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Gouvernement de la Libération (Luxembourg)

Le gouvernement de la Libération (luxembourgeois : Regierung vun der Befreiung) est le gouvernement du Luxembourg en fonction du au au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Gouvernement de la Libération
(lb) Regierung vun der Befreiung
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Président du gouvernement Pierre Dupong, le 10 mars 1949.
Grande-duchesse Charlotte de Luxembourg
Président du gouvernement Pierre Dupong
Formation
Fin
DurĂ©e 1 an, 1 mois et 22 jours
Composition initiale
Ministres 4
Secrétaires d'État 0
Femmes 0
Hommes 4
Représentation
Drapeau du Luxembourg

Composition

Initiale (23 septembre 1944)

Portefeuille Titulaire Parti
Ministre d'État
Président du gouvernement
(Administration centrale, Force armée, Finances, Assistance publique)
Pierre Dupong RP
Ministre des Affaires étrangères
(Viticulture, Arts et Sciences ; Intérieur a.i.)
Joseph Bech RP
Ministre de la Prévoyance sociale et du Travail
(Mines)
Pierre Krier AP
Ministre de la Justice
(Travaux publics, Transports, Électricité)
Victor Bodson AP

Remaniement du 23 novembre 1944

  • Les nouveaux ministres sont indiquĂ©s en gras, ceux ayant changĂ© d'attributions en italique.
Portefeuille Titulaire Parti
Ministre d'État
Président du gouvernement
(Administration centrale, Force armée, Finances, Assistance publique)
Pierre Dupong RP
Ministre des Affaires étrangères
(Viticulture, Arts et Sciences ; Intérieur a.i.)
Joseph Bech RP
Ministre de la Prévoyance sociale et du Travail
(Mines)
Pierre Krier AP
Ministre de la Justice
(Travaux publics, Transports, Électricité)
Victor Bodson AP
Ministre de l'Instruction publique Pierre Frieden ─

Remaniement du 23 février 1945

  • Les nouveaux ministres sont indiquĂ©s en gras, ceux ayant changĂ© d'attributions en italique.
Portefeuille Titulaire Parti
Ministre d'État
Président du gouvernement
(Administration centrale, Force armée, Finances, Assistance publique)
Pierre Dupong CSV
Ministre des Affaires étrangères
(Viticulture)
Joseph Bech CSV
Ministre du Travail, de la Prévoyance sociale et des Mines
(Sécurité sociale, Assistance publique, Service sanitaire, Mondorf-État)
Pierre Krier LSAP
Ministre de la Justice
(Bâtiments et Voirie, Transports, Électricité)
Victor Bodson LSAP
Ministre de l'Éducation nationale
(Cultes, Arts et Sciences)
Pierre Frieden CSV
Ministre de l'Intérieur
(Épuration)
Robert Als SE
Ministre de l'Agriculture
(Commerce, Industrie et MĂ©tiers, Ravitaillement alimentaire et industriel)
Guillaume Konsbruck SE

Remaniement du 21 avril 1945

  • Les nouveaux ministres sont indiquĂ©s en gras, ceux ayant changĂ© d'attributions en italique.
Portefeuille Titulaire Parti
Ministre d'État
Président du gouvernement
(Administration centrale, Force armée, Finances, Assistance publique)
Pierre Dupong CSV
Ministre des Affaires étrangères
(Viticulture)
Joseph Bech CSV
Ministre du Travail, de la Prévoyance sociale et des Mines
(Sécurité sociale, Assistance publique, Service sanitaire, Mondorf-État)
Pierre Krier LSAP
Ministre de l'Agriculture
(Rapatriement)
Nicolas Margue CSV
Ministre de la Justice
(Bâtiments et Voirie, Transports, Électricité)
Victor Bodson LSAP
Ministre de l'Éducation nationale
(Cultes, Arts et Sciences)
Pierre Frieden CSV
Ministre de l'Intérieur
(Épuration)
Robert Als SE
Ministre du Ravitaillement et des Affaires Ă©conomiques
(Commerce, Industrie et MĂ©tiers, Ravitaillement alimentaire et industriel)
Guillaume Konsbruck SE

Le retour

Le , à peine deux semaines après la libération de la capitale par l’armée américaine, le gouvernement luxembourgeois revient d’exil. Il est confronté à de graves problèmes matériels et moraux. Les questions prioritaires du moment sont le ravitaillement de la population, l’approvisionnement de l’industrie lourde en coke, l’épuration, le rapatriement des déportés et la reconstruction du pays.

Avant la libération du territoire national, les Alliés avaient reconnu le gouvernement luxembourgeois à Londres comme étant le seul représentant légal du Grand-Duché. Cependant, une fois revenus au pays, les quatre ministres exilés voient leur autorité limitée, voire contestée. D’un côté, la politique nationale doit se subordonner aux intérêts militaires supérieurs des Alliés aussi longtemps que la lutte contre l’Allemagne nazie continue. Les Alliés envoient une mission du SHAEF (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force), composé d’officiers américains, britanniques, canadiens et luxembourgeois. Après la Libération, cette commission est, de fait, l’autorité militaire et civile suprême au Luxembourg. D’autre part, les mouvements de résistance, qui revendiquent une légitimité morale, disputent au gouvernement ses compétences. Palliant les carences du pouvoir public, la milice de l’Unio'n assure le maintien de l’ordre et procède à l’arrestation des collaborateurs, ce qui donne lieu à certains excès. Les milieux de la Résistance qui se regroupent dans l’Unio’n prétendent se placer en dehors et au-dessus des partis traditionnels. Dans un appel lancé à la Grande-Duchesse, ils réclament un nouveau gouvernement. Ils reprochent aux « hommes de Londres » leur manque de zèle et leur mollesse en matière de rapatriement des déportés et de répression de la collaboration. Sensible aux critiques, Pierre Dupong décide d’élargir son équipe en y intégrant des hommes qui ont vécu les années d’occupation dans le pays. Le , Pierre Frieden entre au gouvernement en remplacement du ministre de l’Instruction publique, Nicolas Margue, qui est toujours en déportation. Le , le procureur d’État Robert Als est nommé ministre de l’Intérieur et hérite de Victor Bodson l’épineux dossier de l’épuration. Un militaire, l’aide de camp de la Grande-Duchesse, Guillaume Konsbruck, devient ministre de l’Agriculture. Dès son retour de déportation, le , Nicolas Margue retrouve sa place au sein du gouvernement, qui lui confie les départements de l’Agriculture et du Rapatriement.

Dans l’immédiat après-guerre, le gouvernement dirige le pays en l’absence d’un Parlement. Lorsque, le , la Chambre des députés se réunit pour la première fois après la guerre, seuls 25 députés sur un total de 55 sont présents. Les absents sont soit encore retenus en Allemagne, soit décédés, soit soupçonnés de collaboration. Cependant, le gouvernement veut attendre la fin de la guerre ainsi que le retour des déportés et prisonniers politiques avant d’organiser des élections. En attendant, il se fonde sur les lois du et du pour légiférer. En prévision de la guerre, ces textes avaient concédé à l’exécutif une extension de son pouvoir réglementaire au cas où l’organe législatif se trouverait dans l’impossibilité de remplir ses fonctions. Pour se donner une plus grande légitimité démocratique, mais aussi pour canaliser le mécontentement populaire, le gouvernement décide de créer une assemblée consultative. Dix-huit séances ont lieu entre le et le . Composée d’anciens députés et de mandataires de la Résistance, l’assemblée consultative devient la principale tribune de l’opposition contre le gouvernement. Le , Dupong désamorce le conflit en annonçant des élections législatives pour le .

La politique extérieure

En prenant le chemin de l’exil et en s’engageant activement dans le camp des Alliés, le gouvernement luxembourgeois a rompu avec sa politique de sécurité traditionnelle fondée sur la neutralité. Après la Libération, il poursuit la réorientation de sa politique étrangère. Le , le Grand-Duché signe la charte de San Francisco et devient membre fondateur de l’Organisation des Nations unies. Cet acte est hautement symbolique, puisqu’il reflète la volonté du Luxembourg de participer de plein droit à la vie internationale et d’en supporter les obligations. C’est aussi cette volonté d’assumer ses responsabilités internationales qui décide le gouvernement luxembourgeois à introduire le service militaire obligatoire par l’arrêté du . La création progressive d’une armée avec l’aide des Britanniques va permettre au Luxembourg de participer à l’occupation de l’Allemagne et de figurer dans les accords militaires de l’après-guerre. En 1944, dans l’euphorie de la Libération, l’introduction de la conscription rencontre une large adhésion parmi la population.

La politique intérieure

Dans les premiers jours de la LibĂ©ration, la milice de l’Unio'n, qui s’est attribuĂ©e des pouvoirs de police, procède Ă  l’arrestation de centaines de collaborateurs ou prĂ©tendus tels. Pour donner une base juridique Ă  ces emprisonnements et diminuer l’arbitraire, le gouvernement stipule par un arrĂŞtĂ© du que seul le ministre de la Justice, conseillĂ© par une commission spĂ©ciale, peut ordonner l’internement. En , le nombre de prisonniers politiques s’élève Ă  plus de 5 000. Ceux-ci sont affectĂ©s Ă  des travaux de reconstruction et de dĂ©minage. Le , le gouvernement lance une vaste enquĂŞte sur l’attitude patriotique des fonctionnaires restĂ©s en place pendant l’Occupation. Cette mesure est progressivement Ă©tendue aux autres catĂ©gories professionnelles. L’épuration administrative donne lieu Ă  la constitution de quelque 20 000 dossiers, dont 80 % sont classĂ©s sans suite.

Le , le pays est surpris par l’offensive des Ardennes. Les Allemands percent le front amĂ©ricain qui s’était stabilisĂ© le long de l’Our et de la SĂ»re et rĂ©occupent la moitiĂ© nord du pays. Il faut attendre le pour que le dernier soldat allemand quitte le territoire du Grand-DuchĂ©. La bataille des Ardennes dĂ©vaste l’Oesling et la rĂ©gion d’Echternach, entraĂ®ne des dĂ©placements importants de la population Ă  l’intĂ©rieur du pays et provoque une dĂ©tĂ©rioration de la situation alimentaire. ConfrontĂ© Ă  l’état d’urgence, le gouvernement crĂ©e une panoplie d’organismes qui lui permettent d’intervenir dans l’économie : l’Office du prix, le Commissariat au ravitaillement, le Commissariat gĂ©nĂ©ral pour la reconstruction, l’Office des dommages de guerre. D’autre part, il maintient un certain nombre de mesures introduites par l’occupant en matière fiscale et de ravitaillement. L’arrĂŞtĂ© grand-ducal du stipule que les dispositions prises par l’ennemi avant le relatives aux impĂ´ts, taxes et cotisations continuent Ă  ĂŞtre appliquĂ©es. Le système fiscal allemand, initialement conçu pour soutenir l’effort de guerre nazi, convient Ă©galement au financement de la reconstruction et de l’indemnisation des dommages de guerre. En outre, un impĂ´t spĂ©cial de 5 % sur la fortune est introduit. Les difficultĂ©s d’approvisionnement obligent le gouvernement Ă  prendre des mesures de rationnement et de restriction de la consommation. MalgrĂ© cette politique d’austĂ©ritĂ©, les grèves sont rares. Par des rĂ©formes sociales, le gouvernement rĂ©ussit Ă  en attĂ©nuer quelque peu les consĂ©quences nĂ©fastes. L’arrĂŞtĂ© grand-ducal du introduit un salaire social minimum. La mise en place d’une ConfĂ©rence nationale du travail, organe qui rĂ©unit des reprĂ©sentants du patronat, du salariat et du gouvernement, permet de rĂ©soudre les conflits sociaux par la concertation. Cette institution succède en fait au Conseil national du travail qui avait Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1936. Le chĂ´mage reste sous contrĂ´le. Les ouvriers de l’industrie sidĂ©rurgique et minière, dont la production s’est arrĂŞtĂ©e faute de combustible, sont affectĂ©s Ă  des travaux de reconstruction. En matière monĂ©taire, le gouvernement tente Ă©galement d’éviter trop de rigueur tout en jugulant l’inflation. L’arrĂŞtĂ© du fixe les modalitĂ©s de l’échange des reichsmarks en francs luxembourgeois. Le reichsmark, que l’occupant avait introduit au taux de 1:10, vaut 5 francs, mais la première tranche de 100 reichsmarks est convertie Ă  10 francs. La Belgique met Ă  la disposition du Luxembourg les billets nĂ©cessaires Ă  l’opĂ©ration. Si le gouvernement gère avec beaucoup d’habiletĂ© les nombreux problèmes socio-Ă©conomiques de l’après-guerre, la maĂ®trise d’un souci majeur semble nĂ©anmoins lui Ă©chapper : celui du rapatriement des quelque 30 000 compatriotes dĂ©portĂ©s au cours de la guerre. La lenteur de leur retour suscite d’amères critiques.

Notes et références

Notes

    Références

      • Guy Thewes, Les gouvernements du Grand-DuchĂ© de Luxembourg depuis 1848, Imprimerie centrale, Luxembourg, Service information et presse du gouvernement luxembourgeois, DĂ©partement Ă©dition, (rĂ©impr. 2003, 2006 et 2007) (1re Ă©d. 1989), 271 p. [dĂ©tail des Ă©ditions] (ISBN 978-2-87999-212-9, OCLC 830021082, lire en ligne Accès libre)

      Voir aussi

      Articles connexes

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