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Georges Ohnet

Georges Ohnet, également connu sous le pseudonyme de Georges Hénot, né le à Paris, ville où il est mort le en son domicile dans le 9e arrondissement de Paris[1], est un écrivain de romans populaires français.

Georges Ohnet
Georges Ohnet (1848-1918)
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Pseudonyme
Georges HĂ©not
Nationalité
Formation
Activités
RĂ©dacteur Ă 
Père
Mère
Claire Ohnet (d)
Parentèle
Esprit Blanche (petit-fils)
Autres informations
Genre artistique
Roman
Distinction
Prix de Jouy (1881)
Ĺ’uvres principales
signature de Georges Ohnet
Signature dans son dossier de Légion d’honneur.
Sépulture au cimetière de Montmartre.
HĂ´tel Ohnet, 14 avenue Trudaine.

Biographie

Fils de l'architecte Léon Ohnet, et petit-fils du docteur Blanche[2], Georges Ohnet débuta dans le journalisme, notamment au Pays et au Constitutionnel. Ses premières œuvres littéraires sont des pièces de théâtre : Regina Sarpi (avec Louis Denayrouze, 1875), puis Marthe (1877). Ces deux pièces n'eurent pas de réel succès. Il publia ensuite de nombreux romans. Il fut entre autres l'auteur de la série intitulée Les Batailles de la vie dont les titres les plus connus sont Serge Panine, Le Maître de forges, La Grande Marnière, La Comtesse Sarah. Il connut un très grand succès et les tirages de ses romans furent extrêmement importants. Plusieurs de ses romans furent adaptés au théâtre.

Le succès de Georges Ohnet est confirmé dans cette anecdote[3] :

« Dans un déjeuner littéraire qui vient d'avoir lieu, on a parlé naturellement du ruban rouge attaché récemment à la boutonnière de l'auteur du Maître de forges, et l'on a fait sur lui, inter pocula, les vers suivants :

Qui cite
Tacite ?
Au lit,
Qui lit
Shakspeare,
D'Ĺ“il pire ?
Qui sait
Musset ?
Personne;
Mais on ne
Connaît
Qu'Ohnet.

Nous devons la communication de cette fantaisie à l'un des convives, Giacomelli, le Raphaël des oiseaux. »

Son œuvre est marquée par une opposition dans la forme et le choix des thèmes avec le mouvement littéraire du naturalisme[4]. Il fut un historiographe de la bourgeoisie française du XIXe siècle. Ainsi, son œuvre la plus populaire, Le Maître de forges est une histoire sentimentale se déroulant dans un cadre bourgeois, utilisant les recettes du mélodrame et du feuilleton. En 1896, le guide Paris-Parisien le considère comme « le romancier favori de la bourgeoisie »[4]

Ce succès lui valut d'être nommé chevalier de la Légion d’honneur le et les insignes lui furent remis le par l’écrivain Camille Doucet (1812-1895), secrétaire perpétuel de l’Académie française[5].

En 1903, Georges Ohnet acheta le château du Bois-la-Croix (aujourd'hui sur la commune de Pontault-Combault, dĂ©partement de Seine-et-Marne). Un nĂ©gociant en vins parisien avait entrepris sa construction, mais la mort ne lui permit pas de terminer et sa veuve vendit Ă  l'Ă©crivain qui finit les travaux[6]. Il eut deux enfants : LĂ©on Ohnet, mort accidentellement le Ă  24 ans dans la citĂ© balnĂ©aire d’AmĂ©lie-les-Bains ; et Claire Ohnet, qui Ă©pousa en 1901 Lucien Morane (1871-1930), ingĂ©nieur des Arts et Manufactures, gĂ©rant de la sociĂ©tĂ© Morane jeune & Cie, nommĂ© chevalier de la LĂ©gion d’honneur en 1900 pour avoir obtenu un grand prix Ă  l’exposition universelle. Ses frères LĂ©on (1885-1918) et Robert (1886-1968) Morane fondèrent avec Raymond Saulnier (1881-1964) en 1910 la cĂ©lèbre sociĂ©tĂ© aĂ©ronautique Morane-Saulnier…

Critiques

Le Maître de forges (Édition hongroise, 1890s)
La serre de l'Aigle (Édition hongroise, 1913)

Il fut l'objet de très vives critiques et de nombreuses jalousies dans le monde littéraire. Ainsi Jules Lemaître, dans son recueil de critiques Les Contemporains, écrit à propos de son œuvre :

« Après cela, que M. Ohnet compose assez bien ses récits, qu'il en dispose habilement les différentes parties et que les principales scènes y soient bien en vue, cela nous devient presque égal. Que ces romans, débarrassés des interminables et plats développement qui les encombrent et transportés à la scène, y fassent meilleure figure ; que la vulgarité en devienne moins choquante; que l'ordre et le mouvement en deviennent plus appréciables, – je n'ai pas à m'en occuper ici : les quelques qualités de ces romans, étant purement scéniques, échappent à la lecture. On y trouve, en revanche, l'élégance des chromolithographies, la noblesse des sujets de pendule, les effets de cuisse des cabotins, l'optimisme des nigauds, le sentimentalisme des romances, la distinction comme la conçoivent les filles de concierge, la haute vie comme la rêve Emma Bovary, le beau style comme le comprend M. Homais. C'est du Feuillet sans grâce ni délicatesse, du Cherbuliez sans esprit ni philosophie, du Theuriet sans poésie ni franchise : de la triple essence de banalité[7]. »

Et Ă  propos des personnages :

« Voici le jeune premier, le roturier génial et héroïque… C'est l'idéal du héros bourgeois, c’est-à-dire l'ancien héros romantique pourvu de diplômes, muni de mathématiques et de chimie…, un paladin ingénieur, un Amadis des ponts et chaussées, l'archange de la démocratie laborieuse[8]! »

Léon Bloy fera dire au narrateur du Désespéré

« Et d'abord, le plus glorieux de tous ces élus, le Jupiter tonnant de l'imbécillité française, Georges Ohnet, le squalide bossu millionnaire, dont la prose soumise opère une succion de cent mille écus par an sur l'obscène pulpe du bourgeois contempteur de l'art[9]. »

Extrait d'un article d'Anatole France sur un roman de Georges Ohnet intitulé Volonté

« Le titre du nouveau roman de monsieur Georges Ohnet contient beaucoup de sens en un seul mot. Ce titre est toute une philosophie. « Volonté », voilà qui parle au cœur et à l’esprit. « Volonté par Georges Ohnet ». Comme on sent l’homme de principe qui n’a jamais douté ! « Volonté par Georges Ohnet, soixante-treizième édition ». Quelle preuve de la puissance de la volonté ! Monsieur Georges Ohnet a voulu avoir soixante-treize éditions et il les a eues. En vérité, plus je relis ce titre, plus j’y trouve d’intérêt. C’est sans contredit la plus belle page qui soit sortie de la plume de monsieur Georges Ohnet. « Volonté par Georges Ohnet, soixante-treizième édition ». Que cela est bien écrit ! J’avoue que le reste du livre m’a paru inférieur. Comme philosophe, Monsieur Georges Ohnet ne me satisfait pas. Sous ce jour, je le trouve faible. Je voudrais n’avoir pas à l’apprécier à un autre point de vue. Mais puisque enfin monsieur Georges Ohnet fait des romans, il est équitable et nécessaire de le traiter en romancier. C’est ce à quoi je vais donc procéder avec tous les ménagements dont je suis capable.

Eh bien, puisqu’il me faut juger monsieur Georges Ohnet comme auteur de romans, je dirai dans la paix de mon âme et dans la sérénité de ma conscience qu’il est, au point de vue de l’art, bien au-dessous du pire. J’ai eu l’honneur d’être présenté l’hiver dernier à monsieur Georges Ohnet, et je me suis convaincu, comme tous ceux qui l’ont approché, que c’est un très galant homme. Il parle d’une manière fort intéressante avec une bonne humeur tout à fait agréable. Il m’a inspiré de la sympathie. Je sais de lui des traits qui l’honorent et je l’estime profondément. Mais je ne connais pas de livres qui me déplaisent plus que les siens. Je ne sais rien au monde de plus désobligeant que ses conceptions, ni de plus disgracieux que son style. Si je m’étais cru, je serais mort sans avoir lu une ligne de monsieur Georges Ohnet. Je me serais épargné cette pénible et dangereuse épreuve. Je mets beaucoup de soin à éviter dans la vie ce qui me semble laid. Je craindrais de devenir très méchant si j’étais forcé de vivre en face de ce qui me choque, me blesse et m’afflige. C’est pourquoi je m’étais résolu à ne pas lire Volonté. Mais le sort en a disposé autrement. J’ai lu Volonté, et j’ai d’abord été très malheureux. Il n’y a pas une page, pas une ligne, pas un mot, pas une syllabe de ce livre qui ne m’ait choqué, offensé, attristé. Je n’avais jamais lu encore un livre aussi mauvais. Cela même me le rendit considérable, et je finis par en concevoir une espèce d’admiration. Monsieur Georges Ohnet est détestable avec égalité et plénitude. Il est harmonieux et donne l’idée d’un genre de perfection. C’est du génie, cela. Tout ce qu’il touche devient aussitôt tristement vulgaire et ridiculement prétentieux. Les miracles de la nature et de l’humanité, la splendeur du ciel et la beauté des femmes, les trésors de l’art et les secrets délicieux des âmes, enfin tout ce qui fait le charme et la sainteté de la vie devient en passant par sa pensée une écœurante banalité. Et il aime vivre ! C’est incompréhensible.

Volonté fera les délices d’un grand nombre de personnes. Je ne leur en ferai pas un reproche. Il faut aussi que les pauvres d’esprit aient leur idéal. N’est-il pas vrai que les figures de cire exposées aux vitrines des coiffeurs inspirent des rêves poétiques aux collégiens. Or les romans de monsieur Georges Ohnet sont exactement dans l’ordre littéraire ce que sont dans l’ordre plastique les têtes de cire des coiffeurs[10]. »

Ĺ’uvres

Cycle Les Batailles de la Vie

  • Serge Panine, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1881, prix de Jouy de l’AcadĂ©mie française.
  • Le MaĂ®tre de forges, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1882.
  • La Comtesse Sarah, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1883.
  • Lise Fleuron, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1884.
  • La Grande Marnière, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1885.
  • Les Dames de Croix-Mort, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1886.
  • VolontĂ©, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1888.
  • Le Docteur Rameau, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1889.
  • Dernier amour, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1889.
  • L’Âme de Pierre, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1890, Ă©dition illustrĂ©e par Emile Bayard ; Ă©dition non illustrĂ©e parue en 1890 chez le mĂŞme Ă©diteur.
  • Dette de haine, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1891.
  • Nemrod et Cie, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1892.
  • Le Lendemain des amours, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1893.
  • Le Droit de l'enfant, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1894.
  • La Dame en gris, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1895.
  • L'Inutile Richesse, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1896.
  • Le CurĂ© de Favières, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1897.
  • Les Vieilles Rancunes, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1897 (après une première Ă©dition illustrĂ©e par Simonaire parue en 1895 chez le mĂŞme Ă©diteur).
  • Roi de Paris, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1898.
  • Au fond du gouffre, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1899.
  • Gens de la noce, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1900.
  • La TĂ©nĂ©breuse, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1901.
  • Le Brasseur d'affaires, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1901.
  • Le CrĂ©puscule, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1902.
  • La Marche Ă  l'amour, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1902.
  • Marchand de Poison, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1903.
  • Le Chemin de la gloire, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1904.
  • La ConquĂ©rante, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1905.
  • La Dixième Muse, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1907.
  • La Route rouge, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1908.
  • Mariage amĂ©ricain, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1908.
  • L'Aventure de Raymond Dhautel, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1910.
  • Le Revenant, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1912.
  • L'amour commande, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1914.

Autres romans

  • Noir et rose, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1887.
  • La Fille du dĂ©putĂ©, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1895.
  • Le Partisan, Paul Ollendorff Ă©diteur (collection La lĂ©gende et l'histoire), 1910.
  • Pour tuer Bonaparte, Paul Ollendorff Ă©diteur (collection La lĂ©gende et l'histoire), 1911.
  • La Serre de l'Aigle, Paul Ollendorff Ă©diteur (collection La lĂ©gende et l'histoire), 1911.
  • Journal d'un bourgeois de Paris pendant la guerre de 1914, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1914-1917 (paru en fascicules).

Théâtre

  • Regina Sarpi (avec Louis Denayrouze), drame en cinq actes, Calmann-LĂ©vy Ă©diteur, 1875.
  • Marthe, comĂ©die en cinq actes, Calmann-LĂ©vy Ă©diteur, 1877.
  • Serge Panine, pièce en cinq actes, Albin Michel Ă©diteur, 1882.
  • Le MaĂ®tre de forges, pièce en quatre actes et cinq actes, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1884.
  • La Comtesse Sarah, pièce en cinq actes, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1887 (jouĂ©e Ă  Paris, Gymnase-dramatique, ).
  • La Grande Marnière, drame en huit tableaux, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1888 (jouĂ©e Ă  Paris, Porte-Saint-Martin, ).
  • Dernier amour, pièce en quatre actes, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1894.
  • Le Colonel Roquebrune, drame en cinq actes et six tableaux, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1897 (jouĂ© au théâtre de la Porte-Saint-Martin le ).
  • Les Rouges et les Blancs, drame en cinq actes, Paul Ollendorff Ă©diteur, 1901 (jouĂ© au théâtre de la Porte-Saint-Martin le )

Cinéma

Références

  1. Archives de Paris 9e, acte de décès no 707, année 1918 (page 25/31)
  2. « Georges Ohnet », sur Universalis
  3. Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique du 15 juillet 1885.
  4. Paris-Parisien, Ollendorff, , p. 239
  5. Dossier personnel de Légion d'honneur conservé aux archives nationales (site de Paris) sous la cote LH/2012/44.
  6. « Association Devenir du Domaine Village Anglais Bois la Croix. histoire du lieu », sur www.devenirdomainevablc.org (consulté le )
  7. Jules Lemaître, Les Contemporains. Études et portraits littéraires, première série, Paris, librairie H. Lecène et H. Oudin, 1886, p. 354.
  8. Ibidem.
  9. Léon Bloy, Le désespéré, éditions La part commune, p. 430
  10. La Vie littéraire citée dans Wikisource
  11. Fondation JĂ©rĂ´me Seydoux : http://filmographie.fondation-jeromeseydoux-pathe.com/17828-mauvais-sentier?depuisindex=auteurs&idauteur=26561

Annexes

Bibliographie

  • Georges Grente, Dictionnaire des lettres françaises, Librairie Arthène Fayard.

Iconographie

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