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Geoffroy de la Bourdonnaye

Geoffroy de la Bourdonnaye, né le à Paris, est un Français Libre de la première heure qui participe à l'épopée de la 2e DB. Il est mortellement blessé le à Grüssenheim dans les derniers combats de la poche de Colmar[1] et meurt à Thionville le [2].

Geoffroy de la Bourdonnaye
Geoffroy de la Bourdonnaye
Geoffroy de la Bourdonnaye en 1943.

Naissance
8e arrondissement de Paris
Décès
Thionville
Geoffroy de la Bourdonnaye devant son char Wagram lors de la libération de Paris, le 25 août 1944.
Monuments aux Morts de Chantérac (Dordogne).
Plaque commémorative à Grüssenheim (Haut-Rhin).

Le contexte familial

Geoffroy de la Bourdonnaye est le fils d'Alphonse de la Bourdonnaye et d'Élisabeth de la Panouse, qui ont eu 6 enfants : Bertranne, Geoffroy, Nicole, Oriane, Guy et Alain. Élisabeth de la Panouse (petite-fille de Robert de Wendel), divorcée avant la guerre, participe sous le nom de guerre de Dexia, avec Robert Debré, pédiatre de ses enfants, au Réseau du musée de l'Homme[3]. Elle est incarcérée à la prison du Cherche-Midi et est condamnée à 6 mois de prison[4] - [5] - [6]. Elle épousera, après la guerre, le , Robert Debré.

Bertranne cache dans son appartement des aviateurs anglais et américains. Nicole seconde son mari, Jean-Pierre de Lassus Saint-Geniès, dans ses activités de Résistance dans l'Ain puis dans la Drôme. Oriane est agent de liaison au sein d'un réseau à Paris. Guy tente de rejoindre son frère Geoffroy en Angleterre et est déporté à Mauthausen[6].

Après avoir entendu l'appel du général de Gaulle, Geoffroy décide, contre l'avis de son père, de rejoindre l'Angleterre ; sa mère le met en contact avec un réseau de passeur, via Robert Debré[5].

Le passage de la frontière espagnole

En , Geoffroy et son groupe tentent de franchir la frontière espagnole ; ils sont arrêtés et transférés au camp de concentration espagnol de Miranda de Ebro. Finalement, en février, ils sont libérés et remis aux autorités britanniques au Portugal.

L'arrivée en Angleterre

DĂ©but 41, Geoffroy rejoint enfin l’Angleterre et les Français Libres. Le , il est officiellement engagĂ© parmi les Forces Françaises Libres (FFL) et affectĂ© comme sergent-chef Ă  la 2e Cie Autonome de chars au camp d’Old Dean, Ă  2 kilomètres de Camberley. Le , Geoffroy est nommĂ© aspirant et affectĂ© Ă  la 2° compagnie autonome de chars de combat. Le , la compagnie embarque Ă  Liverpool sur le bâtiment S/S Northumberland.

Combats en Afrique

Geoffroy débarque à Pointe-Noire (Congo) le .

En , le capitaine Ratard obtient de Leclerc la permission d’envoyer Geoffroy et l’adjudant Raveleau rencontrer les troupes de Vichy qui se trouvent à Zinder (Sud du Niger) ; il s’agit d’essayer de les convaincre de se joindre aux Français Libres afin de lutter contre les Italiens et les Allemands. Les deux émissaires sont insultés et on leur dit que s’ils viennent avec leurs chars ils seront reçus par des canons anti-chars[7].

Geoffroy est nommé sous-lieutenant le ; il fait partie de la compagnie de chars du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad. En , la 2e compagnie de chars, qui a servi au Tchad, puis à Kano, au Nigéria, en prévision d’une invasion des forces vichystes, fait mouvement vers l’Égypte.

En , il est affecté au 501e régiment de chars de combat (RCC) stationné à Sabratha (Libye). Il est à Casablanca du au puis à Rabat jusqu’en , avant de revenir à Casablanca le pour embarquer le lendemain pour Port-Talbort au Pays de Galles. Il passe 3 mois au camp d’Huggate dans le Yorkshire avant d’embarquer le 1er août à Weymouth[8].

Le , il débarque en Normandie à Utah Beach, près de Sainte-Mère-Église.

Le débarquement et la marche vers Paris

Le , Geoffroy s’illustre dans les combats de la forêt d'Écouves (Orne) ; la colonne du Capitaine de Witasse reçoit l’ordre de foncer sur les arrières allemands et de se porter en renfort d’un régiment de spahis marocains qui éprouve de sérieuses difficultés à progresser dans les bois fortement occupés. Ce parcours à effectuer en pleine forêt d’Ecouves est une mission de sacrifice imposée par l’urgence car la forêt ne permet aux chars ni de quitter la route ni même de s’appuyer par le feu ; ne pouvant ni se déployer ni évoluer, les chars sont des proies faciles pour un ennemi puissant. Le contact avec le régiment de spahis est réalisé le 13 au matin mais la 2e compagnie déplore trois tués et la perte de deux chars.

La progression vers Paris est difficile et la 2e compagnie s’illustre dans plusieurs actions dont celle de la sortie de Longjumeau () oĂą la section de Geoffroy dĂ©truit trois 88 mm. Le soir du , la compagnie de Geoffroy s’approche de Paris. Le gĂ©nĂ©ral de Witasse raconte[9] : « En principe, nous pourrions continuer Ă  progresser, mais il commence Ă  se faire tard, la nuit tombe et les hommes, eux aussi, tombent de fatigue, et l’ordre arrive de se regrouper tout autour de la Croix de Berny pour y passer la nuit. Tout le monde est soulagĂ© sauf Parmentier et La Bourdonnaye. De l’avant, ils sont persuadĂ©s que vient de sauter le dernier obstacle qui s’oppose Ă  la poursuite de la marche et Ă  l’entrĂ©e dans Paris ; mais l’ordre est formel. »

Le c’est l’entrée dans Paris et la 3e section du 501e RCC est chargée de neutraliser le Luxembourg, en remontant le boulevard Saint-Michel et en encerclant le Sénat. Les combats sont très sérieux et prennent fin vers 19h lorsque la garnison du Sénat appartenant à la Luftwaffe, se rend ; 900 prisonniers sont faits et 12 chars allemands sont récupérés.

Vers l'Alsace

Après la descente des Champs-Élysées par le Général de Gaulle, le , le régiment stationne au Bois de Boulogne jusqu’au .

Puis ce sont les campagnes de Champagne et de la Somme, de Bettaincourt (Haute-Marne), de Vittel et Châtel (Vosges), et la prise de Baccarat (Meurthe-et-Moselle) le . Geoffroy s’illustre notamment à Bertrambois, en Meurthe-et-Moselle, le dans le franchissement d'un pont. Les troupes de la France Libre se consacrent ensuite à la libération définitive d'une partie très symbolique du territoire français, l'Alsace. Ceci comprend notamment la bataille de la poche de Colmar. Les forces allemandes encore présentes en Alsace méridionale se retrouvent en effet pris dans une poche semi-circulaire centrée sur la ville de Colmar, attaquées par deux forces françaises : la 2e DB, débarquée en Normandie, et la 1re armée, débarquée en Provence. Cette offensive française, décidée le , débute le et le général de Lattre en annonce la fin le . Attaques françaises et contre-attaques allemandes se succèdent durant cette période. Le au matin, les ordres sont donnés pour prendre Grussenheim, localité importante pour franchir la Blind. Dans la matinée, vers 11h, une batterie allemande tire sur les forces françaises. Un obus tue le colonel Putz, venu coordonner l'action française, et touche trois officiers qui l'entourent, le commandant Puig, le capitaine Perriquet et le lieutenant de la Bourdonnaye[10]. Geoffroy de la Bourdonnaye, grièvement blessé, meurt deux jours plus tard, le [11].

Les citations décernées à Geoffroy de la Bourdonnaye

Après la guerre, Geoffroy de la Bourdonnaye fait l’objet de plusieurs citations.

Citation à l’ordre du régiment, du : « Chef de section d’un sang-froid exceptionnel. Au cours de l’attaque du dans la forêt d’Ecouves, voyant son char de tête en difficulté, n’a pas hésité à engager lui-même le combat faisant preuve d’un magnifique mépris du danger et obligeant ainsi l’ennemi à battre en retraite. »

Citation à l’ordre du corps d’armée, du : « Chef de section qui s’est déjà distingué dans les combats du en forêt d’Ecouves. Toujours en tête aux endroits les plus dangereux, a magnifiquement entrainé derrière lui son unité qui a détruit plusieurs anti-chars et un canon Flack. »

Citation à l’ordre du corps d’armée, du : « Chef de section de chars qui a donné une nouvelle preuve de ses qualités de commandement et de courage au feu, le . N’a pas hésité à franchir à bord de son char de commandement le pont du village de Bertrambois qu’il savait miné, a surpris l’ennemi par cette action grâce à laquelle le pont resta intact. Le village put être rapidement pris tandis que 150 prisonniers et un matériel important tombaient entre nos mains. »

Le décret du qui le nomme chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur est ainsi rédigé : « de la Bourdonnaye, lieutenant du 501e RCC : chef de section d’un grand sang-froid, qui au cours de toutes les opérations auxquelles il a pris part, a fait l’admiration de tous. En forêt d’Ecouves, à Paris, à Migneville, à Bertrambois, a constamment fait preuve de capacité de commandement. Le dans l’attaque de Grüssenheim, a été mortellement blessé par un éclat d’obus, alors qu’il entraînait sa section vers un objectif d’importance capitale. »

Geoffroy a été décoré de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance française[12].

En 1977, une promotion d’EOR de l’Arme blindée de cavalerie a choisi de porter le nom de Promotion Geoffroy de la Bourdonnaye.

Notes et références

  1. « Geoffroy Esprit Roger Marie de la Bourdonnaye », sur www.francaislibres.net (consulté le ).
  2. MĂ©moire des hommes
  3. Julien Blanc, Au commencement de la Résistance. Du côté du musée de l'Homme 1940-1941, Le Seuil, , p. 214, 224, 431.
  4. Archives nationales, Fonds Elisabeth de la Bourdonnaye.
  5. Hadrien Bachellerie, « Elisabeth de la Bourdonnaye », sur Musée de la résistance en ligne.
  6. Romain Gubert et Sophie Coignard, Ces chers cousins : Les Wendel, Pouvoirs et secrets, Place des Ă©diteurs, (lire en ligne).
  7. TĂ©moignage de Jean Davreux. Archives familiales.
  8. Centre des archives du personnel militaire de Pau.
  9. Jacques de Witasse, L'Odyssée de la 2e Compagnie de Chars, Lyon, Editions Lyonnaises d'art et d'histoire, .
  10. Yves Gras, La 1re DFL. Les Français Libres au combat, Presses de la Cité, , p. 410.
  11. « Geoffroy Esprit Roger Marie de la Bourdonnaye », sur francaislibres.net
  12. Décret du 11 mars 1947 publié au Journal officiel du 27 mars 1947.

Bibliographie

  • Des savants dans la RĂ©sistance. Boris VildĂ© et le rĂ©seau du MusĂ©e de l’Homme, Anne Hogenhuis, CNRS Editions, 2009.
  • Le rĂ©seau du MusĂ©e de l'Homme, les dĂ©buts de la RĂ©sistance en France, Martin Blumenson, Editions du Seuil, 1979.
  • La vie hĂ©roĂŹque de Suzanne Spaak. Paris. 1940-1944. L’audace d’une femme face Ă  la barbarie nazie, Anne Nelson, Editions Robert Laffont, 2018.
  • Historique du 501e RĂ©giment de chars de combat, Jean Davreux, Editions Traits d'Union, 2002.
  • L'OdyssĂ©e de la 2e Compagnie de Chars, GĂ©nĂ©ral Jacques de Witasse, Editions Lyonnaises d'art et d'histoire, 1990.
  • De châteaux en prison, la vie d'Élisabeth de La Panouse-DebrĂ©, Amour et rĂ©sistance, Lorraine Colin, Édition L'Harmattan, 2021
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