Giovanni Paradisi
Giovanni, comte Paradisi (francisé en « Jean Paradisi »), né à Reggio d'Émilie vers 1760 et mort ) est un mathématicien et homme politique italien des XVIIIe et XIXe siècles.
Giovanni Paradisi | |
Fonctions | |
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Directeur de la RĂ©publique cisalpine | |
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Membre de la commission de gouvernement de la RĂ©publique cisalpine | |
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Membre de la consulte d'État de la République italienne | |
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Directeur général de la division des routes, de l'eau et des frontières au Ministère de l'Intérieur du Royaume d'Italie | |
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Président du sénat du Royaume d'Italie | |
- 1811 – | |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Reggio Duché de Modène |
Date de décès | |
Nationalité | Italien |
Père | Agostino Paradisi |
Profession | Mathématicien |
Biographie
Giovanni Paradisi naît à Reggio vers 1760. Il est le fils d'Agostino Paradisi, traducteur en vers italiens tout le théâtre de Voltaire : son père, poète distingué de son temps, lui laisse plus de réputation que de fortune. Giovanni fait de bonnes études, se passionne pour Horace et pour les mathématiques, qui lui fournissent une ressource contre l'adversité. Il donne des leçons de cette science avant la révolution d'Italie.
Le sentiment d'envie, qui fait que l'homme à talent croit avoir plus de droit aux faveurs de la fortune que les ignorants qui souvent en jouissent, est le sentiment dominant de M. Paradisi. Il voit donc avec transport cette révolution d'égalité et de liberté que les Français apportent dans sa patrie en 1796, et il se hâte d'aller leur offrir ses services. Il est l'un des principaux protagonistes de la politique qui conduit à la création de la République reggiane (it), de la république cispadane puis de la République cisalpine.
Le général Bonaparte, sentant le parti qu'il peut en tirer, le charge de disposer les éléments d'une république dans l'assemblée de tous les révolutionnaires de Lombardie à Milan, et le crée l'un des directeurs de la République cisalpine. M. Paradisi y déploie des vertus qui deviennent incommodes à quelques-uns de ses collègues. Il est victime de leurs intrigues auprès du général Brune, commandant de l'armée française dans la Lomnbardie, qui, au nom au nom du directoire français l'oblige, par des voies indirectes, de donner sa démission (), comme si elle avait été spontanée, en même temps que Pietro Moscati. Carlo Testi lui succède.
Les habitants de Modène, que l'élévation de Paradisi avait surpris, et qui l'en savent très glorieux, s'amusent de son amour-propre lorsqu'ils le voient tombé de son trône directorial : ils célèbrent cette chute par une cérémonie dérisoirement funèbre.
M. Paradisi rentre dans la classe des simples citoyens, et il ne prend plus aucune part aux affaires de la république. Il n'en est pas moins exposé aux persécutions des Austro-Russes de retour en Lombardie après la campagne de 1799.
M. Paradisi, qui ne peut fuir à temps, est arrêté et envoyé dans une forteresse des Bouches-du-Cattaro. Il s'y console en récitant Horace, dont l'aimable philosophie convient encore plus à son caractère qu'à sa situation. Déjà , avant cet événement, et lorsque Bonaparte était à Milan, il s'était fait auprès de lui le mécène des écrivains révolutionnaires (comme Vincenzo Monti), et la jouissance qu'il y avait trouvée ajoutait à son penchant pour cette espèce de rôle qu'ensuite on le verra jouer avec plus d'éclat.
La victoire de Marengo ayant rétabli le pouvoir de Bonaparte en Italie, le premier soin du triomphateur est de briser les fers des patriotes italiens emprisonnés. M. Paradisi revient à Milan, où il est accueilli d'une manière honorable par le gouvernement et par le peuple. Bonaparte jette encore les yeux sur Paradisi pour en faire un des membres de sa commission provisoire de gouvernement : il y donne l'exemple de l'oubli du passé et du pardon envers ses ennemis.
Bonaparte l'appelle, en 1801, à Lyon, lors des comices italiens qui donnent à la République cisalpine le nom de République italienne, un nom et une forme préparatoires à l'érection du trône que le premier consul voulait s'y créer, qui sera en 1805 celui du Royaume d'Italie. Paradisi se montre favorable aux vues du vainqueur de Marengo, se rappelant peut-être le mauvais usage que la multitude avait fait des pouvoirs qu'on lui avait confiés. M. Paradisi mérite ainsi la faveur du prince, qui l'en récompense par une confiance illimitée. En même temps que dans ces comices il se fait déclarer président de la République italienne (1802-1805), Bonaparte en nomme Paradisi consulteur d'État et membre du collège électoral de' dotti (« des docteurs »).
Paradisi n'abuse pas de la confiance de son protecteur : ses ennemis mêmes rendent justice à sa modération, à son désintéressement, à ses vertus publiques, qui sont d'autant plus précieuses qu'elles sont moins communes et plus nécessaires dans les temps de révolution et de trouble.
Il est nommé directeur général de la division des routes, de l'eau et des frontières au Ministère de l'Intérieur du Royaume d'Italie (1805-1809). C'est en cette qualité qu'il a à déterminer les limites de l'Isonzo avec les commissaires autrichiens[1].
M. Paradisi, se conduisant avec beaucoup d'art et de finesse, ne contribue pas peu à la facilité avec laquelle son protecteur se fait créer roi d'Italie ; et celui-ci l'en récompense par des faveurs de tous les genres. On doit à M. Paradisi la justice de dire qu'il s'est montré plus désintéressé que beaucoup d'autres dans l'exercice des importantes fonctions auxquelles il a été appelé.
Napoléon Ier, outre les places auxquelles il l'a appelé, le nomma comte du Royaume, grand-dignitaire de l'Ordre de la Couronne de fer, et grand cordon de la Légion d'honneur. M. Paradisi, mathématicien très-distingué, devient membre de l'Institut italien (it), formé à l'image de l'Institut de France, et président de ce corps : sa haute faveur éveille la jalousie, compagne d'une fortune rapide et brillante.
Sa fortune devient cependant considérable. Malgré son apathie, il se montre fort sensible aux attaques de quelques écrivains. Rien ne l'émet autant que quelques terzines (forme de tercet utilisé par Dante dans sa Divine Comédie) de la première des satires de Lattanzi sur les mœurs de la révolution, Satire sui Costumi della rivoluzione, composées en 1803, et publiées à Milan en 1805. Il emploie contre la poète toute sa puissance auprès du vice-roi Eugène de Beauharnais. Celui-ci, tout en souriant de ce qu'il entrevoyait dans les terzines, ne peut s'empêcher de mettre un frein à la muse envenimée de l'auteur.
Le comte Paradisi, par reconnaissance envers ses bienfaiteurs, est un des sénateurs qui font le plus d'efforts, dans la célèbre séance du , pour que le sénat du royaume d'Italie fisse une démarche auprès des alliés, et particulièrement de l'Empire d'Autriche, pour obtenir que la couronne en soit placée sur la tête du prince Eugène. Mais la majorité se déclare contre ce vœu, et il est décidé qu'on se bornera à demander la cessation des hostilités, l'indépendance du royaume et l'intégrité de son territoire, garantie aux termes du traité de Lunéville.
Après la chute du trône de Bonaparte, il reste quelque temps à Milan, où on le voit plusieurs fois à la tête de l'Institut (it) dont il est le président (seule place qui lui a été conservée). C'est lui qui, en cette qualité, reçoit, le , la lettre par laquelle le feldmarschall de Bellegarde assure, au nom de l'empereur François Ier, ce corps littéraire de sa protection.
Peu de temps après, il retourne à Reggio, où, privé de ses plus lucratifs emplois, il vit très retiré et avec la plus sévère économie, ne s'occupant que de sciences. Profond mathématicien, poète élégant, bon écrivain en prose, orateur éloquent, il réunit toutes les qualités, et mériterait le titre du plus illustre Italien de cette époque si l'esprit de parti pouvait jamais céder à la voix de la vérité.
Il meurt à Reggio, à l'âge d'environ soixante-six ans, le .
Publications
- Proposizioni fisico-matematiche, Modène, 1779, in-4
- Discorso recitato nella prima adunanza dell istituto italiano di scienze, lettere ed arti, in-4 (lire en ligne)
- Ricerche sulla vibrazione delle lamine elastiche, Bologne, 1806
- Traité sur la vibralion des Cordes sonores, qui eut un grand succès
- Il vitalizio, commedia, Milan, 1822
- ses Œuvres choisies ont été publiées avec celles de son père, Milan, 1828, in-8
Fonctions
- Membre du Directoire cisalpin (1797-1798)
- Membre de la commission de gouvernement (1800)
- Membre de la consulte d'État (consulte de Lyon) de la République italienne (1802)
- Directeur général de la division des routes, de l'eau et des frontières au Ministère de l'Intérieur du Royaume d'Italie (1805-1809)
- Conseiller d'État
- Consulteur du Royaume et membre du collège électoral de' dotti (des docteurs) de Crostolo
- Sénateur () et président du Sénat du Royaume d'Italie (1809, 1811 et 1812)
- Membre (1802)[2] et président presque perpétuel de l'Institut italien des sciences, lettres et arts (it)
Titres
Distinctions
- Grand dignitaire de l'ordre de la Couronne de fer
- Grand-cordon de la LĂ©gion d'honneur
- Chevalier de l'Ordre de l'Aigle d'or
Armoiries
Figure | Blasonnement |
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Armes de comte du Royaume,
Écartelé: au 1, des comtes sénateurs du Royaume ; au 2, de gueules à deux triangles entrelacés d'argent ; au 3, de gueules à une lyre d'argent ; au 4, de sinople, à deux barres d'argent.[3] |
Annexes
Bibliographie
- « Jean Paradisi », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes, 1843-1865, 2e éd. [détail des éditions] (lire sur Wikisource)
- Gerrit van Lennep, Pierre Louis Pascal Jullian et Philippe Lesbroussart, Galerie historique des contemporains : ou Nouvelle biographie dans laquelle se trouvent réunis les hommes morts ou vivans, de toutes les nations, qui se sont fait remarquer à la fin du XVIIIe siècle et au commencement du XIXe, par leurs écrits, leurs talens, leurs vertus ou leurs crimes,, vol. 7, Aug. Wahlen & C°, (lire en ligne)
- Alexis Eymery, Biographie étrangère : ou galerie universelle, historique, civile, militaire, politique et littéraire: contenant les portraits politiques de plus de trois mille personnages célèbres, étrangers à la France, parmi lesquels on distingue surtout les indépendans espagnols de l'Amérique méridionale, etc. etc, vol. 2, (lire en ligne)
- Charles Jean Lafolie, Histoire de l'Administration du royaume d'Italie pendant la domination française, Audin, (lire en ligne)
- Antoine-Vincent Arnault, Antoine Jay, Étienne de Jouy et Jacques Marquet de Norvins, baron de Montbreton, Biographie nouvelle des contemporains : ou Dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la Révolution française, ont acquis de la célébrité par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays étrangers; précédée d'un tableau par ordre chronologique des époques célèbres et des événemens remarquables, tant en France qu'à l'étranger, depuis 1787 jusqu'à ce jour, et d'une table alphabétique des assemblées législatives, à partir de l'assemblée constituante jusqu'aux dernières chambres des pairs et des députés, vol. 16, Librairie historique, (lire en ligne)
- Buret de Longchamp, Les fastes universels ou Tableaux historiques, chronologiques et géographiques avec atlas contenant trois grands tableaux synoptiques ... suivis de 42 tableaux particuliers ... nouvel art de vérifier les dates, vol. 14, J. B. Dupon, , 3e éd. (lire en ligne)
- François-Xavier Feller, François Marie Pérennès et Jean-Baptiste Pérennès, Biographie universelle : ou Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes, vol. 9, Gauthier, (lire en ligne)
- François-Xavier Feller, Dictionnaire historique : ou histoire abrégée de hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs or leurs crimes, depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours, vol. 10, L. Lefort, , 8e éd. (lire en ligne)
- François-Xavier Feller et Charles Weiss, Biographie universelle : ou, dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes, vol. 6, J. Leroux, Jouby, (lire en ligne)
- Armando Balduino, Storia letteraria d'Italia : L'Otto Cento, Partie 1, vol. 10, Piccin, , 778 p. (ISBN 978-88-299-0788-5, lire en ligne)
- Claudio Chiancone, Il circolo Paradisi e il Poligrafo : dans Istituzioni e cultura in etĂ napoleonica, Milan, FrancoAngeli (en), 2008, p. 232-250
Notes et références
- Correspondance de Napoléon Ier : publiée par ordre de l'empereur Napoléon III, vol. 16, H. Plon, J. Dumaine, (lire en ligne)
- « Décret de création de l'Institut national de la République italienne », sur istitutolombardo.it, (consulté le )
- Armorial du Souvenir
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Paradisi sur armorial-du-souvenir.fr
- Base LÉONORE (Légion d'honneur) : Dossier LH/2792/45
- (it) « Habit de cérémonie de Giovanni Paradisi sur www.tricolore.it » (consulté le )