Georges Smets
Georges Smets est un juriste, historien, sociologue et ethnologue belge nĂ© Ă Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles) le et mort Ă Etterbeek (Bruxelles) le . Il est Ă©galement Professeur et recteur de lâUniversitĂ© libre de Bruxelles, directeur l'Institut de Sociologie Solvay, il compte parmi les membres de lâĂcole de Bruxelles[1].
Biographie
Origine et enfance
Georges Smets est issu dâune famille anticlĂ©ricale purement bruxelloise. Ses grands-parents, du cĂŽtĂ© maternel Ă©taient des tapissiers de la rue Royale et appartenaient Ă la bourgeoisie commerçante. Du cĂŽtĂ© paternel, le grand-pĂšre de Georges Smets est issu du milieu artisanal hautement qualifiĂ© de la ville de Bruxelles: il exerçait le mĂ©tier dâĂ©bĂ©niste-facteur de piano. Georges smets en a hĂ©ritĂ© un sentiment profond de la dĂ©ontologie professionnelle, le souci de la finesse et de la prĂ©cision allant jusquâau perfectionnisme[2]. Ses parents Ă©taient tous deux professeurs dans lâenseignement officiel normal. Georges Smets est le fils unique dâAuguste Smets, un militant libĂ©ral qui fut Ă©chevin Ă la commune Molenbeek-Saint-Jean pendant 50 ans; Auguste Smets Ă©tait dans son milieu une autoritĂ© morale. Georges Smets resta toute sa vie attachĂ© au libĂ©ralisme et Ă lâenseignement officiel mais sans ĂȘtre un militant. Sa vie de professeur Ă lâUniversitĂ© libre de Bruxelles lâamena Ă pratiquer le âlibre-examenâ se traduisant par une certaine ouverture dâesprit. Sa famille est lâimage dâune mobilitĂ© sociale ascendante de type classique: lâartisanat qualifiĂ©, lâenseignement secondaire, le professorat universitaire, Ă©tapes couvertes en trois gĂ©nĂ©rations[3].
Parcours intellectuel
Formation
Georges Smets effectue ses annĂ©es dâĂ©tudes secondaires Ă lâAthenĂ©e Royal de Bruxelles dans la section greco-latine. En juin 1899 il obtient au Concours gĂ©nĂ©ral les prix de latin (premier prix d'honneur), grec (prix non dĂ©cernĂ©, premiĂšre place), français (prix d'honneur unique), histoire et gĂ©ographie (premier prix d'honneur), chimie, physique et mathĂ©matiques (premier prix d'honneur)[7].
En octobre 1899, il entre Ă lâUniversitĂ© Libre de Bruxelles, d'oĂč il ressort docteur en Philosophie et Lettres en 1903[8] avec la plus grande distinction[9].
En 1904, grùce à sa thÚse sur Henri 1er Duc de Brabant, supervisée par le professeur Léon Vanderkindere et publiée en 1908[8], il décroche le titre de docteur spécial en Histoire avec la plus grande distinction[10].
Il effectue des sĂ©jours dâĂ©tudes au sĂ©minaire dâhistoire mĂ©diĂ©val de l'UniversitĂ©Ì de Strasbourg, Ă Fribourg-en-Brisgau et Ă Rome de 1905 Ă 1906[8].
Il entame ensuite des Ă©tudes de droit dans lesquelles il ressort Docteur en droit en 1908[8], toujours avec la plus grande distinction[11].
Au cours de ses annĂ©es de formation, il se lie dâamitiĂ© avec un autre Ă©tudiant, EugĂšne DuprĂ©el. Une amitiĂ© exceptionnelle sans lâĂ©vocation de laquelle on ne peut saisir le dĂ©veloppement de leur pensĂ©e et de leur Ćuvre.
CarriÚre académique
Georges Smets a donné pas moins de 19 cours durant sa carriÚre.
Il devient professeur intĂ©rimaire en 1906, en mĂȘme temps que la poursuite de son cursus en droit, et enseigne le cours des « Notions sur les institutions politiques de Rome » ainsi que le cours dâ « Histoire politique de Rome ». Ces cours lui sont confiĂ©s par LĂ©on Vanderkindere, qui Ă©tait son professeur dâHistoire lors de son premier cursus en Philosophie et Lettres en 1899. L. Vanderkindere considĂ©rait G. Smets comme un « historien de haute qualitĂ© »[8].
Smets accĂšde aux fonctions de chargĂ© de cours le 18 juillet 1908 oĂč il dispense le cours dâhistoire politique de lâAntiquitĂ©[12]. Le 24 dĂ©cembre 1910, il devient professeur extraordinaire. En 1918, il obtient le titre de professeur ordinaire, date Ă laquelle il arrĂȘte le barreau de Bruxelles pour se consacrer pleinement Ă sa fonction professorale[8].
Georges Smets, en sus de ses nombreuses fonctions professorales au cours des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, devient le 6 juillet 1929, recteur de lâUniversitĂ© Libre de Bruxelles, Ă©lu par ses pairs, jusquâen 1932. Cette mĂȘme annĂ©e, il devient directeur adjoint de lâInstitut de Sociologie Solvay et 2 ans plus tard, directeur de ce mĂȘme institut[8].
Il exerce la fonction de prĂ©sident Ă la facultĂ© de Philosophie et Lettres de 1935 Ă 1938. En 1940, comme bon nombre de ses confrĂšres, il est dĂ©mis de ses fonctions par les autoritĂ©s allemandes. Il se rĂ©fugie donc Ă Toulouse, oĂč il devient membre puis prĂ©sident du ComitĂ© de lâAcadĂ©mie des sciences, Inscription et Belles-Lettres de Toulouse. Quatre ans plus tard, il retrouve ses fonctions et est nommĂ© membre permanent du Conseil dâadministration de lâUniversitĂ© Libre de Bruxelles.
Il prĂ©side Ă©galement le comitĂ© de lâInstitut de Philologie et dâHistoire orientale et slave de 1947 Ă 1954. Il devient directeur honoraire de lâinstitut Solvay en 1953[8]. Deux ans plus tard, le 25 juin 1955, il est nommĂ© recteur honoraire de lâUniversitĂ© Libre de Bruxelles.
Fonctions exercées hors de l'Université libre de Bruxelles
- PrĂ©sident de lâAcadĂ©mie des sciences, Inscription et Belles-Lettres de Toulouse en 1940;
- PrĂ©sident du conseil dâadministration de la sociĂ©tĂ© dâanthropologie de Paris en 1946;
- Correspondant Ă©tranger de lâUniversitĂ© de Columbia en 1947;
- Membre correspondant de la Classe des Lettres et des Sciences morales par lâAcadĂ©mie royale de Belgique en 1932[8];
- Membre titulaire de la Classe des Lettres et des Sciences morales par lâAcadĂ©mie royale de Belgique en 1939;
- AssociĂ© en 1939 et ensuite titulaire en 1950 de lâInstitut royal colonial belge;
L'affaire Moulin
En 1931, LĂ©o Moulin Ă©tudiant de lâUniversitĂ© libre de Bruxelles a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en Italie pour avoir en sa possession des documents antifascistes. Georges Smets dĂ©cide alors de se rendre Ă Rome pour y dĂ©fendre en personne LĂ©o Moulin[8]. Ceci a Ă©tĂ© une opportunitĂ© pour Smets de dĂ©fendre les principes de son UniversitĂ© et la dignitĂ© de celle-ci, mis en cause par les autoritĂ©s judiciaires fascistes.
Prix et distinctions
- Grand-Officier de l'Ordre de la Couronne et de l'Ordre de LĂ©opold;
- Officier de la légion d'Honneur;
- Commandeur de l'Ordre du Sauveur (GrĂšce);
- Commandeur de l'Ordre de Saint-Sava (Yougoslavie)[13]
Principaux ouvrages et bibliographie
Ćuvre principale
En 1919, aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, Georges Smets publie sous lâĂ©gide de lâInstitut de sociologie Solvay, une Ćuvre nommĂ©e « La rĂ©forme du SĂ©nat »[8]. Cet ouvrage nâest pas quâun simple ouvrage technique, il est Ă©galement un essai de philosophie politique oĂč la mĂ©thode du sociologue et la critique de l'historien s'attachent Ă dĂ©terminer objectivement les conditions de fonctionnement d'une dĂ©mocratie libĂ©rale et pluraliste. Il analyse avec finesse le dĂ©bat de nos constituants du congrĂšs national au sujet du rĂŽle et de la composition du SĂ©nat.
Autres ouvrages[14]
- Henri I, Duc de Brabant, 1190-1235, Bruxelles, H. Lamertin, 1908
- La chronique de Dino Compagni, LiĂšge, Impr. La Meuse, 1909
- Ethnologie et sociologie, Bruxelles, Impr. médicale et scientifique, 1930 ;
- Les origines de la société, Paris, La renaissance du livre, 1931 ;
- La vie sociale dans le borinage houillier, Bruxelles, 1939 ;
- Le Matriarcat et lâĂvolution, Revue de lâUniversitĂ© de Bruxelles, 1929-1930, pp. 12-34.
- La PropriĂ©tĂ© chez les primitifs, Revue de lâUniversitĂ© de Bruxelles, 1931-1932, pp.6-35.
Bibliographie
Pour une bibliographie complĂšte, se rĂ©fĂ©rer Ă âAnnie Dorsinfang-Smets, bibliographie de Georges Smets, dans MĂ©langes Georges Smets, Bruxelles, 1952, pp. 25-42.â
- Archive Georges Smets, Musée Royal de l'Afrique Central
Références
- Amaryllis Verhoeven, « Langues et littĂ©ratures modernes dans les revues belges - Moderne taal- en Letterkunde in de Belgische Tijdschriften », Revue belge de philologie et d'histoire, vol. 39, no 3,â , p. 844â852 (ISSN 0035-0818, DOI 10.3406/rbph.1961.2381, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Académie Royale »
- « Académie Royale »
- « Skynet : Clary Terlinck », sur users.skynet.be (consulté le )
- « DORSINFANG-SMETS (Annie) | ARSOM », sur www.kaowarsom.be (consulté le )
- Peter Eeckhout, Michel Graulich et Jacques Malengreau, « IN MEMORIAM ANNIE DORSINFANG-SMETS (1911-2001) », Civilisations. Revue internationale d'anthropologie et de sciences humaines, no 50,â , p. 7â10 (ISSN 0009-8140, DOI 10.4000/civilisations.3381, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Goerges Smets », JANNE, H. 1963. Notice sur Georges Smets. Ann. r. Belgique, 129: 125-175.
- « Georges Smets »
- Rapports sur les années académiques 1902-1903 à 1906-1907, Bruxelles, Université Libre de Bruxelles.
- Rapports sur les années académiques 1902-1903 à 1906-1907, Bruxelles, Université Libre de Bruxelles.
- Rapports sur les années académiques 1902-1903 à 1906-1907, Bruxelles, Université Libre de Buxelles.
- « Georges Smets (1881-1961) », Revue belge de Philologie et d'Histoire, vol. 39, no 3,â , p. 1071â1072 (lire en ligne, consultĂ© le )
- Archives - ULB/H12 - SMETS*G.
- « Georges Smets (1881-1961) », sur data.bnf.fr (consulté le )