la culture de Sa Huỳnh[13].

Les Sa Huynh ornaient leurs morts d'agate, de cornaline et de perles de verre d'Inde et d'Iran[13]. Des artefacts de cette nature, parmi lesquels des bracelets en verre, ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans la grotte et sont exposĂ©s au musĂ©e culturel de Palawan Ă  Puerto Princesa. La plupart des spĂ©cialistes s'accordent Ă  penser que le peuple Sa Huynh a migrĂ© au Vietnam vers 1000 avant J.-C, et que les Sa Huynh sont les ancĂȘtres de l'actuel peuple Cham, de langue malayo-polynĂ©sienne, au Vietnam[13]. Les Cham, dont la culture a commencĂ© Ă  ĂȘtre florissante vers le IIe siĂšcle aprĂšs J.-C., ont crĂ©Ă© un empire connu sous le nom de Royaume de Champā. L'histoire des habitants de la rĂ©gion a pris une nouvelle signification Ă  l'Ă©poque moderne en raison du conflit des Ăźles Spratly.

Une image d'un Garuda doré de Palawan trouvé dans la grotte.

Objets importés

Sous les dynasties Song et Yuan s'est développé un commerce avec la Chine dont témoignent les objets en porcelaine et grÚs dans les grottes[4].

Un pendentif ornemental en or porte une image de Garuda, l'oiseau-aigle qui est la montagne de la divinitĂ© hindoue Vishnou[14] ; il daterait de la pĂ©riode indonĂ©sienne de Majapahit (13Ăšme-14Ăšme aprĂšs J.-C.)[4]. Des images hindoues sophistiquĂ©es et des objets en or dans les grottes de Tabon ont Ă©tĂ© liĂ©s Ă  des images du site archĂ©ologique d'Óc Eo dans le district de ThoáșĄi SÆĄn dans le sud de la Province d'An Giang au Vietnam, dans le delta du MĂ©kong[15]. Ces preuves archĂ©ologiques suggĂšrent un commerce actif de nombreux produits spĂ©cialisĂ©s et d'or entre l'Inde, les Philippines et les rĂ©gions cĂŽtiĂšres du Vietnam et de la Chine.

Environ 25% des sites archéologiques de l'ensemble des grottes ont été fouillés[10].

Grotte d'Igang

Igang est l'une des grottes supérieures et l'une des plus longues du complexe. Elle semble avoir été le principal site de sépulture ; la plupart des jarres funéraires ont été trouvées dans ce lieu.

Grotte de Tabon

Elle prĂȘte son nom au complexe dans son ensemble. Dans cette grande grotte, les chercheurs ont trouvĂ© des artefacts indiquant un commerce avec la Chine pendant la dynastie Song et la dynastie Yuan[16], et conservĂ©s aujourd'hui au MusĂ©e national des Philippines Ă  Manille.

Grotte de Manunggul

Un assemblage dans une chambre de la grotte daté par le radiocarbone de 200 av. J-C comprend des bracelets en fer et en verre, des perles en verre, en cornaline et en agate[17].

En 2015, l'Université Holy Trinity de Puerto Princesa, Palawan a été choisie pour y édifier un CollÚge d'études sur l'Ancien Homme de Palawan (ou de «Tabonologie»)[18]

Galerie

  • Station d'accueil et entrĂ©e du complexe.
    Station d'accueil et entrée du complexe.
  • L'une des chambres du site.
    L'une des chambres du site.
  • Travaux de rĂ©habilitation de la grotte de Tabon.
    Travaux de réhabilitation de la grotte de Tabon.
  • Vue du site Ă  Lipuun Point, Quezon, Palawan.
    Vue du site Ă  Lipuun Point, Quezon, Palawan.

Références

  1. « HNHP - Histoire Naturelle de l’Homme PrĂ©historique (UMR 7194) - Philippines - Tabon Cave », sur hnhp.cnrs.fr (consultĂ© le )
  2. « Aux Philippines, Ă  la rencontre des artistes des hautes terres », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  3. UNESCO Centre du patrimoine mondial, « UNESCO - Centre du patrimoine mondial - recherche », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le )
  4. (en) UNESCO World Heritage Centre, « The Tabon Cave Complex and all of Lipuun », sur UNESCO World Heritage Centre (consulté le )
  5. « Tabon Caves: Site of an important Philippine archaeological discovery », Palawan Council for Sustainable Development (consulté le )
  6. Mendoza, « Tabon Cave in Palawan declared Nat'l Cultural Treasure », Philippine Information Agency, (consulté le )
  7. « Philippine Caves Declared National Cultural Treasure », Caving News, (consulté le )
  8. « Tabon Cave in Palawan: A national treasure », (consulté le )
  9. Corinne Julien, Histoire de l'humanité, UNESCO, (ISBN 978-92-3-202810-5, lire en ligne), p.641
  10. « Tabon Cave Complex », National Museum (consulté le )
  11. (en) « (PDF) Les ossements humains de la grotte de Tabon (Palawan, Philippines): RĂ©partition spatiale et Ă©tude d’une collection d’ossements inĂ©dite », sur ResearchGate (consultĂ© le )
  12. Dizon et al. 2002.
  13. « The Cham: Descendants of Ancient Rulers of South China Sea Watch Maritime Dispute From Sidelines », National Geographic, (consulté le )
  14. Palawan Tabon garuda
  15. Anna T. N. Bennett (2009), "Gold in early Southeast Asia", ArcheoSciences, Volume 33, pp 99-107
  16. « The Tabon Cave Complex and all of Lipuun », UNESCO World Heritage Centre (consulté le )
  17. (en) Ian Glover, Peter Bellwood, Peter S. Bellwood et Dr Glover, Southeast Asia: From Prehistory to History, Psychology Press, (ISBN 978-0-415-29777-6, lire en ligne), p. 934
  18. Joy Tabuada, « HTU named as research center for ancient Palawan man », Palawan News, (consulté le )

Bibliographie

  • (en) « (PDF) Les ossements humains de la grotte de Tabon (Palawan, Philippines): RĂ©partition spatiale et Ă©tude d’une collection d’ossements inĂ©dite », sur ResearchGate (consultĂ© le )
  • (en) Helen Lewis, « Preliminary soil micromorphology studies of landscape and occupation history at Tabon Cave, Palawan, Philippines », Geoarchaeology, vol. 22, no 7,‎ , p. 685–708 (ISSN 1520-6548, DOI 10.1002/gea.20182, lire en ligne, consultĂ© le )
  • Hermine Xhauflair, «Usewear and residue analysis: contribution to the study of the lithic industry from Tabon Cave, Palawan, Philippines» , Annali dell’UniversitĂ  di Ferrara, 2010.
  • S.C. Jago-on, «Analysis of the Lithic Materials recovered during the 2000-2001 archaeological excavations of Tabon cave, Palawan Island, Philippines», Proceedings of the Society of Philippine Archaeologists 5, 2007, p.24-34
  • (en) « Upper Pleistocene Homo sapiens from the Tabon cave (Palawan, The Philippines): description and dating of new discoveries », Comptes Rendus Palevol, vol. 3, no 8,‎ , p. 705–712 (ISSN 1631-0683, DOI 10.1016/j.crpv.2004.06.004, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Eusebio Dizon, Florent DĂ©troit, François SĂ©mah et Christophe FalguĂšres, « Notes on the Morphology and Age of the Tabon Cave Fossil Homo sapiens », Current Anthropology, vol. 43, no 4,‎ , p. 660–666 (ISSN 0011-3204, DOI 10.1086/342432, lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

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