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Gillian Rose

Gillian Rose, née en en Angleterre, est une géographe britannique. Elle est professeure de géographie humaine à la School of Geography and the Environment de l'université d'Oxford, spécialiste de cultures visuelles et de géographie féministe. Elle est principalement connue pour son livre de 1993, Feminism & Geography: The Limits of Geographical Knowledge.

Gillian Rose
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Biographie

Gillian Rose obtient un bachelor of arts de l'universitĂ© de Cambridge puis un doctorat en 1990 Ă  l'universitĂ© de Londres. Elle enseigne ensuite Ă  l'universitĂ© de Londres et Ă  l'universitĂ© d'Édimbourg.

Elle enseigne et occupe le poste de doyenne associée à la recherche à la faculté des sciences sociales de l'Open University. Elle y est également directrice du département de géographie pendant quatre ans.

Elle rejoint la School of Geography and the Environment de l'université d'Oxford en 2017[1].

Travaux

« Je pense que l'une des plus grandes forces de la géographie - l'un de ses plus grands plaisirs - en tant que discipline, est la façon dont elle rassemble des talents et des compétences trÚs différents, et les met à travailler ensemble dans la tùche de comprendre le monde que nous partageons tous. -- Discours d'acceptation du professeur Gillian Rose lors de la cérémonie de remise des prix et des médailles de la Royal Geographical Society en 2012. »

— Palin, Michael et al (2012) Geography as a shared project: Royal Geographical Society (with IBG) Medals and Awards ceremony 2012. The Geographical Journal 178(3) pp.279-286.

Les travaux de Gillian Rose portent sur l'épistémologie de la géographie, la géographie du genre et la visual culture (en).

Géographie et féminisme

Avec Doreen Massey, Nancy Duncan et Linda McDowell, Gillian Rose fait partie des géographes qui ont mis en avant la nécessité de prendre en compte le genre en géographie[2].

Ses premiÚres publications s'inscrivent dans les champs de l'épistémologie de la géographie et de la géographie du genre.

Publication de Feminism and Geography

Rédigé dans une perspective marxiste et féministe radicale, Feminism and Geography, publié en 1993, engendre une série de débats en géographie sur la nature de la construction du savoir géographique[3].

Elle y Ă©crit que produire des connaissances acceptables pour la discipline gĂ©ographique revient Ă  occuper une place de sujet masculin. Elle considĂšre en effet que la gĂ©ographie est particuliĂšrement dominĂ©e par les hommes et que les femmes ont Ă©tĂ© et continuent Ă  ĂȘtre marginalisĂ©es comme productrices du savoir gĂ©ographique[4]. À titre d'exemple, elle montre qu'entre 1921 et 1971, seulement 2,6% des articles publiĂ©s dans les Annals of the American Association of Geographers (en) ont Ă©tĂ© Ă©crits par des femmes et que le premier livre portant sur la gĂ©ographie du genre n'a Ă©tĂ© publiĂ© qu'en 1984 (Geography and Gender : an Introduction to Feminist Geography)[5].

Selon Gillian Rose, un certain nombre de méthodologies de la géographie sont inadéquates pour étudier les vies des femmes, comme celles de l'espace-temps[6].

Elle explore la façon selon laquelle les féministes devraient penser autrement l'espace et la géographie pour dépasser le masculinisme de la discipline. Dans ce livre, elle remet en cause des conceptions binaires portées par la géographie comme l'opposition entre espace public et espace privé[6].

Critique du travail de terrain

La pratique du terrain, souvent considérée comme essentielle en géographie, est critiquée par Gillian Rose comme par d'autres géographes féministes anglophones. D'aprÚs Anne Volvey, « elles définissent alors le terrain comme un exercice de domination masculine dont les données sont élaborées en un savoir géographique de type masculiniste. » Cette critique porte notamment sur la dimension « scopique » de la pratique de terrain, la distance qui est mise entre les scientifiques et leur objet d'étude et la non prise en compte du corps dans les pratiques scientifiques[7].

À l'inverse, ces gĂ©ographes, dont Gillian Rose, proposent une façon fĂ©ministe de faire des enquĂȘtes de terrain. Cette pratique doit notamment passer par l'instauration d'une forme proximitĂ© et de care avec les enquĂȘtĂ©s et enquĂȘtĂ©es et par la rĂ©flexivitĂ©[7].

Identité et « sense of place »

Gillian Rose analyse l'articulation entre espace et identité. Elle recense trois registres différents :

  • l'identification avec un lieu ;
  • l'identification contre un lieu (la construction d'un « nous » qui s'oppose Ă  un « eux » perçu comme antagoniste) ;
  • la non-identification avec des lieux (dans le cadre de sentiments de dĂ©placement et d'Ă©loignement)[8].

Gillian Rose dĂ©finit l'identitĂ© comme « how we make sense of ourselves (comment nous donnons un sens Ă  nous-mĂȘmes) ». Elle explique que nous avons chacun des identitĂ©s diffĂ©rentes Ă  diffĂ©rentes Ă©chelles. Par exemple, l'identitĂ© locale de quelqu'un est probablement diffĂ©rente de son identitĂ© globale.

Gillian Rose décrit le concept de « sense of place » comme le processus consistant à donner à un lieu « un sens et un sentiment ».

Géographie et « visual culture »

Un deuxiÚme ensemble de travaux de Gillian Rose s'inscrit dans le champ de la visual culture (en) (aussi appelée « visual studies »).

D'aprĂšs Maxime Boidy,

« les Visual Studies dĂ©signent un corpus hĂ©tĂ©rogĂšne et conflictuel de thĂ©ories politiques, sociales et culturelles d’inspiration anglo-amĂ©ricaine, centrĂ©es sur les problĂ©matiques visuelles et/ou fondĂ©es sur des catĂ©gories iconiques. »

— Maxime Boidy, « "I Hate Visual Culture". L’essor polĂ©mique des Visual Studies et les politiques disciplinaires du visible », Revue d'anthropologie des connaissances, 2017/3 (Vol. 11, N°3), p. 303-319.

W.J.T. Mitchell utilise « la formule “culture visuelle” pour reprĂ©senter Ă  la fois le champ et son contenu »[9].

Dans ce champ, les écrits de Gillian Rose portent sur des questions méthodologiques et sur des thématiques comme les photographies familiales. Elle s'appuie notamment sur les travaux de Sigmund Freud, Jacques Lacan, Michel Foucault, Allan Sekula et Donna Haraway[10].

Elle analyse la maniÚre dont les subjectivités et les relations sociales sont représentées ou à l'inverse rendues invisibles dans les médias. Elle étudie aussi comment ces processus sont intégrés dans les relations de pouvoir. Gillian Rose s'intéresse également à la théorie féministe du cinéma et aux analyses foucaldiennes et féministes de la photographie. Son travail a permis d'articuler la géographie féministe et la géographie des médias et de la communication.

Travaux sur les technologies numériques

Les travaux les plus rĂ©cents de Gillian Rose portent sur les technologies numĂ©riques. À propos des technologies, Gillian Rose critique l'utilisation par les GAFAM des donnĂ©es personnelles et les villes intelligentes qui permettent la surveillance des populations par les gouvernements. Elle nuance ces critiques en mettant aussi en avant la façon dont ces technologies peuvent permettre des formes de rĂ©sistance. Elle cite par exemple le cas d'une application qui recense les commerces permettant aux femmes d'allaiter[5].

Responsabilités scientifiques

Gillian Rose est membre du conseil consultatif de la revue scientifique Vista portant sur les « visual studies »[11].

Prix et distinctions

En 2012 Gillian Rose reçoit le prix Murchison de la Royal Geographical Society pour ses « publications sur la culture visuelle et les méthodologies géographiques »[12].

En 2015 elle est Ă©lue Fellow of the British Academy[13] - [14]. La mĂȘme annĂ©e elle est Ă©galement nommĂ©e professeure invitĂ©e « Andrew W Mellon Distinguished Visiting Scholar » Ă  l'UniversitĂ© de Pretoria[15].

En 2019 elle est Ă©lue membre de l'Academy of Social Sciences[16] - [17].

Principales publications

Ouvrages

  • (en) Gillian Rose, Feminism & Geography: The Limits of Geographical Knowledge, U of Minnesota Press, (ISBN 978-0-8166-2418-8, lire en ligne)
  • (en) Gillian Rose, « Geography as a Science of Observation: The Landscape, the Gaze and Masculinity », dans John A. Agnew, David J. Livingstone et Alisdair Rogers, Human Geography: An Essential Anthology, Wiley-Blackwell, , 720 p. (ISBN 978-0-631-19461-3)
  • (en) Gillian Rose, « Performing Space », dans Doreen Massey, John Allen et Phil Sarre, Human Geography Today, Polity Press, , 352 p. (ISBN 978-0-745-62189-0)
  • (en) Gillian Rose, Visual Methodologies: An Introduction to Researching with Visual Materials, SAGE, (ISBN 978-1-4739-6791-5, lire en ligne)
  • (en) Gillian Rose, Doing Family Photography: The Domestic, The Public and The Politics of Sentiment, Routledge, (ISBN 978-1-315-57789-0, DOI 10.4324/9781315577890/family-photography-gillian-rose, lire en ligne)

Co-direction d'ouvrages collectifs

  • (en) Alison Blunt et Gillian Rose, Writing Women and Space: Colonial and Postcolonial Geographies, Guilford Press, (ISBN 978-0-89862-498-4, lire en ligne)
  • (en) Michael Pryke, Gillian Rose et Sarah Whatmore, Using Social Theory: Thinking through Research, SAGE, (ISBN 978-1-84787-668-3, lire en ligne)

Articles personnels

  • (en) Gillian Rose, « The Cultural Politics of Place: Local Representation and Oppositional Discourse in Two Films », Transactions of the Institute of British Geographers, vol. 19, no 1,‎ , p. 46–60 (ISSN 0020-2754, DOI 10.2307/622445, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Gillian Rose, « Distance, Surface, Elsewhere: A Feminist Critique of the Space of Phallocentric Self/Knowledge », Environment and Planning D: Society and Space, vol. 13, no 6,‎ , p. 761–781 (ISSN 0263-7758 et 1472-3433, DOI 10.1068/d130761, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Gillian Rose, « Teaching visualised geographies: towards a methodology for the interpretation of visual materials », Journal of Geography in Higher Education, vol. 20, no 3,‎ , p. 281–294 (ISSN 0309-8265, DOI 10.1080/03098269608709373, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Gillian Rose, « Situating knowledges: positionality, reflexivities and other tactics », Progress in Human Geography, vol. 21, no 3,‎ , p. 305–320 (ISSN 0309-1325 et 1477-0288, DOI 10.1191/030913297673302122, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Gillian Rose, « Spatialities of ‘community’, power and change: The imagined geographies of community arts projects », Cultural Studies, vol. 11, no 1,‎ , p. 1–16 (ISSN 0950-2386, DOI 10.1080/09502389700490011, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Gillian Rose, « Practising photography: an archive, a study, some photographs and a researcher », Journal of Historical Geography, vol. 26, no 4,‎ , p. 555–571 (ISSN 0305-7488, DOI 10.1006/jhge.2000.0247, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Gillian Rose, « Family photographs and domestic spacings: a case study », Transactions of the Institute of British Geographers, vol. 28, no 1,‎ , p. 5–18 (ISSN 1475-5661, DOI 10.1111/1475-5661.00074, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Gillian Rose, « ‘Everyone's cuddled up and it just looks really nice’: an emotional geography of some mums and their family photos », Social & Cultural Geography, vol. 5, no 4,‎ , p. 549–564 (ISSN 1464-9365, DOI 10.1080/1464936042000317695, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Gillian Rose, « On the Relation between ‘Visual Research Methods’ and Contemporary Visual Culture », The Sociological Review, vol. 62, no 1,‎ , p. 24–46 (ISSN 0038-0261 et 1467-954X, DOI 10.1111/1467-954x.12109, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Gillian Rose, « Rethinking the geographies of cultural ‘objects’ through digital technologies », Progress in Human Geography, vol. 40, no 3,‎ , p. 334–351 (ISSN 0309-1325 et 1477-0288, DOI 10.1177/0309132515580493, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Gillian Rose, « Posthuman Agency in the Digitally Mediated City: Exteriorization, Individuation, Reinvention », Annals of the American Association of Geographers, vol. 107, no 4,‎ , p. 779–793 (ISSN 2469-4452, DOI 10.1080/24694452.2016.1270195, lire en ligne, consultĂ© le )

Articles co-Ă©crits

  • (en) Nicky Gregson et Gillian Rose, « Taking Butler Elsewhere: Performativities, Spatialities and Subjectivities », Environment and Planning D: Society and Space, vol. 18, no 4,‎ , p. 433–452 (ISSN 0263-7758 et 1472-3433, DOI 10.1068/d232, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Monica Degen, Caitlin DeSilvey et Gillian Rose, « Experiencing Visualities in Designed Urban Environments: Learning from Milton Keynes », Environment and Planning A: Economy and Space, vol. 40, no 8,‎ , p. 1901–1920 (ISSN 0308-518X et 1472-3409, DOI 10.1068/a39208, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Gillian Rose, Monica Degen et Begum Basdas, « More on ‘big things’: building events and feelings », Transactions of the Institute of British Geographers, vol. 35, no 3,‎ , p. 334–349 (ISSN 1475-5661, DOI 10.1111/j.1475-5661.2010.00388.x, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Monica Montserrat Degen et Gillian Rose, « The Sensory Experiencing of Urban Design: The Role of Walking and Perceptual Memory », Urban Studies, vol. 49, no 15,‎ , p. 3271–3287 (ISSN 0042-0980 et 1360-063X, DOI 10.1177/0042098012440463, lire en ligne, consultĂ© le )

Communications dans des congrĂšs et tables rondes

Notes et références

  1. « Academic Staff: School of Geography and the Environment, University of Oxford »
  2. Marc Escola, « Positions, énonciations, regards.Spatialisation du genre dans la littérature et les arts contemporains (Bruxelles) » (consulté le )
  3. (en-US) « The World's Most Renowned Geographers », sur WorldAtlas, (consulté le )
  4. Sophie Louargant, « De la gĂ©ographie fĂ©ministe Ă  la "Gender Geography" : une lecture francophone d'un concept anglophone », Espace Populations SociĂ©tĂ©s, vol. 20, no 3,‎ , p. 397–410 (DOI 10.3406/espos.2002.2049, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. (en) Kaitlyn Tiffany, « The Most Useful App Is Find My Friends », sur The Atlantic, (consulté le )
  6. Liz Bondi, « Review of Feminism and Geography », Feminist Review, no 51,‎ , p. 133–135 (ISSN 0141-7789, DOI 10.2307/1395515, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. Anne Volvey, Le corps du chercheur et la question esthétique dans la science géographique., (lire en ligne)
  8. (en) Marco Antonsich, « Identity and Place », sur Oxford Bibliographies, (consulté le )
  9. Maxime Boidy, « « I Hate Visual Culture » L’essor polĂ©mique des Visual Studies et les politiques disciplinaires du visible », Revue d'anthropologie des connaissances,‎ , p. 303-319 (lire en ligne)
  10. Douglas Harper 2012, p. 466 - 469
  11. « "Vista" Journal - permanent call », sur calenda.org (consulté le )
  12. Royal Geographical Society, metals and awards. rgs.org, accessed March 16, 2015.
  13. « OU cultural geographer becomes Fellow of British Academy », www3.open.ac.uk,
  14. (en) « Professor Gillian Rose FBA », sur The British Academy (consulté le )
  15. « Academic Staff: School of Geography and Environment, University of Oxford »
  16. (en-GB) Academy of Social Sciences, « Fellows », sur Academy of Social Sciences (consulté le )
  17. (en) « Four Oxford academics become Fellows of the Academy of Social Sciences | University of Oxford », sur www.ox.ac.uk (consulté le )

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Minelle Mahtani, « Gillian Rose », dans Phil Hubbard et Rob Kitchin, Key Thinkers on Space and Place, Sage, , 2e Ă©d. (ISBN 978-1-84920-101-8, 1-84920-101-3 et 978-1-84920-102-5, OCLC 698373037, lire en ligne)
  • (en) Douglas Harper, « Gillian Rose, Visual Methodologies: An Introduction to Researching with Visual Materials. », Canadian Journal of Sociology, vol. 37, no 4,‎ (ISSN 1710-1123, DOI 10.29173/cjs18626, lire en ligne [PDF], consultĂ© le ). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.

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