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Grace Sherwood

Grace Sherwood (-), désignée comme la Witch of Pungo (en français : « sorcière de Pungo »), est une agricultrice, guérisseuse et sage-femme virginienne. Elle est la dernière personne connue à avoir été reconnue coupable de sorcellerie en Virginie.

Grace Sherwood
Biographie
Naissance
Décès
Activités
Autres informations
Condamnée pour
Vue de la sépulture.

Sherwood a été accusée par ses voisins de se transformer en chat, d’endommager les récoltes et de causer la mort du bétail. Elle a été accusée de sorcellerie à plusieurs reprises ; lors de son procès en 1706, elle est accusée d'avoir ensorcelé sa voisine, Elizabeth Hill, lui provoquant une fausse couche. Le tribunal ordonne que sa culpabilité soit déterminée en la plongeant dans l'eau. Si elle coule, elle est innocente ; si elle ne coule pas, elle est coupable. Sherwood flotte à la surface et est emprisonnée plusieurs années avant d'être libérée.

Sherwood vivait Ă  Pungo, dans le comtĂ© de Princess Anne[alpha 1] (aujourd'hui une partie de Virginia Beach), et s’est mariĂ©e avec James Sherwood, un planteur, en 1680. Le couple a eu trois fils : John, James et Richard. Elle reçoit ses premières accusations en 1697 : elle est accusĂ©e d’avoir entraĂ®nĂ© la mort d’un taureau en lui jetant un sort, mais l'affaire est rĂ©solue par un accord entre les deux parties. L’annĂ©e suivante, elle est accusĂ©e de sorcellerie par deux voisins : elle aurait ensorcelĂ© les porcs et le coton de l’un d’eux. Sherwood engage des poursuites pour diffamation après chaque accusation, mais elles sont infructueuses et le couple doit payer les frais de justice. En 1706, alors veuve, elle est reconnue coupable de sorcellerie et incarcĂ©rĂ©e. LibĂ©rĂ©e de prison en 1714, elle rĂ©cupère sa propriĂ©tĂ© du comtĂ© de Princess Anne. Elle ne se remarie pas et vit dans sa ferme jusqu'Ă  sa mort en 1740 Ă  l'âge d'environ 80 ans.

Le , le 300e anniversaire de la condamnation de Sherwood, le gouverneur Tim Kaine lui accorde une grâce informelle pour « rétablir [sa] bonne réputation », reconnaissant qu’elle a été condamnée à tort. Une statue la représentant est érigée sur Independence Boulevard à Virginia Beach, près du site du palais de justice colonial où elle a été jugée. Sa figure est sculptée aux côtés d'un raton laveur, représentant son amour des animaux, et portant un panier contenant de l’ail et du romarin, en reconnaissance de ses connaissances en phytothérapie.

Jeunesse et vie privée

Grace White naît en 1660 en Virginie, probablement à Pungo[1] - [2] - [3], de John et Susan White[4]. John White est un charpentier et fermier d'origine écossaise ; il n'est pas certain qu'il soit né en Amérique[5]. Susan White est anglaise de naissance[1] - [2] - [3].

En , Grace White épouse un propriétaire respecté d'une petite ferme, James Sherwood, dans l'église paroissiale de Lynnhaven[4] - [6]. Le couple a trois fils : John, James et Richard[7]. John White donne aux Sherwood 50 acres (20,2 ha) de terre lors du mariage et leur laissera le reste de sa ferme de 145 acres (58,7 ha) à sa mort[7]. La famille Sherwood est pauvre et vit dans une région où les habitants ont peu ou pas de terre[3] - [8] - [9]. Grace Sherwood est agricultrice et cultive ses propres herbes, qu'elle utilise pour guérir les personnes et les animaux. Elle exerce également comme sage-femme[10]. Quand James Sherwood meurt en 1701, Grace hérite de sa propriété[11] - [12]. Elle ne se remarie pas[2].

Aucun dessin ou peinture de Sherwood n’existe, mais les récits contemporains la décrivent comme grande et attrayante, et possédant un sens de l’humour. Sherwood porte un pantalon au lieu d'une robe lorsqu'elle travaille dans sa ferme, une pratique inhabituelle pour l’époque, tout comme la culture des herbes. L’historienne Belinda Nash, qui a écrit une biographie de Sherwood, suggère que les voisins de celle-ci pourraient en avoir été jaloux et avoir raconté des histoires de sorcellerie pour l’éloigner de sa propriété et s’en emparer[4] - [13]. Sherwood a été partie dans au moins une douzaine de poursuites, soit parce qu’elle était accusée de sorcellerie, soit parce qu’elle-même poursuivait ses accusateurs pour calomnie[13].

Contexte de la sorcellerie en Virginie

Asheville Bridge Creek, connu sous le nom de Muddy Creek lorsque Grace Sherwood vivait sur ses rives.

L'existence de sorcières et de forces dĂ©moniaques Ă©tait considĂ©rĂ©e comme rĂ©elle par les colons amĂ©ricains — la sorcellerie Ă©tait considĂ©rĂ©e comme l'Ĺ“uvre du diable[14] - [15] - [16]. Les colons croyaient que les sorcières pouvaient ĂŞtre identifiĂ©es par leur comportement Ă©trange[17]. En 1626, dix-neuf ans après la fondation de la colonie de Jamestown, un grand jury se rĂ©unit en Virginie pour examiner si Goodwife Joan Wright Ă©tait une sorcière — elle avait supposĂ©ment prĂ©dit la mort de trois femmes et avait provoquĂ© une maladie pour se venger de ne pas avoir Ă©tĂ© embauchĂ©e comme sage-femme. Aucune trace Ă©crite de l'issue du jugement n'existe[18]. La Virginie ne connaĂ®t pas d'Ă©vĂ©nements d'hystĂ©rie collective comme les procès de sorcières de Salem dans le Massachusetts en 1692-1693, lors desquels 19 personnes sont exĂ©cutĂ©es pour des allĂ©gations de sorcellerie, quelques annĂ©es avant les premières accusations contre Sherwood[13]. L’influence ecclĂ©siastique dans la salle d'audience est beaucoup moins importante en Virginie — oĂą le clergĂ© participe rarement aux procès de sorcellerie — qu'en Nouvelle-Angleterre — oĂą il y participe activement[19]. Ă€ l’époque, les craintes de sorcellerie en Virginie sont plus enracinĂ©es dans le folklore qu’issues de croyances religieuses, bien que les deux se mĂ©langent souvent[20]. En Nouvelle-Angleterre, la prĂ©sence de puritains installĂ©s dans les villes contribue aux accusations de sorcellerie. Il y a peu de villes similaires en Virginie, oĂą la population vit principalement dans des fermes et des plantations, dispersĂ©es sur une grande superficie et reliĂ©es par le transport maritime[21].

Les dirigeants laïcs et religieux de la Virginie sont alors plus intéressés par la poursuite d’infractions telles que les commérages, la calomnie et la fornication, les considérant comme des menaces à la stabilité sociale. Ils souhaitent éviter les poursuites pour sorcellerie, qui divisent la population[22]. Les tribunaux de la Virginie hésitent à entendre les accusations de sorcellerie et sont encore plus réticents à condamner pour ce motif. Contrairement aux procès de Salem, lors desquels les accusés devaient prouver leur innocence, dans les tribunaux de la Virginie la charge de la preuve revient à l’accusation[23]. De plus, les tribunaux de la Virginie rejettent généralement les éléments de preuve qui auraient été obtenus par des moyens surnaturels, alors que les tribunaux de la Nouvelle-Angleterre sont alors connus pour condamner uniquement sur la base de ceux-ci[24]. Le droit de la Virginie exige une preuve de culpabilité par la recherche des marques de sorcière ou par le siège à plongeon. Les magistrats rejettent les cas non fondés de sorcellerie et permettent de poursuivre les accusateurs pour diffamation[11] - [25] - [26]. Frances Pollard, de la Virginia Historical Society, affirme qu’« Il était assez clair qu’au début la Virginie essayait de décourager ces accusations de sorcellerie parce qu'elles étaient gênantes »[trad 1] - [13]. La partie sud-est de la Virginie, autour des villes actuelles de Norfolk et Virginia Beach (dans laquelle se trouve Pungo), a connu plus d’accusations de sorcellerie que d'autres régions. Selon Leslie M. Newman, cela a peut-être été dû à la pauvreté locale car il n'y avait pas d'élite culturelle pour empêcher de telles poursuites[9].

Peu de documents de la Virginie de cette Ă©poque ont survĂ©cu. 19 des cas connus d’accusations de sorcellerie au cours du xviie siècle se soldent tous sauf un par un acquittement[8] - [13] - [27]. La seule condamnation est le cas en 1656 d'un homme reconnu coupable de sorcellerie et condamnĂ© Ă  10 coups et au bannissement du comtĂ©[28] - [29] - [30]. Il n'y a pas d'exĂ©cutions pour sorcellerie en Virginie[13]. NĂ©anmoins, en 1736, les juges de paix de la Virginie se font rappeler que la sorcellerie est toujours un crime et que les primo-contrevenants peuvent s'attendre Ă  ĂŞtre mis au pilori et risquent jusqu’à un an de prison[8]. Le dernier procès de sorcellerie de Virginie a lieu en 1802 dans le comtĂ© de Brooke (aujourd’hui en Virginie-Occidentale), lors duquel un couple accuse une femme d’être une sorcière. Cette accusation est jugĂ©e diffamatoire par le tribunal[13].

Le procès utilisant l’immersion de l’accusé dans l’eau pour voir s’il flotte semble n'avoir été utilisé qu'une seule fois en Virginie, pour Sherwood[13] - [31]. On croyait alors que, comme l'eau est considérée comme pure, elle rejetterait les sorcières, les faisant flotter, alors que les innocents couleraient[31].

Accusations contre Sherwood

Accusations de sorcellerie initiales

La première accusation contre Sherwood est portée au tribunal au début de 1697. Richard Capps allègue qu'elle a utilisé un sort pour causer la mort de son taureau. Le tribunal ne rend aucune décision[4], et les Sherwood déposent une accusation en diffamation contre Capps, qui est résolue par un accord entre les deux parties[32]. En 1698, Sherwood est accusée par son voisin John Gisburne d’ensorceler ses porcs et sa récolte de coton. Cette accusation ne fait l’objet d’aucune action en justice, et une autre poursuite pour diffamation échoue. La même année, Elizabeth Barnes affirme que Sherwood a pris la forme d'un chat noir, est entrée dans la maison de Barnes, a sauté par-dessus son lit, l'a fouettée et est partie par le trou de la serrure. Ici encore, l’allégation n’est pas suivie d’une condamnation, et l’action en diffamation qui suit est rejetée. Pour chacune des actions rejetées, Sherwood et son mari doivent payer les frais judiciaires[4] - [11] - [32] - [33].

Dans un article sur la sorcellerie en Virginie, Richard Beale Davis écrit qu’à ce moment-là, « le comté de Princess Anne s'était manifestement fatigué de Mme Sherwood, vue comme une nuisance générale »[trad 2] - [34]. En 1705, Sherwood est impliquée dans une bagarre avec sa voisine, Elizabeth Hill[35]. Sherwood poursuit Hill et son mari pour voies de fait et coups et blessures, et le elle reçoit des dommages-intérêts de vingt shillings (une livre sterling)[2] - [35].

Procès

Gravure d'une femme nue avec les mains liées aux pieds flottant sur l'eau.
Gravure du XVIIe siècle montrant une ordalie par l'eau semblable à celle utilisée pour Sherwood.

Le , les Hills accusent Grace Sherwood de sorcellerie. Celle-ci ne répond pas à l'accusation devant le tribunal et, le , ce dernier lui ordonne de comparaître pour avoir ensorcelé Elizabeth Hill, provocant une fausse couche[36] - [28]. En , les juges du comté de Princess Anne tentent de former deux jurys, tous deux composés de femmes. Le premier reçoit l'ordre de fouiller la maison de Sherwood à la recherche de figurines en cire ou cuites au four qui pourraient indiquer qu'elle est une sorcière. Le second reçoit l'ordre de l’examiner pour rechercher des traces de « succion par le démon »[trad 3] - [8] - [37]. Dans les deux cas, la réticence des habitants complique la formation d'un jury, et les deux jurys refusent d’effectuer les recherches[28] - [34]. Le , Sherwood est examinée par un jury de 12 « femmes âgées et savantes »[trad 4] nommées pour rechercher des marques sur son corps qui pourraient être le fait du diable[38]. Elles découvrent deux « marques qui ne ressemblent pas aux leurs ou à celles de toute autre femme »[trad 5] - [38]. La contremaîtresse de ce jury est Elizabeth Barnes, qui a précédemment accusé Sherwood de sorcellerie[3].

Ni les autoritĂ©s coloniales de Williamsburg ni le tribunal local du comtĂ© de Princess Anne ne sont disposĂ©s Ă  dĂ©clarer que Sherwood est une sorcière[11]. Les autoritĂ©s de Williamsburg estiment que l'accusation est trop vague et, le , ordonnent au tribunal local d’examiner l'affaire plus en dĂ©tail. Pour chacune des comparutions devant le tribunal, Sherwood doit parcourir 26 km de sa ferme Ă  Pungo jusqu'au lieu oĂą siège la cour[4] - [28].

Test de culpabilité par immersion

Le , les juges du comté notent que, si aucun acte de maleficium n'a été allégué contre Sherwood, il existe « une forte suspicion »[trad 6] à son encontre[39]. Par conséquent, le shérif du comté de Princess Anne met Sherwood en garde à vue, bien que celle-ci puisse donner une caution pour sa bonne apparence et son bon comportement[36]. Le procureur du procès de Sherwood est Maximilian Boush, un marguillier de l'église paroissiale de Lynnhaven[4]. Le , les juges ordonnent qu'un test de culpabilité par immersion ait lieu avec le consentement de Sherwood[40]. Cependant, de fortes pluies provoquent un report au , car les jugent craignent que le temps humide ne nuise à sa santé[41]. Sherwood est emmenée à l’intérieur de l'église paroissiale de Lynnhaven, placée sur un tabouret et ordonnée de demander pardon pour sa sorcellerie[36]. Elle répond : « je ne suis pas une sorcière, je suis une guérisseuse »[trad 7] - [4].

A bay and two points of land
Witch Duck Bay, où Grace Sherwood a été plongée dans l’eau.

À environ 10 h le , Sherwood est transportée sur une voie de terre — maintenant connue sous le nom de route de Witchduck[13] - [17] — jusqu’à une plantation près de l'embouchure de la rivière Lynnhaven[36] - [42]. La nouvelle se répand et l'événement attire des gens de toute la colonie[4], qui crient « Plongez la sorcière ! »[trad 8] - [13]. Selon les principes du procès par immersion dans l'eau, si Sherwood flottait, elle serait coupable de sorcellerie ; si elle coulait, elle serait innocente. La noyade de Sherwood n’est pas envisagée ; le tribunal avait ordonné que l'on prenne soin de préserver sa vie[29].

Cinq femmes de l'Ă©glise paroissiale de Lynnhaven examinent le corps nu de Sherwood sur le rivage Ă  la recherche de tout outil dont elle pourrait se servir pour se libĂ©rer, puis la recouvrent d'un sac[36]. Six des juges qui ont ordonnĂ© l'immersion rament dans un bateau Ă  180 m dans la rivière[4] - [13]. Le shĂ©rif, le magistrat et Sherwood restent dans un autre bateau. Juste avant qu'elle ne soit poussĂ©e hors du bateau, Sherwood dĂ©clare : « Avant que ce jour ne soit passĂ©, vous connaĂ®trez tous une pire immersion que moi »[trad 9] - [13]. LiĂ©e Ă  travers le corps — son pouce droit Ă  son gros orteil gauche et son pouce gauche Ă  son gros orteil droit — elle est jetĂ©e dans la rivière[43], et flotte rapidement Ă  la surface[11]. Le shĂ©rif attache ensuite une Bible de 5,9 kg Ă  son cou. Cette opĂ©ration la fait couler, mais Sherwood se dĂ©tache et revient Ă  la surface, convaincant de nombreux spectateurs qu'elle est une sorcière[4]. Après que Sherwood est retirĂ©e de l'eau, une averse s’abat et trempe les spectateurs[13] - [31]. Plusieurs femmes qui l’examinent par la suite pour une preuve supplĂ©mentaire trouvent « deux choses d’une [couleur] noire comme des tĂ©tons sur ses parties intimes »[trad 10]. Elle est ensuite emprisonnĂ©e dans l'attente d'un procès[38].

Conséquences

Ce qui arrive Ă  Sherwood après son ordalie n'est pas clair, car de nombreux dossiers judiciaires ont Ă©tĂ© perdus[8] - [44] - [45]. Elle est incarcĂ©rĂ©e pour une durĂ©e inconnue dans la prison Ă  cĂ´tĂ© de l'Ă©glise paroissiale de Lynnhaven[38], peut-ĂŞtre sept ans et neuf mois[31]. Elle est dĂ©tenue en attente d’un « futur procès », mais aucun dossier d’un autre procès n'existe ; il est donc possible que l'accusation ait Ă©tĂ© rejetĂ©e Ă  un moment donnĂ©[38]. Le , elle est contrainte de payer 270 kg de tabac[alpha 2] Ă  Christopher Cocke pour une raison non indiquĂ©e dans les archives, mais il n'y a aucune mention du paiement[38]. Elle semble avoir Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e en 1714 ou peu avant, car cette annĂ©e-lĂ  elle a payĂ© les impĂ´ts sur sa propriĂ©tĂ© de 59 hectares, que le lieutenant-gouverneur de Virginie Alexander Spotswood l’avait aidĂ©e Ă  rĂ©cupĂ©rer du comtĂ© de Princess Anne[31] - [47] - [48]. Elle vit le reste de sa vie tranquillement jusqu'Ă  sa mort en 1740, âgĂ©e d'environ 80 ans[4] - [13] - [47]. Il est probable qu’elle soit morte en ou [49]. Son testament est reconnu le ; il la mentionne comme Ă©tant veuve[8]. Elle laisse cinq shillings chacun Ă  ses fils James et Richard et tout le reste Ă  son fils aĂ®nĂ© John[50].

Une lĂ©gende affirme que les fils de Grace Sherwood ont ensuite mis son corps près de la cheminĂ©e et qu’un vent est alors descendu de celle-ci. Son corps aurait alors disparu au milieu des braises, le seul indice Ă©tant une empreinte de sabot fendue[11]. Sherwood est enterrĂ©e dans une tombe non marquĂ©e sous des arbres dans un champ près de l'intersection de Pungo Ferry Road et de Princess Anne Road Ă  Virginia Beach[4]. Des histoires au sujet du diable prenant son corps, des tempĂŞtes non naturelles et des chats noirs qui traĂ®nent apparaissent rapidement après sa mort, et les hommes locaux tuent tous les fĂ©lins qu’ils peuvent trouver. Ce massacre de chats gĂ©nĂ©ralisĂ© pourrait ĂŞtre Ă  l’origine de l’infestation de souris et de rats enregistrĂ©e dans le comtĂ© de Princess Anne en 1743[5]. Sa maison tient pendant plus de 200 ans. Après avoir Ă©tĂ© brĂ»lĂ©e Ă  plusieurs reprises au xxe siècle par des vandales, il ne restait en 2002 que les cheminĂ©es en briques, qui sont rasĂ©es en . Il ne reste que quelques briques et une partie des fondations, envahies par la vĂ©gĂ©tation. La propriĂ©tĂ© appartient depuis au gouvernement fĂ©dĂ©ral dans le cadre du Back Bay National Wildlife Refuge[51].

Postérité

Plaque de rue indiquant « Sherwood La » dans une direction et « N Witchduck Rd » dans l’autre, en lettres blanches sur fond vert.
Plaque de rue Ă  Virginia Beach.
Plaque commémorative pour Sherwood.

Le cas de Grace Sherwood reste peu connu jusqu'à ce que l'historienne et autrice Louisa Venable Kyle écrive un livre pour enfants à son sujet en 1973. Intitulé The Witch of Pungo (« La Sorcière de Pungo »), il s'agit d'une collection de sept contes populaires locaux écrits comme une fiction bien que basés sur des événements historiques[47] - [52]. L’histoire de Sherwood a également fait l’objet d’une adaptation filmographique avec Cry Witch[13].

Une statue du sculpteur californien Robert Cunningham reprĂ©sentant Sherwood avec un raton laveur et un panier d’ail et de romarin est dĂ©voilĂ©e le , sur le site de l'actuel hĂ´pital de Sentara Bayside, Ă  proximitĂ© des sites du palais de justice colonial et du lieu oĂą Sherwood a Ă©tĂ© plongĂ©e dans l’eau[53] - [54]. Le raton laveur reprĂ©sente l'amour de Sherwood pour les animaux et l’ail et le romarin sa connaissance de la guĂ©rison Ă  base de plantes[53]. Une plaque du dĂ©partement des ressources historiques de Virginie (K-276) est Ă©rigĂ© en 2002, Ă  environ 23 mètres de la statue de Sherwood. Le lieu de son test de flottaison et le terrain adjacent sont nommĂ©s Witch Duck Bay et Witch Duck Point[54]. Une partie de la route d'État 190 Ă  Virginia Beach est nommĂ©e « Witchduck Road[55]. D'autres lieux sont nommĂ©s en sa mĂ©moire Ă  Virginia Beach, comme Sherwood Lane et Witch Point Trail[17] - [56]. En 2014, une plaque commĂ©morative est placĂ©e sur une pelouse de l'ancienne Ă©glise paroissiale de Sherwood, Ă  Virginia Beach[57]. Une lĂ©gende locale de la ville affirme que tout le romarin qui y pousse provient d'une seule plante que Sherwood a rapportĂ© d’Angleterre dans une coquille d’œuf[alpha 3].

Belinda Nash, en plus d'écrire une biographie de Sherwood, s’est battue pour obtenir son pardon[59]. Le , pour le 300e anniversaire de sa condamnation, le gouverneur Tim Kaine accorde un pardon informel pour « rétablir officiellement la bonne réputation de Grace Sherwood »[trad 11] - [10] - [31]. Des reconstitutions annuelles de l’immersion de Sherwood ont lieu depuis 2006. Personne n'est réellement plongé dans l’eau lors de ces événements, qui se déroulent non loin du lieu d’origine[60] - [61]. Selon les habitants locaux, une lumière mobile étrange, dite être l’esprit agité de Sherwood, apparaît toujours chaque juillet au-dessus de l'endroit dans la baie où Sherwood a été jetée dans l'eau[54].

Notes et références

Notes de traduction

  1. « It was pretty clear that Virginia early on tried to discourage these charges being brought of witchcraft because they were so troublesome[13]. »
  2. « Princess Anne County had obviously grown tired of Mrs Sherwood as a general nuisance[34] »
  3. « demon suckling teats[8] - [37] »
  4. « ancient and knowing women[38] »
  5. « marks not like theirs or like those of any other woman[38] »
  6. « great cause of suspicion[39] »
  7. « I be not a witch, I be a healer[4] »
  8. « Duck the witch[13]! »
  9. « Before this day be through you will all get a worse ducking than I[13]. »
  10. « two things like titts on her private parts of a black coller [color]. »
  11. « officially restore the good name of Grace Sherwood[10] »

Notes

  1. Lower Norfolk County avant 1691.
  2. Le tabac est alors utilisé comme monnaie en Virginie[46].
  3. Bien qu’il fût courant à l’époque de protéger les semis dans des coquilles d’œufs[5], cette légende semble être une variante d’une autre légende selon laquelle elle aurait une fois manqué de romarin et aurait ramé dans une coquille d’œuf pour atteindre un navire dans le port, ensorceler la seule personne à bord, et naviguer vers et depuis l’Angleterre en une seule nuit[3] - [42] - [58].

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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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