Geodis (IMOCA)
Geodis est un voilier monocoque de course au large appartenant à la classe des 60 pieds Open, mis à l'eau en 1994. Synthèse de l'expérience des architectes Jean-Marie Finot et Pascal Conq et du navigateur Christophe Auguin, ce 60 pieds marque une étape importante de la construction de ces voiliers : construction en carbone, quille pendulaire, esquisses de foils…
Geodis | |
L'ancien Geodis, dans le port de Cherbourg, en 2017. | |
Autres noms | Sceta-Calberson (1994-1996) Voila.fr (2000-2004) UUDS (2004-2006) 92-Adriana Karembeu Paris (2006) |
---|---|
Type | Monocoque |
Classe | 60 pieds Open |
Fonction | course au large |
Gréement | Sloop |
Histoire | |
Architecte | Jean-Marie Finot Pascal Conq |
Chantier naval | JMV Industries (Cherbourg) |
Fabrication | Carbone nomex T800 |
Design | prototype |
Lancement | juin 1994 |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 60 pieds (18,28 m) |
Maître-bau | 5 × 80 m |
Tirant d'eau | 4,50 m |
DĂ©placement | 9,30 t |
Appendice | quille pivotante (25°) 2 safrans 2 dérives asymétriques (à partir de 1996) |
Lest | 3 t |
Hauteur de mât | 27 m |
Voilure | 275 m2 au près 580 m2 au portant |
Carrière | |
Pavillon | France |
Port d'attache | Cherbourg |
À son bord, le skipper français Christophe Auguin a notamment remporté deux tours du monde en solitaire et battu plusieurs records entre 1994 et 1998.
Historique
Conception
Après la victoire de Christophe Auguin dans le BOC Challenge 1990-1991, son sponsor Sceta-Calberson lui fournit un budget de deux millions de francs par an[1]. Avec le cabinet d'architectes de Jean-Marie Finot et Pascal Conq, il met au point pendant deux ans[1] un nouveau 60 pieds en carbone et en nomex afin de gagner en légèreté tout en permettant de porter 15 % de voile en plus par rapport à Groupe Sceta, son précédent voilier[2]. Si le déplacement officiel est de 9,5 tonnes, il est probable que ce nouveau 60 pieds se rapproche plutôt des 8 tonnes[2]. Les pilotes automatiques Autohelm sont contrôlés depuis la table à cartes par un joystick[3]. La construction est confiée au chantier cherbourgeois JMV Industries, qui lance Sceta-Calberson en [4].
Sceta-Calberson puis Geodis : Christophe Auguin
Avec sa carène radicale, sa légèreté et ses équipements, le sloop est considéré par la presse française[2] et internationale[5] comme le monocoque océanique le plus performant de sa génération, permettant à Auguin de remporter le BOC en s'adjugeant trois des quatre étapes. Il bat le record de la distance parcourue en solitaire en 24 heures avec 349,7 puis 350,9 milles franchis entre le 13 et le [6]. Nouvelle preuve que son Sceta-Calberson est l'un des monocoques les plus rapides, il bat le record de la distance parcourue en monocoque en équipage, franchissant sur le retour des États-Unis 447,5 milles entre le 13 et le , soit une moyenne de 18,64 nœuds[7].
En vue du Vendée Globe 1996, Geodis — nouveau nom de Sceta-Calberson après la constitution de la holding Geodis — est mis en chantier au début de 1996 chez JMV pour une mise à niveau, en fonction des progrès techniques et des expériences d'Auguin. Plusieurs modifications sont apportées dans l'accastillage du pont, le bout-dehors ou les voiles. Mais la principale modification est la mise en place d'une quille pivotante, innovation de Pascal Conq dont Geodis est le premier 60 pieds à profiter avec le PRB d'Isabelle Autissier[8]. Qualifié d'« arme absolue », Geodis atteint la vitesse de 27 nœuds à Cherbourg[9]. Après le départ le , Christophe Auguin effectue une traversée prudente du golfe de Gascogne, pour protéger son voilier. Le , Auguin prend la tête à Isabelle Autissier, dans le sud-ouest du cap de Bonne-Espérance[10]. Le , il bat son record de distance en solitaire, en parcourant 374 milles en 24 heures[11] et remporte l'épreuve le , après 105 jours de mer, huit jours avant le premier poursuivant, Marc Thiercelin.
Après le Vendée Globe, Auguin fait installer en avant du mât deux petites dérives asymétriques, qui agissent comme des foils, précurseurs des grands foils installés sur les 60 pieds à partir de 2015[12]. Après une troisième place dans la Route de l'Or, entre New York et San Francisco, Christophe Auguin sur Geodis bat de près de deux jours le record de la traversée de l'Atlantique en 9 jours 22 heures et 59 minutes, en [13]. Le record n'est cependant pas homologué pour une question de procédure[14]. Avec l'arrêt de la carrière d'Auguin, Geodis reste amarré pendant près de 18 mois aux pontons du Port-Chantereyne, à Cherbourg.
Voila.fr : Bernard Gallay
Christophe Auguin vend Geodis à Bernard Gallay en 2000, en vue de sa participation au Vendée Globe 2000-2001. Gallay effectue une importante rénovation à Caen, procédant à un remplacement de la plupart des éléments non structurels. La quille pivotante est changée et les ballasts réorganisés, pour satisfaire aux nouvelles exigences de la jauge IMOCA, notamment sur la question du retournement du voilier en cas de chavirage. Le mât est allégé et le gréement en acier est remplacé par du textile, permettant un gain de puissance[15]…
Le 60 pieds est remis à l'eau en , passant avec succès l'épreuve du redressement à 180°[16], puis effectue son parcours de qualification en mer d'Irlande[15]. Pour son troisième tour du monde, Voila.fr effectue une belle remontée dans l'Atlantique : après une onzième position à mi-parcours et une dixième au cap Horn, il termine huitième en 111 jours, 18 jours de plus que Michel Desjoyeaux.
Dans la Transat Jacques-Vabre 2001, Bernard Gallay et Kito de Pavant arrivent cinquièmes chez les monocoques, en 17 jours et 3 heures.
UUDS : Hervé Laurent
Bernard Gallay, qui décide d'arrêter la course au large pour se consacrer à son activité de courtier en yachts, vend Voila.fr à Hervé Laurent en 2004. Cette année, Laurent termine à la septième place de la Transat anglaise et abandonne dans le Vendée Globe sur une casse de safran. Il s'agit de la première avarie sérieuse du navire.
Au cours des années 2000, le potentiel du voilier diminue sous l'effet de son usure (quatre tours du monde, plusieurs traversées de l'Atlantique…) et des progrès techniques des voiliers plus récents[17]. Hervé Laurent le loue en 2006 à Philippe Fiston, qui participe à la Route du Rhum 2006 sous les couleurs de 92-Adriana Karembeu Paris[17]. Il est vendu en 2010[18] et d'importantes rénovations sont effectuées à Caen[19]. À la suite d'une panne moteur en 2014, il est amarré au port de Cherbourg, laissé à l'abandon par son propriétaire[20].
Palmarès
RĂ©sultats
- 1994-1995 :
- Vainqueur du BOC Challenge, skippé par Christophe Auguin (Sceta-Calberson) en gagnant les deuxième, troisième et quatrième étapes.
- 1996-1997 :
- Vainqueur du Vendée Globe, skippé par Christophe Auguin (Geodis)
- 1998 :
- 3e de la Route de l'Or, skippé par Christophe Auguin (Geodis)
- 2000-2001 :
- 8e du Vendée Globe, skippé par Bernard Gallay (Voila.fr)
- 2001 :
- 3e du Grand prix de Fécamp, skippé par Bernard Gallay (Voila.fr)
- 5e de la Transat Jacques-Vabre, skippé par Kito de Pavant et Bernard Gallay (Voila.fr)(UUDS)
- 2004 :
- 7e de la Transat anglaise, skippé par Hervé Laurent (UUDS)
- Abandon lors du Vendée Globe, bris de safran, skippé par Hervé Laurent (UUDS)
- 2005 :
- 11e de la Transat Jacques-Vabre, skippé par Hervé Laurent et Laurent Massot (UUDS)
- 2006 :
- 10e de la Route du Rhum, Philippe Fiston (92-Adriana Karembeu Paris)
Records
- Tour du monde en solitaire, sans assistance et sans escale
- En 1996-1997 105 jours 20 heures 31 minutes et 23 secondes, skippé par Christophe Auguin (Geodis) lors du Vendée Globe
- Distance parcourue en solitaire en monocoque en 24 heures :
- 1994: 350,9 milles, skippé par Christophe Auguin (Sceta-Calberson) lors du BOC Challenge
- 1996: 374 milles, skippé par Christophe Auguin (Geodis) lors du Vendée Globe
- Distance parcourue en Ă©quipage en monocoque en 24 heures :
- 1995 : 447,5 milles, skippé par Christophe Auguin (Sceta-Calberson) lors du retour du BOC Challenge
- Traversée de l'Atlantique New York-Cap Lizard :
- 1998 : 9 jours 22 heures et 59 minutes, skippé par Christophe Auguin (Geodis) lors du retour de la Route de l'Or[13]. Le record n'est pas homologué pour une question de procédure[14].
Notes et références
- Fabrice Lanfranchi, « BOC Challenge : sur la trace de Christophe Auguin autour du monde », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
- « La nouvelle bombe d'Auguin », Bateaux,‎
- Rowe 1995, p. 58
- Finot-Conq, « Geodis : Christophe Auguin 94 » (consulté le )
- (en) Barbara Lloyd, « Yacht Racing; Time Off Before Going at It Alone », The New York Times,‎ (lire en ligne)
- « BOC: deux étapes sur trois pour Auguin », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
- « Christophe Auguin », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
- Laurence Schreiner, « Vendée Globe : Vingt ans d'expérimentations technologiques », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
- Hervé Hillard, « Christophe Auguin – 4 Geodis (ex-Secta-Calberson) », Voiles et Voiliers,‎
- « Christophe Auguin a pris la tête du Vendée Globe », Le Monde,‎ (lire en ligne)
- « VOILE. Auguin, ogre des records du Vendée Globe », Libération,‎ (lire en ligne)
- « Le journal d’un foil », sur Voiles et Voiliers, (consulté le )
- « Auguin dépoussière l'Atlantique », Libération,‎ (lire en ligne)
- « Auguin victime de la montre », Libération,‎ (lire en ligne)
- « Revoilà Bernard Gallay », Voiles et Voiliers,‎
- Présentation de Voila.fr sur le site des architectes Jean-Marie Finot et Pascal Conq
- Pascal Charrier, « Les mille et une vies des bateaux du Vendée Globe. », La Croix,‎ (lire en ligne)
- Bernard Gallay, « Bernard Gallay Yacht Brokerage – Episode 8 », sur bernard-gallay.com, (consulté le ), p. 14
- « F4 SCETA CALBERSON », sur histoiredeshalfs.com (consulté le )
- Raphael Aubry, « Vendée Globe : un bateau vainqueur végète depuis des années à Cherbourg », sur France Bleu, (consulté le ).
Annexes
Bibliographie
- (en) Nigel Rowe, Around the Big Blue Marble : The BOC Challenge 1994-95 Single-Handled Race around the World, Londres, Aurum Press, , 193 p. (ISBN 978-1854103543)