Accueil🇫🇷Chercher

Gilbert Ganteaume

Gilbert Ganteaume est un peintre et sculpteur français né le à La Ciotat. Son œuvre se développe dans une intention représentative en utilisant les moyens de l'abstraction et du matiérisme.

Gilbert Ganteaume
Gilbert Ganteaume en 1996
Naissance
Nationalité
Activité
signature de Gilbert Ganteaume
Signature

Biographie

Portique du chantier naval de La Ciotat

Issu d'une vieille famille ciotadenne[1], né à la cité ouvrière (rasée en 1974), Gilbert Ganteaume est reçu en 1939 à l'école d'apprentissage des chantiers navals où enseigne son père. Il y apprend jusqu'en 1942 à travailler le bois et le métal, à découper, souder, percer, river, fileter, tarauder, façonner le fer à la forge, acquiert les connaissances théoriques correspondantes, et obtient un CAP de traceur. Il devient ainsi en 1946 l'un des 2100 ouvriers des Chantiers navals sur les 13410 habitants de la ville[2].

Ayant effectuĂ© son service militaire Ă  Aix-en-Provence, il se marie en 1955. Dans le contexte de la guerre d'AlgĂ©rie il est rappelĂ© l'annĂ©e suivante pour six mois. « J'allais faire une guerre contre laquelle j'avais toujours luttĂ©, je devais me battre contre des gens Ă  qui je donnais raison, dĂ©fendre des intĂ©rĂŞts qui n'Ă©taient pas les miens Â», Ă©crira-t-il [3]. AffectĂ© Ă  une centaine de kilomètres au sud d'Alger il fait partie d'un dĂ©tachement de 120 soldats, chargĂ©s de protĂ©ger une ferme coloniale. Rapidement y disparaissent discipline et autoritĂ© mais lorsqu'un groupe de lĂ©gionnaires les rejoint, il se sent involontairement entraĂ®nĂ© dans une « escalade Ă  la mort Â» [4]. Effectuant des patrouilles en montagne, il participe ensuite Ă  l'escorte d'un train (phosphates et voyageurs) que les maquisards en embuscade font dĂ©railler et se trouve blessĂ© dans la tuerie qui suit.

C'est dans l'hĂ´pital militaire oĂą il est transfĂ©rĂ© pour quelques jours qu'il rencontre un jeune prĂŞtre, lui aussi hospitalisĂ© : « il ne peignait pas lui-mĂŞme, mais connaissait tout de la peinture, tous les tableaux, tous les maĂ®tres de la peinture classique (…), il possĂ©dait un livre contenant des centaines de photographies de tableaux (…). Du matin au soir il le consultait et le commentait. Au dĂ©but j'Ă©coutais d'une oreille plus ou moins distraite. Mais petit Ă  petit sa passion fut son effet, et je commençais Ă  poser des questions Â» [5]. RapatriĂ© sanitaire Gilbert Ganteaume est ensuite dĂ©mobilisĂ©. Dès 1959 il participe aux luttes ouvrières qui apparaissent aux Chantiers (occupation de l'usine qui annule le lancement du « Centaure Â»).

« Ă€ l'Ă©poque, il m'aurait paru indĂ©cent qu'un ouvrier, fils d'ouvrier s'intĂ©resse aux Arts, et aurait le culot de peindre. Un ouvrier, c'est fait pour travailler. Qu'auraient pensĂ© mes camarades de travail si je leur avais dĂ©clarĂ© tout Ă  coup : « Je fais de la peinture, des tableaux Â». J'aurais Ă©tĂ© mĂ©prisĂ©, car l'Art n'Ă©tait pas fait pour nous, et nous n'en voulions pas, il appartenait Ă  la bourgeoisie, et faire de l'Art, c'Ă©tait se prendre pour un bourgeois, voire un patron, voire un capitaliste, un exploiteur Â» [6]. Mais pendant ses vacances Gilbert Ganteaume visite les musĂ©es et les Ă©glises d'Italie, Milan, Rome, Naples, Venise, et le Louvre.

En 1961 sa femme « soustrait quelque argent de notre maigre salaire pour acheter quelques tubes de couleur, pinceaux, une feuille de papier huilĂ© Â» [7]. Il travaille seul pendant un an, peignant le soir et les fins de semaine. Se considĂ©rant « bloquĂ© par manque de connaissances techniques Â» [8], il suit les cours de Georges Delplanque, professeur aux Beaux-Arts de Paris, pendant quatre ans travaille dans toutes les techniques du dessin et de la peinture et commence en 1965 Ă  exposer.

Son style en ses dĂ©buts est « très figuratif, style peinture provençale, impressionnisme attardĂ© Â». Puis il rencontre par hasard la peinture de Nicolas de StaĂ«l : pensant jusque-lĂ  que « l'art contemporain Ă©tait une sorte d'imposture Â», il « change d'avis et de direction Â», comprend qu'il a « cent ans de retard Â». et commence de « combiner technique et crĂ©ation Â» [9]. Il s'intĂ©resse par la suite aux Ĺ“uvres de Zao Wou-Ki, Rebeyrolle, TĂ pies et VeliÄŤković, Arman, CĂ©sar et Tinguely. Gilbert Ganteaume quitte les chantiers en 1971, travaillant Ă  mi-temps jusqu'en 1976 puis se consacre entièrement Ă  la peinture.

L'Ĺ“uvre

Le Bec de l'Aigle, souvent peint par Gilbert Ganteaume
Gilbert Ganteaume, exposition Le massif du Sec, Chapelle des PĂ©nitents bleus de La Ciotat, octobre 2019

Ganteaume aborde de nombreux thèmes, depuis les paysages de La Ciotat ou, au long de ses voyages, ses visions de Venise, des météores, de l'Acropole ou Karnak, d'Édimbourg ou Istanbul, jusqu'aux nus (serie Nus bleus).

En accord avec ses convictions progressistes, sa peinture n'est pas sans Ă©voquer parfois les Ă©vĂ©nements de la vie sociale et politique (La nuit de l'autodafĂ© Ă  Berlin en 1934, Hiroshima, L'exode). « Le travail manuel Ă  l'usine m'avait habituĂ© Ă  manipuler la matière Â» : l'une des caractĂ©ristiques de son style apparaĂ®t de « mĂ©langer des matĂ©riaux, passer d'une technique Ă  l'autre suivant le sujet Â»[10], d'intĂ©grer des matĂ©riaux divers, rĂ©sine (sĂ©rie L'outrage du temps), sable, terre et cendres, fer, fragments de miroir, tissu, cheveux, coquillages, objets, parapluie ou bicyclette.

Participant Ă  de nombreuses expositions collectives, Gilbert Ganteaume, prĂ©sentant ses Ĺ“uvres tous les deux ans Ă  la Chapelle des PĂ©nitents bleus de La Ciotat, y rĂ©alise ainsi en 2019 sa 22e « biennale Â». Pour fĂŞter ses 20, 30 et 40 ans de peinture il monte des spectacles multiculturels. Sous le nom de RĂ©tro-crĂ©ativitĂ© une rĂ©trospective de 120 Ĺ“uvres couvrant, de 1966 Ă  2016, un demi-siècle de crĂ©ation.

En 1975 Gilbert Ganteaume peint une fresque de 27 m2 pour l'Ă©glise Notre-Dame de la ville, liant l'histoire du Christ Ă  celle de la ville, Ă©voquant librement, soutenu par Roger Etchegaray alors archevĂŞque de Marseille, les thèmes « LibĂ©ration, RĂ©demption, RĂ©surrection Â» Ă  travers des motifs contemporains, la prĂ©sence de CRS, d'ouvriers ou de femmes dĂ©nudĂ©es[11]. Il crĂ©e par la suite Ă  La Ciotat plusieurs sculptures mĂ©talliques Ă  l'Ă©cole de Fardeloup, un monument de la Paix, en 2007 un monument aux victimes de l'amiante - « Quand j’ai commencĂ© Ă  travailler dessus, j’ai eu l’impression de raconter l’histoire des mĂ©tallos. Beaucoup de mes camarades, des anciens du chantier, ont Ă©tĂ© malades ou sont morts Ă  cause de l’amiante. Â», confie-t-il. Il dĂ©core Ă©galement la chapelle de l'Ĺ’uvre, le MusĂ©e, la salle Paul Éluard.

Éléments de bibliographie

Signature de Gilbert Ganteaume

Document utilisé pour la rédaction de l’article : source utilisée pour la rédaction de cet article

  • 30 ans de peinture de Gilbert Ganteaume, rĂ©trospective 1961-1988 et peintures rĂ©centes 1989-1991, Salle Saint-Jacques et chapelle des PĂ©nitents Bleus, La Ciotat, 1991. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • JoĂ«l Rumello, Ganteaume, prophète en son pays, dans La Ciotat magazine, La Ciotat, septembre-, p. 38. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Gilbert Ganteaume, 40 ans de peinture, Chapelle des PĂ©nitents bleus, Salle Saint-Jacques et Galerie du Port, La Ciotat, 2001. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • JoĂ«l de Falco, Le monde selon Ganteaume, dans La Ciotat infos no 3, La Ciotat, . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Gilbert Ganteaume, La Ciotat, mon amour, Histoire romancĂ©e d'une famille ciotadenne de l'an mille Ă  nos jours, Gilbert Ganteaume, La Ciotat, 2009. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Gilbert Ganteaume, Les beaux jours, Journal d'un mort potentiel, La Ciotat, 2016.

Filmographie

  • JosĂ© Jutard, Gilbert Ganteaume, un peintre dans sa ville, 2014, 30 minutes.
  • Claude Hirsh, Gilbert Ganteaume, un tracĂ© audacieux, 2019.

Notes et références

  1. Dans l'histoire romancée de sa famille dans la ville de La Ciotat qu'il publie en 2009, Gilbert Ganteaume remonte jusqu'au baron Guilbert Wand-Helm, de la région de Gand, qui participe à la première croisade en 1095. Quatre générations plus tard l'un de ses descendants fait naufrage en face de La Ciotat. Ses enfants sont appelés Ganteaume, Gantelme, Jeanseaume ou Jeanselme. En 1799 l'amiral Ganteaume assure le retour de Bonaparte depuis l'Égypte. (Gilbert Ganteaume, La Ciotat, mon amour, Histoire romancée d'une famille ciotadenne de l'an mille à nos jours, La Ciotat, Gilbert Ganteaume, 2009)
  2. Gilbert Ganteaume, La Ciotat, mon amour, Histoire romancée d'une famille ciotadenne de l'an mille à nos jours, La Ciotat, Gilbert Ganteaume, 2009, p.251
  3. id., p. 252
  4. id., p 255-256
  5. id, p. 261
  6. id. p.268 et « 30 ans de peinture de Gilbert Ganteaume, rĂ©trospective 1961-1988 et peintures rĂ©centes 1989-1991 Â», Salle Saint-Jacques et chapelle des PĂ©nitents Bleus, 1991
  7. 30 ans de peinture de Gilbert Ganteaume, rĂ©trospective 1961-1988 et peintures rĂ©centes 1989-1991 Â», Salle Saint-Jacques et chapelle des PĂ©nitents Bleus, 1991
  8. Gilbert Ganteaume, La Ciotat, mon amour, Histoire romancée d'une famille ciotadenne de l'an mille à nos jours, La Ciotat, Gilbert Ganteaume, 2009, p 270
  9. id. p. 277
  10. id., p. 277
  11. « Quant aux femmes nues qui entourent le Christ au milieu du premier tableau, les spectateurs les voient plus nues que ce qu'elles sont en rĂ©alitĂ©, car non figuratives, très floues, mais nues tout de mĂŞme. Pourquoi? Il y a d'abord les prostituĂ©es dont le mĂ©tier nĂ©cessite d'ĂŞtre nues, JĂ©sus les sauvera et elles accompagneront le Christ dans son parcours. Puis la femme malade, en Ă©coulement de sang, est-ce que la vue d'une femme nue sur une table d'opĂ©ration est choquante? La femme adultère Ă  cĂ´tĂ© de JĂ©sus, prise en flagrant dĂ©lit. Le Christ la sauve et lui tend le gobelet d'eau (...) et la Samaritaine qui a eu cinq maris et qui vit avec un autre. JĂ©sus les « met Ă  nu Â», toutes corps et âmes, et les sauve ainsi. Â» (id., p. 280)

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.