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Le Pays (journal français)

Le Pays est un journal quotidien français publié entre et . Initialement de tendance républicaine conservatrice, il a servi de journal officieux au régime bonapartiste sous le Second Empire.

Le Pays
Image illustrative de l’article Le Pays (journal français)
Bandeau du Pays du 1er mars 1861.

Pays France
Langue français
Périodicité quotidien
Format In-folio[1]
Genre Presse politique
Prix au numéro 15 centimes
Date de fondation
Date du dernier numéro
Ville d’édition Paris

ISSN 1256-0456

Histoire

Le Pays, journal des Volontés de la France est fondé à la fin de l'année 1848, avec pour vocation initiale de servir de tribune aux départements. Annoncé par une circulaire datée du , le lancement du quotidien a lieu le 1er janvier suivant. La ligne politique est alors celle de « la réunion de la rue de Poitiers », c'est-à-dire des conservateurs et autres républicains du lendemain[2]. Le journal, qui a ses bureaux au no 11 de la rue du Faubourg-Montmartre, a Édouard Alletz pour rédacteur en chef. Ce dernier est également copropriétaire du Pays aux côtés de Louis Grossin de Bouville, gérant, qui remplace Alletz en tant que rédacteur en chef en 1850.

Au mois de juin, Le Pays absorbe La Bonne Foi, une feuille de même orientation politique mais s'adressant à un lectorat plus populaire[3]. Ainsi, le journal paraît pendant quelques mois sous le titre Le Pays et La Bonne Foi ( - ).

En , le journal est rachetĂ© par l'homme d'affaires Jules Mirès. CopropriĂ©taire et directeur du Journal des chemins de fer, Mirès avait Ă©galement fondĂ© en 1849 un mensuel, Le Conseiller du peuple, qui servait de tribune Ă  Alphonse de Lamartine. Ce dernier est alors engagĂ© comme directeur politique du Pays, avec un traitement de 50 000 francs par an[4]. Il a pour rĂ©dacteur en chef Arthur de La GuĂ©ronnière[5], qui Ă©crivait auparavant pour La Presse de Girardin[6]. Le , Lamartine publie un manifeste explicitant la ligne Ă©ditoriale du quotidien : « Journal conservateur de la RĂ©publique par la RĂ©publique »[6], le Pays affiche son rĂ©publicanisme modĂ©rĂ©, sans bonapartisme ni opposition personnelle Ă  Louis-NapolĂ©on Bonaparte, prĂ©sident de la RĂ©publique depuis [7]. Le journal ne s'opposera donc pas Ă  la rĂ©vision constitutionnelle souhaitĂ©e par les partisans du prĂ©sident (la Constitution de 1848 empĂŞchant ce dernier d'ĂŞtre rĂ©Ă©lu en 1852) si l'AssemblĂ©e nationale lĂ©gislative la vote Ă  la majoritĂ© des trois quarts. Lamartine se dĂ©clare Ă©galement favorable Ă  une nouvelle loi Ă©lectorale plus dĂ©mocratique que celle du 31 mai 1850[6].

Entre le 8 et le , Le Pays publie un portrait de Louis-Napoléon Bonaparte par La Guéronnière. Ces articles sont réprouvés par Lamartine, qui les juge trop complaisants à l'égard de son concurrent de décembre 1848 et préjudiciables à l'image du journal autant qu'à la sienne[8]. Il effectue donc une mise au point en demandant au rédacteur en chef d'insérer une longue lettre d'explications[9] puis en résumant la ligne politique du journal en tête du numéro du [7].

À la suite de cet incident, Horace de Viel-Castel conseille au chef de l’État de recourir à La Guéronnière pour contrer l'influence du puissant patron de presse Louis Véron, propriétaire du Constitutionnel[10]. Une entrevue a lieu au début de novembre entre le président et le rédacteur en chef, préparant ainsi le ralliement du Pays à la cause bonapartiste[4].

Le Coup d’État du 2 décembre 1851 est réprouvé par la plupart des collaborateurs du journal, tels que François Ducuing, Blaise des Vosges et Charles Rolland, qui joignent leur démission à celle de leur rédacteur en chef[11]. Lamartine, alors souffrant et éloigné de Paris, quitte également la direction politique du titre. La démission de La Guéronnière, qui est opposé au Coup d’État sur la forme mais en accord avec Bonaparte sur le fond, n'est que provisoire : dès le , il reprend son poste de rédacteur en chef avant de devenir le directeur politique du Pays en , à l'occasion du changement de format du journal. Le , Viel-Castel note : « Le Pays est tout à fait dans les mains du Président, qui a voulu y faire entrer Granier de Cassagnac »[12]. Le gouvernement soutient alors le journal dans sa baisse de prix afin de concurrencer le Constitutionnel[13] de Véron. Finalement, ce dernier se résout à vendre son journal dès le mois de novembre[13] : Mirès en fait l'acquisition et l'associe au Pays au sein d'une « Société anonyme des journaux réunis »[14]. Celle-ci continue à recevoir des subsides du gouvernement[15]. Le , jour de l'instauration officielle du Second Empire, Le Pays affiche ostensiblement sa proximité avec le pouvoir en adoptant le sous-titre « journal de l'Empire »[16].

« Le Pays des anthropophages » (caricature de la rédaction du Pays par Régamey, 1868).

En 1853, Le Pays compte environ 16 000 abonnĂ©s, soit autant que La Patrie (un journal bonapartiste ayant une ligne Ă©ditoriale très proche de la sienne), et n'est distancĂ© sur ce plan que par trois autres journaux politiques, Le Siècle (25 000 abonnĂ©s), Le Constitutionnel (23 000) et La Presse (17 000)[17].

Au cours des années 1861-1885, les rédacteurs en chef les plus marquants du Pays sont les Granier de Cassagnac, père et fils. Le premier y est entré dès la conversion du quotidien au bonapartisme[13].

Malgré la chute du régime impérial auquel il était lié, et malgré une suppression décrétée par la Commune en avril 1871 puis un décret de suspension de trois mois signé par Thiers en novembre de la même année, Le Pays continue à paraître au début de la Troisième République. En 1880, il est le plus lu de tous les journaux bonapartistes[18].

En , le directeur politique, Albert de Loqueyssie, remplace Paul de Cassagnac par Robert Mitchell[19]. Ce dernier est un partisan de Victor Napoléon[20].

En 1888, Le Pays soutient ouvertement le général Boulanger[21]. Devenu boulangiste, le Pays se rallie également à la république sous l'influence de Paul Lenglé : dès le , le mot république apparaît dans le sous-titre du journal.

En , le journal est à bout de souffle lorsqu'il est racheté par Ernest Renauld, qui tente d'en faire un organe antiprotestant[22].

Collaborateurs notables

Les périodes d'activité des rédacteurs en chef et directeurs politiques du Pays sont indiquées respectivement entre crochets et entre parenthèses.

Références

  1. Ferdinand Grimont, La Presse parisienne, catalogue général, Paris, Jannet, 1857, p. 3.
  2. Le Pays, numéro spécimen, 15 décembre 1848, p. 1.
  3. Le Pays, 28 juin 1849, p. 1.
  4. Viel-Castel, p. 138 (5-6 novembre 1851).
  5. Jules Mirès, A mes Juges. Ma vie et mes affaires, Paris, 1861, p. 42-45.
  6. Le Pays, 9 avril 1851, p. 1.
  7. Le Pays, 18 septembre 1851, p. 1.
  8. Valentine de Lamartine (pub.), Correspondance de Lamartine, t. VI, Paris, Hachette, Furne, Jouvet & Cie, 1875, p. 432-440.
  9. Le Pays, 17 septembre 1851, p. 1.
  10. Viel-Castel, p. 135 (31 octobre 1851).
  11. Le Pays, 3 décembre 1851, p. 1.
  12. Viel-Castel, p. 216 (7 août 1852).
  13. Viel-Castel, p. 232 (19 novembre 1852).
  14. Pierre Angrand, « Le centenaire de La Légende des siècles », La Pensée, novembre 1959, p. 27.
  15. Le Rappel, 4 octobre 1872, p. 3.
  16. Le Pays, 2 décembre 1852, p. 1.
  17. Edmond Texier, Tableau de Paris, t. II, Paris, Paulin et Le Chevalier, 1853, p. 293.
  18. Émile Mermet, Annuaire de la presse française, Paris, 1880, p. 280-283.
  19. Le Rappel, 2 décembre 1885, p. 2.
  20. Le XIXe siècle, 2 décembre 1885, p. 3.
  21. Le Radical, 7 juin 1888, p. 1.
  22. Bertrand Joly, Dictionnaire biographique et géographique du nationalisme français (1880-1900), Paris, Honoré Champion, 2005, p. 345.

Bibliographie

  • Henry Izambard, La Presse parisienne : statistique bibliographique et alphabĂ©tique de tous les journaux, revues et canards pĂ©riodiques nĂ©s, morts, ressuscitĂ©s ou mĂ©tamorphosĂ©s Ă  Paris depuis le jusqu'Ă  l'empire, Paris, Krabbe, 1853, p. 124.
  • Horace de Viel-Castel, MĂ©moires sur le règne de NapolĂ©on III 1851-1864, texte intĂ©gral prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Éric Anceau, Paris, Robert Laffont, 2005, p. .

Liens externes

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