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Gouvernement d'Union nationale (Luxembourg)

Le gouvernement d’Union nationale (luxembourgeois : Regierung vun der Nationaler Unioun), est le gouvernement du Luxembourg en fonction du au .

Gouvernement d’Union nationale
(lb) Regierung vun der Nationaler Unioun
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Président du gouvernement Pierre Dupong, le 10 mars 1949.
Grande-duchesse Charlotte de Luxembourg
Président du gouvernement Pierre Dupong
Formation
Fin
DurĂ©e 1 an, 3 mois et 15 jours
Composition initiale
Ministres 9
Secrétaires d'État 0
Femmes 0
Hommes 9
Représentation
Drapeau du Luxembourg

Les Ă©lections

Les élections du marquent le retour à une vie politique normale. Le rêve de l’Unio'n de former un rassemblement au-dessus des partis échoue. Les partis se sont reconstitués sur une base nouvelle. L’ancien Parti de la droite se présente comme le Parti chrétien-social. La nouvelle appellation CSV – Chrëschtlech-Sozial-Vollékspartei traduit la volonté de devenir davantage un parti populaire qui défend les intérêts de toutes les catégories sociales. L’ancien parti ouvrier s’inspire de l’exemple du travaillisme anglais pour se restructurer sous le nom de LSAP – Lëtzebuerger Sozialistesch Arbechter Partei. Le Parti communiste luxembourgeois sort de la clandestinité et reprend son activité. Seul l’ancien Parti libéral a du mal à se reformer. Les libéraux rejoignent finalement le Groupement démocratique, un rassemblement fondé par des résistants. Les résultats des élections du démentent ceux qui, les mois précédents, avaient violemment critiqué le gouvernement : les hommes de Londres – Dupong, Bech, Krier et Bodson – sont élus premiers ou deuxièmes de leur liste. Le CSV récolte 41,41 % des voix. Le Groupement obtient 16,74 % des suffrages. Le Parti communiste, qui a gagné beaucoup de sympathies par sa résistance inflexible au régime nazi, réalise le meilleur résultat de son histoire avec 13,49 %. Seuls les socialistes perdent par rapport aux élections d’avant-guerre : 25,96 % contre 31,65 % en 1937. Malgré la défaite du LSAP, l’ancienne coalition dispose d’une majorité confortable au sein du nouveau Parlement. Néanmoins, Dupong décide de tenir compte du large sentiment de solidarité nationale qui règne parmi la population après l’épreuve de la guerre et tente de former un gouvernement d’union nationale dans lequel tous les partis seront représentés. Le gouvernement d’union nationale se maintient pendant 16 mois. Les remaniements seront dus au remplacement de l’indépendant Guillaume Konsbruck par un ministre chrétien-social et aux décès de Charles Marx () et de Pierre Krier ().

Composition

Initiale (14 novembre 1945)

Portefeuille Titulaire Parti
Ministre d'État
Président du gouvernement
(Administration centrale, Force armée, Police locale étatisée, Épuration, Finances)
Pierre Dupong CSV
Ministre des Affaires étrangères
(Viticulture)
Joseph Bech CSV
Ministre du Travail, de la Prévoyance sociale et des Mines
(Sécurité sociale, Reconstruction)
Pierre Krier LSAP
Ministre de l'Éducation nationale
(Cultes, Arts et Sciences, Agriculture)
Nicolas Margue CSV
Ministre de la Justice
(Bâtiments et Voirie, Transports et Électricité)
Victor Bodson LSAP
Ministre du Ravitaillement et des Affaires Ă©conomiques
(Commerce, Industrie et MĂ©tiers)
Guillaume Konsbruck SE
Ministre de l'Intérieur
(Dommages de guerre)
Eugène Schaus GD
Ministre de l'Assistance sociale et de la Santé publique
(Mondorf-État, Rapatriement, Éducation physique)
Charles Marx
(jusqu'au 13/06/1946)
KPL
Dominique Urbany
(Ă  partir du 22/06/1946)
KPL

Remaniement du 29 août 1946

  • Les nouveaux ministres sont indiquĂ©s en gras, ceux ayant changĂ© d'attributions en italique.
Portefeuille Titulaire Parti
Ministre d'État
Président du gouvernement
(Administration centrale, Force armée, Police locale étatisée, Épuration, Finances)
Pierre Dupong CSV
Ministre des Affaires étrangères
(Viticulture)
Joseph Bech CSV
Ministre du Travail, de la Prévoyance sociale et des Mines
(Sécurité sociale, Reconstruction)
Pierre Krier
(jusqu'au 20/01/1947)
LSAP
Ministre de l'Éducation nationale
(Cultes, Arts et Sciences, Agriculture)
Nicolas Margue CSV
Ministre de la Justice
(Bâtiments et Voirie, Transports et Électricité ; Travail, Prévoyance sociale, Mines, Sécurité sociale, Reconstruction a.i.)
Victor Bodson LSAP
Ministre de l'Intérieur
(Dommages de guerre)
Eugène Schaus GD
Ministre de l'Assistance sociale et de la Santé publique
(Mondorf-État, Rapatriement, Éducation physique)
Dominique Urbany KPL
Ministre du Ravitaillement et des Affaires Ă©conomiques
(Commerce, Industrie et MĂ©tiers)
Lambert Schaus CSV

La politique extérieure

L’armĂ©e luxembourgeoise franchit la frontière germano-luxembourgeoise et occupe les circonscriptions de Bitburg et Saarburg les 11 et . Les soldats du Grand-DuchĂ© sont des sous-occupants au sein de la zone d’occupation française. En participant Ă  la politique d’occupation, le gouvernement luxembourgeois entend non seulement accomplir ses obligations internationales, mais Ă©galement poursuivre des intĂ©rĂŞts nationaux. En effet, l’occupation doit prĂ©parer une Ă©ventuelle annexion territoriale. Le gouvernement d’union nationale subit la pression des milieux de la RĂ©sistance, qui rĂ©clament la « dĂ©sannexion » des territoires que l’ancien duchĂ© de Luxembourg a perdus au congrès de Vienne. En 1946 et en 1947, les reprĂ©sentants du Grand-DuchĂ© dĂ©posent un mĂ©morandum Ă  la ConfĂ©rence des ministres des Affaires Ă©trangères alliĂ©s, dans lequel ils revendiquent la cession d’une bande frontalière de 5 Ă  10 km. Ceci donnerait au Grand-DuchĂ© la propriĂ©tĂ© exclusive des rivières de l’Our, de la SĂ»re et de la Moselle en vue de leur amĂ©nagement hydroĂ©lectrique, ainsi que le contrĂ´le de plusieurs lignes de communication ferroviaires et routières. Ces revendications territoriales sont accompagnĂ©es de desiderata Ă©conomiques destinĂ©s Ă  assurer l’approvisionnement de la sidĂ©rurgie luxembourgeoise en combustible. Mais au grand dam des milieux patriotiques et Ă©conomiques, les AlliĂ©s ignorent les vellĂ©itĂ©s d’agrandissement du Grand-DuchĂ©. MĂŞme au sein de la coalition gouvernementale, la politique annexionniste ne fait pas l’unanimitĂ©.

La politique intérieure

Sur le plan de la politique intérieure, le programme gouvernemental prévoit la nationalisation des chemins de fer, l’extension de la Sécurité sociale, l’adaptation des salaires et des traitements à l’évolution des prix, la généralisation et l’uniformisation des allocations familiales. Sur le plan de la politique économique, la priorité est donnée à la relance de la production agricole et industrielle. Les installations sidérurgiques n’ont pas trop souffert de la guerre, mais l’approvisionnement en charbon s’avère difficile. Sur les 31 hauts-fourneaux luxembourgeois, seuls cinq fonctionnent en . Au cours de l’année 1946, la situation s’améliore. En , la sidérurgie atteint 80 % de la production d’avant-guerre. Après la Libération se pose également la question de l’avenir des chemins de fer luxembourgeois. L’administration civile allemande avait imposé une unification du réseau luxembourgeois. Au lendemain de la guerre, la France et la Belgique manifestent leur intérêt à reprendre l’infrastructure ferroviaire du Grand-Duché. Quant au gouvernement luxembourgeois, il favorise la solution de l’exploitation par une société d’économie mixte avec participation majoritaire de l’État luxembourgeois. Le , la France, la Belgique et le Luxembourg signent une convention ferroviaire qui confie la gestion du réseau à une société de droit luxembourgeois, la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois, dite CFL, dans laquelle l’État luxembourgeois détient 51 % du capital et les deux autres partenaires chacun 24,5 %.

Le gouvernement d’union nationale se caractérise par l’absence d’une opposition parlementaire, ce qui ne manque pas de créer une situation malsaine. Aussi le mécontentement à l’égard de la politique gouvernementale s’articule-t-il en dehors du Parlement. Ainsi, l’affaire du « putsch » révèle un malaise grandissant dans une partie de la population. Le , le gouvernement fait arrêter quatre officiers de l’armée luxembourgeoise et un instituteur, tous anciens résistants, sous prétexte qu’ils fomentent un coup d’État. Faute de preuves, les suspects sont libérés peu après. Le débat au sujet des chemins de fer luxembourgeois finit par semer la zizanie au sein de la coalition gouvernementale. Alors que le ministre des Transports se montre favorable à une augmentation des traitements des cheminots, le ministre d’État prône des mesures de rationalisation et dénonce la gabegie. Le décès de Pierre Krier le accentue la crise gouvernementale. À la suite de la démission du gouvernement d’union nationale, les socialistes et les communistes, qui se distancient aussi de la politique militaire du Parti chrétien-social et du Groupement démocratique, retournent dans l’opposition.

Notes et références

Notes

    Références

      • Guy Thewes, Les gouvernements du Grand-DuchĂ© de Luxembourg depuis 1848, Imprimerie centrale, Luxembourg, Service information et presse du gouvernement luxembourgeois, DĂ©partement Ă©dition, (rĂ©impr. 2003, 2006 et 2007) (1re Ă©d. 1989), 271 p. [dĂ©tail des Ă©ditions] (ISBN 978-2-87999-212-9, OCLC 830021082, lire en ligne Accès libre)

      Voir aussi

      Articles connexes

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